Escalier C
130 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Au premier étage, il y a Béatrix, qui vit une liaison tourmentée avec Virgil Sparks, le locataire du deuxième. Le voisin de Virgil, c’est Forster Tuncurry, un critique d’art dont la spécialité est le cynisme. Au troisième, il y a Coleen Shepherd, un être délicat et attentif, mais néanmoins distrait. Au quatrième, c’est Bruce Conway, un garçon généreux, qui emprunte de l’argent plus vite que son ombre et qui a du mal à conserver un emploi plus de vingt-quatre heures.
Ici s’arrête la petite famille de l’escalier C.
De la locataire du sixième, personne ne sait rien. La vie suit son cours, avec les dîners mensuels organisés par la petite bande, les chamailleries bon enfant. Mais, depuis quelque temps, Forster Tuncurry ne tourne plus rond. Son cynisme devient de l’agressivité, de la méchanceté. Pourquoi ne supporte- t-il pas que Bruce s’installe avec Sharon, la nouvelle locataire ? Pourquoi réagit-il de façon aussi violente face à Coleen, qui tente de l’aider ?
Une nuit, un drame survient, qui modifiera les choses d’une manière surprenante.
Escalier C, premier roman de Moka, a connu un très grand succès. Il a reçu le prix du Premier Roman (1983) et le prix George Sand (1984), il a été porté à l’écran par le réalisateur Jean-Charles Tacchella en 1985 (Prix de l’Académie française). L’auteure a elle-même écrit les dialogues de cette adaptation.

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Informations

Publié par
Date de parution 18 décembre 2015
Nombre de lectures 4
EAN13 9782211218566
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0014€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Au premier étage, il y a Béatrix, qui vit une liaison tourmentée avec Virgil Sparks, le locataire du deuxième. Le voisin deVirgil, c’est Forster Tuncurry, un critique d’art dont la spécialité est le cynisme. Au troisième, il y a Coleen Shepherd,un être délicat et attentif, mais néanmoins distrait. Au quatrième, c’est Bruce Conway, un garçon généreux, qui emprunte de l’argent plus vite que son ombre et qui a du mal àconserver un emploi plus de vingt-quatre heures.
Ici s’arrête la petite famille de l’escalier C.
De la locataire du sixième, personne ne sait rien. La viesuit son cours, avec les dîners mensuels organisés par la petitebande, les chamailleries bon enfant. Mais, depuis quelquetemps, Forster Tuncurry ne tourne plus rond. Son cynismedevient de l’agressivité, de la méchanceté. Pourquoi ne supporte-t-il pas que Bruce s’installe avec Sharon, la nouvellelocataire ? Pourquoi réagit-il de façon aussi violente face àColeen, qui tente de l’aider ?
Une nuit, un drame survient, qui modifiera les chosesd’une manière surprenante.
 
Escalier C , premier roman de Moka, a connu un très grandsuccès. Il a reçu le prix du Premier Roman (1983) et le prixGeorge Sand (1984), il a été porté à l’écran par le réalisateurJean-Charles Tacchella en 1985 (Prix de l’Académie française).L’auteure a elle-même écrit les dialogues de cette adaptation.
 

L’auteure
Moka est née en 1958 au Havre. Elle est diplômée del’Université de Cambridge. Elle a publié quatre romanspour adultes, et se consacre à la littérature pour la jeunesse depuis 1989. Ses domaines de prédilection : le fantastique et l’angoisse. Elle n’écrit pas pour exorciser sespeurs puisqu’elle n’en a pas ! C’est le goût pour laconstruction des énigmes, du suspense, pour le surnaturel qui l’ont poussée à explorer ce terrain. Elle travaille également comme scénariste et dialoguistepour le cinéma et la télévision. Moka est le pseudonyme d’Elvire Murail.
 

Elvire Murail
 
 

Escalier C
 
 

Médium
l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 
« Inheritor of more than earth can give. »
Percy Bysshe Shelley
1
 
« Nous n’irons plus au bois… »
 
