La lecture à portée de main
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Description
Sujets
Informations
Publié par | Syros Jeunesse |
Date de parution | 11 octobre 2018 |
Nombre de lectures | 7 |
EAN13 | 9782748525816 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Guylaine Kasza
Le plus
courageux
des peureux
Illustrations
Krzysztof Sukiennik
Syros
Pour aller plus loin, voir page 74 :
Un mot sur ce récit et ses sources, par Guylaine Kasza
Et sur www.syros.fr/blog
Mise en page : DV Arts Graphiques à La Rochelle
© 2018 Éditions SYROS, Sejer, 25, avenue Pierre-de-Coubertin, 75013 Paris
Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011.
« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »
ISBN : 978-2-74-852581-6
Sommaire
Copyright
CHAPITRE UN - Quand les femmes
s'en mêlent
CHAPITRE DEUX - La réponse du thé
CHAPITRE TROIS - Un tour de
passe-passe
CHAPITRE QUATRE - Abdul muscle
son courage
CHAPITRE CINQ - Une nuit
mouvementée
CHAPITRE SIX - Un invité bien encombrant
CHAPITRE SEPT - La peur change
de camp
Quelques mots sur ce récit
Par Guylaine Kasza
Pour en savoir plus :
L'autrice
Ce livre est dédié…
Dans la même collection
CHAPITRE UN
Quand les femmes
s’en mêlent
B oud na boud... Il était une fois, comme on dit en Afghanistan.
Donc, il était une fois un homme si peureux que le plus léger battement d’ailes d’un papillon le faisait sursauter. Il était une fois un homme si peureux que le bourdonnement d’une guêpe ou d’une mouche à son oreille l’effrayait.
Il était si peureux qu’une fois la nuit tombée, il était impossible de lui faire mettre le nez dehors. Si peureux qu’il ne s’éloignait jamais de sa femme et la suivait comme son ombre, au grand désespoir de celle-ci. Si peureux que, dans son village, on l’avait surnommé Abdul « l’homme peureux » !
Sa femme était désolée d’avoir un mari si froussard, toujours accroché à ses jupes comme un petit garçon. Et c’était de pire en pire !
Un jour en fin d’après-midi, comme à l’accoutumée, elle rejoint les autres femmes du village sous le grand mûrier. Chacune raconte ses petites histoires et, quand c’est son tour, la femme d’Abdul se plaint d’être si mal mariée :
– Honte sur moi d’avoir un mari si trouillard, poussière sur lui d’être si peu courageux ! Qu’est-ce que je peux faire ? Oh, Dieu, qu’ai-je donc fait pour mériter un homme pareil !? Je dois l’accompagner partout où il va, même dans les endroits les plus intimes. La nuit, il est bien capable de faire au lit si je ne me réveille pas pour l’accompagner aux cabinets. Tout le monde se moque de lui. La honte est sur notre maison, sur notre famille. Je ne peux pas mettre le nez dehors sans qu’on me dise : « Alors, comment va ton trouillard ? » Les barbes blanches du village racontent qu’ils n’ont jamais vu dans tout l’Afghanistan un homme si peureux !
Toutes les femmes hochent la tête d’un air entendu. Elles l’entourent, passent gentiment leurs bras autour de ses épaules afin de la consoler.
– Ah ma pauvre, dit l’une, comme je te plains ! Sais-tu que l’on parle de ton mari par-delà les montagnes, jusque dans les autres vallées ?
– Oui, oui ! fait une autre. L’autre jour, en passant devant l’auberge, j’ai entendu des voyageurs, qui venaient des pays d’à côté, rire de bon cœur dans la tchai-khana en buvant leur thé. Ils parlaient d’Adbul ! Ils disaient en se tapant les mains sur les cuisses comme après une bonne blague : « Ha, ha ! il est si froussard que même les renards s’en amusent. Ha, ha ! Oui, vraiment, quel drôle d’oiseau, cet Abdul ! »
– Ton mari est une vraie poule mouillée ! Quel fardeau, ma pauvre ! Tu ne peux pas compter sur lui, ajoute une autre. Il te faut trouver une solution pour changer son caractère.
Parmi les femmes, il y a une vieille à l’œil malicieux. C’est la plus sage du village. Elle dit en souriant :
– On va lui apprendre ce que c’est d’avoir peur de tout et de rien ! J’ai une idée. Rentre chez toi, cuis une marmite de baklawas aux amandes, dégoulinant de miel, et mélange au miel du gâteau beaucoup de sel. Après avoir mangé si salé, ton mari boira du thé plus que de coutume. La nuit, quand vous serez couchés, la réponse du thé ne se fera pas attendre ! Il aura peur de sortir tout seul. Il te demandera de l’accompagner dehors pour aller faire pipi. Tu marcheras derrière lui, puis tout à coup tu pousseras un cri d’effroi, tu rentreras vite dans la maison en fermant la porte à clef derrière toi et, malgré ses supplications, tu ne lui ouvriras pas.
Après avoir remercié les femmes du village de leur soutien, la femme d’Abdul rentre chez elle pour préparer le repas du soir. Elle suit à la lettre les conseils de la vieille femme. Bientôt, la bonne odeur des baklawas se répand dans toute la maison. L’heure du repas arrive. Son mari, qui ne se doute de rien, mange avec un bel appétit. Il trouve les gâteaux salés, mais tellement bons qu’il en reprend plusieurs fois. Le sel appelle l’eau, et il boit beaucoup de thé pour calmer sa soif. Sa femme, qui l’observe à la dérobée, se dit : « Le plan de la vieille a l’air de bien fonctionner ! »