Dérive dictatoriale en Côte d Ivoire
231 pages
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Dérive dictatoriale en Côte d'Ivoire , livre ebook

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Description

Franklin Nyamsi Wa Kamerun publie ici un essai consacré à la dénonciation d’une très scandaleuse dérive dictatoriale en cours en Côte d’Ivoire, notamment depuis le début du second mandat présidentiel d’Alassane Dramane Ouattara. Une véritable sonnette d’alarme sourd de ce livre. À partir d’un argument massif reconstituant en introduction, les pièces à conviction de la capture de l’État ivoirien par un clan déterminé à piétiner les normes de séparation des pouvoirs, à fouler aux pieds le respect des libertés fondamentales, à défigurer les exigences de bonne gouvernance et d’éthique politique, l’auteur révèle les déceptions de l’ère Ouattara. L’essayiste nous révèle ensuite, rédigées depuis 2016 notamment, une série d’alertes qui attestaient déjà de la banalisation du mal politique dans ce pays. Franklin Nyamsi Wa Kamerun - dans la prolongation de son précédent ouvrage - insiste pour finir sur l’espérance démocratique incarnée par le leadership générationnel de Guillaume Kigbafori Soro et sur l’horizon de cette promesse : l’urgence de l’État de droit en Côte d’Ivoire et dans toute l’Afrique. Ce livre mérite d’être lu et médité, si l’on veut comprendre l’avenir politique qui se dessine dans cet important pays d’Afrique de l’Ouest.

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2019
Nombre de lectures 114
EAN13 9782312064741
Langue Français

Extrait

Dérive dictatoriale en Côte d’Ivoire
Franklin Nyamsi Wa Kamerun
Dérive dictatoriale en Côte d’Ivoire
Déceptions de l’ère- Ouattara et nouvelles générations
Analyses politiques de 2016 à 2019
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06474-1
Au grand peuple de Côte d’Ivoire, dans l’espoir de le voir enfin doté d’un véritable État de droit par ses nouvelles générations.

Au regretté jeune citoyen Nöel Soro Kognonhon, sauvagement assassiné par des militants stipendiés du RDR le 7 juillet 2018 à Korhogo, pour avoir participé à une assemblée générale associative.

Aux milliers de citoyens de Côte d’Ivoire sacrifiés lors des crises postélectorales de 2000, 2010-2011 et 2018.

À tous les citoyens du monde qui, malgré les déceptions politiques, oeuvrent inlassablement au perfectionnement du genre humain.

