Mahajang@madagascar.com
69 pages
Français

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Mahajang@madagascar.com , livre ebook

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Description

"Cher ami, tout d'abord merci d'avoir répondu à mon mail. C'est que j'ai tapé une adresse au hasard sans jamais penser qu'elle existait. Mais comprends-moi, j'ai tellement de choses dans la tête, dans le coeur... Laisse-moi te conter ma vie, mes joies, mes peines et mes souffrances." Un texte qui relate la dure réalité de la vie sur une île qui fait si souvent rêver les étrangers.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2009
Nombre de lectures 274
EAN13 9782296930957
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

mahajang@madagascar.com
Jeunesse L’Harmattan
Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland,
Joëlle et Marcelle Chassin

Sarah GABRIELLE et Laurent MONTEL, Eby et la Petite au Bois Dormant, 2009.
Héloïse MARTIN et Philippe FERRAN, La Baba Yaga (théâtre), 2009.
Françoise KERISEL, Teishin et le lapin de la lune, 2009.
France VERRIER, L’étoile et le bouleau. Conte de Finlande. Bilingue français-finnois, 2009.
Maïakovki, poèmes pour les enfants. Bilingue russe-français. Edition présentée et traduite par Carole Hardouin-Thouard, 2009.
Classe de CM2C de l’école du Centre de l’aÿ-les-Roses-Elisabeth URBAIN, La colère gronde au Moulin de la Bièvre, 2009.
Yoanne TILLIER, Zazavavirano, la sirène de Mayotte, 2009.
Myriam MARQUET, Les cahiers bleus de Margareth-Rose. U.S.A 1939-1968, 2009.
Myriam MARQUET, Khin Kyi, femme-girafe de Birmanie, 2009.
Jérôme SUDRES, L’étemelle igname, 2009.
Hélène TCHINDA, Masango et la Bulle Géante, 2009.
Laurence LAVRAND, Mayotte-Nantes, un aller simple pour Nadjati, 2009.
Danièle CROUZATIER, La Fée aux Gros Yeux, d’après un conte de George Sand, 2009.
Claude BOURGUIGNON, Marcelo, le neveu de Goya, 2009.
Edmond LAPOMPE-PAIRONNE, Touloulou au pays des dauphins, 2009.
André KALIFA, Le ballon perdu, 2009.
Nadia GHALEM, Un jardin dans la guerre, 2009.
Philippe MARIELLO, Compère Chien et Compère Chat – Le rêve de Compère crabe. Bilingue créole-français, 2009.
Manuel Peňa MUŇOZ, Les enfants de la croix du sud, 2009.
Hélène DIAZ, Shammar et le souffle du zéphyr, 2008.
Pierre BOUSSEL, Djinou, le léopard de l’Himalaya, 2008.
Laurent MONTEL et Sarah GABRIELLE, Eby et le mangeur de contes. Théâtre, 2008.
Ambass RIDJALI


mahajang@madagascar.com


L’Harmattan
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-10571-3
EAN : 9782296105713

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
@un ami sur le net
Cher ami, tout d’abord merci d’avoir répondu à mon mail. C’est que j’ai tapé une adresse au hasard sans jamais penser qu’elle existait. Mais comprends-moi, j’ai tellement de choses dans la tête, dans le cœur que j’ai l’impression qu’ils vont éclater d’un moment à l’autre. Alors il faut que je parle. Il faut que je les vide.
Cher ami, tu peux ne pas me donner ton nom. Peu importe. Cela me suffit que tu lises mes courriers. Que tu m’écoutes avec tes yeux. Toi qui habites loin. Loin de mon île, loin de chez moi. Laisse-moi te conter ma vie, mes joies, mes peines et mes souffrances. Mon rêve d’enfant.

Oui. Je rêve. Je fais des rêves. Tous les soirs. Je dors mal. Toujours le même rêve. Pourtant le lendemain, aucun souvenir.
Mais je sais pertinemment que ce rêve est le même depuis plusieurs mois. Depuis plusieurs années. Lorsque j’essaye de le raconter, plus rien. Le flou total. Ça me hante ! Ah ! Maudit rêve !

Toi qui habites loin, tu as sûrement entendu parler de Madagascar. Tu sais, je suis encore jeune et tout ce que je vais te dire est vrai. Mais je ne suis pas expert pour te donner une analyse approfondie de la vie ou de la société. D’ailleurs je ne sais même pas quel âge tu as. Peut-être que toi non plus tu n’as pas envie de tout savoir.

