La quatrième fille du Docteur Klein

Elisabeth Brami

Description

Dans la famille Klein, je demande la quatrième fille. Après Hannah, Louna et Milena, voici Elsa. Celle qui se sent " la fille en plus ", c'est-à-dire en trop. Celle qui refuse d'être un garçon manqué et veut devenir une fille réussie. Celle qui a le cœur gros et tâche de se consoler avec sa place de petite dernière. Mais va-t-elle le rester ?

Sujets

• Famille

Informations

• Publié par: Nathan
• Date de parution: 17 mai 2010
• Nombre de lectures: 7
• EAN13: 9782092528099
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

LA QUATRIÈME FILLE DU DR KLEIN

Élisabeth Brami
Illustrations de Princesse Camcam
Nathan

© Éditions du Seuil, 2003 pour la première édition
© Éditions Nathan (Paris, France), 2009 pour la présente édition
Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse
« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »
EAN 978-2-09-252809-9
Sommaire
Couverture
Sommaire
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
Élisabeth Brami
Princesse Camcam
1

I l paraît que mes parents ont été fous de joie quand ils ont appris que ma mère était enceinte pour la quatrième fois. À ce moment-là, ils avaient déjà trois filles, mes grandes sœurs.
Moi, je n’existais pas encore.
Une fille en premier, c’était le rêve de mon père. Quand Hannah est née, ça l’a tellement chamboulé, Papa, d’être devenu papa, qu’il a dû filer se mettre au lit avec une fièvre de cheval. Il n’a même pas eu besoin d’appeler le docteur pour soigner sa méga-angine parce que le docteur… c’est lui ! Évidemment, ça a fait marrer tout le monde, Maman d’abord. Elle a fait plein d’astuces à Papa sur les boules et les glandes (peut-être pas quand même sur « les crottes de nez… etc. » comme les petits chantent à la récré)… Bref, elle et lui ils étaient devenus des parents ; paraît qu’ils étaient hyper-contents.
D’ailleurs, dans les années qui ont suivi, Maman a eu l’occasion de rigoler encore deux autres fois parce que Papa a eu la même fameuse angine pour fêter la naissance de Louna, puis celle de Milena. Il paraît que pour ma naissance à moi, ça n’a été qu’un lumbago, mais énorme : quand il montait dans la voiture, il ne pouvait plus déplier son dos.
« Le plus gentil des maris accouche comme il peut. Pauvre homme qui n’a pas eu la chance d’être né femme ! » (C’est sa façon, à Maman, de nous expliquer la participation de Papa à ses quatre accouchements…) Enfin, j’ai compris : la maman accouche, le papa se couche…
Bon, donc dans la famille, Hannah s’est pointée la prem’s. D’ailleurs depuis, elle est restée première en tout : prem’s à la course, prem’s en rollers, prem’s au Scrabble et même éternellement prem’s à l’école ! En plus, elle a été la première petite-fille pour nos grands-parents. Ils ont tous été à genoux devant. Évidemment. Ça agace !…
En ce temps-là mon tonton Paulo (Polochon, on l’appelle) n’était pas encore marié avec Tartine (Tata Martine). Normal, Poloch’ c’est le petit frère de Maman. Donc mes cousins n’existaient pas encore, et ni Louna (la deuz’), ni Milena (la troiz’) non plus. Hannah régnait comme une princesse sur sa chaise haute. Peut-être qu’elle croyait rester la seule, l’unique petite chérie de la famille. Mais… Louna est arrivée !
2

