REGARDS SUR LES LITTERATURES COLONIALES
367 pages
Français

REGARDS SUR LES LITTERATURES COLONIALES , livre ebook

-

367 pages
Français

Description

Ce deuxième tome s'articule autour d'une triple problématique : le problème de l'altérité dans le roman colonial, les expériences d'"inculturation " d'auteurs qui ont vécu l'Afrique de l'intérieur, le traitement du thème africain dans les romans où triomphe l'imaginaire, bien plus que la visée réaliste du roman colonial classique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2000
Nombre de lectures 446
EAN13 9782296399303
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Regards sur
les littératures coloniales
Afrique francophone: Approfondissements@ L'Harmattan, 1999
ISBN: 2-7384-8440-9Jean-François DURAND (éd.)
Regards sur
les littératures coloniales
Afrique francophone: Approfondissements
Tome II
Axe francophone et méditerranéen
Centre d'étude du XXe siècle
Université Paul-Valéry - Montpellier III
L 'Harmattan Inc.L'Harmattan
5-7, rue de l'École Polytechnique 55, rue Saint-Jacques
75005 Paris - FRANCE Montréal (Qc) - CANADA H2Y lK9REGARDS SUR LES LITTÉRATURES COLONIALES
AFRIQUE FRANCOPHONE
Tome II
Approfondissements
CHAPITRE I: REPRESENTER L'AUTRE (DE L'AUTRE A AUTRUI)
Roger LITTLE(Trinity College, Dublin) : Blanche et noir aux
annéesvingt . 7
- Janos RIEsz (Université de Bayreuth) : Regards critiques sur la société
coloniale, à partir de deux romans de Robert Randau et de Robert
Delavignette ............................................................................... 51
Messaouda YAHIAOUI(Université d'Alger) : Regards de
romancièresfrançaises sur les sociétésféminines d'Algérie, 1898-1960 ~............... 79
Christian BARBEY (Université de Tours) : La vision de lafemme
noireet de la métisse dans le roman colonialfrançais de l'Afrique occidentale 95
ale 1900 atlx indépendances........................................................................
Marcelin VOUNDAETOA(Université de Yaoundé) : Foi exotique
etaliénation dans L'arrêt au carrefour de André Kerels ............................ 111
Richard Laurent OMGBA(Université de Yaoundé) : Mythes
et125fantasmes de la littérature coloniale............................................................
CHAPITRE II : L'AFRIQUE VUE DE L'INTÉRIEUR
Jean-François DURAND(Université de Montpellier) :
Regardssahariens ....... ... 141
Michel LAFON(El Kbab, Maroc) : Regards croisés sur le Capitaine
SaïdCuennoun 177
Michel LAFON(EI-Kbab, Maroc) : Un écrivain oublié, Maurice Le
Clay..................... 209
Gérard CHALAYE (Université de Rennes) :René Euloge, un
destindans la montagne berbère 227
CHAPITRE III: AFRIQUES LITTÉRAIRES
Robert JOUANNY(Paris IV, Sorbonne) : Un premier regard
romanesquesur le Congo belge Udinji (1905) de C.A. Cudell ...................................... 257
Bernard URBANI(Université d' Avignon) : Montherlant à la
recherchede la Rose de sable ................................................................... 281
André NOT (Université d'Aix-en-Provence) : L'Afrique illusoire
deBardamu ..................................................................................................... 299
- Jean-Marie SEILLAN(Université de Nice) : De la scène du vaudeville
au théâtre du fantasme: l'Afrique d'Adolphe Belot dans la Vénus noire
(
18 77) .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 313
Guy RIEGERT(Ecole Normale Supérieure, Meknès) : "du haschich
etdes livres" ou la quête de l'Atlantide .......................................................... 343CHAPITRE I :
Représenter l'autre (de l'autre à autrui)Blanche et noir aux années vingt
Roger LITTLE
«Le phantasme accouplant le Nègre avec la
Blanche est l'un des plus explosifs qui soit. »
Dany Laferrière
« La colonisation n'est pas une entreprise humanitaire, elle est
un régime d'oppression politique ayant pour fin l'exploitation
économique des peuples soumis. »1 Le discours colonial a de tout temps
donné naissance à son contre-discours. L'exotisme humanitaire des
philosophes occupe même dans notre histoire des mentalités bien plus
de place que le discours simpliste mais combien rentable des négriers.
À une époque plus récente, grosso modo pendant la troisième
République, l'équilibre se serait redressé, du moins jusqu'à la remise en
