La plume des bêtes
304 pages
Français

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La plume des bêtes , livre ebook

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Description

Les bêtes de la littérature nous suivent depuis l'enfance. Les premiers livres les introduisent comme initiatrices de nos émotions et complices de notre apprentissage du langage articulé. Adultes, nous les côtoyons dans une fiction où elles sont certes formatrices de nos identités humaines, mais qui se fait aussi leur porte-parole (...) Cet ouvrage examine l'aventure de cette écriture de la relation entre animaux humains et non humains que racontent les romanciers d'aujourd'hui (P. Chamoiseau, J.M. Coetzee).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2011
Nombre de lectures 47
EAN13 9782296804517
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Plume des bêtes
Espaces Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet


Dernières parutions

Elizabeth LEGROS CHAPUIS, Le Mexique, un cas de fascination littéraire au pays des chiens morts , 2011.
Claude FRIOUX, Le Chantier russe. Littérature, société et politique. Tome 2 : Écrits 1969-1980 , 2011.
Najib REDOUANE, Yvette BENAYOUN-SZMIDT (dir); L’œuvre romanesque de Gérard Etienne. E(cri)ts d’un révolutionnaire , 2011.
Fabrice BONARDI (sous la dir. de), La nouvelle Georges Sand , 2011 .
MD. SHELTON, La révolution imaginée. Haïti et les autres , 2011 .
Mireille NICOLAS, Henri Bosco, Le Mas Théotime , 2011.
Nathalie DE COURSON, Nathalie Sarraute, la ˙˙Peau de maman , 2010.
René AGOSTINI, Théâtre poétique et/ou politique ?, 2010.
Joëlle BONNIN-PONNIER, Les Goncourt à table , 2010.
Christine LARA, Pour une réflexion xommuno-culturelie de la lecture , 2010.
Bernard POCHE, Une culture autre, La littérature à Lyon, 1890-1914 , 2010.
Lalie SEGOND, De la déficience : représentations, imaginaire, perceptions du handicap dans la littérature contemporaine , 2010 ;
Claude FRIOUX, Le Chantier russe. Littérature, société et politique. Tome 1 : écrits 1957-1968 , 2010
Céline GITON, Littératures d’ailleurs. Histoire et actualité des littératures étrangères en France , 2010.
Hassan WAHBI, La beauté de l’absent , 2010.
Claude HERZFELD, Paul Nizan, écrivain en liberté surveillée , 2010 .
Charles WEINSTEIN (textes réunis par), Récits et nouvelles du Grand Nord , 2010.
Paul TIRAND, Edmond Combes. L’Abyssinien. 1812-1848. La passion de l’Orient , 2010.
Lucile Desblache


La Plume des bêtes

Les animaux dans le roman


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54501-4
EAN : 9782296545014

Fabrication numérique : Socprest, 2012
O, reason not the need : our basest beggars
Are in the poorest thing superfluous :
Allow not nature more than nature needs,
Man’s life is cheap as beast’s.

William Shakespeare, King Lear, Act II, sc. 4.


Rien n’est universel, tout est diversel dans l’infinie variété du vivant et dans l’idéale perspective de son horizontale plénitude.

