Mille pièces d or
136 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Au siècle dernier, l'histoire véridique de Lalu Nathoy, une jeune fille chinoise qui fut vendue par son père pour deux sacs de grains, condamnée à la prostitution, puis embarquée sur un bateau à destination des Etats-Unis, et finit un jour par recouvrer la liberté.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 août 2015
Nombre de lectures 18
EAN13 9782211225137
Langue Français

Extrait

Le livre
Au milieu du XIX e siècle, en Chine, au cours des périodesde famine, des bandes armées écumant la campagne attaquent les villages. Lors d’une de ces attaques, la jeune Laluest achetée par le chef des bandits contre un sac de grain.Revendue à une luxueuse maison de prostitution, puis àune entremetteuse, elle se retrouve dans la cale d’un navirequi la transporte aux États-Unis, où elle devient l’esclaved’un chinois tenancier de saloon avant d’être gagnée aupoker par son futur mari.
La suite des aventures de Lalu se situe dans l’Ouestaméricain en plein essor à l’orée du XX e siècle. DevenuePolly par le caprice d’un de ses maîtres, puis MadameBemis par amour, elle affronte la vie rude des pionniers,avec le handicap supplémentaire d’être chinoise à uneépoque où des ligues se créaient pour chasser les Jaunes duterritoire américain.
 
« De Shanghai à San Francisco, le courageux voyagede Lalu Nathoy est une contribution importante àl’histoire des femmes pionnières. »
Ms. Magazine
 

L’auteur
Ruthanne Lum McCunn est née dans le Chinatown deSan Fransisco. Fille d’un capitaine de la marine américaine,elle a grandi à Hong Kong et a reçu une éducation à la foischinoise et anglo-américaine. Professeur et libraire, c’est en1981 qu’elle se lance dans l’écriture avec Mille pièces d’or .Depuis, elle se consacre entièrement à cette activité.
 

Ruthanne Lum McCunn
 
 

Mille
pièces d’or
 
 

Traduit de l’anglais (États-Unis)
par Michèle Poslaniec
 
 

Médium poche
l’école des loisirs
11, rue de Sèvres, Paris 6 e
 
Il n’y a pas d’Histoire,seulement des romansà des degrés divers de vraisemblance.
 
Voltaire
Préface
 
Mille pièces d’or raconte l’histoire de Lalu Nathoy,devenue ensuite Polly Bemis. Quelques personnages fictifs ont été ajoutés, et certains événements transposés pour l’équilibre narratif, maisle récit essentiel de la vie de Polly reste exact.Cette exactitude aurait été impossible sans l’aidede nombreuses personnes auxquelles je suis profondément redevable.
Tout d’abord, je veux rendre hommage auxpionniers qui se sont suffisamment souciés de Pollypour raconter son histoire dans leurs écrits personnels, leurs journaux, dans la presse et les récits oraux.
Je suis reconnaissante à l’historienne sœur MaryAlfreda Elsensohn qui m’a permis de retrouver plusieurs de ces sources et des personnes encorevivantes qui ont réellement connu Polly. Sans sesconnaissances étendues et sa générosité, ma tâcheaurait été beaucoup plus difficile, sinon impossible.
Lors de mes recherches dans l’Idaho, j’aibénéficié de la coopération de nombreuses personnes qui ont accepté des entrevues, fourni despistes supplémentaires vers d’autres personnes,d’autres sources, et continué de répondre à mesquestions par correspondance. Je suis particulièrement redevable à Jim Campbell, John Carrey,Mary Long Eisenhaver, Marybelle et Paul Filer,Denis G. Long, Verna McGrane, June Sawyer,Vera Weaver Waite, et Inez Wildman.
Je suis aussi reconnaissante à Nellie McClelland de l’Idaho County Free Press, Bob Waite del’Idaho Recorder’s Office, et M. Gary Bettis, JimDavis, Karin E. Ford, et Kenneth J. Swanson, del’Idaho State Historical Society qui m’ont fournides renseignements indispensables ; à Bob Hawleydes Ross Valley Books, pour m’avoir montré deslivres sur l’Ouest authentique ; et aux bibliothécaires du service de prêt de la Bibliothèque de San Francisco qui ont toujours réussi à me procurerles livres et archives que je demandais à toutesles bibliothèques des États-Unis.
À tous les amis qui ont donné leur temps etleur compétence pour relire de façon critiquemon manuscrit, je dis merci. Je suis particulièrement reconnaissante à Beverly Braun, Hoi Lee,Ellen Yeung et Judy Yung qui ont largementcontribué à la réalisation finale de ce livre parleur perspicacité et leurs connaissances de spécialistes ; à John Carrey et Bob Hawley qui ont lule manuscrit pour en vérifier l’exactitude historique ; et à Lynda D. Preston dont les talents derédactrice ont donné à ma prose la touche finale.
Enfin il faut dire que sans l’aide de mon marià toutes les étapes de la recherche et de l’écriture de ce livre, Mille pièces d’or ne serait encorequ’un rêve.
C’est à lui et à Lalu Nathoy qui est à l’originede ce travail, que je dois le plus.
 
Ruthanne Lum McCunn
PREMIÈRE PARTIE
 
1865-1872
 

Fillette chinoise aux pieds bandés.
Photo : Bibliothèque de Bancroft .
1
 
En apparence, leurs actes étaient les mêmes quechaque soir. Dans la cour, entre le hangar etla fosse à purin, Lalu était accroupie devant lebaquet de bois pour laver les pots et les bolsdu souper. Dans le coin opposé, près de laporte qui ouvrait sur la cuisine, son père, avecsa natte soigneusement enroulée au-dessus deson visage bronzé, était appuyé contre le murde brique en ruine et fumait la pipe. Assisesur un tabouret près de lui, sa mère nourrissaitle bébé tandis qu’A Cai, son plus jeune frère,montrait son savoir en dessinant par terre à sespieds les nouveaux caractères appris. Mais Lalu,frottant et rinçant aussi vite que ses doigts le lui permettaient, savait que ce n’était pas commed’habitude.
Il y avait ce nombre inhabituel de bols et depots à laver, le dîner délicieux dont elle gardaitencore le goût à l’intérieur de la bouche, la certitude que son estomac ne connaîtrait pas la faim aucours de l’année à venir, et cette attente muettequ’ils partageaient. Car la moisson avait été exceptionnelle. La meilleure que Lalu eût connue entreize années de vie.
À l’intérieur de la maison, la plate-formesuspendue au-dessus du lit en briques s’incurvaitsous le poids des patates douces. Les énormes potsde terre dans la cuisine étaient remplis à ras bordde légumes salés. Tous les paniers débordaient deharicots verts séchés et de tranches de navets etde patates douces. Des bottes de pieds d’arachide,de patate douce et de tiges de millet couvraientla moitié de la cuisine en des tas plus hauts queLalu. Et le mieux de tout, dans la cachette derrière le fourneau…
Lalu se redressa d’un bond en effrayant lespoulets qui picoraient et grattaient la terre autour d’elle et qui se mirent à piailler fortement. Pendant quelques instants, elle chavira sur ses petitspieds bandés de dix centimètres. Puis retrouvantson équilibre, elle ramena les bols et les pots surleur étagère dans la cuisine, vida le baquet d’eausale dans le fossé derrière le hangar, et se perchasur le tabouret en face de son père.
« Papa, le vent d’automne est froid. Il doit sefaire tard », lança-t-elle.
Sa mère sourit et les yeux de son père brillèrenttandis qu’il inspirait profondément, puis chassaitla fumée par ses oreilles en petites bouffées.
En riant, mais ne voulant pas qu’on l’ignore,Lalu poursuivit : « Regardez, la première étoileapparaît et j’entends des moustiques. »
Elle montra A Cai qui, moulinant des bras,se mit à tournoyer autour d’eux en caracolantfrénétiquement. Étonné par le bruit et l’activitésoudaine, A Fa s’arrêta de boire pour les observer.Lalu le prit dans ses bras et tourna autour de sonpère en fredonnant et en berçant l’enfant jusqu’àce que la mine inquiète du bébé laisse place auravissement.
Avec un petit rire, son père posa sa pipe.« Assez, assez ! » dit-il, en frappant A Cai pourrire. « Nous allons rentrer. »
Lalu, portant le bébé triomphalement, suivitson père, sa mère et son frère dans la cuisine.
« Je voudrais le déterrer ! » dit A Cai.
Sa mère lui tendit la pelle de métal. « Faisattention », dit-elle. « Ne casse pas le pot. »
Lalu se balançait avec le bébé. Elle déplaçaittout son poids d’un pied sur l’autre. « Et si onnous l’avait volé pendant que nous étions occupésà battre ? »
Sa mère plaqua sa main sur la bouche de Lalu.« Ne dis pas une chose pareille. »
« Où est-il alors ? » marmonna Lalu entre lesdoigts de sa mère.

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