Najib l enfant de la nuit
104 pages
Français

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Najib l'enfant de la nuit , livre ebook

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Description

Najib est un enfant de Kabylie. Il a vu sa famille anéantie lors de l'attaque de son village par des groupes armés. Avec d'autres orphelins algériens, il est accueilli dans un centre de vacances près de Marseille. Najib est hanté par la nuit du massacre. Mais la vitalité de l'enfance est la plus forte. Il se lie d'amitié avec Maurice, dit Pilou, un petit Français en manque d'affection. Ils découvrent leurs différences et voyagent dans l'imaginaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2007
Nombre de lectures 212
EAN13 9782336253459
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2007
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296027398
EAN : 9782296027398
Najib l'enfant de la nuit

Geneviève Briot
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Du même auteur Des bruits dans la tête L’orage Images de la nuit Escalade Le chagrin de Meriem La terre est bleue La fête Les histoires de Najib La disparition Rencontre au village Au-delà de la mer Note au lecteur Jeunesse L’Harmattan - Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland, Joëlle et Marcelle Chassin
Du même auteur
Jeunesse : - L’ogre aux pieds nus, roman. Éditions du Chardon Ble 1988. Récompensé à Padoue (Italie), Prix de Littératur Européenne pour la Jeunesse - Parole de Guadal ! théâtre. Éditions Noirs Trottoirs 1992 - Histoire d’éléphant, album illustré par Armand Kaercher. Éditions Grandir 1999
Adultes : - Basalte, poésie. Éditions Chambelland 1982 - Météorites, poésie. Éditions Subervie 1987 - L’appel du Sud, roman. Éditions Marsa 1999 réédité dans Trois romans algériens au féminin. Éditions Marsa 2001 - Un livre à la mer, récits. Éditions Marsa 2003
J’ai des alliés Que je ne connais pas. J’ai des alliés Qui me tiennent en vie, Qui me donnent racine. Guillevic

L’oiseau seul a tout le ciel pour s’étirer dans tous les sens
Paul Vincensini
Des bruits dans la tête
Najib voudrait bien marquer ce but. Combien de fois le ballon a-t-il été stoppé par Stéphane, le gardien de l’équipe des rouges ? Il est trop, ce mec, il arrête tout.
- Ici, ici ! crie Julien qui s’est démarqué.
Simon, de la même équipe, celle des verts, est remonté à la hauteur de Najib et lui fait une passe. Celui-ci se glisse entre deux rouges et shoote. Le ballon cogne sur le poteau droit de la cage. Une clameur s’élève où se mêlent soulagement des uns et déception des autres.
Julien bouscule le petit Algérien :
- Tu joues perso. Tu devais me faire la passe !
Najib hausse les épaules. Julien l’énerve à vouloir toujours décider, toujours avoir raison. Et surtout, il sent qu’il ne l’aime pas, ni lui ni ses camarades algériens. Son regard se perd de l’autre côté du terrain vers la forêt. Partir loin d’ici. Loin de tout ça, loin, loin... Énervé, il se retourne vivement et se heurte à Farid, l’animateur qui arbitre le match.
- Qu’est-ce qui se passe, petit ?
- Rien.
Il repart vers son but où les rouges tentent une action. Julien a récupéré le ballon et remonte en dribblant avant de faire une passe à Simon. Le ballon est là à nouveau entre les pieds de Najib comme un feu follet. Il sait le faire danser et le subtiliser à ses adversaires. Michaël qui le poursuit n’y pourra rien, il le sent. Il feint une passe à gauche et tire. Le ballon est dans les buts. Stéphane n’a rien pu faire. On l’acclame, Mustapha et Youssef l’enlacent avant de repartir de plus belle jusqu’au moment où Farid siffle la fin du match.
- On a gagné, on a gagné ! claironnent les verts.
Même Youssef et Mustapha le chantent en français maintenant. Farid vient vers eux :
- Bravo, les verts ! Vous vous êtes bien défendus. 3 à 1. C’est super !
- Tu as vu le but de Najib ? dit Simon qui les a rejoints.
Najib est fier et silencieux, il regarde la haute stature de l’animateur au visage basané. Heureusement qu’il est là avec nous, se dit-il.

