Amour et pince-monseigneur
117 pages
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Amour et pince-monseigneur , livre ebook

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Description

Déjà connu comme l'interprète du rôle de Robert Bourassa dans la série René Lévesque et ce lui de Pangloss dans le Candide de Voltaire, François Désalliers est avant tout un écrivain. Après plusieurs textes dramatiques présentés dans différents théâtres de Montréal, il propose avec Amour et pince-monseigneur un premier roman étonnant, subtil et drôle, sur la vie pourtant si simple d'un jeune homme de vingt ans.
Tout commence avec une partie de baseball au stade de Montréal, où Philippe, dix-neuf ans, accompagne son oncle Momo. Le jeune commis de dépanneur y aperçoit la belle Nicole pour la première fois. Ainsi démarre cette histoire où l'on aime la vie, l'amour et la poésie. Mais, surnoisement, la mort sera au rendez-vous au temps des fêtes de Noel et du jour de l'An.
Voici un roman doux et plaisant sur l'amour, l'amitié et la littérature. On pense à L'Écume des jours (B. Vian) ou à Salut Galarneau! (J. Godbout). On est ravi par ce style baba-cool où les vingt ans se racontent dans le paysage montréalais contemporain.
François Désalliers recevait le 5 juin 2001, le Grand prix cégep de Saint-Jérôme pour une première oeuvre, remis par le Conseil de la culture et des communications des Laurentides pour son roman Amour et Pince-Monseigneur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 février 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782764417874
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Données de catalogage avant publication (Canada)
 
Désalliers, François, 1957-

Amour & pince-monseigneur
9782764417874

I. Titre. II. Titre: Amour et pince-monseigneur
PS8557.E678A86 1999 C843’.54 C99-941244-2 PS9557.E678A86 1999 PQ3919.2.D47A86 1999
Les Éditions Québec Amérique bénéficient du programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada.


Elles tiennent également à remercier la SODEC


pour son appui financier.
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie à l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.


Il est illégal de reproduire une partie quelconque de ce livre sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
 
©1999 ÉDITIONS QUÉBEC AMÉRIQUE INC.
www.quebec-amerique.com
 
Dépôt légal : 3 e trimestre 1999 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada
 
Illustration de la page couverture :
Miyuki Tanobe, Coin de rue à Montréal, 1984.
 
Mise en pages : Édiscript enr.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace PREMIÈRE PARTIE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29
DEUXIÈME PARTIE
30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44
Épilogue FRANÇOIS DÉSALLIERS

À Jean-Luc
La rue est une blessure ouverte sur le ciel.
 
