Pourquoi Yassa ?
110 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Pourquoi Yassa ? , livre ebook

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110 pages
Français

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Description

Petite fille perdue dans Bamako, elle croise le chemin d'une troupe de musiciens. Pendant sept jours elle va danser, elle va chanter, pour gagner une place parmi eux. Yassa danse l'espoir, car aujourd'hui n'est pas hier. Mais les mots du vieux Soriba reviennent la hanter : « Avec le prénom que tu as, tu n'aurais jamais dû naître ». Pourquoi ? Pourquoi Yassa ? Quelle histoire scelle son destin ? La légende d'une princesse amoureuse d'un mendiant ? Le conte d'un enfant paresseux ? Qui doit-elle croire ? À partir de 10 ans.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 août 2016
Nombre de lectures 39
EAN13 9782140015946
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Jeunesse
Jeunesse
Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland et Joëlle Chassin

Dernières parutions

Ange DJOKY, N’dimo au pays des Mami-watas , 2016.
Liss KIHINDOU, Mwanana, La petite fille qui parlait aux animaux , 2016
Patrick Serge BOUTSINDI, Le mariage de Ya foufou , 2016.
WILLERVAL, Les mots cailloux, Théâtre , 2016.
Marleen CAPPELLEMANS, Étrange safari au musée de Tervuren , 2016.
Daniel ROQUES, Vaudou et Cacao, du Bénin au Nigéria , 2016.
Fatima SARSARI, Les étranges béliers de Sidi Mansour , 2016.
Atelier d’écriture, Les aventures d’Iris et de Louna-Rose suivi de Tom-Tim et les trois pépites , 2015.
Marie-Françoise MOULADY IBOVI, Olessongo l’enfant sorcier du Congo , 2015.
Giuseppe MUNGO, Peppino et le secret des oliviers , 2015.
Gansa NDOMBASI, Les enfants du port Malebo , 2015.
Fatima SARSARI, La grève des vaches , 2015.
Florence SAUTEREAU, Mingus et les souris de Paris , 2015.
Yoanne TILLIER, Le trésor de Zayad , 2015.
Nathalie LEZIN, Tiféfé et la conque de lambi , 2015.
Carole STARLING, Les corbeaux de la tour de Londres , 2015.
Michèle BAYAR, Le mystère des cartes postales , 2014.
Sylvia SAUBIN, Voler avec les cigognes noires , 2014.
Annie STAMMLER, Yolan, le macareux moine , 2014.
Titre
Marilou ROBILLARD












Pourquoi Yassa ?
Copyright























© L’HARMATTAN, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr
EAN : 978-2-336-76830-4
Remerciement

Bòli mɔg̀ɔ fɛ̀ min k’à ko filɛ i la.

Cours derrière celui qui se retourne pour te voir, car il s’intéresse à toi.

Dans la vie nul ne peut se vanter de n’avoir jamais eu besoin de personne pour l’aider.

À Mamady Keita qui m’a initiée au rythme de Moribayassa,
À Hawa Kouyaté qui m’a guidée vers le village de Warabugu,
Aux habitants de Warabugu,
Aux enfants de la rue de Bamako et à l’association Sinjiya–ton,
À mes amis du Mali, de Guinée et de France,
À ma mère et à ma famille.


