Maya

Laïla Héloua

Description

Tu aimes les témoignages? Tu adoreras ce livre! C’est un roman basé sur une histoire vraie.
Par la fenêtre de notre maison, on ne voyait pas de rue, pas de voisins. Le paysage se composait d’arbres fruitiers et d’un magnifique jardin fleuri à l’année. Pas de neige, mais le soleil était presque toujours présent. Pourtant, contrairement au silence d’ici, dès qu’on posait le pied en dehors de la maison, on entendait les klaxons sans interruption, les cris des enfants qui jouent au soccer dans la rue, la voix du vendeur de café, les conversations des marchands installés aux abords des rues, les rires des passants et les salutations par dizaines de tous ceux qu’on croisait.
Ici, nous vivons dans un quartier d’immigrants. Dans notre immeuble, les voisins se saluent poliment d’un signe de la tête, c’est tout. Je ne connais pas leur histoire. Qui sont-ils ? D’où arrivent-ils? Ce sont presque tous des étrangers, comme nous, qui apprennent à vivre loin de la maison. À l’école où étudient presque 2000 élèves, à peu près tout le monde est venu d’ailleurs.
Psst ! L’auteure de ce livre s’appelle Laïla: elle est née en Égypte et arrivée avec sa famille au Canada à l'âge de trois ans. Elle aime le chocolat, la plage et le soleil, le sudoku, les comédies romantiques et la musique en général. Elle n'aime pas l’hiver, mais adore les premières tempêtes de neige. Elle déteste l’injustice et tout ce qui est trop amer. Ses amis s’entendent pour dire qu’elle LA bonne personne à appeler en cas de pépin: elle fait des pieds et des mains pour les aider.

Informations

• Publié par: Guy Saint-Jean Editeur
• Date de parution: 11 avril 2018
• Nombre de lectures: 19
• EAN13: 9782897584795
• Langue: Français

Extrait

Guy Saint-Jean diteur
4490, rue Garand
Laval (Qu bec) Canada H7N 5Z6
450 663-1777
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Gouvernement du Qu bec - Programme de cr dit d imp t pour l dition de livres - Gestion SODEC
Guy Saint-Jean diteur inc., 2018
R vision: Lyne Roy
Correction d preuves: milie Leclerc
Conception graphique de la page couverture et mise en pages: Christiane S guin Photo de la page couverture: iStockphoto.com/AntonioGuillemr
D p t l gal - Biblioth que et Archives nationales du Qu bec, Biblioth que et Archives Canada, 2018
ISBN: 978-2-89758-478-8
ISBN EPUB: 978-2-89758-479-5
ISBN PDF: 978-2-89758-480-1
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Imprim au Canada
1 re impression, avril 2018

Guy Saint-Jean diteur est membre de l Association nationale des diteurs de livres (ANEL).
LA LA HELOUA

Roman
Table des mati res
Prologue
Chapitre un L annonce fatidique
Chapitre deux Adieu mon Liban
Chapitre trois Mon arriv e en sol inconnu
Chapitre quatre Le choc de ma vie!
Chapitre cinq Pas pas, j avance
Chapitre six Les hauts et les bas de ma vie
Chapitre sept Mon premier temps des f tes loin de tous
Chapitre huit Un retour en classe difficile
Chapitre neuf Le mois de l amour
Chapitre dix Regarder en avant
Chapitre onze Tout va trop vite
pilogue
Prologue
Quand je regarde autour de moi, je ne peux m emp cher de r aliser combien ma vie est parfaite.
Je m appelle Maya, j ai 15 ans, j ai les amies les plus adorables du monde et mes parents ne sont pas trop sur mon dos.
Mon p re Nabil est directeur dans une entreprise d informatique. Il est tr s estim par ses patrons et ses coll gues. Il a toujours des gadgets nous offrir quand il rencontre des repr sentants de nouveaux produits.
Ma m re Thalia a un dipl me d enseignante au primaire, mais elle a arr t de travailler la naissance de mon fr re. Elle prend soin de nous, elle va boire un caf avec ses amies tous les matins apr s avoir accompagn l cole ma petite s ur de huit ans, Myriam, puis elle fait du b n volat l glise. Elle revient toujours avec Myriam la fin des classes, vers 13 h 30, pour pr parer le repas et s occuper de la maison.
Mon fr re Georges, qui n a qu un an de plus que moi, n arrive que pour le souper et repart souvent tout de suite apr s, jouer au soccer avec ses copains.
Ma maison est vaste. C est celle o ma m re est n e et a grandi. Apr s son mariage avec mon p re, ils ont emm nag avec ma t ta 1 , qui tait d j veuve. Ma grand-m re est toujours l avec le repas pr t, quand on est de retour de l cole vers 14 h 45.
Chaque enfant a sa chambre. La mienne a deux fen tres qui donnent sur le verger. Il y a deux salles de bain, une grande salle manger l int rieur et une autre l ext rieur. Le salon est r serv pour les occasions sp ciales. Ma grand-m re a sa pi ce de t l vision; la cuisine est l endroit o elle et ma m re passent le plus de temps. Nous avons un potager, o poussent tomates, concombres, laitues et toutes sortes de fines herbes, et quelques arbres fruitiers: des abricotiers, des poiriers et un verger d oliviers. D s les premiers jours d octobre, c est le moment de la r colte des olives pour l huile et les r serves de l ann e. Ce travail tr s dur demande l aide de tous les membres de la famille largie. Mes oncles, tantes, cousines et cousins viennent alors pour donner un coup de pouce. Nous, les jeunes, talons sous les arbres des b ches pr vues pour d poser les fruits qui seront cueillis la main. Le ramassage est fait par certains, et d autres se mettent au triage: les olives qui serviront fabriquer l huile sont s par es de celles destin es la table. C est la f te tous les soirs pendant cette p riode. J adore ces moments. Nous plaisantons, nous mangeons toujours trop et nous dormons tard. Il y a de la musique et la bonne humeur est contagieuse. J aime ma famille.
La semaine, mon quotidien se r sume passer une partie de la journ e l cole, rigoler avec Yasmine, Marwa et Dina, faire mes devoirs avec elles apr s le d jeuner 2 , me promener la plage ou me balader avant de rentrer souper la maison, vers 19 h 30, apr s quoi je texte toute la soir e avec mes copines.
Le samedi, on sort voir la famille, on marche la plage, je cours les magasins avec les filles, je mange au restaurant avec mes parents ou encore on va au cin ma. Le dimanche, apr s la messe de midi, je passe la journ e avec mes oncles et mes cousins. J aime cette routine.
C est pareil pour Yasmine, Marwa et Dina, nous avons les m mes occupations. Nos parents se connaissent, tout le monde est au courant de la vie de tout le monde. Chacune n gocie ses sorties en donnant en exemple le "oui de la m re d une telle ou du p re d une telle.
Je me vois tr s bien continuer ma vie d adolescente comme cela.
Mes parents n ont pas la m me vision que moi. Ils sont convaincus que notre avenir, moi, mon fr re et ma s ur, est compromis. Ils sont certains que nous n avons aucune chance de vivre une belle vie au Liban.
La peur du retour d une guerre civile, la proximit de la Syrie, o r gne la violence, et la baisse des salaires les rendent tr s nerveux.
Ma m re nous parle depuis trois ans d j de leurs d marches pour immigrer au Canada, pour aller rejoindre ma tante, sa s ur Susie, qui vit au Qu bec. Je n y crois pas. C est un refrain qu elle r p te, un peu comme on parle d un pays qu on r ve de visiter un jour.

