La fille du fleuve
55 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La fille du fleuve , livre ebook

-

55 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

En 1609, Lisbeth, jeune anglaise intrépide, rêve de suivre les traces de son père explorateur. Avec l'aide de sa grand-mère Anna, elle convainc son oncle, le capitaine Henry Hudson, de la faire embarquer comme mousse sur son navire le Half Moon, déguisée en garçon. Au cours d'une halte, Lisbeth s'éloigne dans la forêt. Mais en revenant, elle aperçoit les voiles du bateau s'effacer à l'horizon... Elle est seule ! D'abord désespérée, son caractère audacieux reprend le dessus et elle décide de ne pas se laisser faire. Réussira-t-elle à rentrer en Angleterre ? Une aventure palpitante où Lisbeth découvrira la magie amérindienne et le secret de sa grand-mère...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2019
Nombre de lectures 5
EAN13 9782336863344
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Jeunesse


Jeunesse
Collection dirigée par Isabelle Cadoré, Denis Rolland et Joëlle Chassin
Dernières parutions
Sylvie NICOLLET, Les aventures d’un bonhomme de papier , 2018.
Natalie RAFAL, Les mots qui tombent du ciel, Théâtre, 2018.
Nicole CHARDON-ISCH, Le rêve d’Ana , 2018.
Hurel Régis BENINGA, Les îles enchantées, Contes théâtralisés , 2018.
Marie-Claude GOSSELIN, Les aventures de Ninette la souri-cette , 2018.
Sabrina BAKIR, La théière magique, 2017.
Georgette Florence KOYT-DEBALLÉ, Manu et les fourmis, Histoires de Centrafrique, Manu na âmini, Âtolï tî Bêafrîka, français/farânzi – sängö , 2017
Rozenn TORQUEBIAU, Le secret du tableau magique de Tanzanie , 2017.
Georgette Florence KOYT-DEBALLÉ, Nago et sa grand-mère, Centrafrique , 2017.
Geneviève BOBIOR-WONNER, Sauvée par les lémuriens , 2017.
Cédric BONFILS, Quand on aura le temps, Théâtre , 2017.
Nassereh MOSSADEGH, Mamali et le coucou persan, et autres histoires , 2017.
Sylvie NICOLLET, Le chat Po de Madame Irma, Pièces en castelet, Théâtre , 2017.
Patricia SANCHEZ, Une amitié extraordinaire en Pays iroquois , 2017.
Bastien MOUCHET, Le monde de Solal, Récits initiatiques , 2017.
Irène SEYE, Azul ou la barbe bleue , 2016.
Titre


Patricia S ANCHEZ

Illustrations d’Igor M EKHTIEV





La fille du fleuve
Copyright
























Maquette : Barbara Menga.
© L’HARMATTAN, 2018 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-86334-4
Exergue

