Le destin de Clara
157 pages
Français

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Description

Personnages : Clara, l’héroïne - Samaël, son père - Ange, son ami corse - Isabelle, sa mère - Paul, son beau-père - Romain, son petit frère - Mamonne, la grand-mère d’Ange - Le père Mattei, un ami prêtre - Eva, une amie corse - des démons.
Ce volume est le premier de deux tomes.
Tome 1 - l’Île :
Le premier volume intitulé « L’île » vous fera découvrir une héroïne de bientôt quinze ans. La jeune parisienne semble si timide et impressionnable. Mais suite à un héritage inattendu de grands-parents paternels inconnus, elle apprend être d’origine corse puis découvre la légende qui entoure sa naissance. Durant les deux mois d’un premier été sur l’île, elle part en quête d’un père qui se révèle si différent de ses attentes. Elle se trouve bientôt en proie à des démons qui menacent sa vie et celle des siens.

Informations

Publié par
Date de parution 26 septembre 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9791029009983
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Le destin de Clara
Nelly Lombardi
Le destin de Clara
Tome I – L’île
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2019
ISBN : 979-10-290-0998-3
A Isabelle , ma fidèle lectrice.
A Aurore , pour qui cet ouvrage a vu le jour.
A Christian, l’Ange de mon enfance.
Chapitre 1 – L’appréhension
Elle suait. Adossée à la porte coulissante du métro parisien, son cartable sur le dos, compressée contre des inconnus, elle suait. C’était désagréable.
La chaleur du début de l’été, la foule tassée dans la rame ne suffisaient pas à expliquer son malaise. Elle avait tant rêvé de quitter Paris, de partir à la conquête de la terre de ses ancêtres. Mais maintenant, elle craignait par dessus tout ce moment. Et si elle était déçue ? S’il n’y avait rien à découvrir ? Si Ajaccio n’était pour elle qu’une autre capitale, agressive et violente ?
Toute sa courte vie, elle avait eu peur. De quelque chose ; de quelqu’un ; d’elle-même. Il était temps de se reprendre. Elle ne comprenait pas cette force soudaine, mais elle se laissait porter par cette volonté, cette certitude qu’elle allait vers sa délivrance.
– Eh la gosse, tu t’pousses ! J’descends.
– Oui M’sieur.
Elle répondit timidement, se poussa, recroquevillée sur elle-même, ses épaules roulant à l’intérieur de son buste. On ne distinguait plus rien d’elle, ni le visage ingrat et blafard qu’elle dissimulait, ni la couleur de ses yeux effrayés. Elle alla jusqu’à se cogner contre la porte, et puis, portée par le flux de la foule, elle dégringola. Elle s’effondra hors de la rame de métro, sur le quai noir d’hommes et de femmes qui riaient. Ils riaient de voir tomber une si insignifiante créature. Elle n’avait pas eu la force de s’accrocher à un poteau de la rame pour tenir debout. Le métro repartit sans qu’elle eût réussie à se faufiler de nouveau à l’intérieur. Elle resta là, effondrée, sans réaction, abattue.
Elle savait qu’il était temps de se défaire de cette soumission aux autres. Elle sentait son cœur marteler à l’intérieur de sa poitrine. Elle bouillait de toute la haine accumulée depuis toujours. Bientôt, elle changerait. C’était inéluctable. Elle était en route vers sa métamorphose.
Elle ferma les yeux. Elle se laissa submerger par son rêve, ce rêve qui la dominait chaque instant davantage. Jour et nuit, maintenant, elle le vivait. Elle redressa doucement la tête. Elle leva les yeux vers les autres et ouvrit progressivement les paupières. Elle savoura le regard qu’ils lui jetèrent, chargé tout d’abord d’interrogations, puis progressivement, de crainte. Alors elle s’en amusa. Et de toute la force de son psychisme, elle but leur méchanceté, elle se nourrit de leur agressivité, elle les vida de leur volonté. Elle sourit, forte. Là, tous chancelaient devant elle, et nul ne pouvait plus lui nuire. Un rêve délicieux !
Elle reprit connaissance à ce moment précis ; elle était agenouillée sur le quai. La rame fuyait à l’horizon. Elle ne s’était pas faufilée à l’intérieur.
Les passagers suivants arrivaient déjà. Ils s’agglutineraient autour d’elle. Ils la pousseraient vers le train. Avec un peu de chance, elle atterrirait dans le wagon. A moins qu’elle ne doive patienter encore, jusqu’à un prochain métro.
Elle finirait bien par rentrer chez elle, avec un peu de retard qu’elle ne saurait expliquer à sa mère. Elle baisserait les yeux, tasserait encore plus ses épaules, fixerait les marques rouges ornant ses genoux, là où elle était tombée sur le quai.
Pour l’instant, elle se réfugia sur un siège de la banquette intérieure de la rame. Elle avait pu s’y installer avant tout autre. Fait rarissime. Elle ne releva surtout pas le regard vers les passagers, de crainte qu’on ne s’engouffre en retour dans le sien, qu’on ne lui demande de laisser sa place. Elle se recroquevilla sur elle-même, osant à peine respirer pour ne pas se faire remarquer. Elle compta le nombre de stations avant Montparnasse Bienvenue. Quatre. Ce serait bien le diable si elle ne l’atteignait pas ! Elle compta et son esprit vagabonda.
Elle entendit soudain une voix agressive :
– Alors, qu’est-ce qu’elle fait ? Elle se décide à m’le laisser, ce siège ! Elle voudrait pas qu’j’m’fâche !
– Oui, M’dame.
– Quoi oui M’dame !
Elle ne répondit pas. Elle se leva et la foule la porta, encore, vers la porte d’entrée, la jetant à bas du métro dès que le battant s’ouvrit. Plus que trois stations. C’était beaucoup pour continuer à pied. Elle se maudit de sa faiblesse. Tant pis, elle attendrait encore.
Elle se remémora ces jours derniers et la conversation avec sa mère. Quand celle-ci exceptionnellement ne l’avait pas accueillie avec une remontrance, mais avec une nouvelle stupéfiante.
– Claire, c’est toi ?
– Oui, M’man. Je sais, j’suis en retard, mais…
– Claire, faut qu’on parle.
Elle semblait impatiente. Claire ne comprenait pas pourquoi. Elle d’ordinaire toujours prête à lui reprocher ses faits et gestes. Que voulait-elle ?
– Tes grands-parents…, enfin, tu sais, ton père…
– Mon père ? Tu m’as jamais parlé de lui. J’t’ai pourtant posé des questions !
Elle avait tant rêvé de lui. Elle sentit sa peur l’abandonner, et un flux de vaillance l’assaillir. Elle leva presque le menton, cherchant un semblant de contact visuel avec sa mère. Pour un peu, celle-ci l’aurait trouvée insolente. Mais elle n’avait pas de temps à perdre. Elle continua :
– Je te l’ai dit. Il est mort après ta naissance. J’étais à la maternité quand il a eu un accident.
– Parle-moi de lui, s’il te plaît, M’man.
Claire s’était faite suppliante mais sa mère reprit vivement. Elle détestait la fragilité de sa fille.
– C’est pas de lui qu’il est question, mais de tes grands-parents. De ses parents !
Elle avait une fois de plus éludé le sujet. Claire y reviendrait. C’était crucial pour elle.
Pour l’instant, sa mère parlait et d’une voix monocorde, elle lui annonça quelque chose de surprenant. Sa grand-mère paternelle à elle, Claire, cette femme dont elle ne connaissait pas même l’existence, venait de décéder ; son mari était mort peu de temps auparavant. La jeune fille était leur seule héritière. Tous leurs biens lui revenaient de droit. Hormis un compte sur livret dont le solde l’intéressait fort peu, elle héritait de leur maison. D’une villa à Ajaccio. Elle, la petite parisienne, la fille des Durand, elle devenait propriétaire en Corse.
Tout s’embua dans son esprit. Elle y pensait encore quand le prochain métro entra en gare. Elle réussit à y pénétrer sans se poser de questions. Peut-être même poussa-t-elle les usagers pour la première fois. En fait, elle ne pensait plus à rien, sinon à cette maison corse qu’elle verrait bientôt, où elle retrouverait un petit bout d’elle-même, un semblant de la vie qu’on lui avait cachée.
Elle arriva près de l’immeuble du quinzième où elle vivait avec sa famille. Elle s’y précipita, grimpa les trois étages la séparant de l’appartement avec vivacité, comme si cela pouvait lui faire rattraper son retard.
Elle arracha la poignée de la porte en l’ouvrant précipitamment et bondit sur les pieds de l’homme qui l’attendait. Ce n’était pas sa mère, cette fois, mais son beau-père, déjà rentré du lycée où il enseignait. Elle n’eut pas le temps de s’excuser ni de formuler le moindre mot au sujet de son retard. Déjà, la gifle avait retenti sur sa joue, brûlant sa chair et son esprit. Elle se tut. Une fois de plus, elle se tut. Mais elle sentait son cœur battre en elle violemment. Fort, très fort, il résonnait à l’intérieur de son corps. Son écho se muait en rage.
Plus longtemps ça ! C’était sûr !
– File dans ta chambre ! Et n’en sors pas avant l’heure du repas !
Elle fila dans sa chambre, n’en sortit pas avant le dîner. Elle resta cloîtrée des heures sans même regarder ses leçons. C’était la fin de l’année. Elle n’aurait plus beaucoup de notes. Peut-être payerait-elle cher la rébellion qu’elle fomentait, mais elle n’avait vraiment pas la tête à travailler.

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