Contes de Fez
40 pages
Français

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Contes de Fez , livre ebook

40 pages
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Description

Des contes traditionnels orientaux joliment illustrés par Natacha de Molènes !

Cinq contes traditionnels recueillis à Fez, au début du XX°siècle.

Plongez sans plus attendre dans ces cinq contes marocains et partez à la découverte de la cité de Fez.

EXTRAIT DE LALLA KHALLAL EL KHADRA

Il y avait un ménage très riche n’ayant pour enfant qu’une seule fille. La mère vint à mourir et la fille fut placée comme mt‘alma *, en apprentissage chez une voisine qui lui apprenait la broderie. Cette voisine était méchante et brutale, et elle n’épargnait pas les coups à la petite Lalla Khallal el Khadra *. Comme elle désirait, par avarice, épouser le veuf, elle engageait l’enfant à pousser son père à ce mariage, promettant de ne plus la battre. Mais, parvenue à ses fins, elle fut loin de tenir ses promesses.
Cette marâtre avait une fille d’un premier mariage, très mal élevée, grossière et qui faisait des saletés au lit ; tandis que Lalla Khallal était intelligente et douce, et aussi propre que jolie. Louange à Celui qui la créa et la modela si belle ! Dans l’intention de détacher le père de sa fille, la méchante femme rejeta sur elle les incongruités de sa propre fille.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Ecrits dans une langue simple, émaillée de mots d'origine arabe qui en rehaussent la saveur, ces cinq contes sont accessibles à un large public. - Takam Tikou

À PROPOS DES AUTEURS

Né à Paris, élève de l'École des Chartes, licencié ès-lettres et archiviste paléographe, disciple du célèbre islamologue Louis Massignon, Emile Dermenghem avait abordé l'Afrique du Nord en 1925, comme correspondant de guerre pendant la campagne du Rif. Séduit par le Maghreb, entré en relations avec deux jeunes Marocains, le Dr Faraj et Si Mohammed el Fasi, il perfectionna sa connaissance de la langue arabe et commença de s'intéresser aux écrits spirituels musulmans. Après avoir traduit, avec son ami El Fasi, des contes marocains, puis l'admirable poème spirituel de Ibn Fâridh, L'Éloge du vin, qu'il accompagna d'un remarquable essai sur la mystique musulmane, il publia une vie de Mahomet en 1945, enfin un recueil Les Plus Beaux Textes arabes. Le chapitre de la littérature arabe lui fut confié pour l'Encyclopédie de la littérature.
En 1989, Natacha de Molènes effectue une année préparatoire dans les ateliers privés Met de Penninghen et Jacques d'Andon (ESAG), à Paris. En 1992, elle suit une formation infographique (logiciels X-Press, Illustrator, Photoshop). En 1994, après avoir effectué des travaux de dessin architectural, elle rencontre Claude Touch, avec qui elle collabore pendant 3 ans. Sa palette de styles englobe tant l'illustration figurative ou documentaire (animaux, paysages étant ses sujets de prédilection, et parmi eux, le cheval en particulier qu'elle étudie depuis l'âge de six ans), comme par exemple les livres de la collection « A travers la fenêtre » des éditions Calligram, que des interprétations plus « graphiques » comme les contes orientaux publiés aux Éditions du Jasmin en noir et blanc et en ombres chinoises. En ce qui concerne la couleur, elle a un faible incontournable pour les personnages imaginaires, costumés le plus richement possible, le plus follement de préférence, avec une profusion parfois excessive de motifs de toute sortes. Travaillés à l'aquarelle ou à l'acrylique sur papiers colorés et filigranés, ils représentent ses rêves fous et l'abandon des limites qu'impose parfois le documentaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 août 2018
Nombre de lectures 84
EAN13 9782352847137
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Contes d’Orient et d’Occident




1. Histoire d’Aladdin Roi de l’Yemen
William Beckford
2. Les Quatre Talismans
Charles Nodier
3. Contes de Fez
Anonyme
4. Contes de l’Alphabet I
E. & B. de Saint Chamas
5. Contes de l’Alphabet II
E. & B. de Saint Chamas
6. Contes de l’Alphabet III
E. & B. de Saint Chamas
7. Contes de Berbérie
José Féron Romano
8. Nouveaux contes de Fez
Anonyme
9. Le prince dont l’ombre était bleue
J. Féron Romano et E. Tabuteau
10. Les six trésors
E. & B. de Saint Chamas
Ces contes, recueillis d’après la tradition orale par Mohammed El Fasi et Émile Dermenghem, ont été publiés la première fois dans Contes Fasis , en 1926.
Titre
Copyright
















