Aragon au miroir
310 pages
Français

Aragon au miroir , livre ebook

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310 pages
Français

Description

Il n'y aurait pas, selon Aragon, de différence fondamentale entre la prose et le vers pas plus qu'entre le roman et le poème. En 1956, "Le Roman inachevé", l'autobiographie en vers d'Aragon, joue sur cette indifférenciation, mêlant récit de vie et lyrisme, récit factuel et fictionnel, franchissant la ligne de partage entre vers et prose. Dans sa diversité et sa démesure même, elle annonce, en ce milieu du vingtième siècle, le renouvellement des formes à venir comme elle anticipe étrangement certaines interrogations de notre modernité littéraire.

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Informations

Publié par
Date de parution 04 octobre 2018
Nombre de lectures 7
EAN13 9782140101922
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Selon Aragon, il n’y aurait pas un espace – « les nuées » – Béatrice N’guessaN Larroux
propre à la poésie et coupé du réel. La compatibilité de
la poésie et du réel trouve à s’illustrer dans une tradition
française inséparable de la poésie réaliste. Cette dernière,
inscrite dans une histoire déterminée et rejoignant parfois la
« poésie de circonstance », comme au temps de la Résistance,
est capable d’exprimer « l’homme, ses rêves, ses espoirs et
sa grandeur ». Ces deux tendances, incarnées notamment
par Victor Hugo, n’excluent pour autant pas la forme lyrique
du vers. Et Aragon de déclarer : « Je n’ai jamais été de ceux
qui disent qu’on écrit en vers ce qui ne mérite pas d’être écrit ARAGON AU MIROIR
en prose. Au contraire, quand certaines choses dépassent le
pouvoir d’expression de la prose, il leur faut l’aide nationale
du vers. » C’est ce parti-pris du réel à travers des outils Essai sur Le Roman inachevé
indiférenciés qui pousse encore au déf des académismes :
il n’y aurait pas selon Aragon de diférence fondamentale
entre la prose et le vers, pas plus qu’entre le roman et le
poème. En 1956, Le Roman inachevé, l’autobiographie en
vers d’Aragon, joue sur cette indiférenciation, mêlant récit Nouvelle édition revue et augmentée
de vie et lyrisme, récit factuel et récit fctionnel, franchissant
la ligne de partage entre vers et prose. Dans sa diversité et
sa démesure même, elle annonce, en ce milieu du vingtième
siècle, le renouvellement des formes à venir comme elle
anticipe étrangement certaines interrogations de notre
modernité littéraire.
Béatrice N’guessan Larroux est maître de conférences
en littérature française à l’Université Félix
HouphouëtBoigny d’Abidjan. Titulaire d’une thèse sur Aragon
romancier, elle s’intéresse également aux écrivains
« d’au-dessous du trente-cinquième parallèle », selon la
formule de Kundera, et fait siennes les thèses actuelles
sur une « littérature-monde ».
ISBN : 978-2-343-15792-4
31 €
Béatrice N’guessaN Larroux
ARAGON AU MIROIR






ARAGON AU MIROIR
Essai sur Le Roman inachevé











Béatrice N’GUESSAN LARROUX







ARAGON AU MIROIR
Essai sur Le Roman inachevé





Nouvelle édition revue et augmentée


























































































Du même auteur


La Rue dans tous ses états (dir.), L’Harmattan, 2018


























































Première édition © L’Harmattan, 2010.

© L’Harmattan, 2018
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-15792-4
EAN : 978234315794







À la mémoire de
Camille et Micheline





« Je n’ai pas toujours été l’homme que je suis. J’ai toute ma
vie appris pour devenirme que je suis, mais je n’ai
pour autant pas oublié l’homme que j’ai été, ou à plus
exactement parler les hommes que j’ai été. Et si entre ces
hommes-là et moi il y a contradiction, si je crois avoir
appris, progressé, changeant, ces hommes-là quand, me
retournant je les regarde, je n’ai point honte d’eux, ils sont les
étapes de ce que je suis, ils menaient à moi, je ne peux dire
moi sans eux ».

