L écolier assassin
47 pages
Français

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L'écolier assassin , livre ebook

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47 pages
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Description

Difficile, quand on a toujours habité à Paris, de se retrouver au beau milieu de la campagne, dans un village perdu du Berry, dans une nouvelle maison, avec une nouvelle école, un nouveau bus pour aller à l'école, et de nouvelles têtes à apprivoiser. C'est pourtant ce qui arrive à Fleur et à Pablo qui ont bien été obligés de suivre leur mère jusque dans ce pays. Un pays bizarre, plein de croyances, de maléfices et d'enchantements. Un pays qui compte, parmi ses habitants, une petite fille muette et têtue, une épicière superstitieuse, et, d'après les gens du coin, une sorcière. Une sorcière? Et pourquoi pas deux tant qu'on y est... Justement, pourquoi pas?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 novembre 2016
Nombre de lectures 13
EAN13 9782211226097
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Difficile, quand on a toujours habité à Paris, de se retrouver au beau milieu de la campagne, dans un village perdudu Berry, dans une nouvelle maison, avec une nouvelleécole, un nouveau bus pour aller à l’école, et de nouvellestêtes à apprivoiser.
C’est pourtant ce qui arrive à Norma et à Pablo qui ontbien été obligés de suivre leur mère jusque dans ce pays.Un pays bizarre, plein de croyances, de maléfices et d’enchantements. Un pays qui compte, parmi ses habitants, unepetite fille muette et têtue, une épicière superstitieuse, et,d’après les gens du coin, une sorcière. Une sorcière ? Etpourquoi pas deux tant qu’on y est...
Justement, pourquoi pas ?
 
Un livre destiné aux amateurs de frissons et de secrets enfouis.
 

L’auteure
Moka est née en 1958 au Havre. Elle est diplômée del’Université de Cambridge. Elle a publié quatre romanspour adultes, et se consacre à la littérature pour la jeunessedepuis 1989. Ses domaines de prédilection : le fantastiqueet l’angoisse. Elle n’écrit pas pour exorciser ses peurspuisqu’elle n’en a pas ! C’est le goût pour la constructiondes énigmes, du suspense, pour le surnaturel qui l’ont poussée à explorer ce terrain. Elle travaille également commescénariste et dialoguiste pour le cinéma et la télévision.Moka est le pseudonyme d’Elvire Murail.
 

Moka
 
 

L’écolier assassin
 
 

