Engrenage
262 pages
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Engrenage , livre ebook

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Description

Dystopie - 501 pages


Le peuple s’est soulevé. L’Engrenage est tombé.


Voilà un nouveau départ pour Heaven. Auprès de sa famille, une vie décente commence, d’autant plus qu’elle peut désormais s’autoriser à aimer Kragen.


Figure de la rébellion, elle est propulsée au rang d’Elite, et éprouve de vives inquiétudes à l’idée de ressembler à ceux qu’elle haïssait autrefois. Mais, tapie dans l’ombre, une menace la guette et une série de meurtres vient ébranler ce havre de paix.



Alors que l’été vacille pour laisser place à un hiver tenace, de grands bouleversements vont, une fois encore, tout mettre à mal.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 17
EAN13 9782379610301
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Engrenage – 2 – Un flocon dans l’air

2 – UN FLOCON DANS L’AIR

LUCIE GOUDIN
2 – UN FLOCON DANS L’AIR

LUCIE GOUDIN






Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-030-1
Réalisation de couverture : Didier de Vaujany
Photographie : Conrado
CHAPITRE 1


Heaven, le 10 juin 2132.


Je me réveillai avec difficulté.
Une main d’homme me secouait délicatement, mais résolument l’épaule. Mon prénom me parvenait, étouffé. J’aurais voulu écarter ce gêneur et profiter encore de ma nuit. Je me sentais si épuisée. Pourtant, je me forçai à ouvrir les yeux. Je devais aller travailler, récupérer mon argent et ainsi payer de quoi nourrir ma famille.
J’avais vécu les pires horreurs ces dernières heures. Néanmoins, l’espace d’un instant, je crus encore à un songe où se mêlaient rêves et cauchemars. Non, tout ceci n’avait pas pu se produire. Hélas, la réalité me revint rapidement, comme une douche froide imprévue. Voilà que je me mettais à maudire tout ce que j’avais toujours désiré.
Je clignai des yeux, mes paupières me parurent extrêmement lourdes. J’esquissai un mouvement pour me redresser en position assise. Un mal de crâne violent me le fit regretter, je me figeai. Je grimaçai, tentai de chasser les pensées qui m’assaillaient, reproches envahissants des fantômes laissés derrière moi .
— Heaven ?
Plus aucun doute possible, maintenant. Cette voix appartenait au capitaine Knight. Il était là, devant moi, aussi réel que je l’étais. Je me redressai totalement, constatant au passage que le banc dur et froid de l’avion-cargo n’avait guère empêché mon sommeil.
J’étais vivante, la douleur me le prouvait. D’autres étaient morts.
Je plongeai mon regard dans celui bleu-gris du capitaine, celui à qui je devais la vie. J’avais cessé de compter les fois où il m’avait sauvée, où il avait fait de mon existence quelque chose de plus doux, de moins pénible. Je lui devais beaucoup. Cela m’effrayait.
— Nous venons d’atterrir.
Je hochai la tête. Je ne voulais pas parler, pas lorsque des milliers de gens ne le pourraient plus. Je n’en avais pas la force. En réalité, toute mon énergie avait été drainée par mes pleurs et les dernières heures à courir, à me battre pour me frayer un chemin dans mon Engrenage baigné de sang. Je me levai et me sentis partir en arrière. Je me retins à la paroi métallique de l’avion-cargo. Remarquant ma faiblesse soudaine, le capitaine m’attrapa par le poignet dans le but de m’amener à l’extérieur.
Pour tout avouer, je m’escrimais à soutenir son regard afin de retarder le moment où mes yeux se poseraient sur le nouveau monde qui m’attendait. En étais-je digne ? Avais-je mérité cette chance d’y vivre ? Pourquoi y avais-je droit et d’autres pas ? Je me sentais coupable d’être ici, de voir enfin mes rêves se réaliser.
La peur me nouait les entrailles. Qu’allais-je trouver sur cet Engrenage ?
— Heaven, il faut y aller maintenant.
Les conséquences de mon attente me frappèrent de plein fouet. Plus je m’attardais dans cet avion-cargo, plus je retardais son départ pour aller sauver d’autres vies. Soudainement, je fus de nouveau en pleine possession de mes moyens. À mon tour, j’attrapai Kragen par le poignet et le tirai derrière moi pour rejoindre la foule, comme si cela était tout à fait naturel entre nous. Honnêtement, je ne savais plus ce que je devais penser de notre relation à présent. En l’espace des trente minutes qui avaient marqué le ralliement des deux Engrenages, tout avait changé, non ?
À une dizaine de mètres, j’avisai ma famille et quelques amis proches. Ils m’attendaient et, au-delà, je remarquai enfin toutes les personnes mobilisées pour nous accueillir. Des soldats se trouvaient là pour superviser les opérations. J’aperçus également des femmes, des adolescents et des hommes en tenue civile. Ils distribuaient des bouteilles d’eau, des couvertures, des barres chocolatées. Ils avaient même dressé une immense tente sur la plate-forme d’à côté pour y installer et soigner les blessés. Ceux qui ne nécessitaient aucun soin avaient été dispersés en plusieurs groupes. En confiance, ils se laissaient emmener dans différentes directions.
Avions-nous trouvé un lieu où la bonté résidait en chacun ?
— Heaven, rejoignez votre famille. Je viendrai vous voir à mon retour.
— Comment ça ?
Il pouvait très bien s’absenter pour aller faire son rapport ou me délaisser maintenant que je ne risquais plus rien. Un mauvais pressentiment prit racine au fond de mes entrailles. Une cascade d’horreurs s’était abattue sur moi ces derniers temps, elle ne pouvait pas disparaître dans un claquement de doigts. La vie m’avait appris que rien n’était simple dans une existence comme la mienne.
