Chat qui vole
51 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Entre frissons et poésie, une histoire passionnante à lire dès 12 ans.

Un enfant est un enfant. Toujours. Partout. Sauf en Esotie…
Là-bas, tous les enfants ne sont pas des enfants. Certains sont des “chuchios”, des gamins sans parents ni famille. Ils bénéficient d'attentions et ils ont des droits : le droit d'aller pieds nus ; le droit de ne pas se rendre à l'école ; le droit de manger mal et pas toujours à leur faim.

Manzado est un chuchio plein de ressources. Il propose aux touristes de porter leurs sacs. Et le soir, seul dans une des chambres où il doit passer la nuit, il organise des courses de cafards. Un jour, il trouve un chaton dans la rue, et en fait un champion…

Découvrez au plus vite l'histoire intriguante de Manzado et de son champion dans ce roman jeunesse riche en aventures !

EXTRAIT

Il est formellement interdit aux chuchios d’amener des bêtes dans les chambres. Alors au début, Manzado a dû cacher Turufu en le mettant dans sa poche. Turufu a été parfait ! On aurait dit qu’il devinait. Lui qui criait sans arrêt et pour un rien, il restait muet et ne bougeait pas plus qu’une pierre dès qu’il y avait quelqu’un. Mais maintenant, il a grandi et il faut trouver une autre solution. Manzado dépose Turufu au pied de l’immeuble où il doit aller dormir. Il s’accroupit, il le caresse et il lui soulève le cou en lui disant fermement : « Tu grimpes, Turufu ! » Puis Manzado entre seul montrer son carnet et obtenir le tampon rouge. Il prend même plaisir à bien montrer qu’il n’a rien dans ses poches, même dans celle de sa veste. Rien dans son sac. On peut le fouiller si on veut ! Il sait que pendant ce temps, Turufu va grimper. De balcon en balcon. Et quand Manzado arrive dans sa chambre, il ouvre la fenêtre et Turufu est bientôt là. Manzado devrait s’y être habitué, mais ça lui fait toujours quelque chose le moment où Turufu jaillit dans la chambre avec un tout petit cri comme s’il disait : « C’est moi. T’inquiète pas. Tout s’est bien passé. »

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Avec une écriture fluide, des épisodes courts et rythmés, au contenu si déroutant parfois, François David parle de choses graves en y alliant la fantaisie et la tendresse. - Martine Falgayrac, Sirtamag

À PROPOS DE L'AUTEUR

François David est né en 1950. Il vit dans le Cotentin et enseigne la littérature et le théâtre. Créateur de la revue littéraire sur cassette "Voix", il est aussi le directeur littéraire des éditions Motus depuis 1988, il écrit également pour la jeunesse et on lui doit enfin plusieurs recueils de poèmes et de nouvelles.

Informations

Publié par
Date de parution 03 août 2018
Nombre de lectures 174
EAN13 9782352845263
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
COLLECTION
ROMAN JEUNESSE


1 Un loup dans la vitre Philippe de Boissy 2 Cloche Clotilde Bernos 3 Le cri François David 4 La promesse du bonhomme de neige Eugène Trivizas 5 Chat qui vole François David












Illustration de la couverture : Tatiana Domas
Copyright



DU MÊME AUTEUR

AUX ÉDITIONS DU JASMIN
Le cri, 2002

CHEZ D’AUTRES ÉDITEURS
Comptines pour donner sa langue au chat, Actes Sud
Une petite flamme dans la nuit , Bayard
Edgar n’aime pas les épinards, Rageot-Editeur « Cascade »
Le fils de l’ogre , Hoëbeke-Møtus
Le calumet de la paix, Lo Païs
Je ne fais jamais de bêtises , Lito
Les comptines qui chatouillent , Milan
Ami, ou es-tu ? Møtus
Est-elle estelle ? Møtus
Il et elle, Møtus
Josette, l’animatrice vedette… Møtus
La tête dans les nuages , Møtus
La véridique et lamentable histoire du ponza bleu, Møtus
Les Enfants de la lune et du soleil, Illust. d’Henri Galeron, Møtus, Prix Octogones 2002
Un grain de sel dans les étoiles, Møtus



Loi 49-956 du 16 juillet 1949
sur les publications destinées à la jeunesse
Tous droits de reproduction, de traduction
et d’adaptation réservés pour tous pays.
© 2003 É ditions du J asmin
4, rue Valiton 92110 Clichy
ISBN 978-2-35284-572-0

Avec le soutien du
Titre
Dédicace






À Damien
1

Un enfant est un enfant. Toujours. Partout. Sauf là-bas… Sauf en Esotie…
Là-bas, tous les enfants ne sont pas des enfants. Ce sont des « chuchios », des gamins sans parents ni famille. Ils bénéficient d’attentions et ils ont des droits : le droit d’aller pieds nus ; le droit de ne pas se rendre à l’école ; le droit de manger mal et pas toujours à leur faim ; le droit d’être arrêtés et jetés en prison s’ils ne respectent pas leurs devoirs. Car ils ont également des devoirs et d’abord celui de ne jamais coucher dans les rues.
Cela n’est pas bien de dormir dans les rues. Il y a des touristes dans les rues. Il ne faut pas que les touristes puissent voir, la nuit, des chuchios allongés par terre. Aussi, après dix heures, les chuchios ne sortent plus. Des chambres leur sont réservées au dernier étage des immeubles. Lorsqu’il a ses douze ans, le chuchio reçoit un grand carnet où sont apposés les tampons pour les nuits qu’il passe en haut des immeubles. Il est interdit d’aller deux fois par mois dans le même immeuble. Il est interdit de passer plus de trois nuits dans la même rue. Peu importe. Il y a beaucoup de rues en Esotie. À Esota, la plus grande ville du pays, chacun doit pouvoir être logé la nuit. Les chuchios ont de la chance. Ils ne dorment jamais à la belle étoile. Ils couchent sous un toit très chaud. Ils ont un lit, un drap, un lavabo et même une petite fenêtre. Quand ils ont le cafard, les chuchios peuvent penser à ceux qui n’ont pas de fenêtre dans d’autres pays.
Au pied de chaque lit, on a laissé une portion de beurre blanc et deux morceaux de pain. À côté, il y a un flacon pour y verser de l’eau depuis le lavabo. Les chuchios peuvent avoir faim, mais ils ne doivent en aucun cas mourir de faim. Ce serait ennuyeux. L’Esotie n’est pas l’Afrique où les ventres ballonnés des enfants ont gravement nui au tourisme. Les chuchios échappent aux tentations des enfants qui ont une famille. Ceux-ci peuvent manger du sucre, et sucer des bonbons, et mâcher des chewing-gums, et mordre dans des sandwichs à la viande, et se régaler de pâté de biribi, et se faire des festins de crêpes épaisses comme la main, arrosées au long sirop d’érable. Ils deviennent souvent obèses et font des cures régulières dans des cliniques interdites aux chuchios.
Les chuchios, eux, n’ont pas le droit d’attraper des maladies. Une fois tous les quinze jours, ils vont dans un dispensaire. Quand ils ont pris les médicaments, et reçu les piqûres, et prouvé qu’ils s’étaient régulièrement appliqué sur leurs ecchymoses les pommades prescrites, ils tendent leur carnet. C’est un tampon bleu qui est apposé, alors que c’est un tampon rouge, chaque soir, qu’ils reçoivent pour prouver qu’ils ont bien occupé leur chambre.
Les chuchios ne doivent pas prendre de mauvaises habitudes. S’ils vivaient plus longtemps dans la même maison, ils connaîtraient la façon de vivre des voisins. Ils pourraient les attendrir. Ils risqueraient surtout de se faire de vrais camarades, de constituer des bandes qui sèmeraient la terreur dans certains quartiers de la capitale. Heureusement, le système adopté a fait ses preuves pour le plus grand profit de chacun. D’ailleurs, on peut le constater dans les reportages diffusés par toutes les télévisions : à Esota, la nuit, il n’y a pas de malheureux dans les rues.
2

