Fakidine et la perle verte du lagon
62 pages
Français

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Fakidine et la perle verte du lagon , livre ebook

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62 pages
Français

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Description

Là-bas à Moroni, tout le monde rêvait d'y venir, à Mayotte ! Et ils y vont, tout ceux que la terre comorienne ne nourrit pas et qui regardent briller au loin les lumières de l'île soeur. Fakidine est venu chercher une vie meilleure à Mayotte, mais il fera une étrange rencontre sur la plage...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 73
EAN13 9782296465299
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0424€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fakidine

et la perle verte du lagon
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55172-5
EAN : 9782296551725

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Laurence Lavrand


Fakidine
et la perle verte du lagon




Illustrations : Sess


L’Harmattan
I l n’en peut plus, Fakidine ! Hier soir, il a travaillé tard avec sa mère, pour l’aider à servir des brochettes. Certains jours, elle a vraiment besoin d’aide pour frire les morceaux de viande, apporter les assiettes de manioc et de fruit à pain, mettre le couvert ou rendre la monnaie. Ils ne sont à Mayotte que depuis deux mois, et sa mère a tenu à ce qu’il aille au collège à Tsingoni. « Travaille bien, mon fils, a-t-elle dit, ta vie sera meilleure que la nôtre. »
Il leur en a fallu des heures de travail à ses parents, Mariama et Saïd, pour réunir l’argent du kwassa-kwassa {1} . Combien de lessives, de kilomètres à pied pour vendre quelques légumes, et Saïd, combien de seaux de sable a-t-il transportés, combien de jours de pêche ? Tout ça pour se retrouver dans une cahute en tôle sur la route qui mène de Tsingoni au rivage. Tout ça pour qu’au bout de trois semaines Saïd se fasse renvoyer au pays.
Depuis, Fakidine aide sa mère après ses heures de collège. Il rentre vite après ses cours pour profiter de la clarté du jour et faire ses devoirs, tout en surveillant sa petite sœur Hanifa.
Hier soir, il y avait beaucoup de monde au brochetti {2} . Mariama allait et venait sans cesse du brasero aux deux tables dressées à l’angle des deux routes, sur un petit terre-plein d’herbe rase.

La propriétaire passe toujours à la fin du service vider la boîte qui sert de caisse.
Jamais un mot pour Mariama ou Fakidine, jamais un sourire. Pas besoin d’être aimable, avec des clandestins !
Un groupe de M’Zoungous {3} avait commandé depuis un bon quart d’heure leur plat de viande et de manioc, mais avant eux Mariama devait servir une grande famille mahoraise qui n’en finissait pas de réclamer mabawas {4} ou bananes.
L’un des M’Zoungous, excédé, dit aux autres :
- Elle a dû laisser son cerveau aux Comores, celle-là, pour ne pas alourdir la barque !
Fakidine serra les poings. Comme il les haïssait tous sur cette île ! Là-bas à Moroni, tout le monde rêvait d’y venir, à Mayotte.
On y vit bien, paraît-il, et les Mahorais sont nos frères, disent les anciens, ceux qui de toute façon ne quitteront jamais leurs villages. Ils vont vous accueillir, allez-y !
Et ils y vont, tous ceux que la terre comorienne ne nourrit pas et qui regardent, lorsque la nuit est claire, briller au loin les lumières de l’île sœur.
Accueillants, tu parles, songe-t-il. La police a pris mon père, ma mère n’en finit pas de s’épuiser pour nous nourrir et nous envoyer à l’école. Elle fait le ménage le matin dans trois maisons, l’après-midi elle emporte à la rivière le linge que des fainéantes ne sont pas capables de laver elles-mêmes, et le soir, elle fait de son mieux pour servir des clients jamais contents. Accueillants, tu parles !
Au collège, on s’est moqué de son cartable ridicule, dont il avait gratté le portrait souriant de Winnie l’ourson. Il a couvert ses livres avec les prospectus de la Sodifram de Combani, un magasin où sa mère l’envoie acheter les sardines et le riz. Il a serré les dents, regardé l’air fatigué de sa mère qui s’essuie les yeux avec un pan de son salouva

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