À mon tour, je deviens une aînée J’attends ta visite pour te raconter Une histoire qui demeure Dans les mémoires
Joséphine Bacon Un Thé dans la Toundra , Éditions Mémoire d’encrier, 2013
Lisbeth
Lorsque Lisbeth revint sur la grève, essoufflée d’avoir couru dans l’épaisseur des bois, il était trop tard. Le navire filait vers le large, emporté par les eaux tumultueuses du grand fleuve. Le sillage blanc d’écume disparaissait déjà sous les yeux de la jeune fille. La plage était vide, tous les canots étaient bel et bien partis.
Un silence étrange régnait soudain tout autour de Lisbeth. Elle perçut l’absence des voix des matelots, la disparition des cris du second 1 et des ordres brefs lancés par son oncle, le capitaine Henry Hudson 2 . Elle n’entendait plus rien. Seul le chant des oiseaux cachés dans les pins et les érables de la forêt émergeait du néant juste derrière elle. Elle regarda encore pendant de longues secondes le navire s’éloigner. Le Half Moon 3 semblait à présent un lointain bateau de carton imaginaire. Inutile d’essayer d’appeler ou de gesticuler, le vaisseau se dirigeait définitivement vers l’océan qu’il atteindrait sans doute dans quelques jours. Aucun membre de l’équipage ne pouvait l’entendre ou la voir.
Le capitaine et les hommes du Half Moon avaient-ils voulu se débarrasser d’elle ? L’hésitation première de son oncle à accepter la présence d’une jeune fille sur le navire, même déguisée en garçon, avait-elle finalement eu raison de lui, selon l’ancestrale croyance qu’une femme à bord portait malheur ? L’un des matelots avait surpris la véritable identité de Lisbeth, puis donné l’alerte avant de menacer le capitaine d’une rébellion, affirmant haut et fort que c’était à cause d’elle que le Half Moon n’avait pas trouvé la voie vers la Chine ! Le capitaine avait profité de la première escapade de sa nièce pour renoncer à ses engagements et trahir la promesse donnée à sa mère et à sa sœur. Ou encore avaient-ils été attaqués par un groupe d’Indiens natifs ? Avaient-ils cru Lisbeth massacrée, et avaient-ils décidé de fuir en toute hâte ? Il paraissait impossible à la jeune fille que son cousin John n’ait pas cherché à la retrouver avant d’embarquer, et son cœur chavirait de désespoir à cette idée. Mais pourquoi le Half Moon l’avait-il abandonnée sur le rivage du fleuve ?
Ces questions resteraient dans l’esprit de Lisbeth pendant de longs jours, bourdonnant en tous sens comme de grosses mouches noires enfermées dans un bocal. La jeune fille ne saurait sans doute jamais pourquoi sa vie bascula ce 23 septembre 1609.
Lisbeth finit par s’asseoir sur le sable, le regard fixé sur les eaux du fleuve. Hier encore, elle se sentait si fière de participer à la découverte de l’immense rivière 4 qui les avait menés au cœur du nouveau pays de l’ouest. Le soleil au zénith en ce début d’automne lui brûlait les yeux et troublait sa vue. À deux reprises, elle passa une main dans ses cheveux courts aux boucles blondes ébouriffées, puis sur sa joue humide, comme pour garder le contact avec elle-même, avec l’odeur de sa peau salée.
Quand le bateau fut totalement sorti de son champ de vision, elle s’allongea, les paumes de ses mains égrenant le sable chaud. Son caractère naturellement optimiste et volontaire luttait contre l’angoisse profonde qui lui tordait les entrailles. Pour que l’enthousiasme et l’énergie l’emportent sur le désespoir, elle se mit à parler à voix haute.
– Bon, récapitulons : j’ai des vivres pour deux jours à peu près, un feu qui se consume dans les ruines du fortin 5 où nous avons passé les dernières nuits. Je peux aussi m’abriter dans le refuge que John m’a construit. Et si je continue d’arpenter la région comme aujourd’hui, je vais bien finir par rencontrer un Indien semblable à ceux avec lesquels mon oncle a dîné la semaine dernière à bord du navire, et dont il a reçu des présents sacrés : wampuns 6 et tabac. Ces hommes ne sont pas loin et ils ont l’air plutôt accueillant. Je me ferai comprendre par gestes. Et ils me guideront et me conseilleront. Et si je ne les trouve pas… Eh bien… Nous verrons.
Les paupières de Lisbeth se fermèrent dans le picotement des larmes retenues. Mais elle sentit un mouvement insistant contre son mollet droit, comme si quelque chose de lourd grimpait sur sa jambe, lentement. Lisbeth cessa de penser, de bouger. Tétanisée, elle attendit sans oser regarder. Soudain, la forme chaude s’immobilisa sur l’avant de son tibia et un long grognement se fit entendre dans un souffle rauque. Rassemblant tout son courage, Lisbeth releva la tête pour voir de quoi il s’agissait.
Une boule de poils était couchée sur sa jambe et une tête de gros chat l’observait avec surprise et détermination. Éblouie par le soleil, Lisbeth devina le museau fin, le masque noir, la longue queue touffue, rayée de noir et de blanc, repliée vers les pattes de l’animal. Les petites griffes agrippèrent brusquement sa peau. Lisbeth poussa un cri aigu :
– Hey, l’ami, ne te gêne pas ! Tu me fais mal ! D’où viens-tu donc, bel animal ? lui demanda-t-elle dans un sourire.
Amusée et rassurée, Lisbeth voyait bien que le raton laveur ne lui ferait aucun mal. Il n’avait pas même l’idée de la mordre. Il la regardait fixement, de ses deux petits yeux noirs. Ce regard paraissait étrange à Lisbeth, peu habituel chez un animal, et il lui rappelait certains rêves de son enfance. La petite bête attendait, bien accrochée à la jambe de l’adolescente. Lisbeth essaya de bouger son mollet et de le soulever :
– Mais que tu es lourd ! Tu dors les yeux ouverts ? Tu ne m’as pas l’air bien réveillé ! Allez, descends ! J’ai déjà assez de problèmes comme ça !
Le raton laveur l’observait, comme hypnotisé. Semblant écouter la voix enrouée de Lisbeth, il penchait la tête sur le côté, comme s’il la comprenait. Lisbeth lança un dernier regard résigné au loin, vers le fleuve où le Half Moon n’était même plus visible, puis elle se rejeta en arrière sur le sable. Elle resta allongée pendant presque une heure entière, les yeux fermés sous le soleil, le poids immobile du raton laveur installé sur son mollet droit.
Ils s’endormirent l’un et l’autre.
Le souvenir de l’Angleterre et de sa grand-mère Anna envahit le rêve de Lisbeth. Elle se trouvait dans le salon familier. C’était une pièce surchauffée et décorée du sol au plafond de médaillons colorés, de livres magnifiques, de tableaux ouvrant sur des paysages merveilleux : forêts incendiées de soleil, chaumières accueil

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents