Le Rôle des cochons
132 pages
Français

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Le Rôle des cochons , livre ebook

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Description

Quand l'opportunité de s'embarquer sur un bateau en direction de l'Amérique se présente, Eustache Bréman et sa mère y voient l'occasion de quitter leur vie misérable en France. Une aventure rude, mais remplie d'espoir commence.
Au côté de Cavelier de La Salle et entouré d'hommes bons comme de truands égoïstes, Eustache affronte la nature sauvage d'une Louisiane à explorer. Il fait face aux Amérindiens peuplant le territoire, mais, surtout, il doit survivre au mal qui se cache au coeur des membres de l'expédition.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 février 2014
Nombre de lectures 4
EAN13 9782764426869
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Bouchard, Camille
Le rôle des cochons
(Magellan)
Pour les jeunes.
ISBN 978-2-7644-1245-9 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-2685-2 (PDF)
ISBN 978-2-7644-2686-9 (ePub)
I. Titre.
PS8553.O756R64 2014 jC843’.54 C2013-942239-0
PS9553.O756R64 2014



Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada. Elles tiennent également à remercier la SODEC pour son appui financier.

Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010

Dépôt légal : 1 er trimestre 2014
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada

Projet dirigé par Stéphanie Durand, éditrice
Conception graphique : Nathalie Caron
Révision linguistique : Élyse-Andrée Héroux et Chantale Landry
Mise en pages : André Vallée — Atelier typo Jane
En couverture : illustration de Patrick Lamoureux
Conversion au format ePub : Studio C1C4

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés

© 2014 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
CAMILLE BOUCHARD
À Audrey Beaudoin
« Au nom de Louis XIV, roi de France et de Navarre, ce 9 avril 1682, je, René-Robert Cavelier de La Salle, en vertu de la commission de Sa Majesté que je tiens en mains, prêt à la faire voir à qui il pourrait appartenir, ai pris et prends possession, au nom de Sa Majesté et des successeurs à sa couronne, de ce pays de la Louisiane, mers, havres, ports, baies, détroits adjacents et de toutes les nations, peuples, provinces, villes, bourgs, villages, mines, minières, pêches, fleuves, rivières compris dans l’étendue de ladite Louisiane. »
Cérémonie de fondation de la Louisiane, événement majeur de l’histoire de la Nouvelle-France.
Note au lecteur
Ce roman est fondé sur des faits authentiques. La violence et l’horreur que vivent les personnages étaient le lot de beaucoup d’explorateurs de l’époque et ne sont pas une fantaisie gratuite de mon imagination.
Toujours pour respecter l’époque, le terme « sauvage » ne doit pas être perçu avec la connotation négative d’aujourd’hui, mais selon la définition du temps, soit « Homme des bois ». Cependant, le mot « Indien » est lié à une erreur historique attribuable aux premiers colonisateurs espagnols. J’évite donc de l’employer ailleurs que dans les dialogues.
C. B.
PREMIÈRE PARTIE
La Rochelle, 1684
1
La vie est une saloperie
Depuis des mois, ma mère porte la même robe. En fait, depuis que des fièvres violentes ont emporté mon père. Ce vêtement unique n’est pas une façon pour elle d’endosser le deuil, c’est qu’elle n’a rien d’autre à se mettre sur le dos. De temps à autre, en début de soirée ou à l’aube, quand il fait sombre, elle se déshabille près de la mer. Elle en profite alors pour décrasser sa tenue avant de la renfiler encore mouillée. L’été, ça va, mais l’hiver…
Armand, mon petit frère de cinq ans, et moi, nous préférons rester sans nous laver. Ça nous fait plein de puces et de poux, mais au moins, on ne gèle pas. Et puis, mon cadet, il tousse tout le temps. Des fois, il n’en dort pas de la nuit. Il finit même par cracher du sang.
Conséquemment, pas question, en plus, de lui détremper son linge.
Affamés et mal lotis, nous vivons tous les trois dans un taudis de La Rochelle, en France.
Dans une grande ville, sans famille et sans amis, une veuve avec deux enfants n’a guère de recours. À moins d’avoir un peu d’argent de côté.
Maman, elle, n’a pas un rond. Pas vraiment d’amis, non plus.
De temps en temps, à la sortie de l’église, des passants nous offrent un quignon de pain, un fruit à moitié mangé, quelques marrons, des châtaignes ou, si nous avons de la chance, une pièce de monnaie. Pour attirer davantage la sympathie des gens, Armand et moi, nous chantons. Mal, mais nous chantons. Ça ne rapporte pas beaucoup, quoique de temps en temps, on est contents.
— Comme ils sont charmants, ces petits !
J’ai horreur qu’un adulte mette la main dans mes cheveux comme ça. Ce n’est pas tant le geste lui-même que la raison qui m’énerve. Tout le monde me croit plus jeune que mes douze ans. Beaucoup plus jeune. Je ne suis ni grand ni gros, bien au contraire. Ma mère trouve ça bien pratique pour attirer la sympathie des passants. Mais moi, je déteste ressembler à un marmot ! Je suis presque un homme, bon Dieu !
Je me signe rapidement. J’ai juré devant une église.
— Hii !
Maman, assise par terre, a échappé un petit cri. D’abord, je pense que c’est à cause de la belle pièce de cuivre luisante que le curé vient de placer dans sa paume. Ensuite, je constate que ledit curé, toujours penché vers ma mère, empoigne l’un de ses seins.
— Si tu veux cinq autres liards de ce genre, Delphine, laisse tes deux mômes ici et suis-moi jusqu’à la sacristie.
Et le prêtre nous ébouriffe les cheveux à mon frère et moi avant de s’éloigner vers une porte donnant sur le côté du temple. En marchant, sa longue robe de franciscain soulève la saleté de la rue. L’ourlet est tacheté de poussière et de crottes de chien.
Ma mère, toujours par terre, regarde sa pièce, mon frère, moi, sa pièce, mon frère… On dirait qu’elle réfléchit intensément. Elle se tourne à demi vers le curé qui a disparu dans l’église par la porte de la sacristie.
Maman reste assise, médite encore, puis éclate en sanglots.
La vie pour une veuve, c’est une vraie saloperie.
* * *
— Salut, Stache. Ça va ?
Mon nom est Eustache. Eustache Bréman. Je ne sais trop pourquoi, Marie-Élisabeth Talon a pris l’habitude de m’appeler « Stache ». En d’autres circonstances, je crois que ça m’agacerait au plus haut point. Mais à Marie-Élisabeth Talon, je suis disposé à tout pardonner.
Vraiment tout.
— Tu veux dessiner sur le sable de la grève avec Armand, Jean-Baptiste et Ludovic ?
Elle agit avec moi comme si je n’avais moi-même que dix ans ou, pire, comme si j’étais de l’âge de Pierre, son frère deux ans plus jeune qu’elle !
Mais je l’absous. À cause de ses yeux bleus. Parce qu’ils me rappellent la mer autour de l’île de Ré. Parce qu’ils me rappellent les bleuets sous la lumière de l’été. Je lui pardonne aussi en raison de ses cheveux de laine, fournis et ondulés, et de ses longues mèches brunes encadrant son visage parfait.
Je ne tiens rigueur de rien à Marie-Élisabeth Talon, car je suis amoureux d’elle. Totalement, irrémédiablement, infiniment amoureux d’elle. Elle a dix ans et j’en ai douze. Nous sommes faits l’un pour l’autre, c’est sûr.
Sauf qu’elle l’ignore.
— Tu as vu le gros poisson qu’a dessiné Jean-Baptiste ? Tu pourrais faire mieux.
La peste de ma taille trop petite ! La peste de mon corps d’enfant ! J’ai la tête d’un grand.
— J’ai douze ans, tu sais, Marie-Élisabeth. Ces jeux de bébé avec tes frangins, ça ne me dit rien.
Elle fronce un peu les sourcils, mais sans me regarder. En continuant plutôt de surveiller la marmaille qui s’agite devant elle.
Les Talon ont cinq enfants. Marie-Élisabeth est l’aînée. Puis, il y a Pierre, huit ans. Viennent ensuite Jean-Baptiste, sept ans, Ludovic, cinq ans, et Madeleine, quatre ans. Tous ont des yeux de bleuets. Comme madame et monsieur Talon.
— Tu en parais moins, finit-elle par répliquer, sans méchanceté, seulement pour justifier sa proposition d’aller jouer avec les gamins.
— J’ai douze ans, je pourrais être ton amoureux.
Elle rit. Toujours sans me regarder.
— Je veux être ton amoureux, Marie-Élisabeth.
Elle rit. Toujours sans me regarder.
* * *
Ma mère et madame Talon sont amies. Enfin, je veux dire, elles se connaissent. Je ne sais plus si monsieur Talon était lié à mon père, en tout cas les femmes se saluent quand elles se rencontrent, se parlent de choses de femmes, rient parfois d’une blague commune… Il est même arrivé que madame Talon offre une miche de pain à maman.
— Enfin, Isabelle, a protesté ma mère, tu as cinq enfants. Je ne peux pas accepter.
— Seulement, moi, j’ai un mari, Delphine. Il travaille. Nous avons quelquefois de la difficulté à manger à notre faim, mais quand Dieu nous gratifie d’un surplus, c’est pour en faire profite

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