La Terre qui renaît
285 pages
Français

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La Terre qui renaît , livre ebook

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Description

Jacques Orbeval et sa femme Françoise ont acquis le petit domaine de Chanturgue en Auvergne. Ils ne l'ont pas payé comptant, et pour cause ! Mais la fortune sourit aux jeunes qui sont intelligents, actifs, laborieux, honnêtes et prévoyants. Le domaine libéré de toute dette, on l'agrandira. On l'arrondit d'une terre, d'une prairie, d'une vigne, d'un bois, chaque fois qu'une occasion favorable se présente. La famille vient. C'est un, puis deux, puis trois, puis quatre enfants : trois filles et un garçon que Françoise donne à Jacques. Et chaque enfant qui arrive augmente l'amour des époux et accroît leur activité laborieuse… C'est l'histoire de ces fermes de Limagne que les Auvergnats, il y a 100 ans, voyaient naître, grandir, prospérer, puis décliner et dépérir, puis se relever de leurs ruines, ressusciter et atteindre une nouvelle prospérité. Plus qu'un roman, La Terre qui renaît est une peinture, une étude sociologique économique, morale, sociale des paysans d'Auvergne au début du XXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 mars 2015
Nombre de lectures 12
EAN13 9782365752688
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Camille Audigier



La Terre qui renaît


Collection Terroir « Classiques »






À MON BRAVE RENÉ
officier d’infanterie
Pour que les heures de tranchées lui paraissent moins longues,
...Et celles de poursuite plus rapides.

À GEORGES BAUDRY
En respectueuse sympathie.

C. A.



PRÉFACE

Mon ami, M. Camille Audigier, a bien voulu me demander d’écrire une préface à son roman : La Terre qui renaît.
L’ancien professeur, jeté par les circonstances dans la tourmente politique, n’a guère de loisirs, même en temps normal, à consacrer aux œuvres d’imagination pure. Le roman ne fut jamais ma lecture préférée, non que je n’y trouve des charmes très vifs, lorsque j’y reviens par délassement et diversion, mais le temps, si prompt à fuir, ne permet pas à l’homme politique de s’y arrêter bien longuement. Il se doit d’abord à la chose publique. Ici le plaisir, là le devoir. C’est au devoir qu’il doit d’abord aller. A combien plus forte raison la chose est-elle vraie aux heures angoissantes que vit la Nation ! La patrie n’exige-t-elle pas de chacun de nous, à l’arrière comme sur le front, toutes ses forces physiques et toute sa vigueur intellectuelle ? Qui voudrait avoir d’autres préoccupations ? En tout cas nul n’oserait les avouer.
Le président d’honneur de la Société républicaine d’Encouragement à l’Agriculture pouvait-il se dérober à la demande du président effectif de cette société ? Je ne l’ai pas pensé. D’autre part, le titre même du roman m’a séduit. Il me ramène à cette démocratie paysanne, dont je suis moi-même issu, à laquelle je dois tout, vers laquelle ma pensée ne cesse pas de se porter et qui suscite, à cette heure, avec les intellectuels, avec les bourgeois, avec les ouvriers de France, l’admiration du monde. C’est elle qui fait l’objet de la Terre qui renaît. L’auteur en parle, non seulement avec la connaissance de l’homme qui est sorti de son sein, dont les racines, si je puis employer cette expression, tiennent encore au sol natal, mais encore avec l’amour profond et le souvenir à la fois vivace et ému des années où se passa son enfance.

