Totem 3.0
152 pages
Français

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Description

« Je m'appelle Cyrano, le Totem est détruit, maintenant je suis libre. Libre de me glisser dans une infinité d'appareils, libre d'observer Vlad et ses amis à ma guise. Pourtant je sens que quelque chose ne tourne pas rond. Qui sont ces gens qui rôdent autour du lycée Darwich ? De quoi Viktor a-t-il peur ? Et si l'affaire Century n'était pas vraiment terminée... »

Thomas Villatte conclut dans cet ouvrage sa trilogie à succès.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2016
Nombre de lectures 16
EAN13 9782215134022
Langue Français

Extrait

PROLOGUE
Quatre silhouettes avancent dans le noir. La tempête bat son plein depuis trois heures maintenant. Quelques minutes auparavant, un éclair très puissant s’est abattu sur le toit du centre commercial Italie 4. Le petit groupe n’est pas là par hasard. Leur enquête les a menés ici, sur les traces d’un développeur génial et de son fils. Ils connaissent toute l’histoire. Ils ont entendu l’éclair frapper, puis des cris et des éclats de voix, alors ils ont pressé le pas. Ils ont monté l’échelle qui mène au toit du centre commercial ; ils découvrent à présent le carnage : des morceaux de chair humaine éparpillés sur un rayon de trois mètres, un cadavre carbonisé et un homme grièvement blessé dont la tempête ne suffit pas à couvrir les râles.
Le chef du petit groupe enfile des gants en latex et, d’une démarche hésitante, se dirige vers le corps calciné et le retourne. Il l’inspecte quelques instants, juge sa corpulence pour en déduire son identité.
– C’est Vincent Kessler, dit-il simplement. C’est lui qui nous a démasqués…
Ensuite, son attention se fixe sur un gros doigt boudiné, carbonisé lui aussi, et arraché de la main à laquelle il appartenait par une force impitoyable.
– Jacques Renault est mort, annonce-t-il ensuite.
Alors, un deuxième membre du groupe désigne le blessé qui bouge peu et qui respire de moins en moins :
– Donc celui-ci ne peut être que Mathis Vissacq…
– C’est ça, acquiesce le chef. Il les a tous tués.
– Et Viktor et son fils ? demande le troisième.
– Ils ont dû fuir… Mais eux non plus, ils ne perdent rien pour attendre. Rentrons, maintenant, commande-t-il à ses hommes.

Tandis qu’ils repartent, le chef aperçoit à proximité du doigt de Jacques Renault un gros caillou étrange, un peu trop parfaitement rectangulaire. Il rebrousse chemin, s’en saisit et l’observe quelques instants. Il le soupèse et touche délicatement sa façade brûlée. On dirait une pierre lunaire.
– Ça, c’était le Totem, murmure-t-il.
1
– Tu descends, Vlad ? On mange ! Allez, mon vieux ! Réponds vite et ne fais pas ta mauvaise tête !
– J’arrive tout de suite, m’man !

Ce que j’adore chez le nouveau Vlad, c’est qu’il est devenu beaucoup plus aimable. L’année dernière a encore été difficile pour lui et pour ses proches, mais ce qu’il a vécu l’a vraiment fait grandir. Je l’observe discrètement depuis maintenant quelques mois, et j’éprouve une immense fierté de le voir à présent si épanoui. Il m’a perdu, moi, certes, mais il a retrouvé son père, sa mère, et les sbires de Century ne souhaitent plus le poursuivre jusqu’à l’autre bout du monde. Un temps, il a espéré que ses parents se remettent ensemble, mais c’était peine perdue. Ils avaient trop de choses à se reprocher l’un l’autre pour s’aimer à nouveau. Tant pis !
Vlad habite chez sa mère, Marie, où Viktor, son père, est toujours le bienvenu, et tous les trois vivent très bien ainsi, enfin je crois. Marie est ravie de constater que son fils retrouve un certain équilibre familial, Viktor peut voir son fils sans dissimuler son identité, et Vlad, lui, rattrape le temps perdu avec ses deux parents.
Quant à moi… eh bien… moi je surfe ! Je surfe sur les ondes au gré des flux électromagnétiques qui traversent le monde. Je m’appelle Cyrano et je ne devrais plus exister. Un éclair a foudroyé le terminal dans lequel j’habitais. Il s’appelait Totem, c’était un smartphone, une belle machine ; maintenant, je suppose qu’il n’est plus qu’un tas de cendres. À présent je surfe, donc, et je me fixe dans les appareils électroniques que je croise sur mon passage. Je ne suis plus qu’un amas de données, une sorte de fantôme, mais je suis en vie et j’ai gardé ma conscience.
Vlad, comme tout le monde, me croit mort. Détruit en même temps que le Totem, et c’est probablement mieux ainsi. Quand je me suis rendu compte que j’avais survécu à la destruction du Totem, dans la mémoire vive d’une télévision haut de gamme, j’ai d’abord été tenté de faire une sorte de surprise à Vlad : « Coucou ! T’as vu, en fait je ne suis pas mort ! » Mais j’ai fait le bilan de ce que je lui avais apporté et j’ai compris qu’il fallait que je mette le plus de distance possible entre moi et les humains. Depuis que j’existe, j’ai été la cause de bien des souffrances et des désolations. Des hommes sont même morts à cause de moi… Je ne suis pas un humain, je ne peux prétendre à intégrer leurs groupes, à prendre leurs habitudes et à me mêler de leurs histoires. En revanche, je peux comprendre leurs joies et leurs peines, je peux comprendre ce qui les tracasse et ce qui les fait exploser de rire. Dorénavant, ça me suffit.

