Carnet de voyage : Honolulu à San Francisco : Roman jeunesse, à partir de 10 ans
55 pages
Français

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Description

À bord du voilier Cirrus, l’histoire s’esquisse en une toile d’émotion où le moindre événement devient révélation. Autant de pensées profondes pour nous dévoiler l’âpre majesté de la mer, de Honolulu à San Francisco.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2006
Nombre de lectures 6
EAN13 9782896112876
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Illustrations : Marie-Pierre Maingon

Conception de la maquette couverture et mise en page : Relish Design


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada


Maingon, Marie-Pierre

Carnets de voyage / Marie-Pierre Maingon.

ISBN 2-89611-015-1

1. Maingon, Marie-Pierre—Voyages—Pacifique, Région du.

2. Navigation à voile—Pacifique, Océan. 3. Pacifique, Région du—

Descriptions et voyages. I. Titre.


GV817.P16M34 2005 910’.9164 C2005-904328-8


© Marie-Pierre Maingon, Éditions des Plaines, 2006

C.P. 123, Saint-Boniface (Manitoba) R2H 3B4

Tous droits réservés www.plaines.mb.ca


1er trimestre 2006

Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Canada, Bibliothèque provinciale du Manitoba et Bibliothèque nationale du Québec


Les Éditions des Plaines remercient le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des Arts du Manitoba du soutien accordé dans le cadre des subventions globales aux éditeurs et reconnaissent l’aide financière du ministère du Patrimoine canadien (PADIÉ et PICLO) et du ministère de la Culture, Patrimoine et Tourisme du Manitoba, pour ses activités d’édition.
CARNET de VOYAGE : Honolulu à San Francisco
MARIE-PIERRE MAINGON


À Nathalie, Kristopher et Tricia
Aloha Oe



Koolina, Hawaï
Le 8 mai
21º18 N
1 58º07 W
Voiles déployées, le Cirrus avance tranquillement le long de la côte.
Le vent glisse des montagnes, gonfle nos voiles. Nous longeons la côte de Waianae. D’un côté, le Pacifique sans bornes, de l’autre, de grandes montagnes d’émeraude aux longs ravins velours qui coulent sur leurs flancs. Nées des volcans, elles tranchent sur le ciel bleu du rasoir de leurs crêtes.
Le soleil brille intensément, se reflète sur les vagues saphir. C’est une journée idéale pour les voiliers, soleil brûlant et vent léger.
La coque est plus large que je ne croyais, le Cirrus est un beau bateau, solide et pourtant agile. J’aime jusqu’à son nom qui désigne ces nuages les plus élevés dans le ciel et qui annoncent le beau temps. Curieusement, les cirrus sont aussi connus par ici sous le nom de « queue de jument » .
Dès la sortie du petit port de Koolina, les poissons volants font leur apparition. Ils jaillissent de l’eau à la verticale comme des fusées. Ils semblent marcher debout sur leurs queues, et les ailes étendues, s’envolent en éventail au-dessus des vagues. Bleu sur bleu, leurs ailes presque transparentes, grandes ouvertes, ils planent longtemps au-dessus de l’eau, et plongeant dans la vague, disparaissent aussi rapidement qu’ils sont apparus.



J’ai hâte de savoir à quoi ressemble la mer lorsqu’il n’y a plus de terre en vue. Je veux savoir jusqu’où mon regard pourra se porter. Comment me sentirai-je lorsque les îles, et avec elles toute terre auront disparu? Serais-je de ces gens qui ne peuvent supporter de perdre la terre ferme de vue? Je me demande quelles émotions je ressentirai à ce moment-là?



Au détour de Kaena Point nous quitterons définitivement l’île d’Oahu. En attendant nous longeons la côte et les montagnes, exceptionnellement vertes cette année. Les pluies du mois de janvier ont battu tous les records. Pluie? Que dis-je? Des trombes d’eau. Une pluie, presque une mousson qui a duré plusieurs jours inondant le sol spongieux des parcs et des jardins. Pluie tropicale abondante qui martelait les toits jour et nuit menaçant de ne jamais cesser.
De cette pluie apparurent des montagnes d’un vert comme on en avait plus vu ici depuis des années, surtout sur la côte de Waianae, d’ordinaire ocre d’herbes et d’arbustes brûlés par le soleil.



La pointe de Kaena s’étale droit devant nous. Arrivés là, nous allons prendre un cap nord, et lancé le Cirrus à travers le Pacifique en direction de San Francisco.