Médium poche
l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
1
 
La chanson sereine du rossignolet joli
 
Le seuil à peine franchi, Norma piqua une crise.Elle couvait depuis qu’ils avaient pris le train deParis pour ce village perdu du Berry. Norma étaitrestée silencieuse pendant tout le trajet, le regardtragique et la moue boudeuse.
Maintenant, elle tournait en rond en tapantdes pieds sur le carrelage ocre et laissait aller toutesa fureur.
– C’est MOCHE  ! Je ne veux pas vivre ici ! Jeveux rentrer à Paris et habiter avec Papa ! Je parsavec Maxi et Mini ! Adieu, bande de moules ! Etallez vous faire voir chez les Grecs !
Norma prit ses deux ours en peluche, legrand et le petit, et partit à grandes enjambées à travers le jardin broussailleux. Fleur, sa mère, etPablo, son frère aîné, agitèrent leurs mouchoirsdu perron.
– Au revoir ! dit Fleur.
– Donne de tes nouvelles ! ajouta Pablo.
Norma quittait la maison avec fracas, troisfois par semaine depuis le divorce de ses parents.Fleur regarda Pablo.
–  Bande de moules ? Allez vous faire voir chez lesGrecs ? Je suppose que je dois te remercier pourcette nouvelle contribution au vocabulaire de tapetite sœur ?
Pablo rit. Depuis que Norma savait parler,elle jurait comme un charretier. Pablo prenaitun malin plaisir à lui apprendre les pires injureset les gros mots les plus horribles. Fleur ne s’enformalisait pas vraiment. Mais elle était souventembarrassée lorsque Norma sortait toutes ceshorreurs devant ses grands-parents. Son ex-belle-mère ne ratait jamais une occasion de faire uneréflexion sur l’éducation que Fleur donnait à sesenfants.
Fleur soupira et s’assit sur sa valise. Le déménagement avait été fait quinze jours auparavant. Elleavait dû laisser les enfants chez leur père et sonamie pour s’occuper du rangement. Et voilà…
Ils étaient là, maintenant, dans ce petit village.Fleur était institutrice. Elle avait fait exprès dedemander un poste en milieu rural. Elle ne voulait plus vivre à Paris. La capitale n’était pas assezgrande pour elle et son ex-mari… et son amie.Elle avait fui. « S’enterrer à la campagne », commelui avait dit sa mère, sur un ton de reproche.
Pablo avait plutôt bien pris le divorce. Maisc’était une nature calme et renfermée qui nelaissait pas souvent paraître ses sentiments. Lablessure était pourtant là, profonde, au fond deson cœur. Et quand il pleurait parfois, c’était dansson lit, protégé par la nuit noire. Dans la journée,il prenait sur lui. Il savait, du haut de ses dix ans,que sa mère souffrait plus que lui de la situation.
Les choses étaient différentes pour Norma.Elle ne supportait pas la séparation. Elle en voulaità sa mère de ne pas avoir su retenir son père. Cedernier avait eu beau lui répéter que ça ne chan geait rien, qu’elle serait toujours sa petite Normachérie, elle détestait sa future belle-mère. Cettefemme qui lui avait volé son papa. Et elle ne seprivait pas pour le dire.
– On défait nos valises, maman ? demandaPablo.
Il prit Fleur par la main et la tira pour qu’ellese lève. À ce moment précis, Fleur aurait voulu leserrer contre elle et le remercier d’être si gentil.Ses lèvres tremblèrent mais les mots ne passèrentpas. Elle n’arrivait plus à lui parler.
Quand le chagrin ne serait plus qu’un petitpoint sombre dans sa mémoire, peut-être lepourrait-elle…
Ni Fleur ni Pablo ne s’inquiétaient de ce quefaisait Norma. Elle n’allait jamais bien loin, le basdes escaliers ou le coin de la rue.
Norma s’était arrêtée sous le tilleul. Elles’était assise sur un vieux banc de pierre cassé aumilieu. En cette fin d’été, la lumière était doréeet donnait à ce jardin en friche un air irréel. Lesrosiers ployaient sous le poids des roses fanéesdont personne ne les avait soulagés. La haie était noyée sous les ronces. Et la pelouse n’était plusqu’un champ d’orties. Norma pensa à la Belle aubois dormant. Cent ans de sommeil… Les jardinsde son château devaient ressembler à ça quand lePrince Charmant était enfin venu.
Une pie se posa près du prunier dont les fruitsavaient depuis longtemps été mangés par tous lesoiseaux du voisinage. Norma savait que les piesavaient la réputation d’être des voleuses. L’oursMaxi était trop gros pour un animal de cettetaille mais le nounours Mini était vraiment…mini. Norma le prit dans ses bras par précaution.
Les feuilles de la haie frissonnèrent et la pies’envola. Le vent était tombé à l’approche ducrépuscule. Mais la haie frémissait. Quelqu’unmarchait, sur la route, et frottait les branchagesen passant. Norma aperçut la main, brièvement,là où la haie était maigre. Et cette main, pas plusgrande que la sienne, était couverte de sang. Lesronces ne faisaient pas de cadeaux.
Norma empoigna Maxi. Le gros ours saurait-illa protéger ? Elle se recroquevilla lorsque le bruitde frottement cessa. Qui se trouvait de l’autre côté de la haie ? Qui venait de s’arrêter sur lechemin ? Un souffle léger, une respiration quel’on prend soudain, profondément. Et…

D’où reviens-tu mon fils Jacques ?
D’où reviens-tu cette nuit ?
Je viens des écoles ma mère,
Des écoles de Paris…
Une voix claire chantait. La voix d’une petitefille. Norma écouta, pas plus rassurée car il yavait dans ce chant languissant l’annonce d’unmalheur. La haie frissonna. La chanteuse avaitrepris sa route, ignorant, sans doute, que Normaétait tout près.