Tous droits de reproduction, de traduction
et d ’ adaptation réservés pour tous pays

© ÉDITIONS DU JASMIN
4, rue Valiton 92110 Clichy

ISBN 978-2-35284-713-7
Avec le soutien du
LE CAFTAN D’AMOUR TACHETÉ DE PASSION (Qaftan el Houbb manqout belahoua)


Un homme qui avait trois filles et voulait partir en pèlerinage, demanda à chacune d’elles ce qu’elle voulait qu’il lui rapportât.
« Des bracelets d’or et d’argent incrustés de bijoux », dit l’aînée. « Des souliers dorés », dit la seconde. Mais la plus jeune demanda à réfléchir.
Or, comme elle se trouvait un instant seule dans sa chambre, une rouhania * apparut sous forme humaine à la jeune fille et lui dit :
– Demande à ton père le caftan d’amour pointillé de passion . Puis elle disparut ; et le moment du départ venu, la petite dit à son père qu’elle ne souhaitait rien d’autre que le caftan d’amour pointillé de passion. Son père promit de le chercher, partit sur le chemin d’Allah, fit le pèlerinage de la ville sainte, y acheta de beaux bracelets pour l’aînée, des souliers dorés pour la cadette, mais oublia le caftan.
À mi-chemin sur la voie du retour, il se rappela pourtant sa promesse et demanda à chacun où il pourrait trouver ce vêtement. Tout le monde le prenait pour un fou. Les uns lui riaient au nez ; d’autres répondaient doucement qu’ils ne savaient ; d’autres se contentaient de soupirer en silence et s’éloignaient au plus vite. Mais personne ne le renseignait.
Un jour enfin, il rencontra dans un lieu solitaire un vieillard vénérable dont la blanche chevelure et la barbe descendaient jusqu’à ses genoux et qui était assis au pied d’un arbre, paraissant plongé dans une profonde méditation. Comme il lui posait sa question habituelle, le cheikh lui dit :
– Mon pauvre enfant, que cherches-tu ? Ignores-tu qu’il est impossible à un humain de voir le Caftan de l’amour ? Si pourtant tu tiens absolument à essayer, il te faut suivre de point en point mes indications : À une demi-journée d’ici, tu arriveras devant un grand arbre : assieds-toi dessous et attends. On te présentera sept plats, dans une mida *, l’un après l’autre. Goûte à chacun d’eux ; puis va au bord de la mer, bois quelques gorgées de son eau, et attends. Aie du courage et Allah ihannik *.
Le voyageur suivit ces conseils, et tout se passa en effet comme avait dit le cheikh. Puis, dès qu’il eut bu de l’eau de mer, un être sous l’aspect d’un homme surgit des flots et lui dit :
– Celui qui a mangé de notre nourriture et bu de notre eau est digne qu’on lui accorde ce qu’il demande. Qu’es-tu venu faire ici et que veux-tu ?
– Je veux, dit-il, le Caftan d’amour pointillé de passion.
– Bon, dit l’homme mystérieux. Jette-toi donc à la mer et tu verras ce que tu verras.
Ayant plongé, il trouva une porte qu’il franchit, puis la cour d’un vaste palais où se promenaient quelques esclaves.
– Que veux-tu ? dit l’un d’eux.
– Qaftan el Houbb, répondit-il.
– Entre dans cette chambre, dit l’esclave.
Ce qu’il fit ; et, dans la chambre, il vit un homme d’aspect imposant assis sur un trône splendide. Il le salua par trois fois comme on salue les Sultans, et lui demanda le Caftan de l’Amour.
Ce personnage l’accueillit avec bienveillance et lui remit un morceau de bois de santal.
– Donne-le, recommanda-t-il, à celle qui le demande et dis-lui de se mettre du henné, de laver très soigneusement sa chambre, d’aller au hammam, puis de s’enfermer seule dans sa chambre et d’y faire brûler ce morceau de santal. Allah ihannik *.
Content de faire plaisir à sa fille, le voyageur retourna chez lui, remit ses cadeaux et transmit à la petite les recommandations du roi des djnoun.
