Théys
117 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Théys , livre ebook

-

117 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

La magie et les destins se croisent autour de l'éternel combat entre la Nature et la Machine...

Les Kawaka, une tribu nichée au cœur de la forêt tropicale, sont victimes d’un déluge qui balaie leur village. Quinze ans plus tard, les destins d’Olàn et Téa, anciens enfants membres de la tribu ainsi que Natko, l’arbre guérisseur de la forêt, vont se recroiser.
Olàn, missionné par un laboratoire pharmaceutique, revient sur sa terre natale Théys afin de trouver un arbre remède capable de soigner une épidémie, Téa, devenue journaliste doit en découdre avec le maire de Théys, industriel et homme mafieux quant à Natko, il doit survivre et se battre, menacé d’abattage dans un proche avenir...

Un roman d’aventures captivant et engagé !

EXTRAIT

Au milieu de cette canopée verdoyante constituée d’arbres luxuriants, moabis, figuiers, eucalyptus, baobabs, bois de rose, trônait un arbre parmi les arbres : Natko.

Il appartenait à l’espèce des Dipterocarpus, majestueux, beau, fort, immense qui résiste aux affres du ciel et au poids des siècles sans faillir ni trembler. Il avait d’ailleurs tout vu pour ainsi dire, du moins fut-il contemporain de Sénèque, Jésus, Bouddha, Mahomet et témoin de l’apogée d’illustres peuplades et civilisations indiennes primitives mais également de leur déclin avec l’arrivée d’un autre de ses contemporains, Christophe Colomb.

L’impressionnante expérience de ce géant végétal, debout en observateur figé, sa ténacité et sa compréhension du vivant assirent définitivement la grande sagesse de cet arbre. Car Natko n’était pas seulement un arbre, il était philosophe et enseignant, telles étaient ses fonctions dans cet endroit magique et envoûtant où l’âme d’un village côtoyait l’âme de la nature…

A PROPOS DE L’AUTEUR

Karine Rolland est née en région parisienne où elle vit actuellement. Des études audiovisuelles et une formation spécifique en écriture de scénario l'ont conduite vers l'écriture. Sensible à l'environnement, elle tire de ses lectures et d'une vie de voyages l'inspiration pour son premier roman Théys.

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9791023600773
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Karine Rolland
Théys



