Faust revisité ou l’enjeu de l’Ange
173 pages
Français

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Faust revisité ou l’enjeu de l’Ange , livre ebook

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Description

Chauffez-vous les yeux aux flammes d'un conte démoniaque sur le monde d'aujourd'hui...

Quand le Diable s’en mêle, Cendrillon devient Barbie, soudain cultivée et perverse. Les ministres en perdent leurs moyens. Les concierges leur position. Les anges tombent amoureux. Le chaotique scénario d’un conte de fée d’aujourd’hui nous conduit dans un monde si familier qu’on y chercherait en vain l’empreinte démoniaque.
Et pourtant, si c’était vrai...

Le fabuleux de ce scénario chaotique vous enchantera !

EXTRAIT

Tout cela était des plus réjouissant ! Cependant, le Maître des Ténèbres demeurait sur sa faim. Il ne s'agissait finalement que d'une routine maléfique, or il est bien connu que ce qui s'obtient sans peine procure peu de plaisir. Dans toute cette déliquescence manquait la perle qui saurait en rehausser l'abjection : une âme pure...

À PROPOS DE L'AUTEUR

Myriam Michaelis est un écrivain belge, vivant à Bruxelles. Après une carrière d'avocate et de juriste, elle publie son premier roman.

Elle consacre son temps à la littérature, la philosophie et l'art. La méditation et la marche font partie également de son quotidien. Ses pratiques s'inscrivent dans une recherche spirituelle holistique .

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2019
Nombre de lectures 4
EAN13 9782378779610
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Myriam Michaelis











Faust revisité, ou l’enjeu de l’Ange
Roman






































© Lys Bleu Éditions—Myriam Michaelis
ISBN : 978-2-37877-961-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.














« Une â me suffit à deux amants. »
Pierre Corneille.




C’était l’heure des comptes.
Les pages du rapport qui se succédaient à une cadence métronomique s’interrompirent subitement.
De sa main courtaude , il ré cup éra un imposant havane dans le cendrier et l ’ayant port é à sa bouche, se mit à le téter avec des petits bruits de succion infantiles et comblé s.
Le monde allait admirablement mal .
Satan d écouvrit ses dents dé chauss ées et jaunies dans un rictus satisfait.
Criminels , pervers et terroristes se pressaient au portillon de l’éternité comme s’ il s ’ agissait d’une partie de plaisir .
Il ricana.
La corruption et l’envie envahissaient la société comme une lè pre dévastatrice tandis que la morale cédait la place aux plus âpres extré mismes.
Tout cela était des plus réjouissant !
Cependant, le M aître des T énèbres demeurait sur sa faim.
Il ne s’agissait finalement que d’une routine maléfique, or i l est bien connu que ce qui s’obtient sans peine procure peu de plaisir.
Dans toute cette déliquescence manquait la perle qui saurait en rehausser l’abjection : une âme pure…






Il pleuvait à verse.
L ’eau se déversait d’un ciel opaque, si drue que ses gouttes hallebardes ne laissaient aucune échappatoire aux malheureux égarés sous ses dards.
Les caniveaux gorgés s’étaient transformés en torrents et dévalaient la plus petite pente dans un fracas de Niagara. Avec des gargouillis jouissifs, l’eau s’engouffrait dans le ventre de la ville à la moindre béance.
Pavés et seuils se trouvaient sournoisement investis de la brillance insaisissable de l’écaille et transformés en grands poissons dangereusement immobiles.
Les flots cé lestes d éferlaient dans une connivence absolue vers la Seine, la parant d’ombres tumultueuses qui faisaient penser au Styx, menant droit à l’enfer.






