Le brasier de Berlin
171 pages
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Le brasier de Berlin , livre ebook

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Description

Berlin, 1933. Sur ordre du Führer, des milliers de livres sont offerts aux flammes d'un autodafé. Parmi eux, le Gipsy Book. Dans les cendres du bûcher, une fillette blonde découvre un éclat bleu qui l'attire. Fascinée par les volutes d'or à moitié épargnées par les flammes, elle glisse l'ouvrage sous son manteau. Dix ans plus tard, Liesl retrouve ce livre interdit et commence à en tourner les pages. À dix-huit ans, éduquée dans l'idéologie allemande des Jeunesses hitlériennes, elle découvre une toute nouvelle façon de penser et de vivre. Un souffle de rébellion s'empare alors de son esprit. Liesl réussira-t-elle à ne pas se brûler les ailes ?

Le Gipsy Book est un livre de sagesse écrit par un vieux gitan Nanosh Balatta. Il est passé de main en main, a voyagé dans le temps, changeant à chaque fois la vie de ceux et celles qui le lisaient.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 octobre 2017
Nombre de lectures 76
EAN13 9782728924219
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0374€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table des matières
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Épilogue
Notes
Page de copyright
À ma famille.
Où l’on brûle les livres, on finit par brûler les hommes. Heinrich Heine – 1797-1856
Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’espérance. Et je n’en reviens pas. Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout. Cette petite fille espérance. Immortelle. Charles Péguy, Le Porche du mystère de la deuxième vertu – 1912
1
Opernplatz, Berlin 10 mai 1933
L’étudiant craque l’allumette puis la lance devant lui. Le bâtonnet enflammé s’envole, décrit une longue courbe, menace de s’éteindre puis tombe sur la palette de bois.
Woufffff !
Un souffle puissant explose en une déflagration brûlante. Les flammes surgissent, violentes et démesurées. L’étudiant fait un bond en arrière. L’essence envoyée sur le bûcher s’est enflammée d’un seul coup malgré la pluie battante.
Une acclamation s’élève de la foule. La fanfare roule des tambours. On applaudit ce formidable brasier qui surgit au milieu de la nuit. Les membres des SA 1 et des SS 2 défilent en uniformes sombres sur la place située devant l’Opéra de Berlin. Les Jeunesses hitlériennes leur emboîtent le pas en brandissant des drapeaux frappés de la croix gammée. Par endroits, des projecteurs braquent leur lumière trop vive sur le feu, la tribune, la foule. On filme pour pouvoir témoigner de ce grand jour.
Soudain, le premier camion arrive. Dans sa benne, des étudiants de l’université de Berlin sont juchés sur une montagne de livres. Le véhicule manœuvre et s’approche du bûcher. Un étudiant brandit alors un livre au-dessus de sa tête et le lance vers le feu. L’ouvrage n’a pas le temps de tomber dans le brasier qu’il s’enflamme déjà. Ses pages rougissent, dévorées par la fournaise et disparaissent instantanément. Un cri enthousiaste accueille l’audace du jeune homme. C’est le signal. Les étudiants attrapent les livres à bras-le-corps et les jettent dans le feu. Ils sourient. Leurs gestes sont pressés, pleins de hargne, comme si ces ouvrages qu’ils livrent aux flammes leur brûlaient les doigts. Le feu crépite, furieux. Il engloutit impitoyablement les livres, il se nourrit de ces milliers de pages qu’on lui offre en sacrifice.
Derrière son pupitre recouvert du drapeau à croix gammée, un homme sanglé dans un imperméable s’agite. Il est sec comme une brindille, raide comme la justice. Ses yeux marron et enfoncés dans ses orbites brillent tels des charbons ardents. Ses cheveux bruns lissés en arrière dégagent son front trop haut. Ses lèvres sont pincées et tombantes. Il ne parle pas, il aboie. Les micros permettent à sa voix aux accents rageurs de couvrir le bruit du feu dévorant les livres.
– Étudiants, hommes et femmes d’Allemagne, l’Allemand du futur ne sera pas seulement un homme de livres, ce sera aussi un homme de caractère !
Joseph Goebbels, ministre de l’Éducation et de la Propagande du Troisième Reich, est galvanisé. Cette nuit est son triomphe. On brûle tous les livres des auteurs juifs du pays, des philosophes ou des poètes opposés aux idées du parti nazi, des scientifiques ou des auteurs de théâtre qui ne sont pas conformes à la culture allemande idéalisée par Hitler, le Führer.
Le premier camion est déjà vide. Un deuxième s’avance. Il est plein de tous les ouvrages que les étudiants sont allés ­chercher dans les bibliothèques, les librairies, chez eux ou chez leurs voisins. Depuis des semaines, ils mènent une chasse impitoyable à l’ouvrage maudit et interdit. Le philosophe Friedrich Nietzsche, l’écrivain Franz Kafka, le psychanalyste Sigmund Freud, l’auteur Stefan Zweig, le poète Erich Kästner ou encore l’Américain Ernest Hemingway et le Français Marcel Proust. Tous sont inscrits sur la liste noire.
– Vous faites donc bien, à cette heure tardive, de confier aux flammes les ordures intellectuelles du passé. C’est une grande entreprise symbolique ! L’ordre ancien gît dans les flammes, l’ordre nouveau s’élèvera des flammes de nos cœurs.
Derrière les uniformes bruns de la SA qui fait le service d’ordre, la foule est nombreuse. Ils sont des milliers. Jeunes, vieux, hommes, femmes, militaires ou civils, des familles même avec de petits enfants. Ils ont bravé la pluie battante pour venir assister à ce spectacle et écouter Goebbels les faire rêver avec l’image d’une Allemagne nouvelle et puissante. La plupart veulent croire à cette promesse de lendemains meilleurs.
Lorsque Goebbels termine enfin de parler, la fanfare entonne les premières mesures d’un chant patriotique. Aussitôt, de puissantes voix masculines s’élèvent. Les femmes et les enfants également se joignent au chant. L’air vibre de passion patriotique. La foule frissonne, électrisée. Elle a besoin de ces moments de liesse populaire pour avancer et croire en l’avenir.

Deux heures plus tard, le public commence à se disperser. Goebbels, lui, est déjà parti depuis longtemps. Les camions également, les drapeaux, la fanfare, les caméras. Disparus. La lune seule éclaire les restes de la scène. Ne demeurent sur la place que quelques petits groupes qui continuent de discuter, maintenant que la pluie s’est arrêtée. Certains ont retrouvé des amis et prennent des nouvelles. D’autres jouissent simplement de la soirée qui s’éternise. Un homme reste debout, isolé, à contempler les reliquats du bûcher. L’obscurité empêche de voir vraiment son visage mais un œil attentif noterait immédiatement son air abattu et cette larme accrochée à sa paupière qui se retient de couler librement. Ce soir, ses livres ont brûlé…
Des enfants se sont approchés du feu, qui n’en est plus un à présent. Les dernières flammes ont disparu, laissant la place à des braises rougeoyantes ou à de la cendre déjà refroidie. Çà et là, on devine encore quelques squelettes de livres, gisant grands ouverts sur des moignons de pages calcinées. Les enfants courent autour du bûcher éteint en criant de joie. Il est tard. Leurs parents ne semblent pas se préoccuper de l’heure. Ils en profitent. Une fillette blonde, plus téméraire que les autres, joue avec un bâton et tape dans la cendre. Elle soulève des nuages de cendre qui l’amusent et la font tousser.
– Liesl ! l’appelle sa maman qui l’aperçoit. Arrête-moi ça tout de suite.
Mais Liesl n’écoute pas. Et sa mère est déjà retournée à sa conversation. À présent, la fillette plonge ses jolies chaussures en cuir directement dans la cendre. De noires, elles deviennent grises. Liesl grimace. Si sa maman voit cela, elle va se mettre en colère. La petite fille pose son bâton, s’accroupit et nettoie ses chaussures du plat de la main. Et tandis qu’elle est ainsi, le nez près du sol, son regard accroche un éclat bleu au milieu des cendres. Cette couleur vive l’attire. Curieuse, elle tend la main et tire de sous la cendre un livre que les flammes n’ont pas eu le temps de dévorer. Les bords et les coins de la couverture sont noircis mais tout le reste est intact. La fillette est fascinée par les volutes de feuillage doré qui ornent la couverture bleue. Elle n’a jamais rien vu d’aussi joli.
– Liesl !
La fillette sursaute. Elle relève la tête. Ses parents lui font signe. Ses frères et sœurs sont déjà près d’eux.
– Dépêche-toi. Nous rentrons à la maison.
– J’arrive ! lance la petite fille.
Mais juste avant de se relever, sans réfléchir, elle glisse le livre sous son manteau.
– J’arrive, maman ! répète-t-elle en se redressant tout à fait.

Sans le savoir, Liesl, huit ans, vient de faire son premier acte de résistance.
2
Berlin, dix ans plus tard
– Tiens ! Tu mettras tes affaires là-dedans.
La mère de Liesl pose bruyamment sur le sol une malle qu’elle a descendue du grenier.
– Dépêche-toi, ajoute-t-elle. Oncle Herbert arrive cet après-midi. Je veux avoir le temps de lui préparer sa chambre.
– Pourquoi est-ce moi qui dois déménager ?
Sa mère s’arrête sur le pas de la porte et se retourne.
– Nous en avons déjà parlé, Liesl. Oncle Herbert est très secoué par la mort de tante Eva. Il a besoin d’être seul et au calme. Aloïs et Trudi sont trop jeunes. Quant à Sascha, tu sais bien que c’est impossible.
Liesl hausse les épaules. L’idée de prêter sa chambre au plus jeune frère de son père ne l’enchante pas du tout. Et encore moins de déménager sous les combles. Mais son pauvre oncle a perdu sa femme et sa maison dans un bombardement, il y a quelque temps. Lui refuser l’hospitalité est inenvisageable.
Liesl traîne la malle jusqu’à son lit en bougonnant. Elle regarde autour d’elle et se demande par où commencer. Depuis le temps qu’elle vit dans cette chambre, elle y a entassé un nombre inimaginable de bibelots.
« Au moins, cela va m’obliger à faire un peu de tri », se dit-elle pour se donner du courage.
Liesl veut faire vite pour pouvoir passer à autre chose mais c’est compter sans ses souvenirs. À chaque nouvel objet, souvent oublié, ils affluent. À chaque fois, elle doit se faire violence pour ne pas rêver trop longtemps et trier plus rapidement. Pour finir, il est presque midi quand la jeune fille termine enfin de déménager toutes ses affaires. Elle a glissé la m

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