Guillemette et la montgolfière
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Guillemette et la montgolfière , livre ebook

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Description

Guillemette est la fille d'un scientifique réputé. Maintenant qu'elle est en âge d'aider son père dans ses recherches, elle met toute sa passion et son énergie au service de ces découvertes extraordinaires, et notamment cette découverte que viennent de faire les frères Montgolfier. Il est en effet possible, grâce à l'air chaud, de faire voler des ballons faits de tissus. Les frères Montgolfier vont d'ailleurs bientôt présenter un spécimen de leur invention au roi, à Versailles. Lorsque, par un malheureux hasard, Guillemette croise la route de François Rosambeau, le cousin des Montgolfier, elle est alors très enthousiaste à l'idée de s'impliquer dans la création de cette première montgolfière. Cette entreprise s'avère plus dangereuse qu'il n'y paraît... les avancées scientifiques ne plaisent pas à tout le monde, et certains semblent prêts à tout pour éviter que la montgolfière ne soit créée.

La série historique « La famille d’Angely » vous fera vivre les grandes découvertes scientifiques des derniers siècles à travers les aventures des différents membres de cette famille où la passion des sciences et l’émerveillement se transmet de génération en génération.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 décembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782728930272
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0324€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Marie Malcurat
Illustré par Johanna Springer
Les personnages principaux
1

