Direct au coeur
38 pages
Français

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Direct au coeur , livre ebook

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Description

Jessica découvre que New York et les chemins qui y mènent peuvent être des territoires sans foi ni loi, où la mort trop souvent n’a rien de naturel.

« Nous avons fait un beau voyage », c’est ce que Jessica aurait pu répéter mille fois à Russ Clifford, inspecteur de police au commissariat de la 82e rue, à New York. C’était l’exacte vérité, elle avait fait un beau voyage pour venir voir boxer son père. Pour Jessica, qui est à peine une adolescente, difficile de deviner que la grande ville et tous les chemins qui y mènent peuvent être des territoires sans foi ni loi, où la mort trop souvent n’a rien de naturel.

Plongez dans un polar poétique et noir, à lire peut-être en écoutant un air de jazz.

EXTRAIT

Il écarta les cordes pour mettre ses deux pieds sur le ring. Il pensa : « Je suis un gars du Bronx un point c’est tout. Un gars du Bronx comme Lee Harvey Oswald le vrai faux assassin du président Kennedy, comme le comédien Al Pacino, comme… »
Cornel Lee, son manager, souriait de ses vingt cinq vraies dents et de ses sept dents en or. Il tapa sur l’épaule de Mick :
– On est O.K. Mick… tu t’allonges au neuvième round ou au dixième au plus tard, et l’affaire est dans la poche. Ton titre, tu le retrouveras dans six mois en Angleterre. Je n’aurai pas de mal à conclure une revanche.
Mick ne répondit pas. Il regarda seulement Cornel au fond des yeux.
– Mick ! perdre une fois, c’est pas la fin du monde, et puis, c’est une bonne combine, et puis, t’as pas le choix !
Le speaker présentait déjà George Red, le Boucher de Liverpool. Celui-là portait bien son nom. Il avait une tignasse rouge sang, à croire qu’il prenait une dose de ketchup comme shampoing. Rouge, pur sang même, on peut pas mieux dire, exactement comme sa culotte. Mick remarqua sur chacun de ses biceps un poignard tatoué, genre navaja.
« Un vrai gosse, ce George Red, un minus jouant les méchants. » C’est ce que pensa Mick.
– Ce gars-là, c’est rien qu’un bébé rose, et le rouge qu’il a aux joues, c’est pas du sang de taureau… c’est du sang de navet, affirma Mick à Cornel, avant de mordre dans son protège dents.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Yves Pinguilly a eu plusieurs vies, et ce n’est pas fini… Il est né à Brest, à la fin de la deuxième guerre mondiale. À quinze ans il est marin. À dix-sept il a bouclé son premier tour du monde. Il deviendra vite un écrivain voyageur, ayant, avant l’âge de vingt ans, navigué sur les sept mers et posé les pieds sur les cinq continents. Ses livres de rêve ou de contestation ont eu de nombreux prix en France, mais aussi au Japon ou plus loin encore en Nouvelle Calédonie ! Auteur de 90 titres pour la jeunesse, Yves Pinguilly est traduit en une quinzaine de langues.

Informations

Publié par
Date de parution 25 juillet 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782352845232
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Du même auteur






DU MÊME AUTEUR

L’enlèvement de la Joconde , Nathan
Verdun 1916 un tirailleur en enfer , Nathan
L’île de la lune , Milan
Police Python, Nathan
Le ballon d’or, Rageot
L’esclave qui parlait aux oiseaux, Rue du Monde
Ploc ploc tam tam , Bilboquet
La pluie des mots, Autrement
Copyright

COLLECTION
ROMAN JEUNESSE

1.
Un loup dans la vitre
Philippe de Boissy
2.
Cloche
Clotilde Bernos
3.
Le cri
François David
4.
La promesse du bonhomme de neige
Eugène Trivizas
5.
Chat qui vole
François David
6.
Sous les sables d’Afghanistan
Jack Chaboud
7.
Direct au cœur
Yves Pinguilly
8.
Cœur d’Aztèque
Corine Pourtau



Illustration de la couverture : Tatiana Domas



Tous droits de reproduction, de traduction
et d’adaptation réservés pour tous pays.
© Éditions du Jasmin, 2005-2006 - 2 e édition
4, rue Valiton 92110 Clichy France
www.editions-du-jasmin.com
ISBN : 2-912080-42-8
ISBN-13 : 978-2-35284-569-0 Avec le soutien du
Titre
Dédicace








