À chacun son rôle

Jérémie Muller

Description

Addiction, misère sociale, sexuelle et sentimentale de nos concitoyens, marasme idéologique, sont autant de formes de violence que l'auteur illustre en tirant parti du formalisme cruel de la nouvelle. L'occasion également d'initier une réflexion sur le rôle pervers de l'écrivain quant à ses personnages.

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Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 08 janvier 2020
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782140139819
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

Addicîon, misère sociale, sexuelle et senîmentale de nos concitoyens, marasme idéologique, autant de formes de violence que l’auteur illustre en îrant parî du formalisme cruel de la nouvelle. L’occasion également d’iniîer une réflexion sur le rôle pervers de l’écrivain quant à ses personnages.

passif, contemplaIf, j’ai saisi chaque instant de la scène, j’en ai orchestré les sous-textes, j’ai mis des mots sur les silences, j’ai Iré des conclusions qui ne s’imposaient pas forcément mais m’arrangeaient, c’est mon récit, leurs histoires, leurs peines, mon immobilité meurtrière, ma lâcheté. C’est désormais votre lecture (…) »

Né en 1988, se desIne d’abord à un cursus liTéraire et se consacre en parallèle à la musique au sein du groupe de métal baroque KON.À chacun son rôleest son premier recueil de nouvelles, et la tentaIve naïve de ne pas être qu’un rouage de la Start-Up NaIon.

Illustraîon de couverture : Mathieu Josset,So Quiet.

ISBN : 978-2-343-19089-1 18

Jérémie Muller

À chacun son rôle Nouvelles

À chacun son rôle

Écritures Collection fondée par Maguy Albet et dirigée par Jérôme Martin Marcuola (Roland),Guido, 2019. Di Tillio Lacruz,Rouge déconcertant, 2019. Moissinac (Christine),Par monts et par cœur, 2019. Macé (Pierre),Requiem pour deux divas, 2019. Sadoul (Gérard),Juste Ninon, 2019. Bracco (Pierre-Paul),Jamais toujours l’amour, 2019. Courau-Poignant (Christelle),Souad, 2019. Chiaramonti (Claude),Mer croisée, 2019. Leenhardt (Pierre),Un amour de frère, 2019. Nadal (Ange),Les beaux jours, 2019. Balzamont (Marie-Line),Monsieur Volage ou la mélancolie de l’homme à femmes, 2019. Cheyron (Jean-Marcel),La vengeance du perroquet vert, 2019. Anton (Isabelle),Aux larmes et cætera, 2019. Deman (Benjamin),On parlait d’amour, 2019. Coissard (Guy Jean),Le vieux Belge et sa mission, 2019. * ** Ces quinze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.editions-harmattan.fr

Jérémie Muller À chacun son rôle Nouvelles

Du même auteur Violence des petits riens, Éditions du Panthéon, 2017. © L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-19089-1 EAN : 9782343190891

Remerciements à :

L’Harmattan ; Jérôme Martin et Guillaume pour votre confiance

Sabine, Aimée, Pierre et David pour vos relectures constructives

Franky et Schmitsky, mes frères d’armes, pour les KON et pour la suite

Mathilde pour ton soutien et ton amour

L’un dans l’autre (I)

Il regardait les portes du périphérique défiler : Champeret, Asnières, Saint-Ouen, etc. Le Nord comme point fixe. Il avait commandé son Uber la veille, était sorti de son immeuble avec trois minutes d’avance et le chauffeur avait eu deux minutes de retard. Cinq minutes au total, plus qu’il n’en fallait pour griller une clope. Il était à l’aise. Antoine aimait maîtriser les choses : le timing, le processus des tâches quand bien même il n’en comprenait pas toujours les subtilités. En cela, on aurait pu qualifier Antoine de bon soldat. Il aimait l’organisation. La vie, et le vivant plus largement, sont le fruit d’un Architecte ; être structuré et normé c’est donc s’inscrire dans la logique souhaitée par ce dernier. Dans la présente situation, la clope avait été la clé de voute entre la sortie de l’immeuble et l’arrivée du Uber.

Le chauffeur était basané, au moins il bossait. La bouteille de Cristalline avec le nouveau capuchon, le gars suivait le protocole. La jonction avec l’autoroute A1 arrivait. Ces vacances, il les avait préparées. Il les avait rêvées, fantasmées. La Normandie et ses réveils dominicaux à huit heures du matin pour la messe, les longs après-midis à jouer au Yam’s avec une tante ou un autre parent, pouvaient durer un temps. Mais il fallait ensuite une récompense, comme une troisième mi-temps au rugby, sport que les nobles déclassés comme Antoine simulent d’aimer. La vie d’Antoine était réglée comme un coucou

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suisse : un boulot d’auditeur dans un des quatre grands cabinets américains, quelques séances de tennis à proximité du bois de Boulogne avec son père, des soirées le samedi avec bouteille dans un des clubs sous le pont Alexandre III, une régulière catho & UMP-compatible. Le risque pour la sélection de cette dernière n’avait pas été grand vu qu’Antoine l’avait rencontrée dans un rallye. Le mariage est une affaire de contrat et de raison avant tout.

Ces vacances en Thaïlande avec les copains allaient être cool. D’ailleurs tout le monde lui disait du bien du pays : les uns, ceux souvent qui lisent des bouquins, lui parlaient du Nord avec ses temples et son héritage historique très bien conservé, les autres lui évoquaient la beauté des plages au sable blanc et à la mer turquoise. Antoine avait pris en considération ces différentes options. La seconde était la principale et avait justifié le choix du Sud avec les incontournables Phuket et Koh Phi Phi ; et un passage au retour par la capitale, Bangkok.

La Thaïlande était pour Antoine un drôle de pays ; un régime encore partiellement autoritaire avec une figure du roi intouchable, ce qui n’était pas pour lui déplaire au vu de ses ascendances royalistes, mais aussi un pays où l’on pouvait changer de sexe très facilement, et où l’homosexualité était tolérée ou en partie. Un pays qui, pour Antoine, semblait manquer de repères, c’était une société qui n’avait pas saisi le dessin de l’Architecte. Le Christ n’avait pas vécu son martyr sur la croix pour qu’on change de sexe. Mais en contrepartie il y avait les filles, plus ou moins jeunes, celles que l’on voyait dans les documentaires de Bernard de La Villardière, donc pas des femmes avec lesquelles tu faisais ta vie mais de celles qui te suçaient sans même connaître ton nom : la Thaïlande du

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