Individu et communautés dans l oeuvre littéraire d Albert Memmi
179 pages
Français

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Individu et communautés dans l'oeuvre littéraire d'Albert Memmi , livre ebook

179 pages
Français

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Description

Cet ouvrage à deux mains est le fruit d'une fréquentation assidue de l'oeuvre d'Albert Memmi et d'une double proximité personnelle avec l'écrivain. Ces chapitres éclairent chaque pan de l'itinéraire littéraire de Memmi, fondé sur les notions d'identité/altérité dans les rapports de l'individu et des communautés auxquelles il appartient ou dont il tente de se détacher.
Préfacé par Albert Memmi et suivi d'un entretien avec cet auteur, l'ouvrage est un essai sur l'écrivain et son oeuvre littéraire, de même qu'un hommage scientifique que lui rendent deux universitaires de son pays natal, ce pays qui n'a jamais cessé d'habiter son imaginaire et de nourrir sa création.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 151
EAN13 9782296701304
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Individu et communautés
dans l’œuvre littéraire d’Albert Memmi
Classiques francophones
Collection dirigée par Hédia Khadhar

La Collection « Classiques francophones » propose des analyses critiques d’œuvres aujourd’hui incontournables de la littérature francophone. Didactique et bien fournie sur le plan documentaire, elle s’adresse en priorité aux enseignants et aux étudiants.


Déjà parus

Charles BONN, Kateb Yacine : Nedjma , 2009.
Lilian PESTRE DE ALMEIDA, Aimé Césaire : Cahier d’un retour au pays natal, 2008.
Brigitte RIERA, Journaliers d’Isabelle Eberhardt , 2008.
Afifa MARZOUKI, Agar d’Albert Memmi, 2007.
Gabrielle SAID, Ti-Jean l’horizon de Simone Schwartz-Bart, 2007.
Martine MATHIEU-JOB, Le Fils du pauvre de Mouloud Feraoun, 2007.
Lilian PESTRE de ALMEIDA, Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire, 2007.
Afïfa MARZOUKI
Samir MARZOUKI


Individu et communautés

dans l’œuvre littéraire d’Albert Memmi


Préface d’Albert Memmi


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12150-8
EAN : 9782296121508

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Avant-propos
Cet ouvrage à deux mains est le fruit d’une fréquentation longue et assidue de l’œuvre littéraire d’Albert Memmi. Cette fréquentation nous a valu, outre les satisfactions ordinaires du chercheur, augmentées en l’occurrence par notre proximité avec cette œuvre où l’auteur parle surtout de notre pays qu’il n’a jamais vraiment quitté, l’insigne privilège de compter parmi les amis de Memmi, de puiser dans ses ressources documentaires et de tirer profit de son accueil généreux et de son écoute attentive. Il s’agit d’une compilation des articles et communications que nous avons consacrés à son œuvre littéraire tout au long de notre carrière universitaire et qui rendent compte de chacune de ses œuvres, certaines étudiées par l’un de nous, d’autres doublement éclairées par nos deux regards.

La lecture de l’ensemble des chapitres de ce livre révèle à quel point chaque ouvrage littéraire de Memmi est un fragment qui s’imbrique dans une construction générale formée de l’ensemble de ses œuvres et qui leur donne, a posteriori, comme ensemble, encore plus de cohérence et de nécessité qu’ils n’en avaient chacun comme unité. Elle montre également, nous semble t-il, que la grande question qui traverse son œuvre littéraire est celle-là même qui est au cœur de ses essais sociologiques ou politiques : la question de la dépendance ou de l’aliénation, autrement dit celle de la liberté. De La Statue de sel à Térésa et autres femmes , l’individu Memmi s’interroge, avec toute la rudesse, toute l’angoisse, toute la lucidité et toute la tendresse dont il est capable, sur ses liens, ses attaches, ses ruptures, ses refus, sur tout ce qui le lie à ses communautés, toutes ses communautés, la juive, la tunisienne, la française, l’humaine, comme sur ce qui l’en détache. C’est cette interrogation-là qui fonde la création littéraire chez Memmi et qui lui donne sa richesse, sa pertinence, sa charge émotive, ses espoirs et sa désespérance

Ce livre tente de présenter les diverses et successives incarnations littéraires de ce questionnement sur l’identité et l’altérité. Le lecteur y trouvera le parcours de Memmi tel qu’il peut être retracé en fonction de ce questionnement. Albert Memmi a bien voulu le préfacer et nous y avons ajouté un entretien avec l’écrivain réalisé en public à l’Ecole Normale Supérieure de Tunis lors de la journée scientifique que nous avions consacrée à Albert Memmi en 1999.