J’entends la chanson sereine
Du rossignolet joli…
La voix mourait avec la distance. Norma nesaisit que les deux vers suivants et le reste seperdit.

Tu as menti là, mon drôle.
Tu reviens de voir ta mie…
La mélodie était entrée dans la tête de Norma.Elle se mit à fredonner tout doucement. «  Humm, humm, humm, J’entends la chanson sereine du rossignolet joli…  »
 
Quand Norma revint dans la maison, le cielétait bleu nuit. Sa colère était retombée maisPablo eut la mauvaise idée de lui demander :
– Déjà de retour ?
– La gare est à quarante kilomètres ! hurla-t-elle. J’ai des petites jambes !
Elle donna un grand coup de pied dans lavalise de sa mère qui se renversa.
– Et j’ai pas d’argent pour ce putain de train !
Fleur sortit de la cuisine où elle préparait undîner rapide.
– Je t’en prie, Norma, dit-elle, j’en ai marred’entendre tous ces gros mots !
– Putain de merde ! répondit Norma.
L’exaspération, ou peut-être simplement lafatigue, eut raison de Fleur. Elle donna une gifleà sa fille. Oh, rien qu’une petite tape mais c’étaitla première fois. Pablo regarda sa mère avec stupéfaction. Fleur, elle, contempla sa main commesi ce n’était pas la sienne. Norma ne dit rien, ne pleura pas. Elle s’enfuit dans l’escalier étroit et seréfugia dans sa nouvelle chambre.
– Norma ! appela Fleur. Chérie ! Je suis désolée ! C’est parti tout seul ! Je suis désolée !
Elle voulut la suivre.
– N’y va pas, Maman, dit Pablo. Je crois qu’ilvaut mieux la laisser. J’irai la chercher quand ledîner sera prêt.
– Le dîner est prêt… répondit Fleur. Vu cequ’il y a à manger…
Pablo monta à son tour. Le couloir étaitsombre. Il tourna l’interrupteur. Il n’y avaitqu’une ampoule nue au plafond. La lumière étaitsinistre. Pablo s’appuya au mur. La maison étaitglacée et humide. Elle était restée longtemps sansêtre chauffée. La chaudière gargouillait mais lachaleur n’avait pas encore vaincu la froideur despierres épaisses. Il se sentit perdu dans ce lieuétranger. Il aurait voulu crier. Crier sa peur.
La porte de Norma était entrouverte. Unchuchotement. Norma parlait souvent à ses deuxnounours pour se consoler. Soudain, quelquechose de différent, d’inconnu, sortit de cette chambre. Pablo serra ses deux mains contresa poitrine. Norma chantait. Il n’avait jamaisentendu cette chanson auparavant.
Les paroles n’avaient rien d’inquiétant et lerefrain était presque gai mais pourtant… Pabloen avait la gorge serrée.

D’où reviens-tu mon fils Jacques ?
D’où reviens-tu cette nuit ?
Je viens des écoles ma mère,
Des écoles de Paris.
J’entends la chanson sereine
Du rossignolet joli…
J’entends la chanson sereine
Du rossignolet joli…
2
 
Le chat noir
 
Fleur se leva tôt. Elle avait mal dormi. Il allaitlui falloir un peu de temps pour s’habituer à cenouvel endroit. Pourtant, elle avait eu un coupde cœur pour cette maison ancienne. Maintenant,elle ne savait plus…
L’école n’avait pas encore repris. Elle devait,cependant, s’y rendre pour la réunion des instituteurs. L’école n’était pas dans le village maisdans un bourg voisin. Regroupement des classes.Les écoles disparaissaient de plus en plus descampagnes. Il y avait trois instituteurs. Fleuravait les CM. Norma entrait au CE1. Pablo, lui,passait au collège. Beaucoup de changements,tout ça…
La température était an

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