Joachim aux 1000 idées
59 pages
Français

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Joachim aux 1000 idées , livre ebook

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Description

Espiègle et joueur, Joachim a l’habitude de retrouver son ami Gaspard dans le quartier des Halles de Paris. Pauvres parmi tant d’autres dans la capitale, ils y dénichent tout juste de quoi manger. Mais leur vie change grâce à la rencontre avec des sœurs que l’on nomme les Filles de la Charité…

Sous l’égide du mystérieux Vincent de Paul, celles-ci se dévouent pour soulager la misère. Et si Joachim et Gaspard décidaient de les aider ?

Les aventures touchantes et pleines de tendresse de la petite troupe de Monsieur Vincent, des enfants infatigables ayant à cœur de venir en aide aux plus démunis. Sous la houlette de saint Vincent de Paul et de ses Filles de la Charité, ils savent faire preuve d’une bonne dose de courage et d’imagination !


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 octobre 2019
Nombre de lectures 8
EAN13 9782728928866
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BÉATRICE ÉGÉMAR

mame
Chapitre 1
La chambre sous les toits
Ding, dong, ding, dong…Les cloches de l’église Saint-Eustache sonnent sept heures. Dans sa chambre sous les toits, Joachim ouvre les yeux. Il est temps de se lever, mais il fait si froid…On est en janvier, et l’hiver de cette année 1649 s’annonce particulièrement rude. Le garçon jette un coup d’œil vers la paillasse de son père : vide ! Il ne s’inquiète pas, il a l’habitude.
Joachim se lève, ce qui bouscule Serpolet, son chat, qui dormait sur ses jambes. Il s’enveloppe dans sa vieille couverture comme dans un manteau, et se dirige vers l’unique fenêtre de la pièce. Le ciel est gris et des papillons blancs volettent au-dessus des toits d’ardoise. Il neige ! Le garçon fait un grand sourire. La neige, c’est beau, c’est magique !
Il s’approche de la bassine qui sert à se laver et grimace en voyant que l’eau est gelée. Allez, courage ! Il casse du coude la fine couche de glace, trempe un mouchoir dans l’eau et s’en frotte le visage. C’est sommaire, comme toilette, mais on s’en contentera. Il enfile presque tout ce qu’il a comme vêtements : une chemise en laine, une veste, un pantalon trop court, des chaussettes et ses galoches. Un bonnet sur ses cheveux blonds et un vieux châle entortillé autour de son cou complètent cette tenue, qui a au moins le mérite de le protéger du froid.
Dans le coffre qui contient leurs maigres provisions, Joachim trouve un quignon de pain et le mord à belles dents. Voilà, il est fin prêt pour sortir.
– Allez, Serpolet, on s’en va ! dit-il en ouvrant la porte.
Le chat, un gros matou au poil roux, le regarde sans bouger.
– Allez, répète Joachim impatient, ouste ! Va chasser les souris !
Serpolet file et Joachim dévale les deux étages. Dehors, le vent froid le gifle en plein visage. Il y a déjà du monde dans la rue Plâtrière, et plus il approche des Halles, plus il croise de gens. Ce sont les habitués du petit matin : une laitière vend sa marchandise en criant : « Qui veut du bon lait ? Du bon lait frais ? Tôt le pot, nourrices ! ». Une porte s’ouvre, une femme, emmitouflée dans un châle, apparait et lui tend quelques piécettes en échange d’une cruche de lait mousseux. Deux ouvriers se rendent au travail, tête baissée. Un marchand d’eau-de-vie braille, en brandissant sa cruche : « La vie, la vie, à un sou le petit verre ! »
Joachim les connaît presque tous. Il salue la laitière, regarde d’un œil curieux les nouveaux venus, ramoneurs en quête de clients ou passants d’un jour. Aïe ! Voici N’a-qu’un-œil, le mendiant qui menace tous les enfants avec sa béquille. Joachim se méfie de lui. C’est un homme assez âgé, vêtu d’un manteau râpé, les jambes enveloppées dans de vieux chiffons. De terribles histoires circulent sur son compte : on dit qu’il fait partie d’une bande qui enlève les enfants. Est-ce vrai ? Personne ne le sait, mais le bonhomme a un horrible caractère et prend plaisir à effrayer les enfants. Tous les gamins des Halles évitent de croiser son chemin.
Le mendiant aperçoit Joachim et lui dit :
– Pourquoi tu t’écartes, petit ? Je te fais peur ?