Ils ont fait un beau voyage, ça oui. Ils étaient dix à s’être embarqués sur le Zeralda. Six garçons et quatre filles avec leurs animateurs, Farid et Karima. Un bateau immense ! À quai, on aurait dit un château posé sur la mer. C’était il y a... presque deux semaines. Le second de l’équipage, un homme un peu bourru, s’était pris d’amitié pour le groupe. Il leur avait fait tout visiter, de la cabine de pilotage jusqu’à la salle des machines. Najib n’avait jamais imaginé entrer ainsi dans le ventre du bateau aux odeurs chaudes et âcres. C’est là que battait le cœur de la bête, oui, c’était comme une bête vivante qui allait les transporter là-bas en France, la France dont il avait tant rêvé.
C’était aussi la première fois que Farid, leur accompagnateur, faisait la traversée d’Alger à Marseille. Les gamins avaient un peu chahuté sur le pont, puis s’étaient calmés, Meriem était malade. Les petits voyageurs laissaient errer leurs regards sur la mer. Ils se laissaient bercer dans le mouvement des vagues, les friselis de l’écume, les embruns qui parfois les faisaient frissonner.
- Tu crois qu’on pourra revenir chez nous ? avait chuchoté Samih en kabyle. C’était le plus petit, il n’avait pas encore huit ans.
Najib n’a pas répondu tout de suite parce qu’il était surpris par la question. Il pensa à ces aventuriers qui ne reviennent jamais sur le lieu de leur naissance. Il eut envie de lui dire “j’m’en fous”, mais devant sa mine anxieuse, il le rassura. Il regardait Meriem sur le banc en face, si pâle, blottie contre Karima, l’animatrice. Les yeux dans le vague, elle avait l’air d’une feuille dans le vent. Il se laissa emporter avec elle.
À Marseille, l’accueil chaleureux au Café Corse en face de la gare maritime les avait sortis de leur torpeur. Des Marseillaises à la langue chantante les attendaient avec des sandwichs. Najib avait bu de la grenadine. Il remarqua Pierre l’animateur, un garçon élancé qui ne tenait pas en place. Farid et lui, tout de suite, se sont mis à rire ensemble. On aurait dit qu’ils se connaissaient depuis toujours. On avait emmené les enfants dans une maison et on leur avait donné des vêtements. Il y en avait plein des cartons. Des shorts, des blousons, des tee-shirts, neufs ou presque. Il avait choisi un short en jean, on lui avait dit que c’était un bermuda, et un tee-shirt marin. Ce qui lui faisait le plus plaisir, c’étaient les baskets. Les garçons risquaient un oeil vers le miroir sans en avoir l’air ; ils n’étaient pas des filles tout de même. Quand il s’était aperçu dans la glace, bousculé par les autres, il ne s’était presque pas reconnu.
Les filles avaient surgi de derrière un paravent en tee-shirt et en bermuda, elles aussi. C’était comme un uniforme. À pays nouveau, tenue nouvelle, s’était-il dit. Meriem avait un grand sourire. Les animateurs avaient emmené les cartons dans lesquels on pourrait puiser pendant le séjour. C’était super.
Le voyage avait continué dans un minicar qui n’en finissait pas de monter sur une route en lacet. On se serait cru en Kabylie. Cela lui fit peur, il avait juré qu’il ne retournerait jamais dans le bled du malheur. Plutôt que partir dans la montagne, il aurait préféré visiter Marseille.
Ils sont arrivés devant une grande maison aux volets verts, le Centre des Tilleuls. Un grand pré avec un terrain de foot s’étendait jusqu’à la forêt. Ce que les garçons ont d’abord repéré dans la colo, ce sont les ballons de cuir, de différentes tailles, foot, basket, volley. Farid aussi était admiratif. Quand il était petit, il avait souvent joué avec un ballon en plastique. Il raconta que, parfois, il devait le fabriquer avec des vieux papiers et des lanières de pneus usagés.
Douze jours ont passé. Najib ne saurait dire s’il est content d’être là ou non. Les six garçons ne se quittent guère. Ils occupent deux tentes l’une à côté de l’autre. C’est Najib qui parle le mieux le français et les autres ont souvent besoin de lui. Il parle bien grâce à son père qui avait travaillé plusieurs années en France. Il lui parlait presque toujours en français. Sa mère, elle, savait des chansons comme Le pont d’Avignon. Elle parlait surtout le kabyle, mais elle y glissait des expressions en français. Les autres enfants, eux, ne l’avaient appris qu’à l’école, à partir de la troisième année.

Après la partie de foot, Najib cherche Meriem du regard. Elle joue sous le grand tilleul avec les autres filles. Alors il s’assied contre le muret, entend leur conversation en kabyle.
Elles jouent avec une poupée qu’elles ont appelée Nour, du nom de leur copine qui est morte. Houria dit que puisque les fées ne sont pas venues la sauver, il faut faire son enterrement.
- Non, dit Meriem, les fées sont venues et elle est avec nous. Elle va découvrir la France comme nous.
Najib s’attarde sur le visage encadré de boucles noires.
- On va jouer à l’école, dit Leïla et on va parler français.
- Même Nour va parler français.
- Qui est la maîtresse ?
Et les petites récitent une comptine pour distribuer les rôles.
Plouf tizen tizen sammaniyi Maouzan tismin tisammamin sardina akaoukaou 1

Tout va bien, se dit Najib.
Souvent Meriem s’isole, s’appuie contre le tilleu

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