1
Si un voyageur, originaire des mégapoles occidentales, souhaitait quitter le béton pour s’aventurer en pleine nature, loin du consumérisme ambiant, afin de goûter aux saveurs exotiques d’un paradis tropical, son voyage l’aurait certainement arrêté ici : au cœur d’une forêt appelée Théys… située dans la province de Sylva Dena, une île vaste, contrée lointaine et reculée du globe.
À travers une jungle dense où fourmille une infinie variété d’espèces, enivré par les senteurs de chlorophylle et de jasmin, notre visiteur s’engouffrerait toujours plus profond au cœur de ce joyau végétal déclinant son éclatant camaïeu de vert allant du jade, au vert mélèze, en passant par l’émeraude, le turquoise ou le sapin. Après plusieurs heures de marche, baignant dans la moiteur tropicale, il y aurait enfin découvert une tribu, nichée au fin fond de la forêt et demeurée encore intacte : les Kawaka.
Ceux-ci constituaient un petit village enraciné depuis plusieurs générations au bord d’une immense clairière où l’environnement était paisible et luxuriant. Le village abritait des cases élégantes, faites de bois, de briques et de végétaux. L’ensemble aux allures d’éden était bordé d’un immense fleuve débouchant sur l’océan et seuls les cris des animaux, la danse du fleuve et les rires des enfants perçaient la quiétude du lieu, manifestement vierge de toute intrusion étrangère.
La nature avait façonné cette splendeur au fil du temps. Ces hommes de tribu y demeuraient dans un esprit d’harmonie et de respect. Ils n’auraient su abîmer ou défigurer de leur empreinte cette œuvre sublime qui revêtait pour le coup un caractère sacré. Les activités quotidiennes des femmes consistaient à la préparation des repas, le tissage des vêtements, l’éducation des enfants et la décoration de l’habitat qui nécessitait un goût sûr et une certaine habileté car elles ornaient les cases de fleurs de mille couleurs, donnant à l’ensemble du village des airs de patchwork d’une incroyable beauté. Durant leur pause, les femmes se maquillaient, coiffaient leurs cheveux, confectionnaient leurs garde-robes et toutes étaient vêtues de très jolies jupes et brassières de peau tandis que les enfants gambadaient et jouaient à travers le village, dans une insouciance reflétant l’atmosphère paisible du lieu. Les hommes vêtus de pagnes, pêchaient, chassaient et construisaient l’habitat.
Alentour, des oiseaux, insectes et papillons prélevaient et disséminaient du pollen de fleur en fleur, se servant et se délectant du précieux nectar à volonté, tel un supermarché d’abondance à ciel ouvert mais où aucun gâchis n’avait sa place. Car, tels des ouvriers participants à l’œuvre de Dame Nature, ces chers insectes plantaient et semaient les graines des arbres dans un parfait souci d’équilibre et de justesse, point d’obésité chez quelconque habitant des lieux.
Au milieu de cette canopée verdoyante constituée d’arbres luxuriants, moabis, figuiers, eucalyptus, baobabs, bois de rose, trônait un arbre parmi les arbres : Natko.
Il appartenait à l’espèce des Dipterocarpus, majestueux, beau, fort, immense qui résiste aux affres du ciel et au poids des siècles sans faillir ni trembler. Il avait d’ailleurs tout vu pour ainsi dire, du moins fut-il contemporain de Sénèque, Jésus, Bouddha, Mahomet et témoin de l’apogée d’illustres peuplades et civilisations indiennes primitives mais également de leur déclin avec l’arrivée d’un autre de ses contemporains, Christophe Colomb.
L’impressionnante expérience de ce géant végétal, debout en observateur figé, sa ténacité et sa compréhension du vivant assirent définitivement la grande sagesse de cet arbre. Car Natko n’était pas seulement un arbre, il était philosophe et enseignant, telles étaient ses fonctions dans cet endroit magique et envoûtant où l’âme d’un village côtoyait l’âme de la nature…
Dans ce lieu, les arbres, les plantes et les animaux possédaient non seulement un esprit mais aussi un langage ultra-sophistiqué qui leur était propre mais néanmoins audible à tout être humain quelque peu attentif, décidant de faire silence, de se faire humble et de tendre l’oreille face à une nature ayant mis en place bien avant l’homme un système de communication tellement élaboré qu’internet passerait d’outil obsolète.
En ce jour radieux, Natko donna un cours de poésie. Certains animaux, très attentifs formèrent un cercle autour de lui. Le serpent Ananda et l’orang-outan Malo pendirent leur corps, agrippés à demi-endormis, autour de branches d’arbres voisins. L’ours Pat ronfla, repu d’un déjeuner copieux, au pied de l’arbre. Natko récita un poème de Victor Hugo :
« Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Vous le savez, la pierre où court un scarabée,
Une humble goutte d’eau de fleur en fleur tombée,
Un nuage, un oiseau, m’occupent tout un jour.
La contemplation m’emplit le cœur d’amour… »
— déclama-t-il, inspiré.
Trois femelles écureuils aux allures de groupies burent ses paroles, la bouche ouverte, la larme à l’œil. Soudain, une luciole, perchée sur une branche, souffla à s’époumoner un délicat son de trompette à l’aide d’une feuille encornée, pour marquer la fin du cours, ce qui engendra une vive agitation, laissant à peine le temps à Natko de terminer la leçon.
– Nous allons en rester là pour aujourd’hui mes amis… Pensez à votre dissertation pour la prochaine fois… suggéra Natko tandis que tous les animaux s’éparpillèrent.
L’ours Pat, toujours allongé sur le dos, imperturbable, ouvrit un œil perplexe.
Soudain, un arbre voisin de Natko, dominant la canopée et dont le regard inquiet était tourné à ce moment précis vers l’horizon, s’adressa à Natko.
– Regarde Natko, ils se rapprochent de plus en plus…
Au-delà de l’étendue tropicale, des bulldozers grignotaient des parcelles de forêt, dégradant petit à petit la couverture forestière. Le paysage était désormais clairsemé. Des bruits lointains de tronçonneuses se firent entendre à des kilomètres. Natko regarda ce spectacle de désolation.
– Les indiens Creek disaient : « Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas… », murmura simplement Natko qui observa avec les arbres voisins, tristes et inquiets, l’étendue du paysage.
*
Assis en tailleur au milieu de la place du village, un membre de la tribu Kawaka termina de graver un tatouage, symbole tribal et signe de reconnaissance Kawaka, sur l’épaule d’un bébé d’environ un an. Puis il tendit l’enfant à Papou, chef du village et chaman, vieil homme mince et ridé, paré de colliers et de symboles, vêtu d’un pagne et orné d’une couronne végétale sur la tête. Il était difficile de donner un âge à cet homme tant on put croire que sa longévité datait de celle de Natko. Il paraissait porter sur lui toute la connaissance du monde, un savoir ancestral qu’aucun livre ne pouvait contenir. Son regard était empreint d’un mélange de sagesse, de bienveillance et de profondeur, un abyme enfouissant des secrets inestimables et farouchement gardés.
Il souleva le bébé au-dessus de sa tête comme pour sacraliser le rituel et le tendit à sa mère qui le reprit affectueusement, lui sourit et sécha ses larmes. Puis, un jeune homme de la tribu arriva face à Papou et se baissa à son niveau.
– Papou, l’homme blanc de la ville est venu te voir, il veut te parler… chuchota le jeune homme à l’oreille du vieillard.
Papou le regarda agacé et prit une profonde inspiration, un peu lasse. Il agrippa son bâton, se leva et se dirigea d’un pas tranquille vers sa case ; il y pénétra et s’installa sur son trône, une paillasse agrémentée d’un coussin moelleux en feuillage de mousse, face à des tabourets de rondins de bois servant de sièges aux invités. Papou fit un signe de tête en guise d’approbation à un membre de la tribu afin de faire entrer le visiteur inopportun. Ce dernier pénétra dans la case, l’instant d’après, d’un pas lourd et claudicant, conduit par deux hommes de tribu.
Papou, statique e

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents