L ennemi mortel
49 pages
Français

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Description

Doué d'un talent rare et promis à une gloire certaine, Alex a tout pour être heureux. Hélas, il lui faut subir la haine d'un ennemi terrible qui s'acharne à sa perte et l'entraîne dans une espèce de duel à mort. Le combat est d'autant plus singulier qu'Alex n'a pas la moindre idée de ses torts, ni la moindre envie de se battre. Dans ces conditions, il semble bien mal parti. Nous tremblons beaucoup pour lui. Nous craignons même le pire. La haine est une passion toujours très dangereuse pour celui qui la suscite.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 décembre 2015
Nombre de lectures 9
EAN13 9782211226370
Langue Français

Extrait

Le livre
Doué d’un talent rare et promis à une gloire certaine, Alexa tout pour être heureux. Hélas, il lui faut subir la hained’un ennemi terrible qui s’acharne à sa perte et l’entraînedans une espèce de duel à mort. Le combat est d’autantplus singulier qu’Alex n’a pas la moindre idée de ses torts,ni la moindre envie de se battre.
Dans ces conditions, il semble bien mal parti. Noustremblons beaucoup pour lui. Nous craignons même lepire.
La haine est une passion toujours très dangereuse pourcelui qui la suscite.
 

L’auteur
« Ma biographie n’a pas de quoi enthousiasmer les foules.Je n’ai été ni boxeur, ni chercheur d’or. Mon seul faitd’armes est d’être père de famille nombreuse. » Boris Moissard est effectivement le père de six enfants (que desfilles !) et de nombreux romans, sans compter des albumsen collaboration avec Michel Gay, et les fameux Contes àl’envers concoctés avec Philippe Dumas.
 

Boris Moissard
 
 

L’ennemi
mortel
 
 

Neuf en poche
l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
I
 
A peine né, Alex remuait déjà dans sonberceau avec une énergie extraordinaire. Son père, homme pourtant trèsoptimiste, avait même craint de voirdans les soubresauts de son rejeton lesigne d’une grave maladie congénitale,et non la simple et saine expression dudynamisme de famille.
– Ce gosse a la bougeotte, soupirait-il, inquiet.
Cet homme chérissait son fils ets’alarmait d’autant plus à son sujet qu’iln’en possédait pas d’autre.
Ses soupirs et son angoisse n’avaientfait que croître, jusqu’au jour où la nourrice du petit bonhomme, se penchant sur le berceau afin d’observerd’un peu plus près ce qui s’y passait,s’était redressée en déclarant, péremptoire :
– Non, monsieur. Ce n’est pas labougeotte.
– Mais alors, avait fait le papa,qu’est-ce que c’est ? La danse de Saint-Guy ?
– La danse, oui, avait répondu lanourrice. Mais pas celle de Saint-Guy.
– Que voulez-vous dire ?
– Votre fils ne s’agite pas n’importecomment. Il s’agite en mesure ; et jeviens de compter six temps bien nets.
– Six temps ? Mon Dieu ! serait-ce...
– Le strapon !! Oui, monsieur !Notre trésor danse le strapon. Vousêtes le père d’un petit prodige.
 
 
On avait aussitôt convoqué des spécialistes, qui s’étaient à leur tour penchés sur le berceau et n’avaient puqu’abonder dans le sens de la nourrice.
– Incroyable ! s’étaient-ils exclamés. Ille danse ! Les six temps sont là, cetenfant a le strapon dans le sang !
Pour plus de sûreté, on avait quandmême fait procéder à des analyses delaboratoire. Leurs résultats avaientconfirmé la présence, dans le sang dubébé, parmi ses globules blancs etrouges, d’une troisième sorte de globules grisâtres et figurant dans les dictionnaires de médecine sous le nomlatin de globulus straponicus , assorti dela mention : rare.
Plus aucun doute possible. On setrouvait devant un cas de vocation.
– Il serait criminel de ne pas y obéir,avait décrété le porte-parole du grouped’experts. Votre fils doit faire de ladanse.
– Mmmmh... vous croyez ? avait balbutié le papa, ému.
– Nous ne le croyons pas, monsieur,nous en sommes sûrs.
Se pliant à cette certitude, le pèred’Alex avait inscrit son fils non pas àl’école maternelle du quartier, commeil l’eût fait de n’importe quel fils ; maisd’emblée au Conservatoire de Strapon,où d’éminents professeurs (ceuxmêmes qui étaient venus l’examiner àdomicile) avaient aussitôt entreprisd’inculquer au garçon tout ce qu’ilspossédaient de savoir chorégraphique.
L’élève avait assimilé leur enseignement de A à Z, et n’était sorti de l’éta blissement qu’à l’âge d’effectuer sonservice militaire. Rassurons-nous : à lacaserne, ses talents de danseur n’étaientpas restés sans emploi. Aussitôtrepérés, ils lui avaient valu la faveur deses chefs, qui les avaient mis à contribution lors des soirées du mess desofficiers. Et notamment Alex avait eul’insigne honneur d’être choisi par lecolonel de son régiment pour exécuterle traditionnel strapon du Jour de laVictoire, en présence du maréchalGrebh, généralissime des armées.
Ç’avait été une soirée mouvementée.
Il faut savoir ce qu’était le maréchalGrebh : non seulement un hérosnational, couvert de gloire et de blessures ; mais aussi, dans le civil, unesthète raffiné, buveur de vins de Bordeaux, collectionneur de toiles impres sionnistes, bon musicien et amateur dedanse – spécialement de strapon.
Alex ne pouvait pas tomber mieux,et sa démonstration avait jeté le grandhomme dans une transe d’enthousiasme.
– Ah ! l’animal, quel talent ! s’étaitexclamé le maréchal, dès la quatrièmefigure accomplie par notre jeune prodige sur l’estrade de la salle des fêtes dela caserne ; et sa joie avait fait perdreau grand guerrier le contrôle de sesgestes.
En applaudissant, il avait flanquésans le vouloir un terrible coup decoude dans l’estomac de son aide decamp, jeune et brillant capitaine d’infanterie que le protocole et la fatalitéavaient assis à la droite de son chef.
Cet aide de camp – un certain Voro dias Skaï – était célèbre dans toutel’armée pour son sang-froid et pour safaçon de s’exprimer toujours trèscalme, à la limite du morne.
Eh bien, ces deux belles qualités, laviolence du choc les lui avait faitperdre l’une et l’autre, ainsi que toutecontenance.
Fauché par la surprise et la douleurau moment précis où il s’apprêtait àbâiller (la danse ennuyait le capitaineSkaï), on l’avait vu subitementrenoncer à bâiller, jeter à la ronde leregard de quelqu’un qui a perdu seslunettes, puis se plier en deux commequelqu’un qui les cherche à ses pieds,et s’écrouler enfin au bas de sa chaiseen se tenant le ventre, tel un étourdiqui les aurait avalées par mégarde, cesmaudites lunettes.
A terre, il s’était mis à glapir sansaucune discrétion.
– Aïe ! Aouh ! Hou là là ! Je suistouché ! Je suis mort ! Aouououh !!que j’ai mal ! Pauvre de moi ! J’agonise !
Et ainsi de suite.
Tirade suivie d’une demi-douzainede hoquets, puis d’une série de râles etenfin de vomissements qui n’avaientpas voulu cesser, au grand déplaisir dumaréchal Grebh. Lequel, contraint delever les pieds pour préserver des éclaboussures le bas de son pantalon degala, s’énervait :
– Voyons, capitaine ! Un peu detenue, je vous prie !
Finalement le maréchal avait faitinterrompre la séance et évacuer levomisseur en direction de l’infirmerie de la caserne. Ensuite de quoi, il avaitdemandé qu’on lui amène Alex, pourle féliciter.
– Mon jeune ami, lui avait-il dit enle prenant aux épaules, je suis navré decet incident. Votre strapon est unrégal. C’est le plus beau que j’aie vu dema vie et Dieu sait si j’en ai vu, croyez-moi ! Un garçon comme vous estl’honneur de la danse. Il est l’honneurde son régiment. Il est l’honneur de lanation. Il est l’honneur de la racehumaine, et c’est bien simple : donnez-moi votre main, que je la serre !
Alex se dandinait, rouge comme unetomate.
– Allons, votre main, avait insisté lemaréchal Grebh. Mais, au fait, monjeune ami : comment vous appelez-vous ?
Alex s’était mis au garde-à-vous :
– Brigadier Alex Pröhl, de la troisième compagnie, cinquième section.A vos ordres, monsieur le maréchal.
– Quoi ?! Ai-je bien entendu ?
Alex avait cru bon de répéter, toujours au garde-à-vous :
– Brigadier Alex Pröhl, de la troisième comp...
– Comment ?! Vous n’êtes que brigadier ?
La stupeur bouleversait la face couturée du vieux soldat. Tout en broyantla main d’Alex, il s’était tourné vers lesgens de son état-major et avait prononcé, d’une voix terrible :
– C’est un scandale.
Puis ava

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