Pour Erwan et Justine
PREMIÈRE PARTIE
1
Ils étaient deux. Ils faisaient une partie à huit boules. Le plus petit, pour jouer, se mettait toujours sur la pointe des pieds. C’était pas facile pour lui. Il portait une paire de bottes, comme en ont les pêcheurs qui marchent dans l’eau pour chercher des écrevisses. L’autre, le grand, avait une belle chemise de cow-boy à carreaux, en flanelle et en coton. Aux pieds, celui-là portait des chaussures noires en cuir, avec des bouts ferrés, des chaussures à petits talons. Chacun de ses pas semblait vouloir écorcher le plancher. Lui, après chaque coup, il enduisait de craie l’extrémité de sa queue de billard.
Au-dessus du tapis vert, la suspension était allumée. Ça faisait un rond de lumière qui bavait un peu au-delà du bois vernis du billard. Jessica regardait. Elle pensa : « Cette lumière, on dirait une soucoupe volante qui hésite à se poser ! » C’était un peu vrai, parce qu’en fait, le reste de la salle était à peine éclairé.
Silence.
Les conversations à côté, avaient cessé un instant et aucun camion ne passait à ce moment-là sur la grande route. Sur le tapis vert, les boules se regardaient. C’était comme juste avant une déclaration de guerre. La vie était en attente.
Dehors, la neige venait de tout recouvrir d’un duvet blanc. Un duvet froid, qui était comme une caresse venimeuse sur le monde.
Le petit, celui qui avait des bottes de pêcheur, allongea sa queue de billard sur le tapis.
– C’est bon pour moi. Je rentre avant que cette foutue neige ne mange toute la route.
– Dommage ! Même si on jouait jusqu’à demain, les boules ne seraient pas plus fatiguées que ça ! Des boules, c’est quelque chose ça, des boules !
Quand l’homme aux bottes eut quitté l’arrière salle, l’autre vint s’asseoir comme ça, sans rien demander, à la table de Jessica. Il avait toujours sa queue de billard à la main et il continuait à enduire l’extrémité avec de la craie, comme si la partie allait reprendre. Après avoir regardé le verre plein de Jessica, il s’adressa à elle :
– Les bulles de coca, c’est aussi des boules, sauf qu’elles explosent quand elles arrivent à la surface.
Jessica sourit. Elle n’osait plus boire.
– Tu fais quoi là, assise ?
– Rien. J’attends le car, c’est tout.
– Pour où ? Tu voyages de quel côté ?
– New York.
– Comme moi. C’est pas raisonnable. En cette saison j’aurais dû choisir d’aller au sud, quelque part vers la Nouvelle-Orléans, la Floride ou même le Nouveau-Mexique. Mais j’ai choisi New York. Peut-être que mes points cardinaux sont un peu déréglés. Moi c’est Boyd, et toi ?
– Jessica.
Il avait au moins trois fois son âge et peut-être même plus de quarante ans. Ses mains étaient soignées, ses doigts très longs comme ceux d’un pianiste.
– T’as déjà mangé un New Island Jessica ?
– C’est quoi ?
Il appela la fille qui faisait le service. C’était une blonde un peu frisée, chaussée d’escarpins blancs en cuir vernis. Elle avait l’air aussi fatiguée qu’une bête à cornes qui serait allée à quatre pattes du Montana au Texas. Il passa commande.
– Le New Island, tu vas voir ça… c’est une spécialité de Détroit. Ça n’a rien à voir avec la cuisine française qui mijote pendant des heures sous le regard d’un sorcier en toque blanche. Non. C’est seulement une longue saucisse chaude qui t’arrive bien serrée dans les bras d’un petit pain ; une saucisse caressée par une sauce aux piments et, maquillée en plus par une belle couche de moutarde et une épaisseur d’oignons hachés. Autant dire, que sans bavoir, c’est difficile de sortir blanc comme neige d’un tel festin. Le New Island, ça coule et ça dégouline de partout !
Jessica souriait. Boyd était épatant. Il lui parlait comme ça, comme quelqu’un qui la connaîtrait depuis longtemps et qui reprendrait une conversation d’avant. Sa queue de billard coincée entre les genoux, les mains croisées sur la nuque, il continua :
– Tu sais, Jessica, c’est à Détroit qu’un génie du genre humain a inventé le travail à la chaîne… il était là-bas, avant, le cuistot d’ici. Et là-bas, il servait toutes les quinze secondes un New Island ou un hamburger cru. Pas étonnant qu’il ait changé d’État pour venir faire fortune dans cette station.
La blonde les servit. Boyd lui fit un clin d’œil. Il lui demanda d’apporter une pile de serviettes en papier. Après ça, ils mangèrent sans rien dire. Ça devait être bon, puisqu’ils s’en léchaient les babines !
– C’est tout ce que tu traînes comme bagage, Jessica ?
– C’est tout.
– C’est pas vraiment un déménagement. Moi c’est pareil, juste mon sac et ma guitare.
– Vous êtes musicien ?
– Exact. Regarde là-bas, derrière le billard, tout au fond.
Jessica aperçut un sac bleu et blanc, très long. Elle se souvint d’avoir vu ce genre de sac à Hawaï, quand elle était en vacances avec son père. C’était des surfers qui avaient ça pour emballer leurs planches.
Boyd s’essuya les mains dans une demi-douzaine de serviettes. Il se leva et alla chercher son paquetage bleu et blanc plus sa guitare. Il déposa le tout près du sac à dos de Jessica.
– C’est une belle guitare tu sais, qu’il y a là-dedans.

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