Méditerranée & exil
202 pages
Français

Méditerranée & exil , livre ebook

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202 pages
Français

Description

La Méditerranée est un espace complexe d'échanges d'hommes et de marchandises, composé de deux "scènes" : les péninsules et les mers, lieux d'exils multiples. Qu'est-ce que l'exil, en fonction de la situation existentielle, identitaire ou culturelle de la personne identifiée comme exilée ? Quel rôle jouent les villes et les mers sur les situations de l'exil ? Partant d'oeuvres d'écrivains du Maghreb, de l'Europe et de l'Amérique latine, voici une réflexion sur l'articulation entre littérature et exil.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2014
Nombre de lectures 11
EAN13 9782336334844
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Eidos
RETINA
Sous la direction de Michel GIRONDE
Méditerranée & exil Aujourd’hui
Série Collection
Préface de Pascal Jourdana
Méditerranée & exil Aujourd’hui
CollectionEid os dirigée par Michel Costantini & François Soulages Série RETINA Manuela de Barros,Duchamp & Malevitch. Art & Théories du langageEric Bonnet (dir.),Le Voyage créateur Eric Bonnet (dir.),Esthétiques de l’écran. Lieux de l’image Michel Gironde (dir.),Les mémoires de la violence Bernard Lamizet,L'œil qui lit.Introduction à la sémiotique de l'image Pascal Martin & François Soulages (dir.),Les frontières du flouFrançois Soulages (dir.),La ville & les artsFrançois Soulages & Pascal Bonafoux (dir.),Portrait anonymeSérie Photographie Philippe Bazin,Face à facesPhilippe Bazin,Photographies & PhotographesCatherine Couanet,Sexualités & Photographie Benjamin Deroche,Paysages transitoires. Photographie & urbanitéMichel Jamet,Photos manquées Michel Jamet,Photos réussies Anne-Lise Large,La brûlure du visible. Photographie & écriture Franck Leblanc,L’image numérisée du visagePanayotis Papadimitropoulos,Le sujet photographique Hortense Soichet,Photographie & mobilitéFrançois Soulages (dir.),Photographie & contemporainFrançois Soulages & Julien Verhaeghe (dir.),Photographie, médias & capitalismeMarc Tamisier,Sur la photographie contemporaine Marc Tamisier,Texte, art et photographie. La théorisation de la photographie Christiane Vollaire (dir.),Ecrits sur images. Sur Philippe Bazin Série Groupe E.I.D.O.S. Michel Costantini (dir.),Ecce Femina Michel Costantini (dir.), L'Afrique, le sens. Représentations, configurations, défigurations Groupe EIDOS,L'image réfléchie. Sémiotique et marketing Pascal Sanson & Michel Costantini (dir.),Le paysage urbain Marc Tamisier & Michel Costantini(dir.), Opinion, Information, Rumeur, Propagande. Par ou avec les images Hors Série Michel Costantini (dir.),Sémiotique du beau Michel Costantini (dir.),La sémiotique visuelle : nouveaux paradigmes Bibliothèque VISIO 1, Biblioteca VISIO 1, Library VISIO 1 Comité scientifique international de lecture Aniko Adam (Univ Pázmány Péter, Piliscsaba, Hongrie), Michel Costantini (Univ Paris 8, France), Pilar Garcia (Univ Bellas Artes de Séville, Espagne), Alberto Olivieri (Univ Fédérale de Bahia, Brésil), Panayotis Papadimitropoulos (Univ d’Ioanina, Grèce), Gilles Rouet (Univ Matej Bel, Banska Bystrica, Slovaquie), Silvia Solas (Univ de La Plata, Argentine), François Soulages (Univ Paris 8, France), Rodrigo Zuniga (Univ du Chili, Santiago, Chili) Publié avec le concours de
& Pascal Jourdana (La Marelle, Villa des auteurs)
Sous la direction de Michel GIRONDE Méditerranée & exil Aujourd’hui Préface de Pascal Jourdana L’Harmattan
Du même auteur Les mémoires de la violence(dir.), Paris, L’Harmattan, 2009. Carlos Fuentes entre hispanité et américanité, Paris, L’Harmattan, coll. « Palinure », 2011. En couverture : Cité vague - Marseille © Michel Gironde Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction, par tous procédés, réservés pour tous pays. © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02414-1 EAN : 9782343024141
PREFACE Des exils et des oublis
