Comme le font les garçons
38 pages
Français

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Comme le font les garçons , livre ebook

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Description

Le directeur convoque Malka et son frère Nathan : ils doivent quitter le foyer. Dans un premier temps c'est la panique. Pas question de retrouver leur mère qui les a abandonnés il y a des années pour faire le trottoir.
Mais ce n'est pas leur mère qui les réclame. C'est un domaine viticole, dans le Sud, avec chambres d'hôtes. Un paradis. Ils y travailleront au soleil, dans la paix et l'harmonie de leur nouvelle famille d'accueil.
Comme si la paix et l'harmonie étaient de ce monde.
Malka regrette déjà sa seule amie, Gabrielle, qui lui a fait promettre, quand elle est partie, de ne jamais devenir une victime.
Au domaine, il y a deux autres adolescents comme eux. Deux garçons, Calvin et Éloi. Un ange et une brute épaisse.
Et c'est de l'ange que Malka tombe tout de suite raide amoureuse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 décembre 2015
Nombre de lectures 12
EAN13 9782211226776
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0014€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Le directeur convoque Malka et son frère Nathan : ils doivent quitter le foyer. Dans un premier temps c’est la panique.Pas question de retrouver leur mère qui les a abandonnés il ya des années pour faire le trottoir.
Mais ce n’est pas leur mère qui les réclame. C’est undomaine viticole, dans le Sud, avec chambres d’hôtes. Unparadis. Ils y travailleront au soleil, dans la paix et l’harmonie de leur nouvelle famille d’accueil.
Comme si la paix et l’harmonie étaient de ce monde.
Malka regrette déjà sa seule amie, Gabrielle, qui lui afait promettre, quand elle est partie, de ne jamais devenirune victime.
Au domaine, il y a deux autres adolescents comme eux.Deux garçons, Calvin et Éloi. Un ange et une brute épaisse.
Et c’est de l’ange que Malka tombe tout de suite raideamoureuse.
 

L’auteure
Marie-Sophie Vermot est née à Montreuil et a passé sonenfance en Bourgogne. Elle n’aimait pas l’école qui nelaissait pas assez de place selon elle à la fantaisie et à l’imagination. « J’ai eu des années d’adolescence difficiles, entrecoupées d’intérêts divers pour la danse contemporaine, laphilosophie existentialiste et la peinture expressionniste. Jesuis tombée alors sous le choc de la littérature américainedu XX e siècle : Steinbeck, Faulkner, Hemingway, CarsonMcCullers (en qui je retrouve ma propre difficulté àvivre) », déclare-t-elle. « La peinture reste une alternativefréquente à mon besoin d’expression, mais depuis quelquesannées, l’écriture s’est imposée à moi en tant que thérapieconstructive et salvatrice de bien des maux. »
Quand elle parle de l’adolescence et de ses tourments,on a tous quinze ans.
 

Marie-Sophie Vermot
 
 

Commele font les garçons
 
 

Médium
l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 
En ces temps troublés
je rentre et allume un feu
 

Jim Harrison.
 

À Xavier.
1
 
L’année dernière à cette époque, Gabriellem’avait annoncé un grand changement dansma vie. Elle avait pris, pour la circonstance,cet air hautain qui colle mal à son personnagede fille délurée et je l’avais écoutée, bouchebée, le cœur battant, comme une pauvregourde que je suis à toujours imaginer que jevais tirer le gros lot.
J’étais presque certaine qu’il s’agissait d’untruc sentimental dans le genre : tu vas rencontrer le type de ta vie. Ce coup-là, elle mel’avait fait si souvent que je le redoutaispresque. Car des mecs, j’en avais en effetcroisé quelques-uns, tous plus paumés quemoi, et quand ils n’affichaient pas une allure de détenu en cavale, ils dégageaient une tellebrutalité que je me tenais d’emblée à distance.
Méfiante et cruche par-dessus le marché,prétendait Gabrielle. J’attendais autre chose ;quoi, je ne sais pas exactement, mais pas cequi se présentait en tout cas.
Là, dans ses tarots tibétains, elle a vu quele changement concernait plutôt une questiond’ordre général. Il n’y a pas eu moyen d’obtenir davantage de précisions.
Les mois ont passé, je n’y pensais plus à saprédiction d’ordre général. Un matin de mai,le 13, je m’en souviens parce que c’était unvendredi, Gaëlle, la responsable de notreétage, est venue frapper à la porte de lachambre :
– Malka, chez le directeur, en vitesse,a-t-elle glapi.
Gabrielle était en train de planter des milliers d’épingles à cheveux dans un maigrequeuton qu’elle avait réussi à tirer sur sa nuque. Elle a fait volte-face, le sourire soupçonneux :
– Ça serait pas plutôt pour moi, l’invitechez le dirlo ? a-t-elle demandé, des épinglesplein la bouche.
Gaëlle a juste aboyé : Malka. Et elle a claqué la porte. C’était son habitude.
– Qu’est-ce que j’ai fait, encore ? ai-jebougonné en serrant le lacet de ma chaussure.
– Va voir, on sait jamais, a dit Gabrielle encontinuant à se piquer le crâne comme uncactus nain, ils ont peut-être retrouvé ta mère.
– M’étonnerait, ai-je dit.
 
Et j’y suis allée, au bureau.
En entrant, j’ai tout de suite pigé queGabrielle devait avoir des antennes encoreplus sensibles que son tarot tibétain. Sur unechaise, dans l’angle le plus sombre de la pièce,Nathan, mon demi-frère, était là. Bien raide,les mains serrées sur ses muscles tendus à craquer sous la toile de son jean.
Le dirlo épluchait un épais dossier, sansdoute moins par assiduité que par crainte dedevoir émettre quelques paroles de bienvenueà mon intention.
Il y avait aussi l’assistante sociale, MmeMerlu, qu’on appelle entre nous Merlu-c’est-pour-votre-bien, parce que c’est un trucqu’elle nous répète à chaque entretien, et untype, un surveillant qui règne sur les ados garçons au foyer.
J’ai jeté un coup d’œil à Nathan mais il n’apas bronché. Une ride, sa ride de mécontentement, barrait son front, bien au milieu. J’aicompris ce qu’il craignait : qu’ils aient retrouvénotre mère, comme l’avait suggéré Gabrielle,qu’elle veuille nous récupérer et, pire encore,qu’on soit obligés de retourner vivre chez elle.Pas question, disait clairement la ride deNathan, plutôt crever que de retourner là-bas.
Je me suis assise sur la dernière chaise libreaprès avoir vaguement bredouillé quelquechose qui pouvait ressembler à bonjour.
Je commençais à avoir la trouille, moi aussi.
Pour me donner du courage, j’ai pensé àGabrielle, à ce qu’elle aurait fait dans un moment pareil.
« Salut ! » elle aurait clamé en entrant. Ensuite, elle se serait assise en retroussant sa jupetrès haut sur ses jolies jambes gainées de lycranoir ou prune. « Alors, elle aurait continué surle même ton, c’est quoi le problème du jour ? »
Bien sûr, en face, ils l’auraient engueuléemais au moins, ç’aurait mis de l’ambiance. Là,il y avait des ébauches discrètes de raclementsde gorge et de pieds et chacun attendait quele dirlo veuille bien cesser sa lecture et nousregarder.
C’est ce qu’il a fini par faire, d’ailleurs. Àmon avis, il aurait été complètement nase denous garder autour de lui, serrés comme desharengs. Ça commençait à sentir salementmauvais, un conglomérat d’odeurs diverses,incompatibles entre elles, si vous voyez ce queje veux dire.
– Malka, Nathan, c’est vous.
Il avait l’air très satisfait de sa découverte.
– Eh oui ! ai-je cru bon d’ajouter, vu queNathan ne desserrait pas les lèvres.
– Bon, vous quittez le foyer, a-t-il déclaréen continuant à feuilleter le dossier.
– Merde ! a lâché Nathan.
– Tu pourrais être poli, a sifflé le surveillant.
– Merde, a encore dit Nathan, je retourne pas chez la vieille. Pas question.Encore un an à tirer ici. Vous pouvez pas mevirer comme ça, j’ai rien fait de mal.
– Hum, a dit le dirlo en regardant monfrère, puis-je savoir qui est la vieille ?
– C’est sa mère, a précisé Merlu-c’est-pour-votre-bien. Ils ont... euh... Malka etNathan sont ici... euh... c’est inscrit dans ledossier, monsieur le directeur, si vous voulezbien constater.
– Ma mère est une pute, pas besoind’éplucher le dossier, j’irai pas et Malka non plus, a craché Nathan, le regard franchementmauvais.
Un silence a suivi cette déclaration. Je medemandais à quoi rimait cette entrevue. Notremère ne nous avait pas donné signe de viedepuis tant d’années, je ne pouvais pas croirequ’elle ait soudain manifesté l’envie de nousrevoir après tout ce temps et encore moinscelle de vivre avec nous.
La dernière fois que je l’avais vue remontait à loin. Je n’avais même pas six ans. Onnous avait fourrés dans une voiture, Nathan etmoi, direction : un foyer.
Je me souviens de cette vision : ma mère,de dos, une valise à ses pieds, le regard déjà trèsloin de nous. C’est sans doute à cause de cetteimage que j’ai fugué si souvent par la suite.
On nous avait parlé d’hôtels. Plus tard,Nathan m’a dit qu’il s’agissait d’hôtels depasse, que notre mère n’était qu’une pute. J’aijamais plus relancé le sujet sur le tapis, j’ai préféré enfouir ça très loin.
Le premier foyer qu’on nous avait dégotéétait nul sur bien des points. Je ne m’y suisjamais fait d’amis et les réprimandes tombaientcomme la grêle par temps d’orage, chaque foisqu’on me remettait la main dessus.
À la fin, c’était plus possible de rester etNathan a fait ce qu’il fallait pour qu’on se fassevirer. Des têtes brûlées, ils disaient de nous, leséducateurs. C’était pas exactement ça maiscomment on aurait pu leur faire comprendre ?
On a fini par atterrir ici et j’ai rencontréGabriell

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