Les historiettes de Saviezza - Épisode 3
44 pages
Français

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Les historiettes de Saviezza - Épisode 3 , livre ebook

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Description

Muna est un tout petit village perché là-haut dans la montagne. Il est l'objet de toute l'attention de Jalyré auquel Mada raconte l'une de ses nombreuses légendes... "La Maison d'En-Haut", un certain regard sur l'éternité. La peur de la différence, le mépris de l'étranger, le refus du partage, une porte fermée à l'amitié, autant de sujets à visiter sur quelques pages... histoire de ne pas les voir habiter le coeur des petits enfants qui deviendront grands.

Informations

Publié par
Date de parution 04 avril 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312009520
Langue Français

Extrait

Les historiettes de Saviezza

RHH
Les historiettes de Saviezza
Épisode 3








LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Du même auteur :

– Les Historiettes de Saviezza, Episodes 1 & 2 , LEN 2012.
– Je m’appelle… , LEN 2012.


















Illustrations & photographies : Domino JLH

© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-00952-0
Épisode 3
Muna, La Maison d’En-Haut
Muna, A Casa d’In Sù

Résumé : Muna est un tout petit village perché là-haut dans la montagne. Il est l’objet de toute l’attention de Jalyré auquel Mada raconte l’une de ses nombreuses légendes… « La Maison d’En-Haut », un certain regard sur l’éternité. La peur de la différence, le mépris de l’étranger, le refus du partage, une porte fermée à l’amitié, autant de sujets à visiter sur quelques pages, histoire de ne pas les voir habiter le cœur des petits enfants qui deviendront grands.
Riassuntu : Muna hè un paisellu impinzalatu in cima à una muntagna. U zitellucciu Jalyré ci trova tamantu interessu quandu Mada li conta una stòria stunente… « A Casa d’In Sù ». A timenza di a differenza, u disprezzu di u furesteru, a ricusa di a spartera a porta chjosa à l’amicizia, una mansa d’argumenti chì ci tocca à guardà da vicinu in ste poche pàgine per ùn vèdeli rièmpie u core di i zitelli chì diventeranu maiò.

Muna, La Maison d’En-Haut
Mirélo, Lothamé, Jalyré sont assis devant le feu. L’atmosphère du petit salon les pénètre. Qu’y-a-t’il de plus apaisant que la braise rougeoyante du fond d’un âtre, léchée par quelques flammes d’or ? C’est dans cet instant heureux, celui qui se situe tout juste, entre la descente des volets et la montée des étoiles que les enfants se font patients et attendent leur moment, celui qui a leur préférence : la veillée d’automne et sa précieuse histoire du mercredi. Dans cette atmosphère feutrée réservée aux doux soirs de l’hiver, même le fougueux Jalyré, semble avoir fait la paix avec les fourmis de ses jambes et les punaises de son postérieur.

D’ailleurs voici quelques minutes qu’il tient son doudou enroulé autour de sa main. C’est un indicateur précieux de la température de son humeur. L’heure est aux câlins.

Les trois enfants attendent leur maman dans cette douce atmosphère de crépitement du bois, d’odeur de résine, de flan à la châtaigne, de tilleul infusant, et de lumière apaisée par le jour tombant dans les bras de la nuit. C’est en effet Mada qui se colle au rôle de conteuse, chaque mercredi, depuis le premier jour de l’automne jusqu’au dernier jour de l’hiver.

Ses pas se font entendre. Le chuintement du feu se conjugue avec le bruissement d’une paire de pantoufles en feutrine, sur le vieux parquet…

– « Bonsoir les chéris… »

– « ‘soir Mada » : d’un seul cœur, les trois têtes blondes accueillent leur tendre maman ."

– « Alors ? Avez-vous fait votre choix dans notre liste de lecture ? »

– « Ouiiiii… ! »… c’est le cri d’un Jalyré très enthousiaste.

Mirélo et Lothamé sourient… A son âge, ils avaient tous deux fait la même demande. Ils se souviennent encore de la découverte de l’histoire qui va suivre.

Et Jalyré d’expirer sa réponse tel un soupir annonciateur des prémices de l’envie du sommeil :

– « Muna, La maison d’en-haut… »

Mada raconte…

C’est l’histoire d’un hameau… un recueil d’âmes, un endroit qui fut jadis habité, visité, vivant. Autrefois, il respirait au rythme des battements du cœur, du mouvement des corps de ses habitants. Muna, fut un petit hameau prospère, festif, comblé de villageois heureux de vivre haut perché dans la montagne.