Jorge Luis Borges
PREMIÈRE PARTIE
1
J e travaillais dans un dépanneur, rue de Lille, près du boulevard Henri-Bourassa. Ce n’était pas génial, mais je n’en pouvais plus ; il fallait que je fasse quelque chose. Le patron ne m’avait pas posé trop de questions. Il faut dire que travailler la nuit, c’est pas évident : les candidats ne devaient pas se précipiter. En tout cas, j’avais eu le travail ; je ne suis pas pour faire une psychanalyse. Le patron se nommait Yvan Brochu et portait au cou une corne d’abondance plaquée or.
C’était tranquille. Le matin, le soleil colorait le ciel. J’avais l’impression que tout pouvait recommencer. La vie, je veux dire. La vie pouvait recommencer. Il y avait un grand silence. Et puis ensuite les voitures, les autobus… À huit heures j’allais me coucher, j’échappais à tout ça. J’avais dix-neuf ans.
Quand il n’y avait pas de clients, je m’installais sur mon banc de cuir et je lisais. Je glissais des encarts dans les journaux, je plaçais les boissons gazeuses, les bières, les cartons de lait sur les clayettes des réfrigérateurs. À huit heures Sophie, la fille du patron, venait me remplacer. Elle avait seize ans. Je ne sais pas si elle allait à l’école : nous ne nous parlions pas beaucoup. Je dormais jusqu’à quinze heures et en me levant je buvais une bière, je mangeais un sandwich au jambon. Je demeurais dans un haut de duplex, un trois-et-demie, comme ils disent. La demie, c’était la salle de bains. Tordant ça. C’était propre, mais ça prenait presque tout mon argent. Il me restait à peine de quoi acheter quelques disques compacts. Au dépanneur, il y avait une bonne chaîne stéréo, mais Yvan Brochu était le genre à écouter du western. Moi, je préférais la musique classique. Je n’y connaissais rien, mais un jour chez mes cousins j’avais entendu des concertos pour violons de Bach et j’avais trouvé ça bon. Mes cousins étaient dans la musique, ma tante était professeure à Vincent d’Indy.
Après mes études secondaires — c’est un bien grand mot —, je m’étais inscrit au cégep du Vieux-Montréal, en lettres, où j’avais surtout joué au ping-pong. J’avais joué pendant un an avant de trouver ce poste de commis. Ça faisait l’affaire de ma mère que je quitte la maison parce qu’elle ne pouvait plus me supporter.
En face du dépanneur, de l’autre côté du boulevard Henri-Bourassa, il y a le parc de la Visitation et j’y allais souvent, l’été, quand il faisait beau. Je marchais dans les allées, sous les arbres, et je regardais l’eau filer dans les rapides. J’aimais marcher sur le bord de la rivière des Prairies quand il y avait beaucoup de vent. À ce moment-là je n’entendais plus la rumeur de la ville et j’arrivais presque à m’oublier.
2
M on oncle Maurice, Momo pour les intimes, possédait une grosse Buick bleue. Il l’avait rangée le long du trottoir, à côté de l’arrêt d’autobus, à deux heures du matin et il était monté en courant. Il ne fumait pas, mais comme il était obèse il était essoufflé. Il voulait qu’on aille voir les Expos. Il trouvait ça important. Je lui avais dit « on peut bien y aller » ; ça ou autre chose…
Il était venu me chercher à dix-huit heures et nous avions trouvé un emplacement pour garer la voiture près de la rue Saint-Joseph. Mon oncle, en manœuvrant, avait embouti un lampadaire ainsi qu’une belle clôture en fer forgé, mais ça ne l’avait pas tellement dérangé. Il jurait plutôt après sa Buick. Nous étions sortis de l’engin en refermant les portières dans un raclement de tôles assez impressionnant.
Mon oncle avait couru vers le Stade même si on était en avance, car il voulait manger ses hot-dogs et boire sa bière. Ce qu’il fit pendant toute la partie : la bière dans des contenants en plastique et les hot-dogs avec du pain blanc pas cuit qui me soulevait le cœur. Je ne sais ce que je trouvais le plus écœurant : la nourriture ou celui qui la mangeait. Il se trémoussait sur ses fesses, il n’était pas capable de rester en place, il fallait toujours qu’il se lève pour chercher quelque chose.
— Tu ne peux pas rester assis deux minutes ?
Il avait l’air surpris. La game était bonne, qu’est-ce que j’avais à m’énerver ? Il me disait que c’était important d’avoir une équipe de base-ball. Il avait peut-être raison, mais je fus attiré tout à coup par des ballons multicolores et la fille qui tirait sur les ficelles. Elle portait une jupe plissée comme les filles qui jouaient au tennis à Roland-Garros et elle avait un t-shirt sans manches qui laissait voir ses aisselles.
La partie terminée, mon oncle me tira par le bras. Nous nous dirigeâmes vers la sortie avec le troupeau. Je vis les ballons se disperser dans le ciel. Je m’enfonçai dans la foule puis dans la voiture et c’est là que j’appris la défaite des Expos. J’avais la tête qui tournait. Momo me demanda s’il devait me laisser au dépanneur. Il était vingt et une heures et je préférai qu’il me conduise chez moi pour que je puisse prendre une douche et me raser.
3
J e cognais des clous depuis un moment quand la clochette tinta. Un grand type blond en camisole avec des tatouages aboya dans mes oreilles.
— J’veux d’la bière !
— Je ne peux pas : les cadenas sont installés sur les réfrigérateurs.
— Débarre-les tes frigidaires !
Je n’aime pas ce genre de gars. Il m’arrivait de faire exception à la règle et de retirer les cadenas mais seulement pour ceux qui le demandaient gentiment. Certains clients me refilaient même un billet de cinq dollars. Je dois admettre que c’était surtout pendant les fêtes. Comme s’il avait deviné mes pensées, le gars me dit :
— Je vas te donner un deux…
— Je n’ai pas le droit, c’est contre la loi, si je me fais prendre…
— Tu te feras pas prendre, christ !
Je n’aimais pas qu’on blasphème dans le dépanneur, la nuit, quand tout était tranquille.
— Non, je ne peux pas.
Le gars frappa sur le comptoir. Je commençai à avoir peur, mais au lieu de reculer, j’ouvris ma grande trappe :
— Si ça fait pas ton affaire, je peux appeler la police…
Il se figea un peu.
— Come on man , si j’aurais su, je serais venu avant…
— Si j’avais su, lui ai-je dit, avec si il faut employer l’imparfait…
— Hein ?
Je lui expliquai alors que la subordonnée hypothétique, lorsqu’elle est introduite par si, exclut la présence du conditionnel, tout en lui faisant noter qu’après d’autres outils conjonctifs (au cas où, quand bien même, quand…), ou bien dans le cadre de la subordination implicite (parataxe), cette forme verbale réapparaissait. Et je lui donnai l’exemple : « Dans le cas où il ferait beau, j’irais à la campagne. » Comme il me regardait avec des yeux ronds où ne perçait aucune lueur de compréhension, je lui dis :
— C’est une règle de grammaire…
— Euh… t’es pas cool , man…
— Je m’excuse, mais je ne peux pas.
— Fais pas le chien, m’a te donner un cinq…
Si je cède maintenant, je me disais, je vais l’avoir dans les pattes à tout bout de champ. Je m’accrochai.
— Non.
— Mon christ de chien sale !
Il frappa encore plus fort sur le comptoir et j’attrapai au vol deux Crunchie.
— M’ a m’en chercher ailleurs d’la bière !
Fais donc ça, je me disais. Avant de sortir il ajouta :
— Un bon soir, j’vas t’attendre à la

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