Altiplano
302 pages
Français

Altiplano , livre ebook

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302 pages
Français

Description

Altiplano naît au confluent de deux pratiques signifiantes : l'écriture et la peinture. Le voyage en est le moteur, la matière première " retranspirée" par le texte et approchée par l'image, se mesurant au réel, pour en exprimer la démesure quand ce n'est pas l'infime détail. L'écriture se fait soucieuse d'embrasser les lointains grandioses et le détail proche, dans les rendus visuels des paysages d'abord, mais aussi dans la sensation sonore. Toute une population locale traverse également ces pages, arrêtant parfois le flux de la narration. Altiplano, titre qui recèle enfin ses moments de magie et de complicité le long d'un voyage où la rencontre première est celle de l'autre à ses côtés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2017
Nombre de lectures 13
EAN13 9782140049361
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Récit de Dessins et aquarelles de
Livia Figini Camille Jaillette
Altiplano
Traversée amoureuse des Andes© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-13264-8
EAN : 9782343132648AltiplanoRécit de
Livia Figini
Dessins et aquarelles de
Camille Jaillette
Altiplano
Traversée amoureuse des AndesÀ Auguste et ArianeVoir, vivre, partir…
Arthur Rimbaud,
Lettre à sa sœur du 15 juillet 1891. 8*
l est 18h. Il fait nuit depuis longtemps et mes doigts sont Ifroids en cette fn de journée de novembre. Je viens de
rentrer de l’école, épuisée de la violence des élèves. Dans
notre souricière sur les toits de Paris, Camille m’attend avec
un sourire. Il m’embrasse et me demande de ma journée.
Rien de nouveau sous le ciel plombé des cités. Fatigués des
contraintes et désireux d’Ailleurs, nous décidons de manger
dehors, dans notre rue aux couleurs du voyage. La rue
Sainte-Marthe est pour nous une extension de notre nid, un
continent sur le monde où chaque échoppe colorée abrite un
visage ami. Nous nous invitons chez Gonzalo, dans sa jolie
taverne Tierra del Fuego, enclave chilienne dans cette ruelle
préservée du vacarme du quartier de Belleville. Les lumières
tamisées dévoilent des fresques de femmes callipyges et
bachiques, alanguies par le soleil et les vignes andines. Sur les
murs oranges, des photographies d’Européens de Santiago
ou d’Indiens des Hauts-Plateaux, contraste étonnant de
peuples dans ce pays qui s’étire entre l’océan et la cordillère.
Mon regard se pose sur la voûte d’un mur en arcade où des
petites voitures d’argile bariolées, transportant des hommes
et des paniers de fruits, roulent, le toit renversé, sur les parois
bleues du restaurant.
D’emblée, la carte des plats nous plonge dans les saveurs
et odeurs de l’Amérique latine. Je choisis une cazuela de
vacuno - pot-au-feu chilien agrémenté de potiron et de
maïs -, Camille commande une picada - grillade de viandes
assortie de légumes et de bananes plantains - et nous parta -
geons des empanadas en entrée - fameux petits chaussons
frits fourrés au fromage. Nous arrosons ce menu de fête avec
un pichet de vin rouge de la maison, chilien por supuesto !
9Gonzalo entonne des airs de son pays en dansant avec sa
flle et nous ofre une coupelle de pebre, délicieuse sauce
pimentée de tomates émincées, de coriandre et d’oignons, à
déguster sur du pain grillé. Euphoriques et amoureux, nous
rêvons de notre été à venir et imaginons notre destination.
Un peu obsessionnelle, je pense à l’Océanie pour compléter
ma longue liste de voyages, assouvissant ma passion efrénée
de découvrir, d’expérimenter mes limites. Cette romance
des balades lointaines, c’est ma marraine italienne qui me
la fredonnait dans mes jeunes oreilles. Absolument libre et
voyageuse de haut vol, elle parcourut les montagnes afghanes
lorsqu’il était encore possible de les admirer. Je me souviens
d’avoir souvent rêvé, durant mon adolescence, de me glisser
dans ses valises, à la découverte du corail d’Égypte, des
cactus colombiens, du renard de la muraille de Chine.
La voix de Camille m’invite à voyager dans l’ivresse des
terres si proches de nos assiettes de grès. Il me parle de son
rêve altiplanique de voir un jour la ville la plus haut perchée
du monde, La Paz. Alors, comme illuminés par cette
révélation, bercés par les chants traditionnels amérindiens, nous
partons sur les routes. L’Argentine nous appelle. Buenos
Aires la Mythique nous fait faire un détour, pour atteindre
