Éléments d idéologie
184 pages
Français

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Éléments d'idéologie , livre ebook

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Description

Extrait : "Si je n'ai pas manqué complètement le but que je me proposais dans le Discours préliminaire qu'on vient de lire, on doit avoir reconnu la justesse et l'importance de la distinction que j'ai établie entre la science et l'art logique. Ce coup-d'œil rapide, jeté sur les ouvrages de quelques hommes, doit avoir montré suffisamment..."

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Nombre de lectures 62
EAN13 9782335041521
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0006€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EAN : 9782335041521

 
©Ligaran 2015

TROISIÈME PARTIE Logique

Hominum intellectui non plumœ addendœ, Sed potiùs plumbum et pondéra .

BACON.
Discours préliminaire
Suivant l’opinion commune, la Logique est l’art de raisonner. Telle que je la conçois, elle n’est pas cela : elle est, ce me semble, ou doit être une science purement spéculative, consistant uniquement dans l’examen de la formation de nos idées, du mode de leur expression, de leur combinaison et de leur déduction ; et de cet examen résulte ou résultera la connaissance des caractères de la vérité et de la certitude, et des causes de l’incertitude et de l’erreur.
Quand cette science sera faite et bien faite, et qu’elle possédera des vérités incontestables, alors on pourra avec assurance, en déduire les principes de l’art de raisonner, c’est-à-dire, de l’art de conduire son esprit dans la recherche de la vérité, qui comprend également l’art d’étudier et celui d’enseigner, ou, en d’autres termes, celui d’acquérir des connaissances vraies, et celui de les communiquer clairement et exactement soit par des leçons parlées ou écrites, soit dans la simple conversation.
Jusque-là, toutes les règles que l’on pourra prescrire au raisonnement seront, suivant moi, téméraires et hasardées. Ce seront de véritables recettes empiriques qui, n’étant fondées sur aucune théorie certaine et complète, n’auront tout au plus pour appui, que quelques observations plus ou moins imparfaites et sans liaison suffisante entre elles. Telles sont, à mon avis, toutes celles qu’on nous a données jusqu’à présent. Je ne prétends point pour cela ni les accuser toutes sans distinction, de manquer de justesse, ni encore moins méconnaître le mérite des hommes qui ont écrit sur ces matières. Je me borne à une vérité qu’on ne saurait nier, c’est qu’ un art dépend toujours d’une science . Or tous les logiciens jusqu’à présent, sans en excepter ceux que l’on regarde avec raison comme des hommes supérieurs, ont confondu l’art avec la science. Ils se sont même plus occupés de nous donner les règles de l’un que de poser les principes de l’autre. Ils se sont donc trop pressés d’arriver à un résultat ; ils ont interverti l’ordre des idées. C’est donc la science que nous avons à créer pour procéder avec méthode ; ensuite on en tirera facilement des conséquences utiles pour la pratique.
Cette manière de considérer la Logique et d’en distinguer la partie scientifique et la partie technique, bien que conforme à celle dont j’ai traité la Grammaire et aux principes que j’ai posés dans cette partie de mon ouvrage, pourra paraître au premier coup d’œil pédantesque et minutieuse, ou trop ambitieuse et trop abstraite, c’est-à-dire, trop éloignée de tout résultat positif et pratique ; mais je prie le lecteur de ne pas s’arrêter à cette première impression, et de prendre garde que c’est là le seul moyen de voir si les règles que l’on prescrit à nos raisonnements depuis tant d’années sont fondées sur des faits bien observés, et de reconnaître pourquoi elles ont été si peu utiles. Je lui demande avec instance de se rappeler que l’art de raisonner, bien qu’assurément cultivé avec excès dans les écoles, n’a cependant pas fait un pas depuis Aristote jusqu’à Bacon. Il reposait donc sur des bases fausses, car, comme le dit le même Bacon, toute étude bien commencée doit être féconde : et si depuis Bacon, cet art a reçu des améliorations importantes, c’est qu’au lieu de se borner à l’apprendre et à le pratiquer, on a commencé à y réfléchir ; on a étudié la science qui lui sert de guide et de flambeau ; et elle s’est enrichie de