Patrick Chamoiseau, Les Neuf consciences du Malfini.
A Sylvie
Remerciements
Mes remerciements vont tout d’abord à Jean-Marie Brohm, qui a eu confiance en ce projet dès le départ, et au comité de recherche de l’université de Roehampton, qui m’a accordé un semestre sabbatique pour l’écrire. Je suis particulièrement reconnaissante à Teo Sanz et Sylvie Chiabaut d’avoir relu l’ensemble. Un grand nombre d’amis et de collègues ont également contribué au façonnement de cet ouvrage par leurs remarques ou par leurs encouragements. Je voudrais mentionner en particulier Karine Chevalier, Laetitia Petit, Alicia Puleo, Isabel Santaolalla, Anne Simon et Kate Soper. Merci aux animaux humains et non-humains du Serre qui m’ont accompagnée le long de l’écriture de ce livre. Et à Robin Scobey, absent lors de l’écriture, mais toujours présent.
Introduction
Les animaux de fiction. Les souvenirs s’entrelacent. Un bestiaire, imaginaire ou réel, se déroule devant nous, des Houyhnhnms de Swift à la jument verte de Marcel Aymé, des singes de Pierre Boulle au chien-loup de Jack London. Les images fusent, nous renvoient, plus loin, à la mémoire de nos premières années que les bêtes ont habitées abondamment. Même ceux et celles qui ont été peu exposés à la littérature les ont croisées, ne serait-ce que par l’intermédiaire des films. Qui n’a rencontré au cours de son enfance le chat botté de Perrault, la panthère noire Bagheera de Kipling, le vilain petit canard d’Andersen, l’oiseau bleu de Maeterlinck ou l’oie des neiges de Selma Lagerlöf ? Qui n’a découvert l’illusion de la peur à travers le grand méchant loup, de la souffrance par la petite sirène, de la tendresse grâce à Bambi ? Les bêtes sont les initiatrices de nos émotions. L’enfant fait également l’apprentissage du langage articulé à partir des sons animaliers qu’il imite, modifie, réinvente en se les appropriant. Nos rapports aux mammifères sauvages et au bétail se raréfient de plus en plus aujourd’hui dans notre univers réel industrialisé, mais ces animaux sont toujours présents dans notre imaginaire. Même si plus d’un tiers des bêtes sauvages sont en voie de disparition, elles restent formatrices en ce qui concerne la découverte et l’expression de ce que nous ressentons. En outre, les animaux domestiques jouent un rôle essentiel dans nos vies d’adultes ou d’enfants. Mais si les bêtes gardent une place de choix dans la formation de nos identités humaines, dans quelle mesure sont-elles présentes comme êtres non-humains dans nos fictions ? La littérature peut être leur porte-parole et un lien d’exploration qui nous permet de mieux les comprendre, d’évoquer nos relations avec elles et c’est cette littérature qui nous intéresse ici.
Les enfants perçoivent naturellement que les animaux humains et non-humains partagent le même monde, mais à l’âge adulte, nous sommes censés reconsidérer ces rapports et laisser derrière nous les figures animalières attachantes de nos livres d’enfants avec les ours en peluche qui les accompagnaient. Le romancier Andrew O’Hagan évoque la nostalgie des histoires où les animaux parlaient, de ce monde dont les adultes sont exilés, « bannis de cette ancienne suspension de crédulité innocente et libre. » {1} Les lois de la logique qui gouvernent le monde adulte sont peu compatibles avec les rêves d’alliance entre les espèces. Après des siècles de philosophies judéo-chrétienne, cartésienne et humaniste, où l’animal impur, l’animal-machine, l’animal pauvre-en-monde, l’animal incapable de parole nous ont été présentés en opposition à nous, les êtres humains ‘supérieurs,’ nous finissons par croire que nous avons réellement créé un autre monde hermétique. Peut-être est-ce là la plus grande illusion moderne et postmoderne.
C’est la fiction d’aujourd’hui destinée aux adultes que l’on considérera, bien que les frontières entre littérature de jeunesse et pour adultes soient souvent ténues. Il est temps de montrer que nous avons besoin d’une littérature décentrée de l’humain et qu’elle existe. Si dans les genres littéraires les plus traditionnels (fables, contes) les bêtes apparaissent comme reflets de l’humain, elles peuvent également contribuer à révéler la réalité du monde non-humain et engager l’humanité à percevoir, comprendre, communiquer ou communier avec ce qui n’est pas humain. Les animaux de fiction renouvellent le texte grâce à la multiplicité de modèles d’altérités qu’ils offrent et grâce à la richesse des médiations sémiotiques et symboliques qu’ils proposent. Sur le plan sémiotique, c’est-à-dire au niveau du rapport de la réalité physique et de la représentation, les animaux littéraires d’aujourd’hui articulent d’une part les considérations humaines vis-à-vis du non-humain, d’autre part les questionnements et aspirations humaines, les reflétant à partir d’un point de vue différent. Ils traduisent aussi les préoccupations des êtres non-humains, d’où cette fonction de littérature « porte-parole » des êtres muets au sens où l’entend Bruno Latour. {2}
Sur le plan symbolique, une créature non-humaine transmet, remet en cause, rejette ou incarne tour à tour des images qui contribuent à perpétuer ou à transformer nos valeurs, individuellement et collectivement. En ce XXIe siècle où, pour de nombreux Occidentaux, le monde naturel est réduit aux parcs et jardins des villes et à leurs occupants, les grands animaux sauvages de notre planète ne sont présents qu’à travers l’imaginaire. La littérature souligne leur absence réelle, et pose implicitement la question de notre responsabilité vis-à-vis d’eux. Le monde des livres nous offre également des visions des bêtes avec qui nous vivons plus que jamais au quotidien, qu’elles soient ou non attachantes (insectes, rats, chats, chiens et autres animaux domestiques), que nou

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