La petite rue Claire et Nette
145 pages
Français

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La petite rue Claire et Nette , livre ebook

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145 pages
Français

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Description

À l'ombre du mur, dans le cimetière de Charleroi, repose Ferdinand, l'oncle de Stéphanie.
Mais quatre jeunes hommes ont décidé de répandre un parfum de poison sur ce sommeil : ils ont violé la sépulture de l'once Ferdinand. Dans la famille de Stéphanie, chacun fait face comme il peut. Le père ressort de vieux papiers, des textes écrits par son frère, Ten Kobalt, une pièce de théâtre que Stéphanie devrait jouer au lycée. Laurent, le frère, shoote plus fort dans son ballon de foot pour battre l'équipe de Liège. La mère est attentive et inquiète. Elle crie très fort pour se défouler dans les gradins du stade. Et Stéphanie monte sur scène. Elle jouera Marie-Madeleine dans Barabbas de Ghelderode. Barrabas, c'est Rodrigue. Il la réchauffe quand elle a froid et il ne pose pas de questions. Comme son oncle qui photographiait les nuages, Stéphanie scrute le ciel à la recherche de sa vérité.
Elle glisse dans la ville endormie pour réveiller les secrets de Ferdinand. Rodrigue l'accompagne et la réconforte. Il s'approche d'elle en lui racontant de belles histoires.
Mais il se pourrait qu'une autre histoire, plus terrible, les sépare.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 décembre 2015
Nombre de lectures 15
EAN13 9782211227032
Langue Français

Extrait

Le livre
À l’ombre du mur, dans le cimetière de Charleroi, reposeFerdinand, l’oncle de Stéphanie. Mais quatre jeuneshommes ont décidé de répandre un parfum de poison surce sommeil : ils ont violé la sépulture de l’once Ferdinand.
Dans la famille de Stéphanie, chacun fait face comme ilpeut. Le père ressort de vieux papiers, des textes écrits parson frère, Ten Kobalt , une pièce de théâtre que Stéphaniedevrait jouer au lycée. Laurent, le frère, shoote plus fortdans son ballon de foot pour battre l’équipe de Liège. Lamère est attentive et inquiète. Elle crie très fort pour sedéfouler dans les gradins du stade. Et Stéphanie monte surscène. Elle jouera Marie-Madeleine dans Barabbas deGhelderode. Barrabas, c’est Rodrigue. Il la réchauffequand elle a froid et il ne pose pas de questions. Commeson oncle qui photographiait les nuages, Stéphanie scrutele ciel à la recherche de sa vérité.
Elle glisse dans la ville endormie pour réveiller les secretsde Ferdinand. Rodrigue l’accompagne et la réconforte. Ils’approche d’elle en lui racontant de belles histoires.
Mais il se pourrait qu’une autre histoire, plus terrible, lessépare.
 

L’auteur
Entre deux explorations du quartier Mouffetard, un Paris-Belgique dans son Astra noire et un cross, Xavier Deutsh lit Baudelaire ou Maeterlink, Roland de Renéville ouRimbaud. Comme en témoignent les histoires qu’il écrit,il a presque le souffle coupé d’angoisse et d’espoir. Il esttimide et exubérant, aime l’Atlantique nord, les fauconsgerfauts et, plus que tout peut-être, la course à pied.
 

Xavier Deutsch
 
 

La petite rue
Claire et Nette
 
 

Médium
l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 

Pour Dieu
Avertissement
 
Un mot sur les deux ou trois différences qui distinguentles systèmes scolaires de la Belgique et de la France :

Tandis que les termes « collège » et « lycée » désignenten France les écoles secondaires où l’on enseigne auxjeunes puis aux grands adolescents, ces mots n’ontpas en Belgique de signification propre. « Collège »,« lycée », « institut », « athénée » désignent indistinctement les établissements où l’on retrouve toutes lesclasses d’âge.
Tandis qu’en France les élèves évoluent de la 6 e à la1 re , pour achever leur parcours en terminale, les écoliers belges commencent par le commencement : parla 1 re  ; ils passent ensuite en 2 e , en 3 e ... et la 6 e année, appelée la rhétorique, marque la fin du cursusde l’enseignement secondaire.
Un dernier mot sur les horaires : en France l’état deschoses varie selon les lieux, il est d’ailleurs en passede subir des modifications. En Belgique l’horaire estdepuis longtemps le suivant : les cours se donnent lelundi et le mardi pendant la journée entière, le mercredi matin, puis le jeudi et le vendredi entiers. Lesamedi et le dimanche sont libres, comme le mercredi après-midi.
Il y aurait encore cent dix précisions à apporter sur lesinstitutions de tutelle, sur les partages des responsabilités,sur les différences des réseaux, sur les modes de financement, mais les indications que j’ai données devraient suffire à permettre une bonne compréhension du milieuscolaire dans lequel vont évoluer mes personnages.
 

P REMIÈRE PARTIE
 
L a nuit grandissait comme un dragon mangeurd’épines. Des petites lumières qu’on n’avait pas encore envoyées dormir faisaient comme des papillons ducôté de la ville où ça monte. Toutes seront éteintes dansquarante minutes. Sauf les réverbères, évidemment, duboulevard Terrorisant et de la petite rue Claire et Nette, alignés comme des pilotes pour appuyer sur la nuitavec leurs paquets de pâleur.
– Rox, je te préviens que Ben Hur n’ar-rê-te pas decouper sur mon blouson à l’épaule.
Il faut dire que le boulevard Terrorisant, la petite rueClaire et Nette qui lui est perpendiculaire, et quelquesautres encore composent le côté nord de la ville deCharleroi. Comme il avait plu depuis le milieu du matin jusqu’à dix-sept heures un parfum d’air noir et d’eauglissait à la surface des rues (sauf dans les réverbères : lesodeurs s’éloignent toujours parce qu’elles FONDENT quand elles passent dans la proximité des régions lumineuses).
– Rox, c’est encore loin ?
Le boulevard Terrorisant est quelque chose de calmeà deux heures du matin, où passent les quatre garçonsavec des airs mystérieux et leurs blousons de couleursombre. Le premier, c’est Rox. Il est grand, il est trèsfort. Il marche tout seul et ne se retourne jamais.
Le boulevard dort à ce moment sauf une maison dontla vitrine continue de briller doucement au numéro 144, sur l’autre trottoir. Sur la façade de cette maison-là, au-dessus de la vitrine, brille ce mot tracé au néon : Milady.
Cinq ou six mètres plus loin que Rox deux garçonsaugmentent la cadence pour ne pas se laisser distancer.Ça les fait respirer plus vite et quelques éclats de transpiration leur coulent dans les yeux : ces deux-là portentun gros sac de cuir où certains chocs en métal retentissent à chaque pas.
– Hééé, Rox. Tu...
Juste à ce moment une auto venue de Charleroi remonte au ralenti le boulevard silencieux et son moteurgrogne comme un jeune tigre. Les deux garçons s’immobilisent, regardent grandir les phares de l’auto qui,tout doucement, paraît s’arrêter devant le numéro 144,puis redémarre.
Une jeune fille dans la lueur de la vitrine, et les deuxgarçons voient s’éloigner l’auto vers les endroits plus déserts encore où les réverbères ne trahissent rien.
Rox ne s’est pas arrêté. Il a pris quatorze mètres deplus aux deux garçons, ça fait dix-neuf et demi. Un desgarçons :
– Rox... Hé, R OX  !
Voici la première fois où Rox se retourne. Il regarde les garçons, puis il marche vers eux en dix pas et accroche avec ses poings le blouson de celui qui parle toutle temps. Il est pâli, il gronde tout bas très fort avec sesdents :
– Adesso, senti. Fai ancora un mini pezzo di rumore, e ti faccio scoppiare il ceffo. Capito ?
Le garçon que Rox accroche sourit :
– Cause français, Rox. Pas capito si pas français.
Voici le quatrième garçon : encore plus grand queRox et très maigre. Il restait en arrière parce qu’il n’apas envie de marcher vite. Il est quelqu’un qui ne parlejamais. Au bout de ses longs bras il porte des barres enfer. En haut de sa tête se trouvent deux petits yeux grisoù rien n’est allumé.
Pour la première fois ils sont quatre sur un carré detrottoir.
Rox a lâché le garçon mais il secoue son poing, ildit :
– Tou fais gaffe, pétite con. Moi j’té casse la gueulepour rien. Capito ?
Il se tourne sur le grand long qui arrive :
– Toi, Oï, tou trames ancore...
Ses mains coupent l’air noir à la hauteur des mentons.Ses sales dents grincent quand il mesure les trois garçonssur le trottoir sombre : Ben Hur ne dit rien et regardele sol, Oï ne dit rien et ne regarde rien vu que ses yeuxsont gris, le petit con sourit, ne dit rien et regarde lesyeux de Rox.
Et puis Rox ne dit rien et tout à coup il détend sonbras et son poing fermé vient rouler comme du fer surla joue du petit con. Et dans le même geste il se baisse,il empoigne le sac de cuir et les petits chocs en métal,et enfonce le sac dans les bras de Ben Hur qui trembleà cause du poids. Rox prend encore dans sa main le coud’Oï et l’oblige à courir. Alors l’immense Oï plié sousRox court avec ses barres parmi les morceaux d’anciennepluie, sur le trottoir, où la lumière des réverbères descendpour se salir.
Oï, Rox et Ben Hur font encore vingt pas sur leboulevard Terrorisant tandis que le quatrième garçon se ramasse la tête, se relève, plie les yeux pour ne pas voirtrop mal puis, en se tenant la pommette, trébuche d’abordet court pour ne pas s’éloigner de ses amis. Il pleure,donne en courant, sur le trottoir, un grand coup dansla lumière, et rejoint les trois autres garçons qui s’engagent dans la petite rue Claire et Nette. Celle-ci se présente comme un boyau très long mais assez étroit, quimonte vers le nord. Sur le côté du trottoir de gauches’alignent des maisons éteintes en face desquelles dorment

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