plusieurs vérités précieuses. Un coup d’œil jeté sur les travaux de nos prédécesseurs mettra, je crois, ces assertions hors de doute. Il fera plus, il montrera que tous ont reconnu, au moins confusément, la nécessité de cette distinction entre l’art et la science ; que s’ils ne se sont pas assez arrêtés à celle-ci, c’est qu’elle n’était pas encore assez avancée de leur temps ; qu’ils ont eu d’autant plus de succès qu’ils y ont plus insisté ; et que la cause unique de tous leurs écarts est d’avoir tracé les règles de l’art avant d’avoir complètement démêlé les vérités de la science sur laquelle il est fondé. Or quelles sciences humaines peuvent être solides tant que la Logique est erronée ?
Assurément Aristote n’a pas négligé entièrement la partie scientifique de la Logique. Il n’a pas entrepris de prescrire les règles de la déduction de nos idées avant d’avoir parlé des idées elles-mêmes et du mode de leur expression. Une telle marche serait trop déraisonnable pour avoir été celle d’un homme aussi judicieux. Tout le monde sait, ou pourrait aisément savoir, que la Logique d’Aristote est composée de six ouvrages distincts ; des catégories où il s’agit des idées elles-mêmes ; du livre de interpretatione où il est question de l’expression de ces idées, du discours, de la proposition, et même des éléments fondamentaux de la proposition, le nom et le verbe ; des premières analytiques où l’on traite des propriétés et des règles générales du syllogisme ; et ensuite des secondes analytiques , des topiques , et des elenchi sophistici , où l’on explique l’usage du syllogisme dans la démonstration, dans la discussion, et dans la réfutation des sophistes.
Si ceux qui s’élèvent avec tant de véhémence contre la manière moderne de traiter la Logique, qui trouvent si ridicule qu’on ait imaginé de la déduire de l’idéologie et de la Grammaire, et d’en faire une seule et même chose avec la Grammaire générale et philosophique, et qui, dans cette opinion bizarre, se croient forts de l’autorité d’Aristote qu’ils nous opposent si ridiculement ; si, dis-je, ces critiques avaient pris garde à cette distribution des écrits du grand homme qui devrait être leur maître, et qui n’est que leur idole, ils auraient vu que ce qu’ils proscrivent est justement ce qu’il approuve, ce qu’il a essayé de faire, ce qu’il désire qui soit fait. Au reste il termine son travail en disant que ce n’est qu’une ébauche, une première tentative que rien n’a précédée, pour laquelle on doit avoir de l’indulgence, mais que l’on doit perfectionner, comme l’on a fait pour l’art oratoire qui s’est amélioré par des progrès successifs : seulement il fait beaucoup valoir, et avec raison, le mérite qu’il a eu à faire ce premier essai, et il ne craint pas de dire qu’il est beaucoup plus grand que celui que l’on aura à y ajouter et à le continuer.
En tout c’est un très grand malheur que des ouvrages anciens dont on parle sans cesse, ne soient dans le vrai presque jamais lus. On finit par s’en faire une idée tout à fait fausse. C’est à peu près comme dans le cours de la révolution française, j’ai vu souvent, par respect pour la mémoire de certains hommes, embrasser avec violence des opinions qu’ils détestaient, et outrager et affliger leurs mânes, en croyant les respecter et leur complaire. Sans sortir de notre sujet, je suis convaincu que si la Logique d’Aristote était traduite en bon français, et suffisamment éclaircie pour être à la portée de tout le monde, il n’y aurait pas un homme qui ne pensât et ne vît clairement que cette première tentative, bien que très estimable, a été complètement malheureuse ; qu’elle a été contre son but, parce qu’on s’est trop pressé d’arriver à un résultat ; qu’elle a besoin d’être reprise par sa base ; que son auteur en conviendrait et le souhaiterait : et que les Idéologistes français bien loin d’être des novateurs effrénés, des déserteurs de l’école d’Aristote, de tenter contre son intention des choses que ce grand maître a décidé être inutiles ou impossibles, sont ses continuateurs, ses disciples, et je pourrais dire ses exécuteurs testamentaires.
En effet il est constant qu’il a voulu traiter des idées, de leur expression, et de leur déduction ; et qu’il a senti qu’il n’y avait pas une autre manière de donner une base sol

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