Manzado est l’un des chuchios d’Esota. Il n’est pas très grand pour son âge. Maigre, les cheveux très noirs et une petite fente au milieu de la lèvre supérieure. Manzado était né avec un bec-de-lièvre et les autres chuchios ne voulaient pas lui parler à cause de ça. Ils disaient qu’il portait malheur. Manzado restait alors des heures adossé contre un mur, occupé à ne répondre à personne.
Puis des chirurgiens étrangers sont venus. Ils ont passé trois jours à Esota pour opérer des becs-de-lièvre. Ils n’étaient pas certains que l’opération réussisse, mais ils tentaient le coup. L’équipe chirurgicale a tiré au sort les chuchios qui seraient opérés. Parmi eux, il y eut Manzado. Un chirurgien lui avait caressé les cheveux et confié que, dans son cas, il y avait une chance sur vingt que l’opération se passe bien. Manzado avait répondu qu’il voulait quand même.
Depuis le succès de son opération, plus jamais les chuchios n’ont refusé de jouer avec lui. Plus jamais ils ne lui ont dit qu’il n’était pas beau. Il lui est juste resté sur la lèvre cette légère fente en souvenir.
Chaque soir, Manzado attend le dernier moment pour monter dans la chambre qui lui est attribuée. Ce n’est presque jamais la même, mais elle ressemble à celle de la veille. Il y fait toujours une chaleur moite. Dès qu’il entre, des gouttes de sueur se mettent à lui couler sur le nez. Il place sa paume dessous. La sueur, peu à peu, lui emplit la main. C’est un des jeux qu’il s’est inventé pour essayer de moins s’ennuyer.
Manzado ne sait pas lire. Il reconnaît pourtant le nom des rues. Et les gros titres des publicités. Mais il ne saurait pas lire un livre entier. Heureusement, car il ne pourrait pas se le payer. En Esotie, on donne 120 dinjis par mois aux chuchios qui ne sont plus à l’hospice. Avec ses 120 dinjis, Manzado achète surtout un peu de nourriture : du riz et du soja. Et une petite tranche de jambon clair une fois toutes les deux semaines. S’il lui reste quelque chose, il l’économise pour s’acheter un bout de vêtement. Il y a des échoppes, sous des hangars, qui vendent des vêtements de récupération pas chers et en pièces détachées. Manzado a pu ainsi s’acheter d’abord le corps d’un habit, puis le col, le mois suivant, et les deux manches d’un seul coup, deux mois après. Maintenant, on ne voit guère la couture. On a presque l’impression d’un vêtement comme on en vend dans les vrais magasins. C’est qu’il est habile. À l’hospice, il a appris à rapiécer et c’est bien utile. Il coud. Il découd. Il recoud. Toujours la nuit. Ainsi le temps passe un peu moins lentement. Mais il ne peut pas coudre et découdre sans cesse. Le fil, ce n’est pas donné non plus.
Manzado a d’autres idées pour faire avancer les nuits. Lorsqu’il se retrouve seul dans une de ces chambres identiques, il a l’habitude de regarder sur le drap, sous le drap et sous le lit. Et il n’est jamais déçu : chaque fois, il y a des cafards. Il arrive qu’il n’y en ait que deux ou même qu’un seul et alors cela est moins intéressant. Mais le plus souvent, il y en a trois, ou quatre, ou cinq, et c’est parfait pour organiser une course. La ligne de départ, c’est au ras du lit, la ligne d’arrivée, c’est le mur du fond où il les attire grâce à de délicieuses boules de poussière. Manzado fait des paris et puis des rêves. Il se dit que si c’est le cafard de la ligne n°4 qui arrive en tête, il ira dans un grand hôtel avec trois piscines et des chambres tellement grandes qu’on pourrait y e

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