Les aventures de Tom Sawyer
85 pages
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Les aventures de Tom Sawyer , livre ebook

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Description

« Huck maniait la rame arrière et Joe la rame avant. Tom était le capitaine ; assis au milieu du radeau, les bras croisés, l’air sombre, il donnait ses ordres à voix basse. »
Retrouvez les aventures de Tom Sawyer dans ce chef-d'œuvre de la littérature classique.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 octobre 2015
Nombre de lectures 114
EAN13 9782215130444
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chapitre 1

–T om ! Pas de réponse.
– Où est passé ce galopin ? Tom ! Eh, TOM !
Pas de réponse.
La vieille dame remonta ses lunettes sur son front pour fouiller la chambre de ses yeux. Elle ne regardait jamais à travers ses verres quand elle cherchait quelque chose. Elle portait ses lunettes comme un bijou dont elle était très fière. Mais, en réalité, elle voyait aussi mal à travers que s’il s’était agi de deux couvercles de casserole.
Elle demeura perplexe un moment, puis reprit d’un ton sans colère :
– Si je t’attrape, je te…
Elle s’interrompit parce qu’elle s’était penchée pour donner des coups de balai sous le lit, opération qui lui imposait d’économiser son souffle. Manque de chance, elle ne débusqua que le chat.
– Jamais vu un garnement pareil !
Elle se dirigea vers la porte qui donnait sur le jardin ; mais là non plus, pas trace de Tom entre les plants de tomates et les mauvaises herbes. De nouveau, elle s’époumona :
– Eh, oh, Tom !
Elle entendit un léger bruit derrière elle et se retourna à temps pour saisir le jeune garçon par le bout de sa veste, stoppant tout net une tentative de fuite.
– Bien sûr ! J’aurais dû penser à ce placard. Qu’es-tu allé faire là-dedans ?
– Rien.
– Rien ? Regarde tes mains. Et ta bouche ! Avec quoi t’es-tu barbouillé, cette fois ?
– Je ne sais pas, ma tante.
– Moi, je sais. C’est de la confiture ! Je t’ai dit cinquante fois que ça se passerait mal si tu touchais encore à cette confiture. Donne-moi cette baguette.
La baguette se mit à tournoyer dans les airs ; la menace devenait concrète.
– Oh, tante Polly, regarde derrière toi !
La vieille dame fit volte-face et l’enfant, bondissant aussitôt par-dessus la clôture du jardin, disparut en un clin d’œil.
Un instant, tante Polly resta figée de surprise. Puis elle éclata d’un rire bienveillant.
– Maudit garçon ! Et moi qui me fais toujours avoir ! À force, je devrais pourtant en prendre de la graine, mais il est inventif, il ne joue jamais deux fois le même tour ! En plus, il sait très bien me désarmer par le rire. Que Dieu me pardonne ! Je ne remplis pas mon devoir envers ce gamin. Je devrais être sévère ; la Bible le dit : il faut savoir châtier un enfant. Mais tout de même, c’est le fils de ma pauvre sœur, qui me l’a confié en mourant… et je n’ai pas le courage de sévir. Quand je ferme les yeux sur ses bêtises, ma conscience me le reproche ; et quand je le punis, ça fend mon vieux cœur en deux. Il va encore faire l’école buissonnière cet après-midi et il faudra que je le punisse en le faisant travailler demain. C’est dur de le faire travailler le samedi quand tous ses camarades s’amusent ! Mais il faut que je l’oblige à s’y mettre, sinon il n’arrivera jamais à rien et ce sera ma faute.

