Diamela Eltit
108 pages
Français

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Diamela Eltit , livre ebook

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108 pages
Français

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Description

Auteure de romans, d'essais et de nombreux articles, Diamela Eltit a débuté sa production artistique durant la dictature d'Augusto Pinochet comme un geste de désobéissance, "un rejet du rejet" selon ses termes. Sa démarche s'est poursuivie après le retour de la démocratie au Chili sans que la créatrice ne se départe de son regard critique ; son travail est sous-tendu par une préoccupation constante, celle de lutter contre les différents types d'enfermement : l'enfermement politique dans un régime dictatorial, l'enfermement social en tant que femme, l'enfermement commercial en tant que romancière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 16
EAN13 9782296478565
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Diamela Eltit
Les déplacements du féminin
ou la poétique en mouvement au Chili
Collection Créations au féminin

dirigée par Michèle Ramond

Nous souhaitons avec cette nouvelle collection encourager des essais valeureux sur ce « féminin » que les créations des femmes mais aussi des hommes construisent dans le secret de leur fabrique imaginaire. Notre projet implique une réflexion libre et libérée qui dépasse les stéréotypes, y compris la catégorie de sexe biologique ; nous ne nous limiterons pas, même si nous les favorisons, aux écrivains et aux créateurs « femmes », et nous serons attentifs, dans tous les domaines de la création, à l’émergence d’une pensée du féminin hors cadre institutionnel et biologique, dégagée de l’assignation sexuelle, de ses limitations et de ses tabous.
Penser le féminin, le supposer productif et actif, le repérer, l’imaginer, le théoriser est une entreprise sans doute risquée, vaguement suspecte d’essentialisme ; nous savons bien cependant que l’universel est une catégorie trompeuse et partiale, incomplète, et qu’il nous faut constamment exorciser la peur, le mépris ou l’indifférence qu’inspirent les femmes et leurs créations. Le féminin fait partie de l’humain, cela semble une évidence, mais il souffre d’une exclusion qui correspond à l’invisibilité des femmes dans bien des secteurs de la vie sociale, artistique et politique. La crainte de voir leurs œuvres reléguées dans un genre mineur a favorisé chez les femmes elles-mêmes une prévention contre la pensée du féminin. Il est temps de dépasser ces réserves. Malgré les déformations simplistes ou les préjugés qui le minent, le féminin insiste dans le tréfonds de l’expression littéraire et artistique. Notre collection en proposera les lectures les plus variées sans esquiver ni les objections ni les polémiques.
Dernières parutions
Jeanne Hyvrard, Essai sur la négation de la mère, 2011.
Michèle Ramond, Masculinféminin ou le rêve littéraire de García Lorca , 2010.
Catherine Pélage


Diamela Eltit
Les déplacements du féminin
ou la poétique en mouvement au Chili
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56882-2
EAN : 9782296568822

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
« Cette solitude qui a touché tant d’artistes et, parmi les femmes, Alfonsina Storni, Alejandra Pizarnik, la terrible solitude humaine de Violeta Parra. Pour cette raison, nous parlons aujourd’hui d’une solitude non plus de cent, mais de presque cinq cents ans, qu’il est nécessaire de réparer en permettant au corps textuel féminin d’habiter avec son véritable corps, le corps fondamental de l’histoire. »

Diamela Eltit


« Distinguée dans la nuit par El, stigmatisée, gémissante mais triomphante, gracile, maigre, blême mais préférée et illuminée elle est le centre, le point de mire, le foyer de la place avec sa marge invalide. »