ensuite le désert chilien de l’Atacama, pour remonter dans
le blanc du salar d’Uyuni et s’émerveiller de la hauteur de la
capitale bolivienne. En quelques heures de joie, l’itinéraire
se précise, les cartes et les reliefs se mêlent, l’horizon s’élargit.
De retour dans notre tanière, Camille branche les
enceintes sur les plaques de notre fourneau et me fait tanguer
sur une cumbia endiablée, guidant mes pas d’enfant rêveuse.
Emportés par notre danse amoureuse, nous nous
embrassons en langue quechua, déjà bilingues, allègres et fous, loin
sur l’océan Pacifque, proche de l’archipel Juan Fernandez,
paradis perdu de Robinson.
Nous songeons vaguement à l’inversion des saisons ;
pour nous, il fait toujours beau et chaud hors d’Europe.
10Jeudi 7 juillet 2016
20h39 heure française
15h39 heure argentine
e suis sur le balcon de l’appartement loué par Airbnb à JMargarita et Fernando. La table en mosaïques colorées
est remplie de cartes de Buenos Aires, de guides
d’Argentine et du soleil hivernal doux.
Nous sommes arrivés à 8h10, heure locale, à l’aéroport
Pistarini. Le Nouveau Monde ressemble, pour le moment,
fortement à une Europe, étirée sur l’autre rive de
l’Atlantique. De la fenêtre du bus nous menant au centre de
Buenos Aires, la banlieue s’allonge durant une belle heure
ensoleillée. Des buildings hauts, certains inachevés, parfois
une prairie et quelques chevaux devant une enseigne
publicitaire délavée. Arrivés à la station de taxi désorganisée,
nous attendons en tenue de ski. L’hiver nous rattrape ici,
nous l’avions presque oublié.
Pris dans les embouteillages des camions, nous parvenons
enfn à la place Italia. Les rues sont plus larges que chez
nous, les avenues sont des artères bouchonnées et le fux
nous mène enfn au quartier de Palermo. La femme de
ménage aux traits indiens nous accueille d’un sourire rapide.
Mon esprit un peu sonné ne fonctionne désormais qu’en
espagnol.
Camille fait une sieste avant d’aller supporter la France
contre l’Allemagne dans un bar du quartier de Palermo
Soho. Vingt-cinq heures de trajet, d’avion en retard et de
turbulences ; nous sommes heureux et repus après le gran
11bife Las Cabras, spécialité carnivore de cette jolie cantine
rouge du quartier. Main dans la main, nous repérons déjà
les rues, ouvertes et ensoleillées sur nos deux mois à venir,
absolument libres de nos pas et des horloges.
Fernando, au téléphone, me complimente de mon
espagnol pas si rouillé et m’explique les rues des environs à
la recherche d’un cybercafé pour donner de nos nouvelles.
Nous y trouvons un bar sur la place Serrano, on nous met
le match qui grésille ; la France gagne malgré l’Allemand à
nos côtés qui fnit par nous faire la bise en nous félicitant.
La nuit tombe vite, vers 18h ; nous rentrons à Palermo après
quelques courses mais sans tomates !
12Vendredi 8 juillet 2016
Heure locale
e soleil se lève tard, vers 7h30. Il fait encore nuit pendant Lquelques minutes. Mais très vite, il décide de s’élever du
balcon et la circulation grondante démarre. Une petite leçon
d’espagnol pour Camille, un regard sur la carte de la ville et
nous sortons marcher pour découvrir la ville.
12h Nous mangeons un sandwich fait avec amour sous
un cacaotier où nichent des perruches avant de visiter le
musée des Beaux-Arts. Le matin, nous avons marché dans
le jardin botanique puis nous avons pris l’Avenida Sarmiento
jusqu’au Parque de Palermo. La longue et large Avenida del
Libertador nous mène de places en places, à travers les pays,
Italia, Alemania, República de Chile, Francia. Les
immeubles sont hauts et bien gardés, tout comme les chiens et les
joggeurs.
Après la visite du musée des Beaux-Arts, où Rodin,
Velásquez, Manet, nous rappellent Londres et l’Europe,
nous prenons un café chez Romario avant de nous perdre
dans le Cementerio de la Recoleta à la recherche de la tombe
d’Eva Perón. Nous n’y trouvons vraiment que des chats, des
tombes ouvertes à l’abandon et des Japonais. Nous nous
perdons ensuite dans les dédales du centre culturel. Des
caricatures locales de généraux et de femmes accouchant dem’ -
panadas nous font sourire. Du balcon, on observe la place
de Francia où les gens attablés mangent des bocadillos et
soupes de potirons. Nous bifurquons ensuite dans lA’ venida
Alvear, où les boutiques de gauchos chics nous mènent à
16l’ambassade de France. Hollande souhaite d’ailleurs une
bonne fête de l̵

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