Aux espérances sauves de tous les peuples.
Argument préliminaire
Un livre véritable doit, tout en livrant sa part de vérité, délivrer celui qui parle de l’irréductible culpabilité que son silence lui aurait valu. Je me résous donc à écrire et publier ce livre pour témoigner d’une nouvelle tragédie qui se prépare en Côte d’Ivoire. La montée en puissance – le sinistre « rouleau compresseur {1} » – d’une odieuse dictature {2} . La prise en tenailles par la violence, le mensonge et la ruse, de la nation ivoirienne. Selon les mots d’un sécurocrate trop hâtivement formé {3} d’Alassane Ouattara, son ministre de la défense Hamed Bakayoko :
« Vous voyez le président Ouattara, souvent il ne parle pas. Mais il se prépare. Quand il va dérouler le rouleau compresseur, ceux qui s’amusent sauront que le brave-tchê est toujours ADO puissanci {4} . »
Cette terminologie de la puissance, de la compression et de l’écrasement qui infantilise toute opposition politique comme « un amusement » n’est pas une métaphore en Côte d’Ivoire. D’autant plus que le Chef de l’État, le Président de la République Alassane Ouattara lui-même laisse désormais planer le doute sur sa volonté de respecter la limitation à deux mandats présidentiels consignée dans la constitution ivoirienne de 2016. Ce sont donc la loi fondamentale du pays et la pax politica qui sont menacées de mort. Dans une déclaration rapportée par l’ AFP , le 2 juin 2018, Alassane Ouattara, rompant avec ses déclarations solennelles ultérieures, avait en effet affirmé sans ambages :
« La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes {5} . »
Une déclaration qui dirime totalement et contredit d’autres professions de foi {6} précédentes et subséquentes sur le même sujet :
« Notre objectif, transférer le pouvoir à une nouvelle génération dès 2020 {7} » annonçait-il, entre autres voeux pieux, devant les diplomates internationaux le 11 octobre 2016. On en a versé plus d’une larme d’émotion attendrie, avant que le discours du maître d’Abidjan ne tourne casaque. Things are now falling apart , dirait le célèbre romancier nigérian Chinua Achebe. Ce monde d’espérances s’effondre.
Que s’est-il alors passé ? Pourquoi ce soudain revirement vers la terminologie de la puissance, de la menace, de l’intimidation et de la personnalisation outrancière du pouvoir d’État ? Pourquoi la mort brutale, soudain rôde de nouveau, avec son cortège de préliminaires dégueulasses, sur les citoyennes {8} et citoyens {9} de Côte d’Ivoire ? Pourquoi Alassane Ouattara peut-il se permettre, à moins de deux ans de son départ de la Présidence de la République conformément aux articles 55 et 183 de la constitution, de prétendre que la paix et la stabilité de la Côte d’Ivoire ne seront assurées que tant qu’il sera vivant ? Pourquoi laisser croire que désormais, c’est Lui ou le Chaos ?
« Je peux vous dire que 2020 se passera bien et même très bien. Arrêtons de nous faire peur, il n’y aura rien en 2020. Nul ne pourra troubler cette paix tant que je serai à tête de ce pays {10} . »
Or, quand la paix et la prospérité d’un pays dépendent essentiellement de la survie et de la perpétuation d’un homme au pouvoir, tous sont désormais supposés répondre devant lui et non plus devant la loi. Le pouvoir d’un seul contre tous et au-dessus de tous ? C’est de tout temps, l’essence de la dictature. Comme le Léviathan de Thomas Hobbes {11} , Ouattara veut résolument régner sur la Côte d’Ivoire par l’heuristique de la peur. Effrayer, brutaliser pour s’imposer et durer. Telle est la situation en ce mois de janvier 2019 en Côte d’Ivoire. C’est désormais pour tous, la triste expression de la réalité. Une chape de peur et d’angoisse épaisses recouvre à nouveau le pays. J’espère ainsi contribuer à l’exorciser. Le rôle de l’intellectuel politique, comme celui de tout citoyen digne de ce nom est de faire face aux dérives qui menacent l’humanité dans laquelle il est inséré. Cela suppose le recours à ce que Ptah-Hotep, le penseur négro-égyptien désignait sous le concept de Mâât, « La vérité-justice {12} ». C’est aussi ce que Michel Foucault a si bien nommé avec les philosophes de l’antiquité grecque le courage de la vérité {13} .
J’affirme donc sur mon honneur et avec preuves que l’humanité ivoirienne est de nouveau en péril. Car , comme je vous le montrerai, les vieux démons de ce pays sont de nouveau réveillés à l’approche des élections présidentielles décisives de 2020 : mépris des lois, refus de la vraie réconciliation nationale, confiscation clanique du pouvoir, lectures narcissiques de la constitution, confusion et concentration des pouvoirs républicains par le seul exécutif, tripatouillages électoraux, manipulation de l’ethnicisme, montage de faux complots, violences organisées au profit du pouvoir, scandales de mauvaise gouvernance, conflits d’intérêts à outrance, dénégation envers les souffrances socioéconomiques de la majorité des ivoiriens, assassinats et enlèvements ciblés, personnalisation des forces de défense et de sécurité du pays, terreur psychologique généralisée sur tous les citoyens, tels sont quelques-uns des mots qui peuvent décrire les maux qui de nouveau prospèrent en Côte d’Ivoire .
I DÉAUX IVOIRIENS EN PÉRIL
Les idéaux de fraternité, d’hospitalité et d’espérance qui portèrent la Côte d’Ivoire sur les fonts baptismaux, de nouveaux vacillent. Gravement. Et ce, notamment par la faute des dérives dictatoriales {14} du régime Ouattara. J’en analyserai les grandes caractéristiques factuelles dans cet ouvrage et j’en esquisse la critique systématique dans ces pensées préliminaires. Mon devoir est de les dénoncer et d’indiquer comment il serait possible de les contrecarrer. Je pensais ardemment aux lendemains de la chute de la dictature ivoiritaire de Laurent Gbagbo {15} le 11 avril 2011 {16} , que la Côte d’Ivoire s’offrirait enfin une chance de se doter d’une démocratie réelle et d’un État de droit effectif. Le discours identitaire et xénophobe, les politiques violentes de l’ivoirité et le refus de l’alternance démocratique par le leader du régime de la Refondation avaient largement contribué à faire du régime Gbagbo {17} , un repoussoir pour d’autres espérances. Alassane Ouattara, auréolé de sa réputation de technocrate bien lisse, policé aux mœurs américaines et expert en gouvernance moderne, semblait correspondre à ce qui manquait à la tête de ce pays. Aujourd’hui, ce mythe d’un Ouattara à la hauteur spirituelle, éthique et politique des attentes de ce pays a largement fait long feu. Après les efforts de reconstruction entrepris notamment lors du premier mandat du Président Alassane Ouattara, sous la continuité du Premier Ministre-Ministre de la Défense Guillaume Soro entre 2010 et 2012, force est de constater que ces premiers efforts se sont progressivement retournés, notamment lors du second mandat du Président Ouattara, en descente aux enfers de l’autoritarisme le plus abject. Ce livre veut restituer cette lente dégradation qualitative. Ce retournement des énergies et espérances

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