Aragon, « Il faut appeler les choses par leur nom »,
repris dans J’abats mon jeu p.114.














































INTRODUCTION





Une certaine réserve des critiques sur la personne
d’Aragon ne fait pas de doute. Or Olivier Barbarant, en
ouverture de son essai sur l’œuvre poétique d’Aragon, relève la
méconnaissance d’un auteur peu lu et souvent défini par des
1formules réductrices . Le public, plus au fait de vers
transformés en refrains de chansons, ne retiendrait de l’œuvre
mo2numentale estimée à quatre-vingts ouvrages que des voix qui
portent des vers bien souvent réaménagés au profit d’une
3musicalité . Plus surprenante est la méconnaissance d’Aragon
par la critique littéraire contemporaine qui n’a pas, selon
Suzanne Ravis, « exploité les formulations théoriques » de
l’écrivain ni même perçu que celles-ci « mettent à l’épreuve
4même les méthodes d’analyse contemporaine » ; si bien que
cette même critique est passée à côté des modernités de
l’auteur selon la formule de Philippe Forest si tant est que
celles-ci se comprennent relativement aux différents contenus
de la modernité qui ont jalonné et balisé le propre parcours
scripturaire de l’écrivain avant que ceux-ci ne se résorbent
dans cette parfaite « jointure » entre « une littérature de
re5présentation et une littérature de simulation ».
Ces réserves à l’égard du grand poète de la résistance que
fut Aragon sont dues à plusieurs faits : à sa mort, en 1982,
l’image d’un homme qui serait passé à côté de sa vie, voire
de son siècle se heurte à celle d’un homme dont l’écriture,

1 Olivier Barbarant, La Mémoire et l’excès, Champ Vallon, 1997.
2 Aragon, la parole ou l’énigme, Actes du colloque organisé par la Bpi, Editions
de la Bibliothèque publique d’information / Centre Pompidou, 2005. Voir
l’introduction de Daniel Bougnoux, p.6.
3 Voir Nathalie Piégay-Gros, Aragon et la chanson, 2 vol., Textuel, 2007.
4 Citée par Valère Staraselski, La Liaison délibérée, L’Harmattan, 2005, p. 20.
5 Philippe Forest, « Modernité d’Aragon ? » in Aragon, la parole ou l’énigme, op.
cit. p. 36-44.
9 d’abord sanctifiée puis décriée pendant la période du réalisme
socialiste sortirait renforcée des contradictions d’une fidélité
politique sans faille au communisme. Paradoxe d’un écrivain
emmuré dans « une sorte de surdité d’œuf, de rond, de
6cercle » et qui, aux dires de Régis Debray, s’est complu dans
le déni du réel, lui qui en fiction, s’est proposé de magnifier
le réalisme socialiste. Par ailleurs, dans le souvenir du lecteur
de « La valse des adieux », dernier écrit de l’écrivain, ce
sentiment d’une « vie gâchée », exprimé à la fois à l’incipit et à
7la clausule même du texte , est d’autant plus net qu’il
apparaît contenu à l’intérieur d’un cadre à valeur idéologique. On
a affaire, un an avant la mort de l’auteur, à un curieux bilan
de vie pour un être dont le parcours biographique ne saurait,
de son propre aveu, être réduit à la dimension d’une page.
Toutefois, toujours dans « La valse des adieux », Aragon met
en garde son lecteur, l’invitant à « regarder en face le
malheur » sans le travestir, à « profiter de cette leçon de ma vie et
de mes rêves », non sans les avoir distingués. Puis l’adresse
se fait plus générale lorsqu’elle convoque une vie parsemée
de rêves au travers desquels doit savoir se lire l’existence et
même au-delà de celle-ci.

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