Lisa a disparu
33 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

33 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Un soir, Lisa n'est pas rentrée de l'école. Mais où peut-elle bien être ? Qu'est-ce qui a bien pu lui passer par la tête, elle d'ordinaire si sage, si discrète ? Son père, sa mère, sa babysitter, son institutrice, son amie... tout le monde s'interroge ! Et tous racontent, chacun à leur manière, la vie de la petite Lisa, reconstituant le puzzle de sa mystérieuse disparition...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mai 2010
Nombre de lectures 8
EAN13 9782092528174
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0224€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LISA A DISPARU

Jo Hoestlandt
Illustrations de Rémi Courgeon
Nathan

Les trois vers du chapitre 9 sont extraits du poème « La lune » de Henri Pichette, in Poèmes offerts, éditions Granit, 1982.
© Éditions Nathan (Paris, France), 2009
Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse
« Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. »
EAN 978-2-09-252817-4
Sommaire
Couverture
Sommaire
CHAPITRE 1 - Le vieux monsieur
CHAPITRE 2 - Le père
CHAPITRE 3 - Jamaïca
CHAPITRE 4 - La maîtresse
CHAPITRE 5 - Ursula
CHAPITRE 6 - La mère
CHAPITRE 7 - Le policier
CHAPITRE 8 - Le chien
CHAPITRE 9 - La lune
CHAPITRE 10 - Lisa, enfin
CHAPITRE 11 - Lisa, pour finir
Jo Hoestlandt
Rémi Courgeon
1
Le vieux monsieur


