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IMAV Editions
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illustré par
Jean-Jacques Sempé
scénarisé par
René Goscinny
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Description
Sujets
Informations
Publié par | IMAV Editions |
Date de parution | 14 juin 2013 |
Nombre de lectures | 195 |
EAN13 | 9782365900430 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0002€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Nos papas sont copains
A MIDI quand il est arrivé de son bureau pour déjeuner, papa m’a dit :
– Tiens, Nicolas, aujourd’hui, j’ai eu la visite du père d’un de tes camarades : Eudes, je crois qu’il s’appelle.
– Ah bien, oui, j’ai dit. C’est un chouette copain, il est dans ma classe. Mais tu l’as déjà vu, ici à la maison.
– Oui, a dit papa, c’est le petit costaud, n’est-ce pas ? Quand son père est entré dans le bureau, je me suis dit que j’avais vu cette tête-là quelque part, et puis je me suis souvenu que j’avais fait sa connaissance lors de la distribution des prix, à ton école, l’année dernière, mais nous n’avions pas eu l’occasion de nous parler.
– Et que venait-il faire dans ton bureau ? a demandé maman.
– Eh bien, a répondu papa, il est venu en client. C’est un homme charmant, quoique assez dur en affaires. Quand nous nous sommes reconnus, d’ailleurs, il est devenu beaucoup plus souple, au point qu’il revient demain matin pour signer le contrat. Moucheboume était tout content. Et pour que le patron soit content… Enfin, somme toute, c’est grâce à Nicolas que cette affaire s’est faite !
On a tous bien rigolé, et puis papa a dit :
– Quand tu verras ton ami Eudes, tu lui diras qu’il a un père très sympathique.
On a fini de déjeuner (rôti de veau, nouilles, pomme) et je suis parti à l’école en courant, parce que j’étais pressé de raconter à Eudes que nos papas étaient devenus copains.
Quand je suis arrivé, Eudes était dans la cour, en train de jouer aux billes avec Joachim.
– Dis, Eudes, j’ai crié, mon père, il a vu ton père et ils vont faire des tas d’affaires ensemble.
– Sans blague ? a dit Eudes, qui mange à la cantine, et comme il ne rentre pas chez lui pour déjeuner, son papa n’a rien pu lui raconter.
– Oui, j’ai répondu. Et papa m’a dit de te dire que ton père était rien chouette.
– C’est vrai qu’il est rien chouette, mon père, a dit Eudes. Même si chaque fois que je lui apporte le carnet de notes du trimestre, il fait des histoires terribles, et il me montre un vieux carnet à lui où il est premier en arithmétique. Dis donc, ça va être drôlement bien, ça, si ton père devient copain avec le mien !
– Oh ! oui, j’ai dit. Peut-être qu’ils nous emmèneront ensemble au cinéma, et puis au restaurant ! Et puis papa il a dit aussi que ton père il était très dur en affaires.
– Et ça veut dire quoi, ça ? m’a demandé Eudes.
– Ben, je ne sais pas, moi, j’ai répondu. Je croyais que toi tu savais, puisque c’est ton père.
– Moi, je sais, a dit Geoffroy, qui venait d’arriver. Être très dur en affaires, ça veut dire qu’on ne se laisse pas faire quand les autres essaient de vous rouler. C’est mon père qui m’a expliqué ça, et lui il ne se laisse rouler par personne.
– Ah ! bien, tiens, a dit Eudes, mon père non plus il ne se laisse rouler par personne ! Et tu pourras dire à ton père, Nicolas, que s’il veut rouler mon père, il peut toujours courir !
– Mon père, il veut pas rouler ton père ! j’ai crié.
Ouais, a dit Eudes.
– Parfaitement ! j’ai crié. Et puis mon père n’est pas allé chercher ton père. Il est venu tout seul, ton père ! On l’a pas sonné, ton père ! On n’en a pas besoin de ton père, non, mais c’est vrai ça, quoi, sans blague, à la fin !
– Ah ! on n’en a pas besoin de mon père ? a dit Eudes. Eh bien, ton père il devait être bien content de le voir, mon père, tiens !
– Ne me fais pas rigoler, j’ai dit. Mon père il est très occupé et il n’aime pas que des tas de minables viennent le déranger ! Alors, Eudes il m’a sauté dessus et il m’a donné un coup de poing sur le nez, et moi je lui ai donné un coup de pied, et on était là à se battre quand le Bouillon est arrivé. Le Bouillon, c’est notre surveillant, et il n’aime pas qu’on se batte dans sa cour. Il nous a séparés, il nous a pris chacun par un bras et il a dit :
– Regardez-moi bien dans les yeux, vous deux ! Cette fois-ci, c’était une fois de trop, mes gaillards ! Je vais vous apprendre, moi, à vous battre ! Allons ! marchez tous les deux à la direction ! Nous verrons ce que M. le Directeur pense de votre conduite !