Je remercie tout particulièrement le réalisateur Alain Gomis pour son film Petite Lumière et Julien Josset pour la réalisation de la couverture.
PREMIER JOUR
Tout commence au milieu du grand marché de Bamako.
La journée est déjà bien chaude dans cette grande capitale africaine. Yassa regarde avec plaisir sa maman en train de vendre un lot de trois pagnes à une cliente exigeante. Elle aime être là, entre la marchande d’épices – avec tous ses sacs de graines et d’herbes bien alignés qui sentent des pays où elle n’ira probablement jamais – et le marchand d’ustensiles pour la cuisine qui, lui, installe tout n’importe comment : des bassines multicolores au milieu des tamis, des cuillères en bois ou encore des plats argentés qui vous éblouissent au soleil. Elle aime aussi être enveloppée dans ce doux brouhaha général, elle s’amuse à isoler une voix, une phrase, elle se fabrique des conversations sans queue ni tête. Le monde existe autour d’elle, chacun fait ce qu’il doit faire et surtout, surtout, personne ne fait attention à elle. Mais ce qu’elle adore par-dessus tout, c’est observer sa mère en train de discuter avec les clientes difficiles et indécises. Elle si timide d’habitude… Quand elle vend ses tissus, elle est capable de tenir tête à la plus redoutable des femmes – mais c’est du Wax 1 ! La meilleure qualité, le motif « Tu sors, je sors » ! où on voit un oiseau sortir d’un nid et un autre prêt à le suivre. On ne peut pas trouver mieux ailleurs et c’est un bon prix. Un jour elle saura faire comme elle.
Aujourd’hui pourtant, alors qu’une cliente hésite en tâtant le tissu, sa mère a du mal à convaincre, elle a des gouttes de sueur qui perlent sur son front, elle peine à articuler ses mots, elle vacille et soudain :
– Maman, tu tombes ! Attention, tu vas te faire mal !
Yassa se lève précipitamment et arrive juste à temps pour retenir sa mère et adoucir sa chute. Sa mère qui ne bouge plus, qui respire difficilement.
– Maman… Maman, parle-moi.
Le temps s’arrête. Les rumeurs vives du grand marché de Bamako viennent de disparaître à ses oreilles. Yassa ne voit plus l’agitation autour d’elle, elle ne voit que sa mère allongée au milieu des piles de tissus et des tas de rubans bariolés. Elle pose sa main sur son épaule et la secoue. Elle lui soulève la tête et se penche pour chercher son regard.
– Maman… Maman, regarde-moi !
Yassa est inquiète, elle a senti sa mère très faible ces derniers temps : elle l’entendait pleurer la nuit et elle se sentait impuissante, même exclue de cette peine que sa mère essayait de lui cacher. Elle ne comprend pas, le chagrin ne fait pas tomber une grande personne. Elle commence à pleurer en appelant doucement.
– Maman… Maman, réponds-moi !
Sa mère finit par ouvrir les yeux pour regarder sa fille. Ses lèvres se déforment pour lui sourire et dans un dernier souffle elle lui dit :
– Ne me pleure pas, chante-moi et danse-moi. Une Yassa ne pleure pas.
La petite fille sent le corps de sa mère s’alourdir dans ses mains. Sa tête se vide, ses pensées se figent et cette scène s’inscrit à jamais dans sa mémoire.
Elle est ramenée au présent par les exclamations des marchandes autour d’elle.
– Elle n’a pas de famille, qui va s’occuper d’elle maintenant ?
Sans réfléchir – tout bourdonne dans sa tête, comment pourrait-elle penser ? –, elle repose délicatement la tête de sa mère. Elle se relève et sans faire attention à personne elle se dégage de l’attroupement. Avant de partir, instinctivement, Yassa a pris le ruban orange que sa mère tenait dans la main juste avant de s’écrouler. Fataliste, chacun s’écarte, ce qui doit arriver arrivera…
Elle avance à petits pas, là où ses pieds la mènent dans le dédale du marché. Son cœur est dans un étau et une phrase tourne en boucle dans sa tête : Une Yassa ne pleure pas, une Yassa ne pleure pas … Alors elle serre le ruban entre ses doigts et ne pleure pas. Les gens la voient passer avec compassion, les nouvelles se propagent vite. Elle arrive finalement à la sortie du marché, s’arrête, regarde autour d’elle puis s’engage dans la rue principale. Elle avance ainsi, petite fille perdue dans une grande ville.
En fait, elle n’est pas vraiment perdue, elle connaît cette ville et ses pas l’ont guidée, sans qu’elle s’en rende compte, vers son quartier. L’épicier du carrefour la reconnaît et il lui crie de sa chaise :
– Tu rentres déjà ?
Pour Yassa c’est un rappel à la réalité. Elle imagine la concession dans laquelle elle va rentrer, les querelles des coépouses et de tous leurs enfants qui vont lui faire des reproches, qui vont lui demander, d’un ton impatient, d’aller faire la vaisselle, d’aller puiser de l’eau ou d’aller acheter le bois pour la cuisine du soir. Elle ne peut imaginer que sa mère ne va pas être là pour la protéger contre ces gens qui ne l’aiment pas. De toute façon, sa mère a du mal à se protéger elle-même. Elle ne peut pas leur dire « non », elle n’ose pas…
Cette famille a été obligée de les accueillir toutes les deux – on ne peut pas abandonner la famille du village –, mais rien n’oblige à aimer. D’ailleurs, c’est un mot qu’ils ne doivent pas connaître, les femmes n’arrêtent pas de crier, les enfants se disputent toujours, ils se battent, ils vont sans arrêt se plaindre et bien sûr, c’est toujours de sa faute à elle ! Elle n’est pas assez forte pour remonter l’outre en peau de chèvre du puits, alors qu’eux, ils se servent du robinet, elle n’est pas assez rapide pour apporter la calebasse d’eau quand son beau-père arrive, toujours trop ceci ou pas assez cela ! Pourtant, elle fait de son mieux, elle travaille dur pour soulager sa maman, pour l’aider dans tout ce que les autres lui rajoutent comme tâches quotidiennes. C’est que sa mère connaît si bien la caresse ou le sourire qui suffit à la soulager, même quand ses yeux lui font mal quand elle reste des heures, seule, à trier les grains de riz pour éliminer les intrus, les petits gravier

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