Le sapin

Hans Christian Andersen

Description

L'histoire d'un jeune sapin qui, toute sa vie, court après le bonheur. Et si finalement il était là, tout près ?


Il était une fois un sapin qui voulait grandir pour être aussi beau que les grands sapins majestueux qui l'entouraient. Il était tellement envieux qu'il ne profitait ni des rayons du soleil, ni de la fraîcheur de l'air. Il aurait tellement aimé être à la place des grands sapins que les bûcherons venaient couper et qui quittaient la forêt dans de grandes charrettes... Un jour, il est enfin choisi, abattu, puis installé dans une belle maison le soir de Noël. Saura-t-il enfin goûter au bonheur de l'instant présent ?

Informations

• Publié par: Nathan
• Date de parution: 20 juillet 2017
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782092580523
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 6 Mo

Extrait

l y avait dans la forêt un sapin au charme exquis. Il disposait de place en quantité, de soleil en abondance, d’air à foison, et tout autour poussaient une foule de camarades bien plus grands, pins et sapins. Mais le petit sapin, lui, brûlait d’im- patience de grandir. Il ne songeait ni à la chaleur du soleil ni à la fraîcheur de l’air, ne se souciait pas des enfants des paysans qui pas- saient en bavardant lorsqu’ils allaient cueillir des fraises ou des framboises. Souvent, ils venaient avec une pleine cruche ; ou bien, ils enfilaient les fraises sur un brin de paille, puis s’asseyaient près de l’arbrisseau et disaient: «Mais qu’il est mignon à être si petit !» C’était le genre de remarque que le sapin n’avait nullement envie d’entendre. L’année suivante, il s’était allongé d’une tige et l’année d’après, d’une autre encore, celle-ci plus grande – puisqu’on peut toujours voir à la quantité de rameaux d’un sapin le nombre d’années qu’a duré sa croissance. – Ah ! Siseulement j’étais un grand arbre comme les autres ! soupirait l’arbrisseau. Jepourrais déployer ma belle ramure aussi loin que porte le regard, et du haut de ma cime contempler le vaste monde ! Les oiseaux viendraient construire leur nid entre mes branches, et lorsque le vent soufflerait, je pourrais m’incliner aussi majestueusement que les autres, là-bas !
l ne tirait aucun plaisir des rayons du soleil, des oiseaux ou, au-dessus de lui, des nuages cuivrés, ballottés par le matin puis par le soir. Aucreux de l’hiver, lorsque la neige étendait alentour son tapis blanc et crissait sous les pas, il n’était pas rare qu’un lièvre s’approche en sautillant et s’installe juste au sommet de l’arbrisseau – oh ! que c’était énervant. Deux hivers passèrent pourtant et, à l’issue du troisième, le sapin avait tellement grandi que le lièvre devait à présent le contourner. «Ah, croître et pousser, devenir grand et âgé, voilà bien la chose la plus délicieuse en ce monde», pensait le sapin. En automne, les bûcherons venaient toujours abattre quelques- uns des plus grands arbres. Cela se produisait chaque année et le jeune sapin, qui avait formidablement poussé, tremblait de voir ces arbres majestueux tomber à terre avec force craquements et geigne- ments. Dépouillés de leurs branches, ils semblaient bien nus, fluets et longilignes ; à peine si on les reconnaissait. Puis ils étaient posés sur des charrettes et des chevaux les emportaient hors de la forêt, loin. Où allaient-ils ? Qu’advenait-il d’eux ?