Michèle Ramond
P RÉAMBULE
Suivre la démarche de Diamela Eltit, c’est se pencher sur une œuvre profondément novatrice dans la littérature chilienne ou sur la prose la plus explosive de la littérature latino-américaine, pour reprendre les termes de la critique Nelly Richard. L’explosion provoquée est liée à une rupture face aux créatrices qui l’ont précédée, face à de nombreux schémas littéraires ou théoriques ainsi qu’à une réflexion sur les femmes et la société souvent polémique et politiquement incorrecte.
La production de Diamela Eltit, qui comprend des performances, des romans, des essais, de nombreux articles de journaux et des œuvres difficiles à définir, a vu le jour sous la dictature d’Augusto Pinochet ; elle était conçue comme un geste de désobéissance, un « rejet du rejet ». Sa démarche s’est poursuivie sans que la créatrice ne se départe de son regard critique. En effet, le travail de Diamela Eltit est sous-tendu par une préoccupation constante, celle de lutter contre les différents types d’enfermement : l’enfermement politique dans un régime dictatorial, l’enfermement social en tant que femme, l’enfermement commercial en tant qu’auteure, l’enfermement économique dans un système dominé par un « néo-capitalisme effréné ». Diamela Eltit est donc en quête d’une voix et d’une écriture qui permettrait au féminin d’exister, comme force dans la société, dépassant les stéréotypes politiques et littéraires. D’où une production sans cesse en prise avec le présent et en perpétuel mouvement à propos de laquelle l’auteure déclare :
Je dépose mon seul geste possible de révolte politique dans une écriture réfractaire au confort, aux signes commodes. {1}
La réception de son œuvre, du fait de l’inconfort qu’elle génère, est très contrastée. Diamela Eltit est la romancière chilienne la plus étudiée dans les milieux universitaires, que ce soit dans son pays, en Europe ou aux États-Unis. Certains de ses écrits ont été traduits en français, en anglais et en finnois. Les spécialistes qui se penchent sur son œuvre reconnaissent unanimement sa force novatrice. Le prix Ibéro-américain de Littérature José Donoso qu’elle a reçu en 2010 s’inscrit dans cette reconnaissance de son travail.
Elle est parallèlement l’objet de dures attaques. Il lui est reproché de publier des romans incompréhensibles ou peu conformes à une bienséance dite féminine. Par ailleurs, ses interventions dans la sphère publique ne passent pas inaperçues. En 2006 par exemple, Diamela Eltit avait dénoncé l’attribution quasi systématique du prix national de littérature à des hommes. Elle avait alors prôné une forme de parité visant à réparer cette injustice historique. Sa proposition était de remettre, pour les dix années à venir, ce prix à des femmes. Ces déclarations provocatrices qui critiquaient une institution littéraire en dénonçant une évaluation machiste et antidémocratique des œuvres, avaient fait scandale.
Cependant, cette lutte pour la place des femmes dans la société s’accompagne d’un regard critique sur les créations au féminin. C’est ainsi que Diamela Eltit se livre à une remise en cause offensive de formes d’écriture qu’elle considère traditionnellement féminines, repliées sur la sphère privée et récupérées comme un créneau commercial par les maisons d’édition. Ses réflexions à ce propos sont parfois interprétées comme un manque de solidarité vis à vis de ses consœurs et comme une entreprise de dévalorisation de la production des femmes. Or, pour cette écrivaine, la défense des créations des femmes passe par un regard sans complaisance : une solidarité féminine dépourvue d’esprit critique équivaudrait à maintenir les femmes dans des marges littéraires confortables et par là même peu propices au changement.
Dans un autre domaine, Diamela Eltit a également problématisé le rôle de Première Dame du Chili. En effet, elle est mariée à Jorge Arrate, homme politique de gauche qui était candidat aux élections présidentielles de 2009. Son travail dans une université de New York durant la campagne électorale de son époux contrastait avec la présence médiatique des femmes des autres candidats. A ce propos, Diamela Eltit avait clairement déclaré : « la figure de Première Dame me paraît anachronique et indigne. » {2} Elle avait également considéré que le comportement de certaines épouses de candidats faisait partie d’une tendance générale à rendre frivole la politique. Cette prise de position peu coquette, qui s’inscrivait dans une volonté de renouveau des représentations de la femme dans la sphère publique, lui a valu bien des critiques.
Se pencher sur le travail de Diamela Eltit, c’est donc réfléchir à la figure d’une intellectuelle qui livre des romans mais aussi des pensées et des théories. La rupture d’enfermement qui l’obsède ne semble possible que par un positionnement qui aspire à politiser les écrits. Il ne s’agit pas d’en faire des œuvres de témoignage mais de problématiser la forme de l’écriture de faç

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