L’ accident

Paris, août 1783.
Félicité, assise auprès de sa mère dans le salon, commençait à trouver le temps long. Ses trois sœurs s’étaient levées tôt ce matin pour se rendre chez le drapier avec leur père. Elles devaient y acheter le tissu nécessaire à la confection de nouvelles robes. Madame d’Angely était confortablement installée dans son fauteuil en bois sculpté. Elle brodait. Son geste mimait le vol d’un papillon. À la fois gracieux et agile, ferme et doux, précis et minutieux. Sa main guidait la danse du fil. Félicité, malgré l’impatience de ses quatorze ans, se laissa happer par le spectacle que sa mère lui offrait. Quelle magnifique robe de mousseline blanche porte-t-elle , songeait la jeune fille en l’admirant. J’espère que mes sœurs auront su trouver une qualité de tissu identique .
Sa rêverie fut brusquement interrompue par l’arrivée tonitruante de deux jeunes filles échevelées, ses sœurs : Suzanne et Élisabeth. Elles étaient âgées de respectivement seize et dix-huit ans et avaient des physionomies si différentes que nul ne pouvait deviner le lien de sang qui était le leur. La première était châtain clair et grande ; la seconde brune et petite.
« Mère ! Mère ! Nous avons eu un accident de calèche. Père va mal ! »
Blême, madame d’Angely laissa échapper son ouvrage et se leva prestement. Félicité la devança et se précipita dans la cour d’honneur de leur hôtel particulier. Adossé à une roue de l’élégante voiture, un homme attendait. La maîtresse de maison arriva à son tour.
« Mais… Il ne s’agit point de mon époux ! Où est-il ? »
Guillemette, l’aînée des quatre filles, était assise sur la banquette, à l’arrière de la calèche. Quelques mèches de sa chevelure châtaine ondulée s’échappaient de son chapeau. Visiblement, elle avait été secouée. Avec une douceur qui lui était peu habituelle, elle caressait la tête de son père, posée sur ses genoux.
« Il est ici. Nous n’avons osé le descendre de la calèche. Le choc a été violent. L’homme que vous voyez assis là nous a percutés. Nous l’avons emmené avec nous. »
Il faut dire qu’en cette année 1783, les rues de Paris étaient encombrées d’une multitude de piétons, de chevaux et de carrosses. L’agitation et la saleté agressaient quiconque n’y était point habitué. Guillemette épongea avec son mouchoir les gouttes de sueur qui perlaient sur le front de son père. Non loin, les badauds s’agglutinaient devant la porte cochère, formant une foule de plus en plus compacte. Pour sûr, les piétons qui se faisaient renverser, on ne les comptait plus ! Pourtant, l’événement n’en restait pas moins attrayant, rompant la monotonie de cette vie urbaine souvent bien ingrate. Qui plus est, lorsqu’il s’agissait d’une noble famille ! Le malheur chez les malheureux n’a rien de vraiment extraordinaire. Il est même plutôt d’une grande banalité. En revanche, lorsqu’il frappe à la porte des grands de ce monde, on ne saurait faire autrement que de s’en laisser étonner.
Monsieur d’Angely faisait partie de ces personnes à qui la vie semblait avoir toujours souri. Dans son hôtel particulier, entouré de sa charmante épouse et de ses quatre filles, ce gentilhomme menait une vie particulièrement douce. Plusieurs fois par semaine, il se rendait à la cour du roi afin d’y enseigner les sciences aux enfants de la famille royale. Louis XVI y tenait encore plus que Louis XV, son grand-père.
Mais, pour l’heure, monsieur d’Angely était en bien mauvaise posture. Derrière ses yeux clos, la vie semblait avoir quitté son corps. Madame d’Angely, bouleversée, se ressaisit et enjoignit à Firmin, son valet, de courir mander le sieur Hoguenot, médecin de la famille. Pendant ce temps, le portier avait mené l’autre blessé à l’intérieur du logis. Sur la banquette, Guillemette avait été rejointe par Élisabeth. Toutes deux essayaient de ranimer leur père chéri en lui parlant. Au pied du véhicule, Suzanne et Félicité soutenaient leur mère éplorée.
Une longue demi-heure s’écoula, avant qu’enfin, l’homme de sciences tant attendu ne passât la porte cochère. En apercevant le corps inerte du gentilhomme étendu sur la banquette, il sut qu’il ne s’était pas déplacé en vain. Sans mot dire, il se hissa auprès du blessé et posa sa main sur son cou, cherchant à percevoir un pouls. Parbleu ! Un homme encore jeune comme cet homme-ci ne peut perdre la vie ! songeait-il. Le médecin décocha deux claques retentissantes sur les joues de son patient. Le choc fut aussi brutal que le résultat immédiat. Monsieur d’Angely ouvrit les yeux, hagard. Guillemette laissa échapper un soupir de soulagement.
La demoiselle, qui allait bientôt entrer dans sa vingtième année, n’était pas d’un tempérament inquiet. Mais il faut l’avouer, cette fois-ci, son père lui avait fait grand-peur. Guillemette lui vouait une admiration sans bornes. Depuis qu’elle avait atteint l’âge de raison, il l’avait autorisée à pénétrer dans son cabinet de travail. Là, au milieu des fioles, des tubes, des compas, des balances, elle ne se lassait pas de l’observer et d’assister en avant-première aux expériences scientifiques qu’il envisageait de dévoiler à la Cour. Toutes n’aboutis saient pas, mais certaines lui avaient valu d’être remarqué et surtout chaleureusement félicité par le monarque.
Un tel père ne méritait pas de mourir ainsi à cause d’un piéton imprudent qui s’était presque jeté sous les roues de la calèche. Il avait juste voulu l’éviter. Si seulement la capote de la voiture n’avait point été ouverte ! Peut-être que, malgré les soubresauts des chevaux, monsieur d’Angely ne serait pas violemment tombé au sol !
Le médecin sortit de sa sacoche une fiole en verre dont il ôta le bouchon d’un geste vif. Il la porta aux lèvres du blessé. Celui-ci grimaça mais avala le breuvage.
« Cet homme est robuste. Il est juste engourdi et va promptement recouvrer la santé. D’ici quelques jours, pour la fête de l’Assomption, il n’y paraîtra plus. Menons-le dans votre demeure et couchons-le. »
Le valet, le portier et le médecin descendirent donc le blessé de la calèche tout en le soutenant, car visiblement, ses jambes ne pouvaient plus le porter. Ils pénétrèrent dans le vestibule et furent menés par la maîtresse de maison jusque dans la chambre à coucher du gentilhomme, située au rez-de-chaussée. Madame d’Angely et ses filles occupaient, quant à elles, des appartements privés à l’étage de la maison, car ils disposaient de bas plafonds et étaient ainsi mieux chauffés en hiver. Il ne fallut pas longtemps au médecin pour installer convenablement son blessé et ressortir de la chambre le sourire aux lèvres.
Les quatre jeunes filles l’attendaient impatiemment à l’entrée des appartements de leur père. Il sut trouver les mots qui les rassurèrent totalement. Une voix grave interrompit pourtant leur conversation et leur rappela que l’autre blessé n’avait pas été ausculté. Âgé d’une trentaine d’années, le jeune homme venait tout juste de récupérer. Il s’adressait à Firmin avec force gestes.
« Dame ! Je m’en vais immédiatement quitter cet endroit. Que vous le vouliez ou non ! Je suis attendu à la Folie Titon. Le temps m’est compté. »
Il se tenait dans l’embrasure de la porte du grand salon lorsque les quatre sœurs arrivèrent à lui. Guillemette essaya de lui faire entendre raison en lui demandant de se laisser examiner par le docteur Hoguenot.
« Enfin, monsieur ! Il y va de votre santé ! J’ai bien vu le choc que vous avez subi en heurtant si violemment les roues de notre calèche. »
L’homme ne put réprimer un petit sourire malicieux.
« Diantre ! Quel choc, en effet ! Fort heureusement, j’ai un bon ange gardien. Il me protège des cochers malhabiles ! »
Piquées au vif par l’insulte faite à leur père, qui n’était ni cocher ni malhabile, les jeunes filles ne voulurent pas insister plus. Elles laissèrent partir le jeune homme sans chercher à le retenir. Celui-ci les salua poliment, mais un sourire gouailleur se dessinait sur ses lèvres. Dans son dos, elles purent constater que sa veste de brocart était déchirée et que ses bas de soie étaient complètement distendus. Sa démarche était toute claudicante. Peu importe ! Cet homme, par son outrecuidance, ne méritait vraiment pas qu’on s’intéresse à lui. Et puis, après tout, n’était-ce pas lui qui avait traversé la route quitte à risquer de se faire renverser par les nombreuses calèches qui battaient le pavé parisien ?
Lorsque les demoiselles se retrouvèrent tout à fait seules, elles poussèren

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