En plus, c était pas prévu
67 pages
Français

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En plus, c'était pas prévu , livre ebook

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Description

Christine est la meilleure amie de Pénélope. C'est le genre de fille calme et organisée. Elle porte des chemisiers sages et dans ses placards, les vêtements sont rangés par couleur.
Christine n'a pas tout à fait quinze ans et elle est enceinte d'un garçon qu'elle ne reverra jamais. Elle n'a rien dit à personne pendant six mois.
Pénélope essaie de comprendre. Elle sait qu'elle doit se taire et ne poser aucune question si elle ne veut pas blesser son amie.
Elle doit surtout s'habituer à l'idée que Christine a brusquement changé de monde et qu'elle ne peut rien faire pour elle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 décembre 2015
Nombre de lectures 10
EAN13 9782211226813
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le livre
Christine est la meilleure amie de Pénélope. C’est le genrede fille calme et organisée. Elle porte des chemisiers sageset dans ses placards, les vêtements sont rangés par couleur.
Christine n’a pas tout à fait quinze ans et elle est enceinte d’un garçon qu’elle ne reverra jamais. Elle n’a riendit à personne pendant six mois.
Pénélope essaie de comprendre. Elle sait qu’elle doit setaire et ne poser aucune question si elle ne veut pas blesserson amie.
Elle doit surtout s’habituer à l’idée que Christine abrusquement changé de monde et qu’elle ne peut rienfaire pour elle.
 

L’auteure
Marie-Sophie Vermot est née à Montreuil et a passé sonenfance en Bourgogne. Elle n’aimait pas l’école qui nelaissait pas assez de place selon elle à la fantaisie et à l’imagination. « J’ai eu des années d’adolescence difficiles, entrecoupées d’intérêts divers pour la danse contemporaine, laphilosophie existentialiste et la peinture expressionniste. Jesuis tombée alors sous le choc de la littérature américainedu XX e siècle : Steinbeck, Faulkner, Hemingway, CarsonMcCullers (en qui je retrouve ma propre difficulté àvivre) », déclare-t-elle. « La peinture reste une alternativefréquente à mon besoin d’expression, mais depuis quelquesannées, l’écriture s’est imposée à moi en tant que thérapieconstructive et salvatrice de bien des maux. »
Quand elle parle de l’adolescence et de ses tourments,on a tous quinze ans.
 

Marie-Sophie Vermot
 
 

En plus,
c’était pas prévu
 
 

Médium
l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 
«  Il n’y a pas de vraie création sans secret. »
L E MYTHE DE S ISYPHE
 

Pour Anne-Élisabeth
1
 
Ma sœur est une sale garce. Elle a trouvé le moyende se faire remarquer autrement que par son prénom ; c’est, dit-elle, une bonne façon de montrer àmaman qu’elle n’est pas la seule à avoir des idéesoriginales.
En attendant, maman en a pris un coup, elle esten train de pleurer dans sa chambre et de demander au bon Dieu ce qu’elle a bien pu lui faire pouravoir une fille qui soit une ingrate.
Pétronille, c’est ma sœur, a noté sur la fiched’intendance qu’on lui demandait de remplir pourla cantine, dans la rubrique profession des parents :« travaille au C.E.R.B., pour papa et sans professionpour maman ».
Le collège a appelé maman pour lui demandersi nous avions des problèmes.
Maman n’a jamais eu aussi honte de sa vie.Quand nous sommes rentrées, Pétronille et moi,elle nous attendait dans la cuisine, les joues écar lates. Je ne l’ai jamais vue aussi énervée, sauf le jouroù papa s’est servi du carton de vieilles notes accumulées depuis leur mariage en guise de protectiondu sol quand il a repeint le salon.
Elle a regardé Pétronille en plein dans les yeux :
– Je suis sans profession, à ce qu’il paraît ?
 
Ma sœur ne s’est pas démontée. Elle est allée seservir un grand verre de jus d’orange et elle a dit :
– De toute façon, papa et toi, vous faites pasvraiment un métier, alors j’ai simplifié cette année.
– Pas un métier ! ça c’est la meilleure ! Qu’est-ce qu’il te faut ?
– L’année dernière, en sixième, j’ai mis :essayiste pour toi et chercheur pour papa, et tu saisce qui s’est passé ? Pendant toute l’année j’aientendu : « C’est quoi essayiste ? Qu’est-ce qu’elleessaie ta mère ? Et ton père, il cherche toujours ? »Si tu trouves ça drôle, j’en ai ras le bol et j’en aiaussi ras le bol de m’appeler Pétronille et Mistouflet par-dessus le marché. Tout le monde se fichede moi.
– Je n’y peux rien, a dit maman, c’est le nomde ton père et je ne vois pas ce qu’il a de ridicule,il y a bien pire.
– Il n’y a pas pire, a affirmé Pétronille en se servant un second verre.
– Ta sœur n’a jamais fait autant d’histoires, aremarqué maman.
– Pénélope, c’est moins con que Pétronille et,son nom, tout le monde le connaît depuis le tempsqu’elle est au collège.
– Je vois que tu as réponse à tout, commed’habitude, a dit maman, mais tu vas me faire leplaisir d’aller à l’intendance demain pour rectifierta fiche.
– Ils n’ont qu’à le faire eux-mêmes, a répliquéma sœur, et je te signale que j’ai plein de devoirs àfaire ce soir, alors salut !
 
Et voilà comment Pétronille règle les conflitsdont elle est la cause. Maman a déversé son amertume sur moi :
– Qu’est-ce que tu en penses ? C’est affreux cequ’elle a fait, elle a honte de nous.
Elle avait vraiment l’air malheureux et je nesavais pas quoi dire pour la réconforter. Pétronilleexagère, c’est vrai, mais d’ordinaire, maman est lapremière à se glorifier de la personnalité de sacadette. J’ai hasardé :
– Cette histoire va être vite oubliée, il n’y aurapas de conséquences.
– Pas de conséquences ! s’est indignée ma mère.Mais sais-tu le nombre d’années d’études que je mesuis coltinées. Et je suis reconnue dans le milieu littéraire, que vous faut-il de plus ? Je n’ai pas fait toutça pour être taxée de « sans profession » par ma fille !Et papa ! qu’est-ce que signifie la mention : « travaille au C.E.R.B », est-il simple employé de nettoyage ? Je suis folle, je deviens folle !!! s’estemportée maman, et elle est partie dans sa chambrecomme une furie.
J’ai pris un verre de jus d’orange et je me suispréparé un sandwich avec du gouda et des feuillesde cresson. J’ai avalé tout ça dans le calme de lacuisine en réfléchissant à ce que je pouvais fairepour aider maman mais finalement, je me suis ditque la meilleure façon de lui rendre service, c’étaitde rester en dehors de cette affaire.
Pétronille est venue me rejoindre et s’est préparé un sandwich avec de la dinde froide et de lamayonnaise. Elle s’est assise à l’autre bout du bar etelle a mordu dans le pain en faisant gicler lamayonnaise un peu partout sur le comptoir.
– Me regarde pas comme ça, a-t-elle dit, je déteste qu’on me regarde manger, après, je vaisdevenir anorexique et ce sera votre faute.
– Je vois mal comment tu pourrais deveniranorexique, lui ai-je fait remarquer, étant donnéque tu es déjà squelettique.
– Anorexique, c’est dans la tête que ça se passe,si tu veux savoir.
– Je vois que tu es bien renseignée sur la question.
– Je suis toujours bien renseignée sur la question, a dit Pétronille en passant son doigt sur lecomptoir pour rafler les restes de mayonnaise quis’y étaient échoués.
 
Elle n’a pas tout à fait tort sur ce point, c’est vraiqu’elle connaît pas mal de trucs, plus que moi quisuis pourtant en troisième, et si on compte qu’ellea une année d’avance au collège, il y a de quoi sefaire du souci pour l’avenir. Pétronille est le petitEinstein de la famille, elle le sait et elle en joue. Ily a des jours où elle est franchement insupportable.
– Amélia va me donner un chat, a-t-elleannoncé, comme je ne disais plus rien.
– Comment ça, un chat ? Tu sais très bien quepapa ne sera pas d’accord.
– Ça fait trois mois que Laure est morte, bonsang, j’estime que la période de deuil est passée. Jeveux ce chaton.
– C’est un mâle en plus ?
– Ben oui, elle a eu que des mâles, ce coup-ci,la chatte d’Amélia.
– Maman ne voudra pas, alors. Il va pisser partout.
– Je lui apprendrai à pisser dans sa caisse, tuverras.
– Je ne verrai rien du tout, je ne m’en occuperai pas.
 
Sur ces bonnes paroles, j’ai quitté la cuisine,moi aussi j’avais du boulot. J’ai repensé vaguementà cette histoire de chat. Maman avait une chatte derace vraiment superbe avant de se marier avecpapa. Elle l’avait appelée Laure, enfin, ce n’est pastout à fait ça. Son vrai nom était Laure de Noves.Je sais, ça a l’air comp

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