Le rêve de Salomon

Catherine Zarcate

Description

L'histoire extraordinaire de Salomon, qui, dans sa sagesse, comprend tous les êtres au monde, même les arbres et les fourmis !
Salomon est un enfant hors du commun : son intelligence vive le rend curieux de tout. Il aime la justice. Installé au pied du trône de son père, il assiste aux procès depuis tout petit. Lorsqu'il devient roi à treize ans, le peuple est heureux. Avec lui, il n'y aura ni riches ni pauvres. Les voleurs n'auront plus qu'à pleurer !

Informations

• Publié par: Syros Jeunesse
• Date de parution: 01 février 2018
• Nombre de lectures: 72
• EAN13: 9782748524048
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Pour aller plus loin, voir page 76 : Un mot sur cette légende et ses sources, par Catherine Zarcate Et sur www.syros.fr/blog ISBN : 978-2-74-852404-8 © 2017 Éditions SYROS, Sejer, 25, avenue Pierre-de-Coubertin, 75013 Paris Collection dirigée par Ilona Zanko Des récits qui existent depuis   la nuit des temps pour rire, rêver, réfléchir   et ainsi nourrir sa force intérieure ! Qu’est-ce qu’un kilim ? Lekilim est un tapis brodéque l’on trouveaussi bien au Proche-Orient,dans le Caucase,qu'en Asie centrale, et qui a vu le jour il y a près de 10 000 ans. Ses motifs diffèrent selonles tribus et constituent une forme d'écriture symbolique qui représente leur identité. Tissage de la mémoire des peuples à travers le monde,patrimoine de l’humanité…,les kilims ont traversé les frontières et les siècles, tout comme les histoires de cette collection.
Catherine Zarcate Le rêve   de Salomon Illustrations   Irène Bonacina
CHAPITRE UN L’ENFANTPRÉCOCE CHAPITREDEUX L’ANNEAUPRODIGIEUX CHAPITRETROIS LEROIJUSTE CHAPITREQUATRE EN ROUTE CHAPITRE CINQ LERETOUR Quelques mots sur cettelégende L’auteur Dans la même collection
CHAPITREUN L’enfant précoce A u moment où commencecettehistoire, leroi David qui règnesur sa grande citéantiqueest très vieux. Assis sur son trône, il regarde ses ls quitter la salle d’audience et reste seul,perplexe. Pour la centième fois,il se demande auquel des six il va transmettre la charge du royaume. Hélas, son aînécomploteodieusement dans son dos, ses quatre cadets le suivent, et son dernier, nomméSalomon, n’a quetreizeans. « Trop jeune ! » soupire le roi.Pourtant le garçon est noble, posé, rééchi. Son intelligence vive le
rend curieux de tout.Il aime la justice et sait se montrer à la fois avisé et rusé. Il a d’ailleurs tiré plusieurs fois son père d’embarras… Le vieuxroise souvient subitement du procès de deux hommes qui se disputaient pour un œuf ! Il en sourit encore en se remémorant les détails… Les deux hommes,à l’époque,avaient été soldats. Lors d’une expédition, l’un d’eux avait oublié son repas. Etl’autre lui avait prêté un œuf, en préci - sant bien quecen’était qu’un prêt. Mais le premier n’y avait pas fait attention. Donc ce jour-là, vingt ans après, le prêteur d’œuf était venu réclamer son dû et soutenait qu’on lui devait trois cents bœufs  ! Quand David lui a demandé de s’expliquer, le gars a rappelé que tout œuf est une poule ou uncoq ! Donc il aurait pu créer un poulailler, vendre les œufs, les poules, acheter des chèvres, et avec le temps, des vaches, bref, aujourd’hui, il réclamait trois cents bœufs ! Le pire,c’est que soncalcul était juste ! Le pauvre, en face, qui allait devoir rem - bourser cettesomme exorbitante, avait la mine
complètement décomposée… Heureusement, Salomon lui a sauvé la mise ! Ce sacré gamin – à cinqans ! – lui a demandé soudain si l’œuf était dur ! Bien pensé ! On nepart pas en expédition avec des œufs frais, hein !!! Pourtant, personne d’autre n’y avait pensé ! Salomon adorait assister aux procès. Pour sonanniversaire,il avait demandé àsonpère lapermissionde venirécouterles audiences de justice. Il nerataitplus uneséance, mêmesi sa mère le grondait et lui disait d’allerjouerdehors avec Benaïah, son meilleur copain… Le roi lui avait fait installer unpetit coussin rouge au pied du trône. Legamin, tout heureux, y restait des heures,incroyablement attentif… Et eneffet,séance après séance,Salomona observé les gens pendant que son père jugeait et remarqué ce qu’il retrouverait toute sa vie aux procès : les visages qui s’éclairent, quand le juge - mentrendu estjuste, ousechiffonnent, quand il est injuste.Les coups d’œil entre complices