1 Grand-m re en arabe.
2 Les l ves libanais vont l cole de 7 h 45 14 h 30. Ils ont 2 pauses de 35 minutes, ils viennent avec de quoi grignoter et prennent le repas du midi en rentrant la maison.
Chapitre un
L annonce fatidique
Je rentre de l cole avec Yasmine et je trouve mon p re et ma m re la maison. Ils sont tr s silencieux. Je crois un instant qu il est arriv quelque chose ma grand-m re, mais je la vois assise au salon, tourn e vers la fen tre, le regard triste. Mon p re m annonce qu ils ont une excellente nouvelle.
- On nous a d livr nos visas pour le Canada. Le Qu bec a accept notre demande d immigration.
Incr dule, je m informe sur le sens de tout cela.
- Nous pouvons acheter nos billets d avion pour rejoindre Susie, me r pond ma m re.
- On va aller voir tante Susie? questionne Myriam.
- Oui ma ch rie, nous pouvons enfin d m nager c t de chez elle.
Je sens comme un bourdonnement dans ma t te.
Je tourne mon regard vers Yasmine: elle est bl me et a les yeux pleins d eau. Elle bredouille qu elle doit rentrer chez elle tout en sortant rapidement.
- J ai parl avec Susie sur WhatsApp et elle va chercher les appartements libres pr s de chez elle, ajoute ma m re.
Je suis sonn e! J ai de la difficult comprendre vraiment ce qui est en train d arriver. Je regarde tour tour mon p re, ma m re et ma grand-m re, la recherche d un signe qui expliquerait cette mauvaise blague.
- Maya, tu vas bien, ma ch rie? me demande mon p re.
- Je ne comprends pas: on va vraiment quitter le Liban? Vous tes vraiment en train de me dire que nous d m nageons au Canada? tes-vous s rieux? Mais pourquoi? Je suis bien ici. Je ne veux pas partir. C est quoi cette histoire?
Mes jambes, comme deux blocs de ciment, m emp chent de me pr cipiter dans ma chambre. Ma petite s ur Myriam me regarde intens ment, d un air paniqu . Je me sens seule au milieu du salon. Mon fr re Georges n est pas l . Il sera aussi atterr que moi quand il va savoir.
Ma m re s approche pour me prendre dans ses bras, je l vite et je pars dans ma chambre. Je suis en col re. Je suis n e ici! Il n est absolument pas question que je quitte mon pays, ma ville, mes amis, mon cole, ma VIE!
Je repasse les paroles de mes parents sans arr t et je me dis qu ils sont tomb s sur la t te. On ne quitte pas tout, comme a, d un coup, sans r fl chir.
On cogne ma porte. Ma t ta entre et s installe sur mon lit pendant que je fais les cent pas, les bras crois s.
- Maya, arr te deux minutes. Viens c t de moi et regarde-moi. Tu sais combien je vous aime, n est-ce pas? Tu dois remercier le ciel de ces visas pour le Canada, me dit-elle de son air d termin , mais de sa voix douce et pos e. Tes parents ont travaill fort et ils ont fait des dizaines de d marches pour obtenir ces bouts de papier. S ils font tout a, c est pour vous, les enfants.
- Je comprends, mais je ne veux pas partir. Je tiens rester ici, ai-je r pondu en m assoyant sur le lit, pr s d elle.
- Il faut penser votre avenir! Il n y a pas de futur possible au Liban! Tu sais que l ducation est meilleure l -bas. Tu devrais avoir honte de r agir de cette fa on!
Au fur et mesure qu elle parle, je me calme et je r alise que cela fait des mois que ma m re nous en parle et que c est moi qui faisais semblant de ne pas comprendre tout ce temps. C est donc vrai. Je vais partir.
Ma grand-m re me sourit et me caresse la main avant de sortir. Une fois seule, je pre