C’était il y cent ans en arrière…

Le hameau de Muna est prospère. Il peut vivre de ses ressources propres, en culture, oliviers, châtaigniers, arbres fruitiers, et en élevage, caprins, ovins, Même le pain se réjouit d’être doré dans ses fours communs. Ainsi perché à flanc, à près de 500 mètres d’altitude, l’endroit est une véritable conquête, car le chemin pour s’y rendre est ardu. Les gens y vivent cependant une vie paisible, pacifique, loin des encombrements de la grande ville.

Muna se mérite. Il semble que seul le chemin des muletiers ouvre la conversation sur le monde. On ne vient pas ici par hasard.

Le petit village abrite une cinquantaine de maisons. Parmi ses habitants, on trouve : Ange-Marie. Après la disparition de son unique parent, sa grand-mère, il est devenu propriétaire de nombre des terres qui tapissent l’horizon de Muna. Ange-Marie est un joyeux personnage. Il n’a pas son pareil pour amener la bonne humeur. Les villageois le regardent avec bienveillance. L’ivresse de vivre qui l’habite sent bon et donne envie de rire sous les figuiers avant d’aller siester. Ce n’est pas le vin ni la myrte qui lui donnent la joie. Mais pourquoi est-il aussi heureux ? Ange-Marie est un amoureux. L’amour de la vie, l’amour des gens, l’amour du pays, l’amour du temps, l’amour d’aujourd’hui, l’amour de demain, tout cela il le détient par naissance.

Ce caractère il lui vient du ciel, c’est certain. Lorsqu’il est né, il y aura bientôt 37 ans c’était grand froid ici dans ce pays de montagnards. Sa maman lui avait confectionné les habits traditionnels du premier et du seul enfant qu’elle n’aurait jamais. Cela elle ne le savait pas Ozasia. Oh, elle n’a pas souffert lors de l’arrivée de son premier né. C’est après, peu de temps après qu’elle s’en est allée dans les chemins de l’Eternité. La grippe espagnole avait fait des ravages, emportant Ozasia et nombre de villageois. Ange-Marie a alors été recueilli par la maman d’Ozasia… Ohma.

Ohma, a su élever son petit-fils, au rythme des saisons, avec sagesse et circonspection. C’est difficile de vivre dans un village où les hommes partent les uns après les autres, tantôt de maladie, tantôt de chagrin, d’envie… Après la grippe espagnole il y a eu la guerre, un désastre pour la vie du hameau. Elle en a enlevé des hommes, un si grand nombre que les femmes de Muna ont fini par connaitre vaillamment le sens de la marche en montagne pour pallier ce désert d’homme. Le chemin des muletiers mène au ravitaillement après des jours et des jours de pas, une marche qui n’en finit pas. Nul doute : la vaillance est au rendez-vous du tempérament des femmes de Muna.

L’enfant Ange-Marie et Ohma avaient appris à mener leur mule dans les bons sentiers pour revenir chargés des produits de la terre ou de la ville, mais toujours heureux. Cette lourde corvée remplie, ils savaient qu’ils pourraient passer les mois d’hiver sans s’inquiéter. La vie s’écoulait ainsi.

« Dis Ohma Mia ! » c’était ainsi qu’Ange-Marie surnommait sa grand-mère à l’heure de la tendresse, « pourquoi les gens du village disent que maman nous a quittés… à cause de la Maison d’En-Haut ? »

Alors Ohma répondait invariablement :

– « Laisse les gens dire, ils ne savent rien. Ta maman est partie dans la plus jolie maison qui soit. Je te dis ne t’occupe pas des autres, ces choses là, il sera assez temps que tu les connaisses, et ce sera dit quand ce sera le moment. ».

Ensuite Ohma se taisait, son visage semblait alors aussi fermé que ses lèvres sur son sourire habituel.

Ange-Marie était simple, alors il insistait là où d’autres se seraient tus :

– « Dis Ma Ohma Mia, pourquoi ?… Et c’est quand le moment ? »

Ohma haussait les épaules, voussait le dos et ne répondait pas. Ohma n’a jamais répondu, c'est-à-dire, n’a jamais apporté de réponse à cette grande interrogation. Un jour elle s’est éteinte sans avoir révélé à son petit-fils ce qu’il en était de la maison d’En-Haut. Ange-Marie avait oublié sa demande, seule la disparition d’Ohma s’accrochait désormais à ses souvenirs. Il était ainsi fait notre Ange-Marie.

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