La confidente du Tsar
142 pages
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La confidente du Tsar , livre ebook

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Description

Printemps 1803. Après onze ans d’absence, Élisabeth d’Espérance est enfin de retour au château familial. Hélas, les retrouvailles avec sa sœur Charlotte sont de trop courte durée. Pour protéger Maria, une petite russe mystérieusement abandonnée par ses parents, Élisabeth doit fuir avec elle. Quel terrible secret menace la vie de l’enfant à la voix d’ange ?
La Rochelle, 1890. Émilie et Constance, en retraite à l’Espérance, font la connaissance de Dimitri Rochenkovski. Celui-ci vient d’arriver de Saint-Pétersbourg. Dans ses bagages, les mémoires de son aïeule... une certaine Élisabeth d’Espérance !
Une fois encore, la vie des sœurs Espérance va bouleverser celle des deux amies !
Quel est ce trouble qui envahit Constance à chaque apparition du jeune homme russe ? Parviendra- t-elle à trouver le chemin du bonheur ?
Entraînées par leur curiosité, Constance et Émilie sont plongées au cœur d’une des plus grandes énigmes de l’histoire de la Grande Russie.
Une série historique palpitante qui nous plonge dans l'histoire de l'Europe. Retrouvez tous les livres de Sophie de Mullenheim en format numérique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 septembre 2012
Nombre de lectures 3
EAN13 9782728917594
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À mes sœurs, Charlotte et Camille
Prologue
La jeune femme effleura l’épaule du cocher.
– Arrêtez-moi là, s’il vous plaît.
Elle venait de reconnaître au bord du chemin le petit calvaire qu’elle allait souvent fleurir avec Charlotte et leur mère.
– Nous sommes encore loin, mademoiselle, rétorqua l’homme avec étonnement.
– Je sais, souffla Élisabeth, mais je préfère marcher un peu.
Le cocher tira sur ses rênes et arrêta sa voiture le long de la route.
– Êtes-vous sûre ? insista-t-il. Élisabeth opina de la tête.
– Et vos bagages ?
– Je m’en charge. Ne vous inquiétez pas, ils ne sont pas lourds. Élisabeth saisit le sac en cuir posé à côté d’elle sur la banquette, paya ce qu’elle devait à l’homme pour le voyage et descendit lestement du véhicule. Ses bagages étaient ridiculement minces au regard des nombreuses années passées loin de chez elle, mais elle avait préféré laisser la grande majorité de ses affaires là-bas, au Canada. Ses amis iroquois en auraient plus l’utilité qu’elle.
La jeune femme regarda la voiture à cheval faire demi-tour puis s’éloigner, avant de poursuivre sa route à pied. L’inquiétude lui vrillait l’estomac ; elle avait besoin de se dégourdir les jambes pour calmer son anxiété. Il y avait si longtemps qu’elle avait quitté l’Espérance. Le château familial serait-il toujours debout après toutes ces années de tourmente révolutionnaire ? Elle avait entendu tant de choses effrayantes alors qu’elle se trouvait à l’autre bout du monde. Et, surtout, sa sœur Charlotte serait-elle toujours en vie ? Élisabeth marchait à tout petits pas sur la route comme pour retarder au maximum le moment où elle découvrirait ce qu’il était advenu de tout ce qu’elle aimait. La campagne autour d’elle était belle. Les champs cultivés voyaient poindre les premières pousses de blé en ce printemps de 1803. La France en avait terminé avec les horreurs de la Révolution. Un jeune général, Napoléon Bonaparte, était arrivé au pouvoir et l’heure était à la reconstruction et à la renaissance. Même la nature semblait participer de cette ère nouvelle qui s’annonçait.
Le paysage si serein acheva d’apaiser le cœur inquiet d’Élisabeth. Alors, la jeune femme ne put plus attendre, elle allongea le pas. Lorsqu’elle aperçut les premiers arbres de l’allée du château de l’Espérance, elle se mit même à courir. Son sac en cuir battait sur le haut de sa cuisse, la ralentissant malgré elle. Soudain, n’y tenant plus, Élisabeth jeta son bagage dans le fossé au bord du chemin. Elle retroussa ses jupes comme elle l’avait fait tant de fois pour jouer avec les petits Iroquois auxquels elle faisait la classe et elle avala les quelques mètres qui la séparaient encore de l’allée.
Elle s’arrêta net.
Le château était toujours là, fier et majestueux, au bout de la longue haie d’arbres. Quelques fenêtres étaient grandes ouvertes pour aérer les pièces. De longs rideaux de voile blanc immaculé voletaient dans l’air frais du printemps. Le cœur d’Élisabeth bondit dans sa poitrine.
« Le château est habité ! » pensa-t-elle.
La jeune femme courut de plus belle. Son chapeau s’envola et vint flotter dans son dos. Ses souliers de cuir fin firent crisser les graviers.


À quelques mètres de là, accroupie dans le potager attenant au château, Charlotte releva la tête et tendit l’oreille. Quelqu’un accourait. Pourvu qu’aucune de ses pensionnaires ne se soit blessée… La jeune femme avait ouvert un orphelinat dans l’ancien château de famille, il y avait un peu plus d’un an maintenant, et elle ne cessait de s’inquiéter pour ses petites protégées comme une mère le ferait avec ses propres enfants. Charlotte posa son outil à terre et se redressa avec inquiétude. C’est alors qu’elle vit la jeune femme qui courait en direction du château. Ses longs cheveux bruns volaient derrière elle, dégageant parfaitement son visage. Charlotte sursauta. Ce nez fin, ce menton volontaire, cette silhouette élancée… Se pouvait-il que… Elle porta la main à son cœur.
– Élisa…
Son cri s’étrangla dans sa gorge. Elle se précipita aux devants de la nouvelle venue. Comme elle courait, ses yeux s’emplirent de larmes et sa vue se brouilla. Elle ne voyait plus qu’une silhouette floue qui s’immobilisa en la découvrant à son tour.
– Charlotte ! hurla Élisabeth.
– Élisabeth ! lança Charlotte en franchissant les derniers mètres qui la séparaient de sa sœur.
Les deux sœurs Espérance s’écroulèrent dans les bras l’une de l’autre. Charlotte enfouit son visage dans les cheveux d’Élisabeth et les respira jusqu’à l’ivresse. Elles restèrent ainsi de longues minutes sans trouver rien d’autre à se dire que leurs prénoms tant de fois répétés dans leurs prières durant toutes ces années. Lorsque Charlotte s’écarta enfin, elle observa sa jeune sœur en silence. Élisabeth n’avait pas changé. Certes les années loin de chez elle lui avaient un peu creusé le visage, pour l’affiner et le rendre plus féminin encore. Sa peau était plus brune aussi, sans doute à cause des semaines passées en mer pour rejoindre la France. Mais ses yeux gris étaient toujours aussi vifs et profonds. Son sourire était franc et joyeux. Charlotte retrouvait la compagne drôle et spontanée de son enfance. Elle tendit la main et effleura les cheveux de sa sœur. Puis elle lui toucha la joue, le cou, l’épaule, le bras. Elle avait besoin de ce contact. Elle voulait être sûre qu’elle ne rêvait pas.
– Où étiez-vous donc ? lui demanda-t-elle tandis que sa voix se brisait de nouveau. Je vous ai écrit des dizaines de fois en Angleterre mais je n’avais aucune nouvelle. Où étiez-vous ?
– Au Canada, répondit simplement Élisabeth.
Les yeux de Charlotte s’agrandirent sous l’effet de la surprise.

– Je vous ai fait parvenir une lettre pourtant, ajouta sa sœur. Paulin, l’un de mes amis, devait venir vous trouver pour vous rassurer à mon sujet. Il était si difficile de communiquer depuis l’endroit où je vivais !
Charlotte secoua la tête.
– Je ne l’ai jamais reçue. Je n’ai pas vu non plus votre ami. Je vous ai crue morte.
Élisabeth ne répondit pas. Elle aussi avait craint le pire pour sa sœur. Lorsqu’elle l’avait laissée derrière elle, en France, le pays était plongé en plein chaos révolutionnaire. Les hommes s’entre-déchiraient, se dénonçaient et s’envoyaient à la guillotine pour un oui ou pour un non. Mille et une fois, Élisabeth avait imaginé que sa sœur n’en avait pas réchappé.
– Racontez-moi, supplia-t-elle. Racontez-moi tout.
Alors, entre rires et larmes de joie, les deux sœurs Espérance commencèrent à évoquer ces onze longues années de séparation.
I

Aux environs de Saint-Pétersbourg, avril 1890
Dimitri pousse la porte du grenier et s’aventure sous les poutres poussiéreuses. Sa mère l’a envoyé là-haut pour y trouver une malle de voyage.
– Ma chère mère, je ne pars que dans cinq jours, avait pourtant rétorqué le jeune homme quelques minutes plus tôt. Rien ne sert de se presser.
La ravissante Milana Rochenkovski avait balayé l’air de la main avec tristesse.
– Laissez-moi me charger de vos bagages, avait-elle soupiré. Cela me distraira.
Son fils unique quittait la maison familiale pour de longs mois et la pauvre femme ne pouvait s’y résoudre.
– Maman ! l’avait gentiment gourmandée Dimitri.
Il ne supportait pas de voir sa mère ainsi abattue. Elle était d’un tempérament si enjoué d’ordinaire.

– Pardonnez-moi, Dima, avait-elle murmuré tendrement. Je n’aime pas vous savoir loin de moi.
– Mais la France n’est pas si éloignée. Et ce n’est pas non plus un pays de sauvages !
Milana avait souri en regardant son fils. Il avait raison, la France n’était pas à l’autre bout du monde. Elle-même s’y était rendue plusieurs fois avec son époux, Vassili Rochenkovski. Il avait une aïeule française et il entretenait cette particularité avec une sorte de dévotion. La France était l’une de ses destinations favorites. À la maison, il mettait un point d’honneur à parler le fra

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