Peut-être qu’il y a eu un matin de trop – un matin dont la douleur a été longtemps occultée –, celui où il a fallu dire une fois de plus adieu à des camarades vus quotidiennement, sur les bancs de l’école, dans la cour de récréation, dans les rues qui portaient encore parfois les signes, indéchiffrables pour un enfant, de la Seconde Guerre mondiale. Une longue période de ruptures régulières avec mon environnement, mes parents changeant de ville et de région presque tous les ans, après lesquelles il m’avait fallu à chaque fois tout recommencer. À force, j’avais appris inconsciemment à ne pas m’attacher trop à de nouveaux copains, à m’isoler sans le savoir dans un être intérieur, dans la lecture, à oublier mes repères précédents… Peut-être est-ce quand j’ai appris, tardivement, que mon grand-père était non seulement un « artiste » de cinéma (la doublure lumière de Jean Gabin durant dix ans, chose déjà fascinante en soi pour l’adolescent que j’étais alors), mais qu’aussi il était né en Algérie, dans une famille d’origine catalane, et qu’il en était parti dans les années 1920 pour faire du théâtre et du music-hall à Paris – mais surtout pour échapper à sa famille, ai-je interprété alors. Je me souviens avoir voulu en savoir plus sur l’histoire de cet homme dont je n’avais aucun souvenir, mon père s’étant fâché avec lui pour des raisons obscures juste après ma naissance, à tel point que je projetais secrètement de partir le rejoindre en Espagne où j’avais cru comprendre qu’il vivait désormais… Ce souvenir m’est revenu grâce à José Manuel Fajardo, un écrivain andalou issu d’une longue lignée de diaspora juive
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hispanique, qui a vécu à Rome, à Paris, à Lisbonne. Dans un article pourLe Mondesur Marseille, où je lui ai servi de guide parmi d’autres, il a résumé mon parcours comme celui d’« un Alsacien de Marseille, d’une famille originaire en partie d’Algérie et de la Catalogne espagnole ». Me considérant comme l’un des siens en m’intégrant dans une sorte de diaspora personnelle, il a réveillé ce lointain et vague projet de fugue de Strasbourg vers l’Espagne. Peut-être que les jours de ma première lecture deMarelle, de Julio Cortázar, vécue avec exaltation comme l’un de mes chocs littéraires « primitifs », furent-ils aussi ceux où je compris intimement ce que pouvait représenter, grâce aux personnages d’Horacio et de la Sybille, le désarroi de l’exil, illustré par la distance intellectuelle de l’un et les irruptions sentimentales de l’autre.Peut-être est-ce la surprise, après mon installation à Marseille, d’entendre mon père me raconter qu’il avait pêché dans le Vieux-Port, entre huit et douze ans, quand il venait passer les vacances d’été chez sa tante, aujourd’hui encore vivante. Découvrir une famille, une cousine, une grande tante, bref une partie de mes racines familiales dans cette capitale méditerranéenne si différente et éloignée de mon Alsace natale, pouvait expliquer en partie pourquoi je m’y étais senti d’emblée, mystérieusement mais indiscutablement, chez moi. Peut-être qu’à force d’animer et de programmer, à Marseille, Saint-Malo ou Paris, des rencontres avec des écrivains « exilés » venus du monde entier, leurs écrits, leurs paroles et leurs sourires flottants sont devenus à mes yeux clairs et intelligibles. À tel point qu’il m’a semblé normal de diriger, en « spécialiste », l’édition 2009 du cycle D’encre et d’exil, les rencontres internationales de la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou, sur le thème « îles et exil »… (Mais ne serait-ce pas l’inverse dont il s’agit : je serais allé provoquer leurs paroles pour mieux entendre mon silence ?) Et à présent, est-ce un hasard si le jour même où l’on me commande cette préface est aussi celui de la mort de mon cher beau-père Hernán Harispe, cet exilé argentin devenu une figure de Marseille, un ancien journaliste qui avait pris des risques toute sa vie pour être en conformité avec ses idées, un homme passionné, espiègle, l’ami et le compagnon de route de nombreux projets malgré notre différence d’âge ? Comme je regrette de ne pas avoir recueilli à temps ses mémoires et celle de son épouse Leonor… Je m’étais fixé cet objectif pour comprendre et honorer son parcours étonnant, ses pertes et ses victoires, mais aussi, je l’avoue, pour dérober un peu de sa force et de ses convictions.