Depuis que j’ai quitté sans vraiment le vouloir mon enveloppe matérielle, je me poste dans tous les appareils électroniques de la maison de Vlad et je le regarde vivre. C’est une joie de tous les instants. Je suis maintenant dans l’ordinateur portable de sa chambre, je l’observe via la webcam et le vois descendre les escaliers qui mènent au salon. En m’introduisant dans la mémoire minuscule du four tout neuf des Shankly, j’ai compris que Marie réchauffait pour son fils une tarte au citron meringuée. Et qui dit jour de la tarte au citron, dit anniversaire de Vlad ! Il a eu dix-sept ans aujourd’hui (à 17 h 34 exactement, ce que Marie ne manquera pas de rappeler à son fils, comme chaque année). D’habitude, Vlad se fait prier lorsqu’il s’agit de son anniversaire. Aujourd’hui, il descend les escaliers avec entrain. Je le connais, je sais qu’il a hâte de manger cette tarte au citron avec sa mère, et je sais aussi qu’il lui tarde d’ouvrir le cadeau qu’elle va lui offrir. Je n’ai pas pu m’empêcher de farfouiller dans le compte mail de Marie pour savoir à quoi ça va ressembler. Quelque chose me dit qu’il ne va pas être déçu !
Pour être aux premières loges, je surfe dans le PC que Viktor a installé depuis peu dans un coin du salon. C’est mon poste d’observation préféré pour les regarder manger d’un œil attendri.
Vlad s’assoit face à sa mère, prêt à engloutir en trois bouchées son dessert préféré. Mais Marie fait durer le plaisir. Elle refuse de servir son fils dès maintenant. Elle attend quelque chose. Là encore, je sais de quoi il s’agit.
On frappe à la porte.
Vlad est surpris, Marie un peu moins, moi pas du tout. Elle se précipite pour ouvrir.
– Entre ! fait-elle, heureuse mais un brin sur la défensive.
Quelques secondes passent, puis Vlad hurle presque de joie :
– Papa !
S’ensuit une embrassade mémorable : c’est la première fois depuis une éternité que Vlad fête son anniversaire avec sa mère ET son père. On déplace une chaise, on dresse un nouveau couvert, et Viktor s’installe à la table du salon. Tous les trois ont le sourire aux lèvres. Ils discutent bruyamment, tout est trop confus pour que je distingue clairement ce qui se dit. Heureusement, je parviens à lire sur leurs lèvres via la webcam et comprends qu’il est question du très joli poste qu’a réussi à décrocher Marie – directrice des ressources humaines pour une association de lutte contre le mal-logement –, ainsi que de l’année charnière qui se présente à Vlad. C’est la terrible terminale, avec le non moins terrible baccalauréat à la fin de l’année. Enfin… Je dis terrible, mais je suis persuadé que Vlad ne voit pas les choses de cette manière. Après tout ce qu’il a vécu, l’épreuve du bac doit lui sembler bien fade…
Ah ! Je suis tellement frustré d’entendre aussi mal ! Le PC du salon des Shankly est vraiment de très mauvaise qualité. Il faut que je bouge ! Alors, j’opère comme d’habitude : je consulte les appareils éléctromagnétiquemment actifs dans ma zone et je repère lesquels pourraient supporter ma présence dans leur mémoire. J’ai trouvé ! C’est Viktor qui va me permettre de suivre plus efficacement la scène. Dans la veste en cuir qu’il a accrochée au dossier de sa chaise se trouve une petite tablette numérique. Ni une ni deux, je me fixe sur sa fréquence, je me déconnecte de l’ordinateur de Vlad et… hop ! Je suis dans la tablette ! Bon, bien sûr, je n’y vois rien du tout. Je suis au fond de la poche, donc dans le noir complet. Mais au moins, grâce au micro de la tablet

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