Il brandit sa béquille :
– Hou !
Le mendiant, moqueur, éclate de rire. Joachim hausse les épaules sans répondre et poursuit sa route. Le voici enfin aux Halles. Les Halles, c’est son univers. Il est né dans ce quartier et n’en sort guère. On y vend du blé, du poisson, des légumes, des fromages, du pain, des gâteaux, du tissu… Cela sent la viande rôtie, le poisson cru, le crottin de cheval et le pain chaud. Les petites boutiques côtoient les marchands ambulants. Des paysans viennent des villages voisins pour apporter aux Parisiens leur beurre, leurs volailles, leur pain. On y voit de petits ânes et des chevaux attelés à des charrettes, des poules, des canards, des chèvres. C’est presque un coin de campagne en plein Paris, vivant, bruyant, animé.
Écrasée par les souliers des marchands, les sabots des chevaux et les roues des carrioles, la neige tombée dans la nuit s’est transformée en une couche de boue qui colle aux chaussures. Joachim n’y fait pas attention, il cherche son père. Cela le rassure toujours de savoir où il se trouve. Sylvain est toute sa famille. Ils ont connu des jours meilleurs, quand Hélène, la maman de Joachim, était encore en vie. Sylvain et elle tenaient alors un petit commerce de chandelles. Ils n’étaient pas bien riches, mais ils étaient heureux. Hélas, une terrible épidémie a emporté Hélène en quelques jours, laissant à Sylvain la charge de Joachim, alors âgé de deux ans. En quelques mois, Sylvain, fatigué de chagrin, a perdu pied. Il fallait payer le loyer de la boutique et le salaire de la nourrice qui s’occupait de Joachim, tout en abattant le travail de deux personnes. C’était trop pour lui. Il ferma son échoppe et devint fripier aux Halles. Ce n’est pas un travail prestigieux : il récupère de vieux vêtements qu’il revend à ceux qui n’ont pas les moyens d’en acheter des neufs. C’est ainsi que Joachim a grandi, entre leur petite chambre sous les toits, la boutique de fripier et les rues des Halles où il traîne, curieux de tout.
Joachim sifflote. Il passe devant les petits commerces installés sous les arcades de la rue de la Grande Friperie, là où se trouve la boutique de son père. Un coup d’œil lui suffit pour voir qu’elle est encore fermée. Contrarié, Joachim grimace : Sylvain est sans doute à la taverne des Trois Rois. C’est une petite salle bruyante et mal éclairée dans laquelle se retrouvent les marchands, les gagne-deniers 1 , les portefaix 2 , tous ceux qui travaillent aux Halles. Ils viennent boire un gobelet de vin avant de partir au travail. Joachim n’aime pas cet endroit. Les hommes qui boivent trop peuvent devenir violents, se disputer, parfois même se battre. Il a toujours peur que Sylvain soit entraîné dans une bagarre. Aussi est-ce avec précaution qu’il ­s’approche de la porte entrouverte de la taverne. Il passe la tête et aperçoit la silhouette voûtée de son père. Sylvain n’a que trente-quatre ans, mais les épreuves l’ont marqué. Son visage maigre est creusé de profondes rides. Contrairement à son fils Joachim aussi blond que les blés, Sylvain a les cheveux bruns. Penché au-dessus d’une table, il discute tranquillement avec un voisin. Rassuré, Joachim s’éloigne. Il est temps de partir à la recherche de son ami Gaspard.
Chapitre 2
Joachim et Gaspard rencontrent une princesse
Joachim sait où trouver Gaspard : devant une petite pâtisserie de la rue de la Fromagerie. Il est bien là, debout, à saliver devant la vitrine.
– Bonjour Gaspard, dit-il.
Il est difficile d’imaginer deux amis plus différents. Gaspard est grand, fort, et ses cheveux bouclés ont la couleur du charbon. A côté de lui, Joachim ressemble à un petit lutin, tout maigre, avec des cheveux aussi raides et blonds qu’une botte de paille.
– Salut, Joachim, dit Gaspard.
– Est-ce qu’elle est là ?
– Pas encore, répond Gaspard, le nez contre la vitre.
Elle, c’est madame Martin, la patronne de la boutique. Sous des dehors bourrus, elle a bon cœur et donne souvent aux garçons des restes de pâtés ou de beignets. Elle sait que ces deux-là ne mangent pas souvent à leur faim. Joachim, parce que son père est pauvre, et Gaspard, parce qu’il a trois petits frères et sœur.

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