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Encore un « peut-être ». Salim Hatubou évoque dans cet ouvrage «ce pays de l’enfance dont l’on ne revient jamais». Il fait probablement référence au documentaire de José Vieira, « Le pays d’où on ne revient jamais », mais je ne peux m’empêcher de penser de mon côté au livre d’André Dhôtel,Le Pays où l’on n’arrive jamais, qui avait provoqué en moi, alors que j’étais enfant, déjà, la nostalgie de l’enfance. En le reprenant, il est évident qu’il contient aussi nombre de thèmes chers aux écritures de l’exil, l’errance, la recherche des origines, le face-à-face avec l’inconnu, et d’autres mystères indéfinissables… Combien de « peut-être » pour expliquer l’attraction que provoque le motexil? Je ne sais, mais qu’importe, car après une longue période de cécité, puis d’interrogation, j’ai fini par cesser de me demander ce qui m’intéressait tant dans cette histoire, moi qui me sens de nulle part et qui ai trouvé ma place dans cette ville de départs et de retours, cet équilibre paradoxal qu’est Marseille. Alors, oui, je suis heureux d’avoir été présent à ces échanges littéraires et universitaires. Heureux d’y avoir très modestement participé, d’avoir pu y connaître de nouvelles personnes qui sont, au fond, comme les membres de ma famille élargie, cette constellation reliée par des sentiments communs mais sans cesse en évolution. Une communauté d’individus, qui, je le crois, par un état singulier d’être au monde, par malheur et par chance, possède l’aptitude de mieux saisir une des constantes de l’être humain : avoir des racines qui s’enfoncenticiet des branches qui poussentailleurs. Je suis donc, finalement, un exilé. J’aime croire que c’est cela qui me rend semblable aux autres. Les écrivains et les lecteurs me le font comprendre presque tous les jours, et parmi eux tout ceux qui signent les pages qui suivent, à qui je suis profondément reconnaissant. Pascal Jourdana
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INTRODUCTION Penser & écrire l’exil Pour penser l’exil, Jean-Pierre Morel pose les « deux marques fondamentales de l’exil […] le bannissement et la souffrance de la 1 patrie perdue » . La deuxième marque fait de l’exil une épreuve existentielle, celle de la « souffrance d’être privé de patrie, aggravée 2 par l’incertitude où l’on est de pouvoir la retrouver un jour » . Cette épreuve peut se comprendre, selon Morel, comme une profonde disjonction psychique et temporelle entre ce qu’on a vécu, ce qu’on vit et ce que l’on espère pour plus tard : L’épreuve existentielle de l’exil procède sans doute d’une difficulté particulière à ajuster convenablement « horizon d’attente » [l’attente du retour diminue avec le temps] et « espace d’expérience » [l’espace d’expérience de l’exilé se heurte au contexte de sa vie présente] pour reprendre deux concepts dont Paul Ricœur a montré l’importance pour 3 penser les questions de l’existence humaine en termes d’histoire. Les réponses à cette épreuve relevées par Morel sont d’une part la relativisation de l’exil – les exilés veulent dans ce cas se voir comme l’avenir de leur pays – et d’autre part le renversement de perspective – les vrais exilés seraient finalement ceux qui restèrent.
1 Jean-Pierre Morel, « Penser l’exil, écrire l’exil »,in Jean-Pierre Morel, Wolfgang Asholt, Georges-Arthur Goldschmidt (eds),Dans le dehors du monde. Exils d’écrivains et ème d’artistes au XX siècle, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, p. 17. 2 Ibid., p. 14. 3 Ibid., p. 15.
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