Elle les exécuta sans tarder ; et aussitôt qu’elle eut allumé le santal, une troupe de gens porteurs de lanternes vinrent frapper à la porte, demandèrent au père de faire sortir sa plus jeune fille et de la leur remettre. Quand il aurait envie de la voir, il n’aurait, lui dirent-ils, qu’à se rendre à tel endroit, et à les appeler mentalement, ils viendraient aussitôt le chercher pour le conduire jusqu’à son enfant.
La jeune fille partit donc avec eux et arriva au palais du Caftan de l’Amour. On la mit dans une chambre avec un petit nègre pour la servir. Celui-ci lui servit un dîner et lui fit le thé ; mais dans le dernier verre, il mit une pincée de poudre qui la plongea aussitôt dans un profond sommeil.
Or le Caftan de l’Amour était un djinn de la race des djnoun qui était tombé amoureux de la jeune fille un jour que, voyageant à travers les airs, il l’avait aperçue à sa fenêtre, pleine de gentillesse et de beauté. Il était le fils du roi du palais sous-marin, et ce palais communiquait par un tuyau de verre avec la chambre où se trouvait maintenant la jeune fille. Le Caftan de l’Amour arriva donc par ce tuyau de verre et contempla avec joie l’objet de son amour. Il ne réveilla pas la petite, mais se coucha près d’elle jusqu’au matin, et repartit avant qu’elle ne se fût éveillée.
Il en fut de même chaque jour, et ainsi s’écoula la vie de la jeune fille que le petit nègre endormait chaque soir avec du benj * avant la venue de son époux mystérieux. Au bout de quelques mois, elle commença à s’ennuyer un peu, ne voyant d’autre figure humaine que celle de cet esclave, et ne faisant que manger et dormir. Pendant ce temps ses sœurs commençaient à la regretter et avaient grande envie de la voir. À leur demande, le père se rendit à l’endroit indiqué et ferma les yeux en pensant à ses filles. Quand il les rouvrit au bout d’une seconde, il était au bord de la mer et voyait venir un petit nègre qui lui demandait ce qu’il voulait.
– Je suis venu, dit-il, chercher ma fille pour la reconduire chez moi, car ses sœurs désirent la voir.
– Elle n’a pas de bonheur à ce départ.
– J’y tiens beaucoup. Et ses sœurs ont grand besoin de la revoir.
– Je vais donc le dire à mon maître.
Et l’esclave disparut, puis revint bientôt dire que Qaftan el Houbb consentait à ce que son épouse partit à l’heure du moghreb, à la condition que le petit nègre vînt la rechercher le lendemain au moghreb *.
Le père promit, ferma les yeux, se retrouva chez lui, et, le soir même, sa fille vint frapper à la porte, accompagnée du petit nègre.
Après l’avoir tendrement embrassée, sa mère et ses deux sœurs l’interrogèrent sur sa vie et son mari :
– Es-tu heureuse ? Où vis-tu ?
– Là-bas, dit-elle.
– Et ton mari ? Comment est-il ? T’aime-t-il ? Est-il gentil pour toi ? Où habite-t-il ?
– Là-bas, dit-elle simplement, sans rien ajouter.
Mais, la nuit venue, comme elle était allée se coucher avec ses sœurs, celles-ci la pressèrent de nouvelles questions, cherchant à s’informer des détails de sa vie mystérieuse et spécialement de son époux.
– Mon mari ! finit-elle par dire, je ne l’ai jamais vu. Je ne vois que ce petit nègre qui s’occupe de moi, me sert et me donne tout ce dont j’ai besoin. Le soir il me fait du thé et je m’endors tout de suite après le dernier verre. Le lendemain, je me réveille dans mon lit, toujours seule.
– Oh ! s’écrièrent les sœurs, comment peux-tu accepter de vivre dans de telles conditions, d’une manière si monotone et si mystérieuse à la fois, ne sachant pas même quel est ton mari ? Cela ne peut durer ains

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