Tom fit bel et bien l’école buissonnière et il s’amusa beaucoup. Il rentra à la maison juste à temps pour aider Jim, le petit domestique noir, à scier du bois pour le feu – ou plutôt, juste à temps pour lui raconter les aventures de la journée pendant que Jim faisait les trois quarts du travail. Sidney, le demi-frère de Tom, ramassait en silence les éclats de bois. C’était un garçon calme, bien moins remuant que son grand frère.
Pendant le dîner, l’air de rien, tante Polly interrogea Tom. Comme beaucoup d’esprits simples, elle s’imaginait avoir de brillants talents de diplomate et ses ruses les plus grossières lui semblaient être des astuces extraordinaires.
– Dis-moi, Tom, il a fait chaud à l’école, n’est-ce pas ?
– Oui.
– Ça ne t’a pas donné envie d’aller nager ?
Flairant le piège, Tom scruta le visage de sa tante ; mais celui-ci était impassible.
– Non, pas vraiment, répondit-il.
Tante Polly tâta sa chemise.
– En tout cas, tu n’as pas l’air d’avoir transpiré.
Tom anticipa la question suivante :
– On a joué à s’arroser la tête à l’école. Regarde, j’ai encore les cheveux humides.
Tante Polly, vexée, dut reconnaître que ce détail lui avait échappé ; mais elle eut une autre idée.
– Pour t’arroser, tu n’as pas dû avoir besoin d’enlever le col de ta chemise là où je l’ai cousu, n’est-ce pas ? Déboutonne ta veste.
Tom obéit, très sûr de lui. Son col était solidement cousu à la chemise.
– Ah, bien ! Je me disais que tu avais peut-être fait l’école buissonnière pour aller te baigner. Mais tu es plus sage que tu n’en as l’air, Tom.
Sidney glissa alors :
– Ma tante, il me semble que vous aviez cousu ce col avec du fil blanc, et celui-ci est noir…
– Mais c’est vrai ! s’écria tante Polly.
Tom s’était déjà rué vers la porte. Avant de s’esquiver, il lança à son frère :
– Tu me le paieras, Sid.
Une fois seul, Tom ouvrit sa veste pour examiner les deux grandes aiguilles plantées dans les revers, l’une portant du fil blanc, l’autre du fil noir. « Elle n’aurait rien remarqué sans l’aide de Sid. C’est vraiment pénible ! Un jour, elle se sert de fil blanc, et la fois suivante de fil noir… J’arrive pas à suivre, moi ! En tout cas, Sid va regretter son sale coup. »
Tom n’était pas l’enfant modèle du village et il détestait voir son frère tenir ce rôle.
Moins de deux minutes plus tard, cependant, il avait oublié ses ennuis parce qu’un nouveau centre d’intérêt avait éclipsé le précédent. L’enthousiasme de Tom se porta sur une façon de siffler qu’il venait d’apprendre ; il avait hâte de pouvoir s’y entraîner sans être dérangé. C’était une longue roulade de la langue contre le palais, imitant les trilles d’un oiseau. Tom s’appliqua si longtemps qu’il finit par posséder une parfaite maîtrise de son art ; et il se mit à parcourir les rues en sifflant ainsi, plus fier qu’un astronome ayant découvert une nouvelle planète.
Les soirées d’été étaient longues et il ne faisait pas encore sombre lorsque Tom s’arrêta tout net de siffler. Un inconnu se trouvait sur son chemin, un garçon à peine plus grand que lui. Dans les rues pauvres et crasseuses du petit village de Saint-Petersburg, l’arrivée d’un étranger faisait toujours sensation. Mais, en plus, ce garçon était bien vêtu. Des habits du dimanche, un vendredi soir ! Et il portait même des chaussures ! On aurait dit un enfant de la ville avec son complet bleu et son joli chapeau. Tom le toisa d’un air dédaigneux, comme s’il trouvait ridicule cet étalage d’élégance ; mais, au fond de lui, ses vêtements sales et rapiécés lui inspiraient une honte croissante. Exaspéré, il restait là, planté devant l’inconnu. Les deux garçons se fixaient en silence. Tom finit par dire :
– Tu veux une raclée ?
– Même pas capable.
– Bien sûr que si.
– Non.
Il y eut un silence tendu, puis Tom reprit :
– Tu t’appelles comment ?
– Ça te regarde ?
– Ça me regarde si je veux.
– Eh ben, vas-y, oblige-moi à te le dire.
– Prononce encore un mot et je te…
– Un mot, deux mots, trois mots. Alors, qu’est-ce que tu vas me faire ?
– Tu te crois malin, hein ? Je peux t’assommer d’une seule main.
– Qu’est-ce que tu attends, alors ?
– Je vais le faire si tu continues. Et puis d’abord, tu n’as pas honte de te balader avec un chapeau aussi ridicule ?
– Tant pis pour toi si tu ne l’aimes pas. Par contre, essaie un peu de me l’enlever : ça te coûtera très, très cher.
– Menteur.
– Toi-même.
– La ferme ou je te balance un caillou sur la tête.
– Vas-y.
– Je vais pas me gêner.
– Tu dis toujours ça et tu ne fais rien. C’est parce que tu as peur.
– Non, j’ai pas peur.
Un nouveau silence. Les garçons s’étaient rapprochés l’un de l’autre, ils se tenaient épaule contre épaule. Tom reprit :
– Va-t’en d’ici.
– Toi-même.
– Je ne bougerai pas.
– Moi non plus.
Arc-boutés l’un contre l’autre, le regard haineux, ils se poussaient de toutes leurs forces. Mais aucun des deux ne parvint à prendre l’avantage et, les joues cramoisies par la violence de l’effort, ils relâch

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