Kaena Point est un endroit significatif pour les Hawaïens. D’après les anciennes croyances, c’est ici que plongent les âmes pour rejoindre le royaume de « Po » . En langue hawaïenne, « Po » signifie chaos, nuit, obscurité et enfer et aussi l’inconnu, l’éternité et le royaume des dieux. Cette pointe rocheuse, loin de tout, est donc l’endroit idéal pour régler le cap sur ce voyage qui est pour moi un voyage de l’âme. Je veux connaître l’océan, naviguer, parcourir les mers en voiliers, connaître les secrets du vent et des vagues.



Je laisse derrière moi nombre d’amitiés, dont les visages m’étaient inconnus quatre mois plus tôt. Aujourd’hui j’ai l’impression de les connaître depuis toujours. Ce sont ceux et celles qui m’ont ouvert leur cœur, leurs petites peines, leurs joies et leur désir de toujours vivre de voile. Tous partageaient volontiers le soleil éternel, l’été qui ne finit pas, le surréel de ce monde où les dauphins viennent jouer aux abords des bateaux, où les baleines laissent leurs empreintes sur les flots. Je réalisais à quel point les rêves ne peuvent se vivre en solitaire, à quel point ils ont besoin des autres pour s’exprimer.
Tout ce dont j’avais rêvé, ce que je n’avais pas même osé espérer, tout était là. Sans m’y accrocher, je passais à travers ce monde, comme Alice traversant le pays des merveilles. Je me sentais belle, forte, jeune même. J’avais, pour quelque temps, quitté le monde qui était mien pour passer dans un autre. Je vivais sans appartenir. Je glissais sur cette scène, comme sur celle d’un théâtre où j’aurais eu un rôle un peu facile.
Le voyage commence à peine.
Je ne ressens aucune tristesse, uniquement la joie de me lancer à l’aventure.
J’avais, je crois, sept ou huit ans. Un matin de Noël, ma mère m’avait offert un très beau livre qui parlait en images de mers du sud, d’îles et de soleil. Ce livre allait nourrir mon imaginaire et éveiller en moi le goût du voyage.
Tout ce qui avait depuis longtemps attisé les flammes du rêve était loin déjà quand l’avion s’est enfin posé sur la piste d’Honolulu une nuit de 31 décembre. Cette piste est longue mais large aussi, très large. Elle a été construite en vue de recevoir le retour des navettes spatiales. Bien qu’elle n’ait jamais été utilisée à cette fin, la piste reste prête. Trop large pour les avions, elle est à l’échelle des rêves d’aventures de son peuple. C’est donc ici que je viens chercher le mien.
Certains voyages sont autant temporels que spirituels. Temporelle, la réalité limitée par les attentes et les obligations; spirituels, les rêves sans bornes et sans frontières. Il y a, au fond de chacun, un monde enfoui, peuplé d’êtres mythiques qui inspirent une vérité profonde et cherchent à se faire connaître. C’est cette vérité-là que je cherche.
Arrivée vers neuf heures du soir, j’ai immédiatement foncé au Yacht Club. La porte était ouverte et je m’y suis glissée. Cette veille de nouvel an le club était en pleine fête. La musique marchait à fond, et le whisky coulait à flots. Les serpentins et les chapeaux brillants s’agitaient dans une atmosphère de nouba. Je cherchais un visage connu, hélas ce soir il n’y en avait pas un seul.
Je secoue ma solitude et sans hésiter plus longtemps, je monte les marches extérieures et j’entre dans la fête.
La nuit est douce, voire chaude, et le ciel est rempli d’étoiles. De la noirceur se détachent


l’ombre des palmiers et la silhouette d’Honolulu aux gratte-ciel illuminés. Vert foncé, ruisselants de lumière, quelques palmiers balancent leurs frondaisons au rythme des alizés ralentis. Du club retentit la musique du bar, bruyante et saccadée, invitant à la danse.
En rade, des centaines de mâts battent la mesure sous une brise légère. Que de rêves amarrés aux jetées! Comme les humains se ressemblent, par leurs rêves et leurs espoirs! Combien de petits ports de par le monde accueillent les voiliers, recueillent nos chimères?
Minuit déjà, et le Nouvel An s’annonce à force de feux d’artifices. Le ciel s’illumine. Les feux jaillissent multicolores, hauts et brillants. Un avion passe. Je me demande si, tout là-haut, les passagers peuvent eux aussi voir les feux d’artifices au-dessus d’Honolulu?
Je suis venue ici pour approfondir mon maigre bagage en navigation et en voile. J’

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