Que l’écrivain trouve, quant à lui dans ces travaux dont la convergence montre à quel point son œuvre a compté dans nos vies et nos cheminements intellectuels, un témoignage de notre reconnaissance et de notre admiration.


Tunis le 1 er juin 2009


Afifa Chaouachi-Marzouki, Samir Marzouki.
Préface
Le lecteur, ce miroir


Pour Afifa et Samir Marzouki


Chers amis,

Vous m’avez fait l’amitié de me confier vos différentes études avant de les livrer à l’éditeur. Outre que je suis très sensible à votre courtoisie, je veux vous dire combien votre geste va au-delà de la simple politesse. Toute lecture est une interprétation et une collaboration ; et plus encore une lecture critique et intelligente comme la vôtre.

Je me suis souvent demandé (je ne suis pas le seul) si une œuvre existe en elle-même, comme voudrait l’être une pyramide, un monument unique, irréductible et inentamable pour l’éternité. On aimerait bien qu’il en soit ainsi. Hélas toute œuvre humaine subit l’usure du temps ; toute œuvre est fonction des interprétations multiples qu’elle ne cesse de recevoir. Ce qui n’est pas forcément négatif, car chaque interprétation ajoute un éclairage supplémentaire, donc un enrichissement.

Cela est manifeste en musique où seule l’interprétation par un virtuose donne vie et actualité à une partition, et l’on sait combien les interprétations diffèrent. Mêmes les instruments ne sont plus les mêmes le long des siècles ; le piano, roi des instruments, n’est pas très âgé. Il existe aujourd’hui une troublante polémique au sujet de probables transformations des œuvres plastiques, telles qu’on n’est jamais sûr qu’elles restituent les intentions premières de leurs créateurs. L’œuvre que nous avons sous les yeux, est-elle la même après les altérations infligées par le temps, et, quelquefois, hélas, par les déprédations infligées par les restaurateurs ? Personne n’a vraiment résolu le problème de l’inexorable vieillissement des vernis qui recouvraient les tableaux de la peinture classique.

Il n’existe pas davantage de littérature en soi. Qui peut prétendre sérieusement, aujourd’hui, pouvoir lire dans sa langue originelle Rabelais ou même Montaigne ? Ou La Chanson de Roland ? L’exemple des innombrables exégèses des textes traditionnels religieux (pourtant réputés intangibles) suffirait à suggérer le contraire. Les juifs, les chrétiens et les musulmans ne comprennent pas la bible de la même manière ; et dans chaque religion les avis diffèrent sur des passages essentiels. En islam, si je ne me trompe, sont admises au moins sept lectures du Coran. Celui que nous nommons Socrate est le résultat de ce que nous en rapportent ses disciples, de ce que des siècles d’exégèse y ont ajouté, et de la manière dont nous le voyons aujourd’hui. Cela provient de ce que les besoins des groupes et des générations n’étant pas les mêmes, chacun va chercher dans les œuvres ce qui peut le mieux étancher sa soif, un aliment imaginaire pour répondre à ses angoisses ou à son besoin de bonheur. Sans compter la manière dont évoluent le goût et l’esthétique au cours des siècles.

Aboutissons-nous alors à un dévergondage de l’interprétation, et, par contre coup, à une fragilité des œuvres ? Non ; pas nécessairement mais assurément à un dilemme. Une œuvre, même la plus riche et la plus puissante, ne contient certes pas tout ce qu’on a prétendu y trouver le long de l’histoire et, d’autre part, chacun est en droit d’y trouver ce qu’il a besoin d’y trouver. De sorte que l’œuvre est, en droit, susceptible de multiples interprétations et chacun est libre de proposer la sienne. Ne risque-t-on pas une espèce de dissolution de l’œuvre à travers cet égal émiettement ? Non, parce que, déjà, et par quel miracle ? certaines œuvres perdurent, alors que tant d’autres ont disparu. Il existe donc, malgré tout, un noyau dur dans certaines œuvres, absent dans la plupart des autres, où la forme joue également un rôle éminent.

Comment résoudre ce dilemme ? L’œuvre est une proposition, faite par un auteur, qui y a projeté ses fantasmes, ses désirs et ses peurs, à d’autres individus, les lecteurs, ou à des groupes de lecteurs, qui peuvent ainsi

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