J’ai cessé d’aller au bois le jour où j’ai préféré LeJardin des délices de Bosch à La Petite Fille à l’arrosoir de Renoir. Et cela n’est pas qu’une métaphore.Mon métier de critique d’art – vous parlez d’unmétier ! – m’avait fait perdre toute spontanéitéet tout goût pour la fraîcheur. Et puis, c’est plusfacile de parler d’horreur, si belle soit-elle, quede bonheur. J’avais donc égaré ma simplicité enme promenant dans le Jardin des délices. Ainsi,à force de choisir les jardins plutôt que les bois,je devenais proprement insupportable.
C’est alors que je décidai d’aller ramasser leslauriers coupés à la campagne, pour me rappelerles comptines françaises de mon enfance.
À court d’idées, je pensais demander conseilà mon voisin du dessus, Coleen Shepherd.
Avant de quitter mon studio, j’admirai monimage dans le miroir de ma petite salle de bains :un homme dans sa trentaine, bien bâti, beau garçon… Merci, je me jugeais beau, c’est mon droit.
J’allai donc sonner à la porte de Shepherd, autroisième. Je ne le fréquentais que depuis assezpeu de temps. Mais comme il laissait toujoursdéborder sa baignoire, j’avais pris l’habitude demonter râler.
J’arrivai au moment où il ne fallait pas ledéranger. Pourquoi, impossible de le savoir. Ilmanifesta une mauvaise humeur évidente, mereferma le battant sur la figure en déclarant qu’iln’en avait rien à foutre de mes histoires. Au mêmeinstant descendait un autre des locataires, BruceConway, qui me sourit de travers en sautant lesmarches à pieds joints.
– Encore une scène de ménage ? jeta-t-il. SiCol Shepherd ne veut pas de toi, viens chez moi,je te ferai du thé au jasmin.
Je me permis de lui expliquer mon problème,et il me répondit qu’il ne voyait pas ce que jepouvais trouver d’exaltant à faire à la campagne.
– Justement, lui dis-je, je ne veux rien faired’exaltant ! Je veux m’ennuyer à mourir ! Dansun coin sinistre où il n’y a que des petits oiseaux,des arbres et des fleurs et pas de cinéma, pas dehot-dogs et surtout pas de critiques d’art !
Bruce Conway m’offrit à nouveau son sourirede travers, sa spécialité, et levant ses yeux bleusvers le plafond, commença à se balancer d’avanten arrière sur ses baskets.
– C’est quoi, les p’tits oiseaux, dis Monsieur ?
– C’est comme les autobus, moins les passagers.
Il me gratifia d’une grande claque dans le dosen riant. Bruce passait une grande partie de sontemps à me bousculer.
– Elle n’est pas mal celle-là ! Je la resservirai !
– Copyright Forster Tuncurry, tous droitsréservés y compris pour l’U.R.S.S.
Conway changea de position. S’appuyant surla rampe, il se mit à alterner un pied avec l’autre sur la première marche. J’attendais le moment oùil allait se casser la figure.
Deux étages plus bas, une porte claqua violemment. Nous nous penchâmes tous les deux.Virgil B. Sparks venait de quitter l’appartementde Béatrix Holt après une engueulade, selon toutevraisemblance. Il commença à gravir l’escalierpour rentrer chez lui, partageant le second étageavec moi. Bruce ne put résister à lancer dans levide une citation de Dante.
–  Lasciate ogni speranza, voi ch’entrate , pourquoiVirgil s’obstine-t-il à franchir l’entrée de l’Enfer ?
– Descends si tu es un homme ! lui criaSparks.
– Tu n’as qu’à monter !
– Il ne faudrait pas me le dire deux fois.
– Monte ! Maintenant que je l’ai dit deuxfois, viens !
– Fous-moi la paix, je n’ai vraiment pas enviede rigoler.
Je connaissais bien Sparks, il travaillait pourle même con que moi (lisez « notre très honorérédacteur en chef »). Il était bon journaliste, mais s’obstinait à être écrivain. Sparks discutait toujours âprement avec Macland au sujetde ses articles. Moi jamais. Macland acceptaitmes papiers sans commentaire parce que c’était« culturel ». Macland n’avait donc rien à discuter,à part peut-être pour m’exciter un peu avec desphrases du type :
– Et ça lui rapporte, au gribouilleur, ses tachesde gras sur sa toile ?
Il perdait d’ailleurs son temps, car je répondaisrarement à ses excès d’agressivité. Mais il n’enallait pas de la même façon avec Sparks. Maclandl’appelait uniquement Monsieur Virgil BentleySparks, moquant ainsi la manie de celui-ci quiexigeait que son nom soit inscrit en entier à lafin de ses articles. Sparks s’occupait des rubriques« cinéma » et « théâtre », et là, malheureusement,Macland prétendait s’y connaître.
Mais la véritable passion de Sparks s’appelaitBéatrix Holt. Celle-ci louait un studio au premierétage depuis trois ans, date à laquelle j’emménageai moi-même dans l’Escalier C. Nous nousrencontrâmes à la faveur d’un léger quiproquo. En effet, le gardien de l’immeuble m’avait malrenseigné et je crus être logé au premier. Ce futainsi que nous nous retrouvâmes ensemble faceà la même porte. L’erreur fut bientôt rectifiée etma charmante voisine me proposa de visiter sonappartement. Puis nous montâmes jusqu’au mienpour faire la comparaison. Et là, nous croisâmesSparks qui sortait de chez lui. Il me jeta un regardétonné et me reconnut. Moi pas.
– Mais vous êtes Forster Tuncurry ! s’exclama-t-il.
Je le contemplai avec angoisse, cherchantdésespérément qui il était. Mais ce grand jeunehomme brun, qui rougissait facilement, ne medisait rien du tout. Mon métier me forçant àfréquenter trop de gens dans trop de cocktailsinfâmes, j’ai été plus d’une fois confronté à despersonnages terrifiants qui vous racontent leurdernière entrevue avec vous-même, commentvous étiez habillé, que vous étiez enrhumé cejour-là, et qui vous demandent

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