— Je n’aurais jamais dû vous accompagner, m’avoua-t-il. Je me dois d’évacuer le peuple.
Je pensais généralement aux autres avant moi. Cependant, à la simple idée qu’il puisse retourner là-bas et risquer sa vie, l’égoïsme prit le dessus sur toutes mes bonnes intentions. Je voulais qu’il restât et savais que peu importaient mes arguments, son devoir l’appelait.
— Revenez.
Ce fut le seul mot que je parvins à articuler. Il opina du chef, sembla hésiter quelques secondes, mais, quoi qu’il ait pu avoir en tête à ce moment-là, il se détourna pour retourner à bord de l’avion-cargo. Deux minutes plus tard, le capitaine Knight et son lieutenant Dean Tucker disparaissaient dans le ciel.
Alors que le bruit des pales s’éloignait, j’entendis une femme m’interpeller. Je lui fis face. Avec un sourire rassurant, elle me tendit une couverture et une boisson chaude. Je la remerciai, elle m’enjoignit de la suivre.
— Si ça ne vous ennuie pas, j’aimerais être là à leur retour.
— D’accord. Je vais en informer votre famille. Vous pourrez la retrouver au gymnase.
J’ignorais où il se trouvait, mais je n’eus pas la force de demander. Une nouvelle angoisse me nouait la gorge, je ne pus que murmurer :
— Merci.
Dès lors, j’attendis.
J’assistai à plusieurs débarquements tandis que le soleil se levait et apportait au monde sa chaleur et ses couleurs bienveillantes. Chaque fois que je voyais descendre des gens des avions-cargos, ma culpabilité se faisait moins vivace. Ils se prenaient dans les bras, heureux d’atterrir sur un sol nouveau. Certains pleuraient, ne croyant pas à la chance qu’ils avaient d’être sauvés, ou peut-être n’en revenaient-ils pas d’avoir laissé derrière eux un Engrenage fondé sur les injustices pour profiter d’une nouvelle vie. D’autres paraissaient choqués. Avec les innombrables bains de sang, les cadavres et les créatures, il leur faudrait du temps pour s’en remettre.
À chaque arrivée, je reconnaissais des personnes que j’avais côtoyées, cela m’allégeait le cœur de les savoir désormais en lieu sûr. L’avion-cargo qui suivit celui dans lequel j’avais pris place me permit de retrouver Violette avec qui j’avais travaillé aux champs avant qu’elle ne se fasse licencier. J’aperçus aussi Félicity Turner et ses jumeaux. Bart et Sasha se trouvaient dans l’avion suivant, je me fis la réflexion que mon jeune collègue n’avait pas été en retard cette fois. Du troisième sortit Raymundo Behro, le seul soldat du Niveau 3 avant l’arrivée de Kragen et ses lieutenants à avoir une once d’humanité et de sympathie.
Suivirent, au fil des minutes qui s’égrenaient, d’autres connaissances comme Scott, l’ami d’enfance de Finn ou encore Max qui par je ne sais quel moyen avait convaincu les soldats d’emporter avec lui son berger allemand.
Malgré tous ces visages, beaucoup demeuraient absents. Alexander Baker et son père ne se montrèrent pas et je me demandai combien de mes camarades d’école avaient laissé leur vie là-bas. Je ne vis pas non plus Adam. Aurait-il l’occasion de fêter le prochain anniversaire de Finn comme il l’avait fait cette année ? L’absence de Jamie me procura un chagrin immense. Se disputerait-il encore avec Erin pour des absurdités ?
La liste des absents était longue. Trop longue.
Je savais que parmi eux, certains s’en sortiraient. Plusieurs pistes d’atterrissage avaient été utilisées dans cet Engrenage pour permettre aux avions-cargos de se poser librement et simultanément. Je savais aussi que tous ne parviendraient jamais jusqu’ici.
Le cœur lourd, je soupirai à cette pensée et resserrai mes bras autour de mes jambes. Trois soldats se postèrent alors devant moi pour me demander sans agressivité de quitter la plate-forme et de rejoindre les centres réservés aux rescapés.
— Plus personne ne viendra, m’informa l’un d’eux d’un ton compatissant en remarquant mon trouble. L’Engrenage est tombé il y a trente-cinq minutes. C’était le dernier avion…
Je n’entendis pas la suite. Cette nouvelle venait de me porter un énième coup au cœur. Si je n’avais pas déjà été assise, je me serais effondrée. J’avais eu cet espoir, irréaliste, mais rassurant, de voir Maggie descendre d’un des derniers avions-cargos. Finalement, le dénouement était tel que je me l’étais représenté.
Soudain, ce ne fut plus le cas de Maggie qui me fit mal. Le sauvetage était terminé, plus aucun avion-cargo ne reviendrait de mon Engrenage. Alors, où était le capitaine ?
Je bondis sur mes pieds, mon cœur battant la chamade.
— Où est le capitaine Knight ?
— Il devait prendre le dernier embarquement. Il doit déjà être ici.
— Je ne l’ai pas vu. Il n’est pas revenu.
Alors que les larmes brouillaient ma vision, les pales d’un hélicoptère se firent entendre par-delà l’effervescence de l’Engrenage qui, peu à peu, s’animait. Il se posa au milieu de la plate-forme, le bourdonnement cessa avec l’arrêt du moteur et les portes s’ouvrirent. Deux silhouettes inconnues en sortirent, l’espoir perdit de son éclat. Une troisième personne sauta à terre. Cette fois-ci, je reconnus le lieutenant Dean Tucker. Je fis un pas avant. La lumière revenait.
Je me mis à courir lorsque le capitaine Kragen Knight contourna l’hélicoptère pour apparaître dans mon champ de vision en compagnie de son deuxi

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