question fondamentale effectuée, avec plus ou moins de retardement,
par la première guerre mondiale, en faveur de l'établissement dans les
colonies d'une présence française vouée à sa « mission civilisatrice ».
Ce modèle binaire, manichéen, diabolisant, aurait même eu plus de
succès que la colonisation elle-même, si l'on veut bien admettre que
1 Félicien Challaye, Souvenirs sur la colonisation, Pic art, 1935, p.4. Sauf
indication contraire, le lieu de publication est toujours Paris.8 Roger LITTLE
les ex-colonisés, souvent à leur dépens, en sont encore très largement
tributaires. Comment y échapper? La question reste valable pour les
intellectuels africains d'aujourd'hui. Nos réflexions sur la littérature
des années vingt témoigneront bien des deux discours qui se
regardent en chien de faïence, mais avec ceci de particulier grâce au biais
que nous avons choisi: le discours anticolonialiste sera tenu par des
femmes. Les prémices d'un troisième terme seront aussi perçues. En
effet, pour la première fois, des écrivains noirs, prenant de plus en
plus systématiquement conscience de leur état, «répondent au
centre» selon l'expression lancée par Salman Rushdie avec la fortune
2que l'on sait.
Si le colonialisme baignait dans le paradoxe - « œuvre
civilisatrice mais qui s'accomplissait dans la violence et les destructions,
œuvre de régénération nationale mais qui détruisait tant de Français,
épopée aventureuse mais qui sombrait dans l'ennui et la monotonie,
découverte des autres mais regrets qu'il ne soient pas nous »3 - les
romans coloniaux, quant à eux, étaient forcément pris dans le même
étau, ne confortant le lecteur que pour mieux le tromper. Fuyant
l'Europe aux anciens parapets pour des raisons parfois négatives,
leurs héros devaient en faire l'éloge devant des indigènes perçus
toujours comme bêtes et parfois comme méchants. Fuyant l'exotisme
post-romantique d'un Loti, leurs auteurs versaient dans un
naturalisme dont la science même nuisait à l'invention romanesque.
Souvent, trop souvent, au grand dam des deux littératures, créatrice et
documentaire, il n'y a pas de solution de continuité entre romans et
reportages, entre nouvelles et essais.
Une des métaphores maîtresses de la colonisation est celle de la
pénétration mâle de territoires vierges, de la domination virile de la
2 Voir Bill Ashcroft, Gareth Griffiths et Helen Tiffin, The Empire Writes
Back: Theory and Practice in Post-Colonial Literatures, Londres, New York:
Routledge,1989.
Martine Astier Loutfi, Littérahtre et colonialisme: l'expansion coloniale vue3
dans la littérature romanesque française, 1871-1914, Paris, La Haye:
Mouton, 1971, p. 139.BLANCHE ET NOIR AUX ANNÉES VINGT 9
gent indigène qui se trouve par là même féminisée. Que d'« amours
exotiques» dans les romans coloniaux, que de complaisances
sensuelles devant la « mousso », que de mariages « à la mode du pays »,
que de « ménagères» qui font plus que le ménage. La Blanche en est
largement absente, protégée par cet éloignement des assauts
intempestifs de « la prétendue puissance sexuelle extraordinaire du Noir»
tel que le conçoit l'imagination européenne, d'autant plus grossissante
qu'elle se sent menacée dans ses fanfaronnades masculines.4 Vers
1910, le colonel Baratier exprime l'opinion courante: « Nous serions
stupéfaits qu'une femme blanche s'éprenne d'un nègre. »5 En
revanche, ainsi que le fait remarquer Jean-Pierre Houss~in, « les amours
entre hommes blancs et femmes noires occupent dans la littérature
4 Mineke Schipper-De Leeuw, dans Le Blanc vu d'Afrique: le Blanc et
l'Occident au miroir du roman négro-africain de langue française, des origines au
Festival de Dakar, 1920-1966, Yaoundé: Clé, 1973,écrit, p. 149 : « Il est
certain que le mythe du nègre créé pour la danse et pour le rythme du
tamtam qui invite à la licence sexueUe, existe dans le subconscient
occidental. Lorsque l'homme blanc a une peur inconsciente de la prétendue
puissance sexuelle extraordinaire du Noir, il en vien~ facilement à
considérer le nègre comme un être bestial, fait pour l'accouplement et qui
menacerait la société occidentale par son désir de la femme blanche. »
Dans le même sens, Léon Fanoudh-Siefer note, dans LeMythe du Nègre et

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