Il y avait longtemps que Miranda avait cessé de croire à l’enfer .
E t au paradis d’ailleurs .
La vie était un impassible purgatoire, sans autre relief que les jours et les nuits qui se succédaient e t les injonctions harcelant es de Mamicha.
À peine la porte franchie, l’appartement lui avait semblé intolérablement vide.
L’ombre de sa mère ne suffisait pas à le peupler.
L’ombre, toujours l’ombre, dehors, dedans, au ciel et jusqu’au fond du cœur .
Le silence auquel elle avait pourtant si souvent aspiré lui paraissait à présent pesant. Que n’aurait-elle donné pour entendre à nouveau le grasseyement malveillant de la vieille dame avachie dans son fauteuil ?
De toute manière, elle avait appris à l’entendre sans l’écouter : elle savait par expérience combien il était périlleux d’écouter .
Rien, hormis le martèlement insistant de la pluie au-dehors .
P as un chuchotement.
Elle aurait pu mettre de la musique, meubler ainsi ce vide sidé ral.
Mais le vide était à l’intérieur et Mamicha n ’aimait pas la musique .
Elle secoua les épaules, comme pour se débarrasser de quelque parasite importun, soupira à plusieurs reprises et bailla comme un poisson qui cherche un peu d’oxygène.
Son regard balaya le salon o ù traînaient encore sur la table basse les boîtes régurgitant des posologies chiffonnées , les fioles et leur pervers contenu dont l’ingestion avait rythmé l’existence de Mamicha.
Au bord de la nausée, elle ré alisa qu ’ elle n ’en supportait plus la vue et se précipita vers la lumière parcimonieuse qu’autorisait le déluge extérieur.
Le rideau que l’eau avait tendu dans sa précipitation obstruait le paysage familier de la rue déserté e.
Aucun exutoire.
Fermer les yeux dans une tentative de fuite désespérée la ramena aussitôt sous l’éclairage cru des néons du funérarium.
Y tr ônait solitaire un cercueil de bois clair qu’elle avait choisi sobre et discret et qui n’aurait certainement pas plu à Mamicha .
Eh bien, si c’est ç a que je vaux à tes yeux… Note que plus rien ne m’étonne…
Quelques rares visiteurs étaient passés en coup de vent, rendus hâves et blafards tant par la longue saison hivernale que par la lumière cruelle des tubes él e ctriques.
Avant qu’on ne puisse procé der à l’ incin ération (le vœu cruel de Mamicha), elle s’était efforcée deux jours durant de faire bonne figure, l’ esprit ind écemment vide et le ventre aussi.
Et tu veilleras à ce que je sois bien morte !
De temps à autre, pour accompagner ses hôtes de passage, elle avait ingurgité une tasse de café fade et brûlant.
Cela lui avait donné une haleine de phoque et des brûlures d’estomac .
Elle avait rassemblé les fleurs blanches dont elle avait camouflé le bois nu, y joignant à regret quelques parcimonieux et hideux chrysanthè mes offerts en p âture à la mémoire de Mamicha .
P uis un prêtre bredouillant avait fait l’éloge mensonger de la dé funte . À ce point mensonger qu’ elle s ’était demandé si elle ne s’était pas trompé e de chapelle fun éraire.
Et, elle s’était retrouvé e libre .
Libr e, quel mot indécent… et pourtant tellement juste.
Libéré e de l ’emprise insidieuse d’une mère vieillissante, libérée de la domination inavouée à laquelle elle s’était lâchement soumise depuis l’enfance et qui le temps passant avait sournoisement dégénéré en esclavage.
Ce n’était pourtant pas une impression de soulagement qu’ elle éprouvait en cet instant, pas plus qu’un chagrin qui eut été parfaitement légitime, mais juste le désespoir résigné d’ê tre enferm ée dans une vie qui n’était pas la sienne, claustrée dans cet appartement qui était désormais le sien .
Ce soir, elle aurait aimé noyer son mal être dans un alcool qui , l’abrutissant , ferait taire toute souffrance. Mais elle savait qu’il n’y avait pas d’alcool dans l’appartement. Tout en se shootant consciencieusement au Lexomil et au Xanax , Mamicha se plaisait à répé ter : « Un e femme qui se respecte ne boit pas ! ».
Puisque ce type d’évasion n’était pas envisageable pour elle qui avait largement eu le temps d’en apprécier les effets délétères, se sentant malgré tout épuisée, elle décida de se coucher.
Passant brièvement par la salle de bain encombrée, elle se fit une grimace dans la glace, la plus vilaine qui soit, mais qui curieusement ne la fit pas rire.
Bien au contraire, elle se mit à pleurer.
Oh, pas sur la disparition prévisible de Mamicha, ni sur le vide qu’elle allait laisser, mais bien sur l’être pitoyable qui se reflétait dans la glace, et qui n’était autre qu’ elle m ême . Lorsqu’elle fut calfeutrée dans les draps de pilou élimés et fleuris, elle eut la tentation d’une prière. Elle ne

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