qui s’apprêtent àmentir,l’œil sournois du cou - pable quine regarde jamais enface.Tout ceci,le garçon ne l’oublierait jamais. Le roi hésite encore,pourle trône :« Même si on a l’esprit vif et des qualités,peut-on vraiment être roi à treize ans ? » se demande-t-il.Soudain, undeuxième souvenir,bienplus important,lui revient à l’esprit… Le jugement des deux femmes D eux femmes se présentent devant le trône, déposent un bébé aux pieds du roi,sur la dernière marche du trône,et l’une d’elles s’ex - plique, en larmes : – Ô roi David,juge entre nous ! supplie-t-elle. Cettefemmeet moi habitons la mêmemaison en ville,à Jérusalem.Nous y vivons seules et avons accouché le même jour. Mais cette nuit son bébé est mort subitement.Alors elle s’est levée,a pris le mien et a mis le mort à sa place !
– Mais non ! crie l’autre femme. C’est elle qui a fait ça ! Elles se disputent ainsi devant David enpleu - rant,chacune criant que le bébé vivant est le sien. Le cas est déchirant. Sur le trône, le roi ne sait pas juger. Il reste silencieux. Salomonaalors sept ans.Il se tourne vers lui et chuchote : – Papa, jedemandela parole : jesais juger ce cas ! David le regarde,incrédule,mais le visage de l’enfant est si grave,son regard si clair,son calme et safermeté sont tels que le roi déclare tout haut, devant tous : – Lajustice est importante pourles rois, mon ls. Si tu penses pouvoir juger ce cas dou - loureux,assieds-toisurce trône et regarde vers le ciel au-dessus detoi. Si tu vois cequeseuls les rois voient quand ils jugent, et si tu veux  toujours juge r, tu jugeras à ma place ! – Bien, mon père, répond sobrement Salomon car l’instant est solennel.
Davidlaisseletrôneà l’enfant, qui s’yins - talle biendroit et regarde au-dessus de lui… Visible pour lepèreet lefils seuls, apparaît une épée amboyante tournoyant dans le ciel : l’Épée deJustice ! Si leroi-jugeestcorrompu ou trop maladroit, l’épée de feu le foudroie ! Salomon reste silencieux, fasciné par sa vision, heureux comme s’il avait enn rencontré ce queson cœur cherchait depuis toujours. Assis sur letrône, lecorps droit comme son cœur, ildemandequ’on lui apporteun sabre. Une fois qu’il l’aenmain,il le brandit,le bras haut levé, selèveet descend la marchepour se placer justeau-dessus dubébé, prendun air  t erriblement menaçant et déclare sévèrement aux deux femmes : – Je vais couper cet enfant en deux ! Ainsi, vous en aurez chacune la moitié ! La cour entièremurmure : « Oh ! Il est trop petit ! » « Un enfant de cet âge ne doit pas juger ! » « Que David reprenne l’affaire ! »...

Mais Salomon reste impassible.Il semble habitépar un calme, unerigueur et uneautorité qui ne sont pas de son âge. Les deux mères sont persuadées qu’il va faire ce qu’il dit. L’une crache : – Tue-le ! Personne ne l’aura ! L’autre murmure en pleurant : – Neletue pas ! Donne-lui ! Je leverrai courir et grandir, je l’entendrai rire ! Donne-lui… Alors Salomonrelâche lapression,jette le sabreau sol, et vient embrasser cettefemmequi a parléen dernier. Il lui remet le bébé et clame solennellement devant toute la cour : – Celle-ci estsa mère ! La fouleapplaudit à tout rompre. Les gens pleurent, subjugués par cejugementplein de sagesse… David reste pensif : la sagesse de son ls est inspirée ! De plus,il avu l’Épée que seuls voient les rois  alors qu’il n’est que son sixième ls !... « Comment ai-je pu oublier cela ? s’exclame David.À l’époque,je m’étais bien dit qu’il ferait un grand roi, mais jen’y ai plus repensé,