O n devine facilement qu’ils rêvaient d’un garçon au deuxième coup, mais personne n’a osé en parler. Papa et Maman ont même demandé que le médecin ne leur dise rien à l’échographie : « On préfère avoir la surprise. » Hum ! Bonjour la surprise !
Il y a juste eu un petit problème à la sortie : Papa aurait aimé pouvoir refiler à un fils le prénom de son père à lui, le papi que je n’ai pas connu. C’est l’habitude, du côté de sa famille à mon père : une sorte de cadeau-souvenir qu’on fait au mort. (Moi ça m’étonnerait que ce soit vraiment un cadeau pour le bébé qui débarque : vlan ! On te met un mort sur le dos, et vis ta vie mon vieux, ça te fera de la compagnie !)
Alors, ils ont appelé leur deuxième fille Louna parce que Salomon, y avait vraiment pas moyen. Ils ont bien pensé à Salomé qui ressemblait un peu, mais ça ne leur plaisait pas assez. Ou alors Sally, mais ça faisait trop américain… En plus, comme il fallait se dépêcher de la faire inscrire à la mairie sur le grand livre des nouveau-nés, Maman (sûrement pour faire plaisir à Papa) a inventé un truc : comme Papi Salomon, tout le monde l’appelait Sol, elle a décidé que Sol-Soleil ça allait bien avec la Lune-Louna. Papa a trouvé l’idée géniale. Il m’a même raconté qu’à la clinique Maman chantait « Le soleil a rendez-vous avec la lune » pour bercer la Louna quand elle était… mal lunée, déjà (genre d’astuces que mademoiselle ma sœur déteste) ! En tout cas, ma frangine, elle est bien pareille qu’une éclipse de lune : elle joue à cache-cache avec le soleil. Comme quoi un petit bébé qui vient de naître peut cacher un vieux papi mort…
3

D eux ans après ou plus (j’ai un peu de mal à m’y retrouver), Maman a décidé d’arrêter un peu de travailler à sa Bibliothèque municipale pour mettre en route monsieur ou mademoiselle n° 3. Papa, ça lui faisait bizarre qu’on devienne « famille nombreuse ». Il ne comprenait pas bien ; c’est parce qu’il est resté fils unique.
Évidemment autour de lui, la famille et les amis ont rabâché bêtement : « Jamais deux sans trois ! » Très drôle ! Papa a sûrement compris « Jamais deux enfants sans un troisième » et, comme Maman et lui avaient toujours envie d’avoir un gars, ils ont tenté le coup…
Manque de chance au grattage ! En fait, c’était « Jamais deux filles sans trois » qu’il fallait comprendre. À l’échographie, quand le docteur a déclaré, hilare, à mon père : « Mon cher confrère, c’est une troisième demoiselle qui est en route ! », je n’étais pas là pour voir sa tête ni celle de Maman, mais j’imagine… Un jour, j’ai entendu dire par Mamoune (la maman de Maman) que Papa a chanté sur tous les toits qu’il était le plus heureux des hommes, mais que ses yeux disaient le contraire. Il rajoutait mi-figue mi-raisin que puisque c’était comme ça, son train électrique, son circuit et ses trucs télécommandés devraient continuer à prendre la poussière au grenier jusqu’à ce qu’il devienne grand-père un jour.
Papa répète toujours : « Les femmes sont l’avenir de l’homme. » Le grand poète qui a dit ça, est-ce qu’il a eu, lui aussi, une ribambelle de filles ?
Sur ce, quelques mois plus tard, ma troisième grande sœur est arrivée comme prévu, sans se presser, baveuse et hurlante (ça, c’est Louna qui le dit), et ils ont décidé de lui coller le nom de Milena, surnommée « Mimi » ou « Miss 3 » : elle déteste ! « Ah, ah, tu préfères Miss Ter ? » Maman en rajoute toujours une couche – elle adore les jeux de mots lourdingues : « Mystère et boule de gomme, je ne sais pas pourquoi j’ai une fille qui n’a pas le sens de l’humour ! » Milena fait la tête et moi je me dis que les mots, c’est bizarre parfois, parce que je crois que « mister » ça veut justement dire « monsieur » en anglais, comme dans Mister Bean. Faudrait savoir, fille ou gars ?
4

E n tout cas, Maman, elle, s’est vite remise de sa déception d’une troisième fille, enfin, je crois. Elle dit toujours qu’un bébé en bonne santé, c’est déjà un miracle, un peu comme un cadeau en mieux. Paraît qu’un jour, quand elle était enceinte d’Han