Voilà. Tout a commencé le jour où un monsieur avait installé tout son bagage sur la place publique. Là où s’élevait, depuis la nuit des temps, le vieux tamarinier. L’arbre était maintenant devenu un repère pour tout le monde. Que l’on vienne du nord ou du sud, de l’est ou de l’ouest.
Ce jour-là il est arrivé, comme ça. Un après-midi. Sa camionnette tanguait sur les bosses, les nids de poule et les déformations de la rue principale. La seule du village. Et la poussière dissimulait les nombreux enfants courant derrière le véhicule, objet d’une curiosité providentielle. Il a parlé en malgache. Evidemment, nous ne parlions pas couramment d’autres langues. Il a d’abord demandé le chef du village. Nous lui avons indiqué la maison qui se trouvait juste derrière le tamarinier. Et nous l’avons tous suivi avec des cris de gamins, bien sûr.
Le monsieur venait d’Antananarivo, la capitale. Tu imagines bien que tous les enfants présents ne savaient pas où ça se trouvait. Alors il a sorti une grande feuille avec plein de dessins. Il y avait une figure en forme de pied gauche. Et il nous a montré sa ville. Le nom de sa ville, car sur la feuille, il n’y avait pas de maisons. Il disait nous apporter un rêve. Ce soir, quand le soleil aura disparu derrière les collines. Quand la nuit sera venue et quand les lucioles donneront le signal. Il appelait ça cinéma. Super !
Tous les villageois se sont réunis devant une espèce de grand drap blanc attaché à deux poteaux. Le monsieur était bien occupé. Il ne cessait d’aller et venir vers ses machines. Bizarre pour quelqu’un que personne ne connaissait dans le village. Déjà un ronflement inhabituel a chassé le silence nocturne qui accompagnait chaque habitant de notre petit Tanana {1} La place était illuminée par une ampoule et même les insectes venaient à la fête. Ils dansaient tous ensemble autour de la lumière. Et tout à coup une autre lumière a jailli sur le grand drap blanc. Et des images sont apparues. Et on entendait de la musique sans voir les musiciens. Il y avait des paysages, des villes et des villages. Il y avait des enfants, des hommes et des femmes. Il y avait des maisons, des voitures et des magasins. Tout était beau. Il s’agissait d’un documentaire. Tout était grand. Tout était imaginaire.

C’était il y a longtemps. Comme tous les gamins, je rêvais de devenir grand. D’être quelqu’un. Je rêvais d’être…, non. Je te dirai mon rêve après. Oui, depuis ce film, le monsieur avait bien raison. Il m’a donné l’envie de connaître beaucoup de choses. Il m’a ouvert les yeux malgré mes cinq ans. Je n’ai jamais voulu le dire à personne. Pas même à ma mère ni à mon père. Je ne l’ai jamais dit à ma grand-mère lorsque plus tard j’ai été obligé d’aller vivre avec elle. Je te dirai pourquoi je suis allé vivre avec ma grand-mère, si tu veux. Ne va pas croire que je suis enfant unique. Non ! Ma mère a eu quatre filles et un garçon. Moi. Et ma petite sœur qui a cinq ans de moins que moi. En fait non, il y a eu les faux jumeaux. Un garçon et une fille qui sont nés le même jour. Mais la nature ne leur a pas donné la possibilité de découvrir davantage le monde. Moi je ne les ai jamais connus. Mon frère et ma sœur. Mais mon village est tellement petit que l’histoire revient à chaque fois. C’est comme ça que j’ai appris ce qui s’est passé. Surtout à l’école, lorsque les autres élèves se moquaient de moi.

Les faux jumeaux n’ont même pas eu la chance de porter un nom. Aussitôt nés, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre jusqu’aux oreilles du grand chef. C’est lui qui a droit de vie ou de mort. C’est lui qui détenait le savoir et représentait toutes les traditions ancestrales. Le grand chef n’hésita même pas. Il alla à la vitesse du vent voir mes parents. La sentence était sans équivoque. Les faux jumeaux devaient disparaître sur-le-champ. Les ancêtres avaient dit. Lui-même l’avait pressenti, il y a des lunes de ça. Il avait vu dans ses visions divines et dans ses calculs célestes l’arrivée de faux jumeaux. Tellement faux qu’il fallait les empêcher de troubler la conscience traditionnelle. Les faux jumeaux étaient siamois. Jamais dans la longue vie du grand ombiasy, on n’avait connu pareil événement. Les deux enfants étaient collés l’un dans l’autre comme s’ils formaient un seul corps. Pourtant il y avait bien deux têtes sur les épaules. Un garçon et une fille.
Ma mère a lutté de tout son amour maternel. Mon père a négocié de tout son argent. Mais rien n’y fit. Le grand chef ne dérogeait pas. Intransigeant ! Tel le tamarinier de la place publique, il ne bougeait pas d’une branche.
Catégorique ! Et les villageois qui attendaient, dehors, le verdict. Et le bruit qui arrivait jusqu’aux tympans du grand chef. Il pressait mes parents. Finalement, ma mère céda. Le grand chef s’empara des faux jumeaux et sortit tri

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