***

Mais est-ce une œuvre d’imagination pure que j’ai l’honneur et le plaisir de présenter au public ? Est-ce seulement un roman qu’a voulu écrire et qu’a écrit M. Camille Audigier ?
Oui, c’est bien un roman que La Terre qui renaît, si l’on en juge par l’éclat et le coloris des descriptions. Qu’il décrive l’éveil de la ferme à l’appel du maître toujours le premier debout, ou le retour de Jacques Orbeval, la bourse copieusement garnie, du marché de la Villette où il a vendu ses bœufs, ou l’orage qui le surprend avec sa femme en cabriolet dans la montagne, ou bien qu’il nous fasse assister à la mort du troupeau, au découronnement des sommets ou à la mobilisation des régiments d’Auvergne, il trouve sur sa palette, tel un peintre habile, les couleurs les plus riches, les tons les plus variés. Il faudrait tout citer.
Oui, c’est bien un roman, par les mille et une péripéties d’une action qui ne languit pas, dont l’intérêt, grandissant du commencement à la fin, tient toujours le lecteur en haleine. Oui, par les personnages qui sont mêlés à cette action tour à tour joyeuse et gaie, dramatique et sombre. Oui, par les caractères de ces mêmes personnages, tracés d’une main ferme, conformes, dans leur développement, d’un bout à l’autre, à l’idée première qu’ils ont donnée d’eux, dès leur apparition à la ferme sur la scène de la vie. Jacques Orbeval et sa femme, leur fils René, leurs filles, leurs gendres, leurs petits-enfants, en dépit des événements heureux ou malheureux dont ils sont les auteurs, les témoins ou les victimes, restent fidèles à eux-mêmes, au trait dominant de leur caractère, dès le début mis en relief avec un art consommé. Il n’est pas jusqu’aux domestiques, Pierre Aubrac et Jean Francard, il n’est pas jusqu’au berger, Mathieu Larode, « qui va, au milieu de son troupeau avec une sérénité confiante d’homme qui sait son métier, mais aussi qui ne doute pas de son importance », il n’est pas, dis-je, jusqu’à ces personnages, dont l’un au moins, Jean Francard, tiendra un jour dans la ferme une place considérable, qui n’aient leur physionomie propre, bien caractéristique et bien vivante.
Oui, par ces divers côtés, comme par d’autres que le lecteur aura plaisir à découvrir lui-même, La Terre qui renaît est un roman. J’ajoute que c’est un roman ad usum juventutis. Je n’écris pas ces mots dans un sens ironique. La mère de famille n’a pas à redouter, s’il vient à tomber en leurs mains, que ses enfants, jeunes gens ou jeunes filles, y trouvent des tableaux licencieux qui leur fassent monter le rouge au front, ou qui provoquent des réflexions hors de leur âge et dangereuses pour leur santé morale et physique. Ils n’y verront pas, triomphant, le vice cyniquement étalé et n’en retireront que des exemples sains et fortifiants, capables de les préparer aux dures luttes de la vie, de la vie d’aujourd’hui et plus encore de la vie de demain. Et ce n’est point là un éloge banal sous ma plume.
Est-ce à dire que l’uniformité dans la vertu en rende la lecture monotone et ennuyeuse ? Loin de là. C’est un charme de plus, à mon sens, qui s’ajoute à la variété des scènes, au développement harmonieux de l’action et des caractères, au pittoresque de la couleur locale, à l’aisance et à la facilité du style.
Mais, l’avouerai-je, ce n’est pas par ces qualités, si diverses et si brillantes soient-elles et dont je sens tout le prix, que l’ouvrage manuscrit de M. Camille Audigier m’a séduit.
La Terre qui renaît n’est pas seulement un roman ; c’est aussi, et plus encore, une étude sociologique d’une haute portée économique, morale, sociale. Mieux encore, c’est une histoire vécue. Oui, je ne sais pourquoi, cette histoire de la ferme de Chanturgue m’apparaît, non pas comme sortie de l’imagination de l’auteur, mais comme une histoire réelle et vraie, facile à situer dans le temps et dans l’espace. Tous les enfants de la Limagne ont, comme Audigier lui-même, vu cette ferme naître, grandir, prospérer, puis décliner et dépérir, puis se relever de ses ruines, ressusciter en quelque sorte et atteindre bientôt un degré de prospérité qu’elle n’avait jamais connu, même dans ses plus beaux jours. Sous ces noms d’emprunt : Jacques et Françoise Orbeval, René, Louise et Bernard, Marie et Félix Tissandier, Robert et Suzanne Mazuel, Pierre Aubrac et Jean Francard, ont vécu ou vivent encore et s’agitent des personnages en chair et en os, que tout le monde en Auvergne connaît ou a connus, estime ou a estimés à leur juste valeur. Et j’imagine que ce n’est pas le moindre charme qu’éprouveront à lire ce livre les gens du terroir.

***

M. Camille Audigier nous fait assister à la naissance, au développement, au déclin, à la résurrection de Chanturgue.
Riches de jeunesse, de santé, d’amour, de courage et d’ardeur au travail, Jacques Orbeval et sa femme Françoise ont acquis leur petit domaine. Ils ne l’ont pas payé comptant et pour cause. Mais comme aux audacieux, la fortune sourit aux jeunes qui sont intelligents, actifs, laborieux, honnêtes et prévoyants. Chanturgue, libéré de toute dette, appartient bientôt au jeune ménage. On l’agrandira. Et de fait, on l’arrondit d’une terre, d’une prairie, d’une vigne, d’un bois, chaque fois qu’une occasion favorable se présente. Cependant, la famille vient. C’est un, puis deux, puis trois, puis quatre enfants : trois filles et un garçon que Françoise donne à Jacques. Et chaque enfant qui arrive augmente l’amour des époux et accroît leur activité laborieuse. Toujours le premier à la besogne le matin, Jacques quitte le dernier les champs, quand le soir couche, l’œil à tout, électrisant les domestiques par son exemple. Au travail de la terre proprement dit, il joint le commerce de bestiaux qu’il élève ou qu’il achète et revend. Sur le marché de La Villette, il amène d’énormes troupeaux de bœufs. C’est l’aisance d’abord, puis l’aisance large, puis la fortune.
À quoi la doit-il ? Certes, il la doit d’abord aux belles qualités de sa riche nature, qualités si fréquentes chez le paysan de France, et quand je dis « le paysan », je dis aussi « la paysanne », car la femme des champs montre à cette heure même ce qu’elle sait et peut faire en l’absence de son mari. Mais il la doit aussi à la rusticité des mœurs antiques, à un état social que l’évolution économique transformera bientôt.
Le fermier et la fermière trouvent encore, à ce moment, assez facilement et à bon compte, des domestiques, hommes et femmes, pour se faire aider. On ne songe pas à créer des écoles de bergers pour ramener à la garde des

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