Le Poste
43 pages
Français

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Description

Le poste de directeur d'hypermarché d'une ville de province se libère. Le destin de celui qui postule, de celui qui s'en va, du patron et des proches qui vivent autour d'eux va être bouleversé. Pierre fera-t-il la bonne opération qu'il projette en changeant de directeur ? Alain réussira-t-il enfin à assouvir son ambition ? Roselyne se sauvera-t-elle de ses démons ? Antoine trouvera-t-il enfin un sens à sa vie ? Le destin mêlé de ces personnages se nouera en une seule journée.

Informations

Publié par
Date de parution 19 janvier 2012
Nombre de lectures 8
EAN13 9782312004969
Langue Français

Extrait

Le Poste
Jean-Marc Irles
Le Poste LES ÉDITIONS DU NET 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux © Les Éditions du Net 2012 ISBN : 978-2-312-00496-9
Le départ en vacances
Roselyne et Henri finissaient d’habiller leur deuxième enfant, encore tout endormi. Il était très tôt ce matin là et ils s’étaient couchés tard la veille pour préparer leurs affaires. Leur fille Camille, plus grande, était déjà prête. Après avoir pris un petit encas composé d’une tranche de pain de mie couverte de Nutella. Elle adorait ce goût de noisette et l’onctuosité de la crème qu’elle étendait toujours sur une tartine de pain de mie qu’elle faisait griller. L’odeur de pain grillé tout chaud et de la pâte Nutella qui caramélisait légèrement dessus lui titillait les narines et lui faisait penser aux comptes pour enfants que sa mère lui lisait quand elle était petite. Elle regrettait de devoir grandir, même si le monde des adultes présentait bien des avantages. Très souvent Camille accompagnait son petit déjeuner d’un verre de jus d’orange pour avoir en bouche le contraste entre l’amertume du fruit et le sucré de la tartine. C’est ce qu’elle avait fait ce matin, et après, elle s’était habillée d’un pantalon en velours à fine côte très moulant, vert émeraude, et d’un gros pull à col roulé un peu trop grand pour elle, vert bouteille. Elle avait chaussé des souliers genre bottine avec des sur-chaussettes très colorées qui couvraient une partie de son pantalon et retombaient de façon boudinée. Elle ne se maquillait pas. Jamais. Préférant rester « nature », son amour pour l’écologie la poussait à ne pas tricher avec sa beauté. Elle attendait patiemment assise dans le salon, son sac sur les genoux, que ses parents aient fini de s’occuper du « petit tyran » comme elle appelait son frère cadet.
Henri, son père, était né en Algérie, du temps où ce pays était encore français. C’était un « Pieds Noirs » comme ils s’appelaient eux même, un français né en Algérie. Il était assez macho et reprochait à sa femme de trop materner ce jeune garçon qui avait tout de même dix ans à présent. Mais il s’en occupait aussi, à sa manière, un peu comme on prend soin d’une chose personnelle que l’on veut façonner à sa main. Elle, elle n’en trouvait pas ombrage. Cela l’arrangeait même, car comme ça, elle avait plus de liberté, bien qu’elle n’en profita pas pour faire trop de bêtises. Son petit frère était en fait plutôt grand pour son âge, très vif, et déjà roublard. Poussé et soutenu par son père, il était le capitaine incontesté de son équipe de football, et avait tendance à s’imposer comme le leader dans tous les jeux menés avec ses copains. Henri voulait que son fils réussisse dans la vie et toutes les occasions étaient bonnes pour le pousser à se dépasser, à être le meilleur, à effacer les autres pour se mettre en avant, à prendre la direction des opérations, à s’imposer en qualité de chef. Il avait sans arrêt avec lui ce genre de discussion :
Tu dois être le meilleur partout, fiston. Pourquoi ça Papa ? Parce qu’il en faut toujours un pour montrer l’exemple et que tu es capable d’être celui là ! Mais si un copain veut aussi être le plus fort ? Tu dois lui dire que le meilleur c’est toi et tu dois le provoquer. Il aura certainement peur de te voir sûr de toi et il se dégonflera. Et si…et si… il se dégonfle pas et qu’il gagne ? D’abord on dit « et s’il NE se dégonfle pas et qu’il gagne » Et ensuite, alors là, c’està moi que tu auras affaire ! Mais ça n’arrivera pas. Tu es de la race des conquérants, tu as ça dans le sang, tu as ça dans les veines. Crois moi, tu es le plus fort. Maman dit que parfois il faut laisser les autres s’exprimer et montrer ce qu’ils savent faire. Maman se trompe. C’est une femme et elle ne sait pas ce que doit faire un homme s’il veut devenir un chef. Tu veux rester un larbin ou tu veux devenir un chef ? Tu préfères être le sergent Garcia ou devenir Zorro ? Moi je t’apprends à devenir un chef, un leader, un patron ! Les autres te suivront parce que tu seras le plus fort, crois moi. Et ils m’obéiront tous ? Oui, tous. Parce que tu oseras tout tenter, et si un jour tu rates un truc, tu ne devras jamais le reconnaître ! Si tu rates quelque chose, ce sera toujours à cause des autres et tu les accuseras. Du coup, ils penseront davantage à se défendre qu’à t’attaquer. Je vais t’apprendre tout ça, tu seras le premier et je serai fier de toi.
Il ne fallait pas que son fils soit comme lui avait été dans sa jeunesse. Il se reprochait, en effet, de n’avoir pas osé quand il aurait pu le faire. Quand il aurait dû le faire.
A l’école, il suivait les autres, même si parfois l’idée d’un jeu venait de lui. Plus tard, deux de ses
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