T ais-toi ! Tais-toi, j’te dis ! C’est pas l’heure de manger. Arrête de miauler comme ça, Maroufle, tu me portes sur les nerfs ! Je te préviens, je vais t’enfermer dans la salle de bains si tu continues ! Tiens, va regarder tourner le poisson rouge, il t’attend le poisson, tu vois, regarde, il a le nez tout écrasé contre le verre de son bocal ! Laisse-moi, laisse-moi regarder dehors, tranquillement. C’est ma télé à moi, dehors, ce sont mes séries qui s’y déroulent, avec leurs héros inconnus. Tiens, voilà la dame du premier, avec son Caddie plein à craquer, trois enfants elle a, qu’elle élève seule, son mari est parti depuis… trois ans au moins ! L’aîné pourrait descendre l’aider tout de même, mais non, il doit être affalé devant son écran, les doigts collés à sa manette de jeu, travaille du pouce plus que du cerveau ce gamin !
Voilà la jeune fille du bâtiment C, troisième étage, pendue à son portable, elle ne va pas monter tout de suite, elle va attendre son amoureux, ils vont se faire des bisous pendant une heure ou deux, faites-en provision, les enfants, le temps d’aimer ne dure pas toujours autant qu’on le voudrait… Comment ça se fait que la petite Lisa ne soit pas encore rentrée ? D’habitude…
Quand elle passe par le jardinet, en face, elle donne toujours des miettes aux moineaux, mais ce sont les pigeons qui les bouffent. C’est comme ça la vie, les gros ont toujours le dessus, ou presque. Des fois, elle s’assied sur le banc, un petit moment. Elle reste là à rêvasser, elle pense à je ne sais quoi. À quoi ça peut bien penser une petite fille aujourd’hui ? Je ne sais pas, moi. Elle peut rester parfaitement immobile, Lisa, c’est rare pour une enfant… Elle a l’air d’une pauvre petite statue que personne n’a sculptée, les chats errants l’approchent facilement… Dommage que je n’aie pas de chaton à lui donner…
Tiens, Maroufle, y’a ta fiancée en bas, la tigrée marron et beige, elle se promène la queue en trompette ! Tu ne veux pas descendre lui faire un petit coucou ? Non ? T’as tort, et le tort tue – comme disait ma vieille mère qui n’avait pas bien le temps, dans sa vie, de renouveler son stock de jeux de mots et se servait toujours des mêmes, qu’elle trouvait inusables.
Ah ! Les gamins d’en face vont faire des bêtises, je le sens, ils sont là en bas à tourner autour de la poubelle comme des mouches !… Bon, ça y est ! Ils l’ont fait éclater leur gros pétard ! Dans la poubelle, évidemment. Comme ça maintenant, les ordures ont giclé partout sur les pare-brise des bagnoles garées là à côté. Ils vont avoir une bonne surprise, les automobilistes, quand ils vont monter dedans ! Sales mômes ! Enfin, c’est de leur âge, à cet âge-là, faut que ça pète ! Et puis il n’y a pas de grandes occasions de bien rigoler dans le quartier ! Ils vont se faire engueuler par la vieille bique du bureau de tabac, elle sort, tiens, elle menace d’appeler les flics je parie ! Tout en noir, comme d’habitude. Elle se prend pour Zorro celle-là ! Lui manque plus que le canasson et le fouet !
Qu’est-ce qu’elle peut fabriquer Lisa ? J’aime pas ça… Pourquoi elle va pas à sa rencontre la nounou noire là, toujours habillée super sexy, les ongles en pétales de rose rouge, qu’est-ce qu’elle fabrique celle-là, elle est payée à quoi ?
Moi, si j’avais eu une fille, mais Dieu ne l’a pas voulu, il n’a pas voulu que j’aie de femme non plus, pour tout dire il n’a jamais voulu que j’aie grand-chose, juste des chats, et encore ! Même pas de beaux chats, des galeux, des estropiés, bref, moi, si j’avais eu une fille, jamais, jamais je l’aurais laissée rentrer toute seule de l’école ! J’aurais été trop heureux d’aller la chercher, de lui tenir la main pour traverser les rues, et puis, si elle le voulait bien, tout le long du chemin. Elle aurait sautillé près de moi, comme un moineau, et babillé, et puis, elle aurait fait tourner sa robe, comme une corolle de fleur, comme ça, pour le bonheur, les petites filles sont faites pour le bonheur…
Mais celle-là, Lisa, y’a pas grand monde pour lui tenir la main… Elle m’a l’air bien seule, souvent. Heureusement qu’il y a les oiseaux et les chats à nourrir sur son chemin, heureusement.
Non Maroufle, je vais pas te filer à bouffer maintenant, pas question. Tu mangeras pendant les infos, comme moi. C’est comme ça. C’est bon pour notre régime, les infos, comme il n’y a jamais que des mauvaises nouvelles, ça nous coupe l’appétit !
Bon, enfin la voilà la nounou noire. Elle s’inquiète, c’est pas trop tôt ! Bah oui, elle n’est pas rentrée Lisa ! Pas la peine d’aller voir dans le jardinet, non, elle n’y est pas ! Pas la peine d’aller jusqu’au bout de la rue non plus ! De ma fenêtre, moi, je vois bien qu’il n’y a pas de Lisa qui arrive par là !
Elle part à sa rencontre, enfin ! Peut-être que la gamine est chez une copine, ce serait une bonne nouvelle, ça, qu’elle ait une amie, elle se sentirait moins seule, ça me ferait un souci de moins… Oui, je sais, c’est idiot de me faire du souci pour des gens que je ne connais même pas, mais je m’en fais pour qui je veux ! Je ne peux pas m’en faire pour ma famille, puisque je n’en ai pas. Alors je m’en fais pour cette petite fille-là. Je l’ai pas choisie, elle était là, et je m’en fais pour elle qui ne le sait pas, comme si c’était pour de vrai ma petite-fille à moi… Puisque Dieu n’a pas voulu…
Tiens, voilà son père ! J’espère qu’elle ne va pas se faire gronder trop fort quand elle rentrera ! Les petites filles ne devraient jamais pleurer, quand elles commencent, on ne peut plus les arrêter, leurs larmes coulent coulent, comme les fontaines d’autrefois…
Oui Maroufle, on va dîner maintenant, j’allume la télé. Je n’ai pas faim, mon chat, tiens, mange donc mon jambon !… Ils peuvent bien dire ce qu’ils veulent à la télé, moi, je la connais l’info principale, la seule vraie info qui m’intéresse sur cette Terre : Lisa a disparu…
Je vais attendre, à ma fenêtre, qu’elle rentre. Je vais laisser ma lumière allumée. Ça lui fera comme un phare si elle rentre tard. Comme un phare dans la nuit noire.
2
Le père


B onjour monsieur le commissaire. Oui, c’est moi qui vous ai appelé tout à l’heure, pour signaler la disparition de ma fille Lisa, Lisa Monnier. C’est ça. Onze ans. Je ne comprends pas ce qui s’est passé. Elle n’est pas rentrée de l’école.
D’abord, Jamaïca ne s’est pas inquiétée. Non, non, Jamaïca n’est pas ma femme, ma femme nous a quittés, il y a six mois, l’été dernier… Non, elle n’est pas morte, elle est seulement partie, c’est ça, elle m’a quitté, c’est ce que je disais. Alors qui est Jamaïca ? Eh bien c’est la jeune femme qui s’occupe de Lisa, jusqu’à mon retour, le soir… Je rentre assez tard, vers 20 h 30 ; de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents