Les aventures de Fanny Mandler
128 pages
Français

Les aventures de Fanny Mandler , livre ebook

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128 pages
Français

Description

Héberger un enfant clandestin, telle est la nouvelle "lubie" de Fanny Mandler. Mais Firas est-il l'orphelin que l'on imagine ? Pourquoi des services secrets de tous les continents se soucient-ils de lui ? L'avenir de la Syrie dépend-il d'un garçonnet de dix ans ? Peut-il réellement influer sur l'histoire du monde ? Pour la troisième fois, Fanny Mandler se retrouve au cœur d'une aventure dont l'enjeu est l'humanité toute entière. Seulement, à bientôt treize ans, la vie est aussi remplie d'autres d'émotions, intimes et bouleversantes...

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Informations

Publié par
Date de parution 08 avril 2017
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140035210
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES AVENTURES DE FANNY MANDLERLe réfugié syrien
Le réfugié syrien
É d i t e u r
2
Les impliqués É d i t e u r
Frédéric Gobert
LES AVENTURES DE FANNY MANDLERLE RÉFUGIÉ SYRIEN
Les Impliqués Éditeur Structure éditoriale récente fondée par L’Harmattan, Les Impliqués Éditeur a pour ambition de proposer au public des ouvrages de tous horizons, essentiellement dans les domaines des sciences humaines et de la création littéraire. Déjà parus Gobert (Frédéric),Les aventures de Fanny Mandler. Les apprentis sorciers au pouvoir, roman jeunesse, 2017. Traoré (Adama Fankélé),Les filleules de Mme Lionne, récit, 2017. Gobert (Frédéric),Les aventures de Fanny Mandler. Des catacombes à l’Élysée, roman jeunesse, 2017. Malek (Nabil),La Reine de Beyrouth, roman, 2017. Jézèquel (Victorine),Les Victorines, contes, 2017. Soumaré (Zakaria),Un Breton chez les Soninké, récit, 2017.
Sabourin (Pierre),Les Voyageurs de l’Outaouais, récit, 2017. Yacine (Jean-Luc),En Musulmanie, roman, 2017. Yapo (Yapi),Animer la commune ivoirienne, essai, 2017. Le Gall (Yves),Un rêveur engagé, récit d’une vie, 2017.
Ces dix derniers titres de ce secteur sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site : www.lesimpliques.fr
Frédéric Gobert Les aventures de Fanny Mandler Le réfugié syrien Les impliqués Éditeur
Du même auteur Bibliographie sélective
Sciences du langage, pédagogie, littérature, questions contemporaines…
Glossaire bibliographique des sciences du langage,Panormitis, 2001.
« La dénomination “étymologie populaire” ou l’utopie d’une o dénomination non ambiguë »,Cahiers de lexicologien 81,2002.
« Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la sexualité des linguistes sans jamais oser le demander »,Le signe et la lettre. Hommage à Michel Arrivé, L’Harmattan, 2002, p. 223-226. « L’incarnation de la barbarie »,Les Langues Modernes,2/2006, p. 34-41.
« Le pastiche dans un parcours d’écriture personnel »,Modèles linguistiques,t. XXXI, vol. 61,L’écriture mimétique II,Actes du colloque sur les écritures mimétiques organisé par Daniel Bilous (Université du Sud-Toulon Var, avril 2008), Éd. du Dauphin, 2010.
« Se confronter au monde tel qu’il est »,Les Cahiers pédagogiques o n 489, 2011 (www.cahiers-pedagogiques.com). Le système éducatif français à l’ère du ludique, de l’hédonisme et de l’adulescent,L’Harmattan, 2016.Le système éducatif français à l’ère des perversions idéologiques, L’Harmattan, 2016.
L’école flottante,L’Harmattan, 2017.
Anticipation― Bas-Occident – Civilisation nucléaire, dernières années,Éditions Les 2 Encres, 2011.
Jeunesse― Les aventures de Fanny Mandler : ― 1 ― Des catacombes à l’Élysée, Les Impliqués, 2017. ― 2 ― Les apprentis sorciers au pouvoir, Les Impliqués, 2017.
© Les impliqués Éditeur, 2017 21 bis, rue des écoles, 75005 Paris
www.lesimpliques.fr contact@lesimpliques.fr
ISBN : 978-2-343-10634-2 EAN : 9782343106342
Pour May et Firas.
Aux Syriens qui aspirent à la paix. Aux Syriens qui, depuis 2011, sont morts ou se sont exilés.
À toutes les victimes innocentes de « la guerre comme politique étrangère » (Noam Chomsky) menée par des régimes dictatoriaux et des démocraties occidentales.
À tous les irresponsables qui dirigent les plus grandes puissances mondiales, l’amour qu’ils n’ont pas reçu, et dont l’absence cause tant d’horreurs et tant de désespoirs.
Aux enfants d’aujourd’hui, la conscience, l’amour et la paix.
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LUNDI27OCTOBRE
« Quelle est donc cette nouvelle lubie ! s’exclame mon père en se rejetant en arrière. Heureusement que ta mère est sortie, sinon je devrais argumenter contre deux folles au lieu d’une. — C’est gentil pour maman, je rétorque. Et ce n’est pas une lubie ! Aider quelqu’un qui risque de se faire tuer, ce serait un délire ? Une idée fixe ? — “Qui risque de se faire tuer”… Quelle emphase ! Dire que j’ai été comme ça quand j’avais seize ans… — Moi, j’en ai presque treize. Et j’espère qu’à ton âge, je ne serais pas tout rassis dans mon fauteuil comme une… tranche de steak enfoncée dans un pantalon ! » Mon père rit. Il est habitué à mes images « déso-pilantes ». Ce mot fait sourire maman. Quant à mon frère, dès qu’il entend mon père me qualifier de « désopilante », il penche ostensiblement la tête en direction de mes mollets avant d’ajouter : « Par contre, tes jambes, toujours pas désopilées, hein ? » L’humour de mon frère… Dire qu’il va passer le bac cette année !... Déjà, l’année dernière, son commentaire de Zola, Diderot, Rabelais ou je ne sais plus qui n’était qu’une succession de « perles du bac »… Cette année, ses copies constitueront à elles seules un florilège des pires âneries de France. Je fais ma maligne parce que notre prof de français e vient de nous parler de « l’éveil des consciences au XVIII siècle » et de « l’actualité des Lumières ». Sinon… Elle est arrivée cette année. Elle vient de Paris. De la banlieue, plus exactement. Elle nous a tout raconté : l’attente du bus sous un échangeur géant qui ne protège pas des rafales de pluie, le long d’une clôture derrière
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laquelle les rats se promènent en liberté ; les barres d’immeubles de dix étages et longues comme des trains de marchandises – on pourrait y entasser la population de plusieurs villages – ; la vue, depuis son appartement, sur une grande façade grise trouée de fenêtres sombres ; le mini-jardin d’enfants triangulaire à cheval sur trois communes… Elle a exagéré, c’est sûr. Oui, une vraie caricature. La banlieue, c’est aussi… Voyons… Qu’y trouve-t-on ? Le plus grand centre commercial de France. Tiens, sur le site, ils l’appellent un « quartier commer-çant ». Tout ça pour qu’on s’y sente chez soi… Mais avec ses cent cinquante mille mètres carrés de « tire-fric », comme dit mon père, peu de chance qu’on s’y sente comme chez soi. « De toute façon, c’est toujours mieux que la banlieue d’Alep ou de Chișinău », a glapi madame Orx quand elle a su que notre prof de français nous faisait un tel tableau d’une certaine banlieue parisienne. Alep ? Chișinău ? J’ai dû chercher sur Internet pour découvrir ce que c’était. Chișinău, c’est la capitale de la Moldavie, un pays où l’on renvoie régulièrement des clandestins de l’Europe entière. Enfin entière… Des pays qu’on dit riches, surtout. Alep, Internet nous dit que c’est une magnifique ville syrienne. À cause de la guerre qui a commencé en 2011, ce n’est plus magnifique du tout. Ce qu’a voulu nous dire madame Orx, qui enseigne l’anglais comme un ninja enseignerait l’aquarelle, j’ai fini par le comprendre toute seule. C’est que les pauvres de la banlieue parisienne, et surtout ceux qui étaient d’origine étrangère, n’avaient aucune raison de se plaindre. Et s’ils n’étaient pas contents, eh bien ! on n’avait qu’à les envoyer à Alep ou dans les banlieues moldaves ! Dire que cela fait quarante-deux ans que les collégiens de Privas subissent l’argumentation rudimentaire de madame Orx…
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Évidemment, le nom de notre nouvelle prof de français est imprononçable : madame Llotco. Les professeurs de notre collège ont toujours des noms à coucher dehors. On les recrute selon ce seul critère, j’en suis certaine. Il paraît que ce phénomène a commencé depuis qu’ils ont choisi de renommer notre collège « Rutebeuf ». Ce trouvère, tu parles d’une trouvaille. Pourtant, c’était un homme bien. Il raconte par exemple l’histoire de Charlot, un gueux « qui chia dans la peau d’un lièvre ». C’est ma préférée. Ou bien ceci, que madame Llotco nous a fait lire dès son deuxième cours – c’est extrait d’un poème qui s’intitule « Les plaies du monde » :
Il me faut rimer sur ce monde qui de tout bien se vide et s’émonde. [...] Savez-vous pourquoi nul ne s’entraime ? Les gens ne veulent plus s’entraimer, car dans leur cœur il y a tant d’amertume, de cruauté, de rancune et d’envie qu’il n’est personne au monde qui soit disposé à faire du bien aux autres s’il n’y trouve pas son profit.
Je le recopierai et je le donnerai à mon père. Il en a besoin. Llotco… La première fois que j’ai parlé d’elle, le mois dernier, mon frère a tout de suite vu que dans Llotco, il y avaitloco.Je n’avais pas fini de vanter les mérites de ma prof qu’il me coupait pour me demander si ma «Locon’était pas un peulocaJe n’ai pas compris. Il était? » ravi : « Oh ! Mademoiselle Je-sais-tout ne sait pas tout ! » Je l’aurais tué. D’ailleurs, après ça, il a bizarrement perdu son manuel de maths pendant une semaine. Pour l’instant, mon père et moi sommes seuls dans la cuisine et il rit toujours, en s’imaginant en tranche de steak.
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« L’enthousiasme de l’adolescence… », souffle-t-il, hésitant entre la honte d’avoir proféré de telles inepties quand il était jeune et le soulagement d’en être revenu. J’ai eu tort de vouloir jouer sur la fibre humanitaire de mon père. Il raisonne comme un correcteur orthographique et s’émeut comme un statisticien qui découvre une erreur dans des décimales. Et si je flattais son orgueil ? Oui, jouer sur la fibre de l’amour propre. « Papa… — Oui ma chérie, s’applique-t-il en rouvrant un hebdo-madaire polit ique. — Dis-moi… — Oui… — Est-ce que, à l’âge de la retraite… — Ouh ! C’est loin, ça ! Tu es sûre de vouloir me parler de la retraite ? — Laisse-moi finir, s’il te plaît. — Soit, renonce-t-il en tournant une page. — Est-ce que donc à l’âge de la retraite tu ne serais pas fier d’avoir un jour aidé un enfant à s’en sortir dans la vie ? » dis-je dans un souffle. En guise de réponse, il m’adresse un haussement interrogateur de son sourcil droit. « Oui, l’aider… à sortir de la misère, à aller à l’école, par exemple ! je m’agace. — Je te rappelle que nous donnons cinq cents euros par an à une association pour qu’une jeune fille de quinze ans poursuive sa scolarité dans un lycée, à Madagascar. Mais bien sûr, tu l’oublies… — Comment ça, je l’oublie ? C’est moi qui lui écris tous les trois mois depuis trois ans ! Mais je ne te parle pas d’argent. — De quoi parles-tu, alors ?
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