Une autre écriture de l intime
258 pages
Français

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Une autre écriture de l'intime , livre ebook

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258 pages
Français

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Description

Cet ouvrage est d'abord l'histoire d'une rencontre avec les textes de l'écrivaine espagnole Clara Janés, avec ses écrits autobiographiques notamment, qui ne cessent d'interroger et de remettre en question la possibilité d'écrire l'intimité. Cette étude est aussi une réflexion sur les écritures des femmes et sur leur faculté à faire de ces jardins et labyrinthes, des espaces de transgressions et de créations.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 34
EAN13 9782296483088
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une autre écriture de l’intimité

Les Jardins et les labyrinthes
de Clara Janés
Créations au féminin
Collection dirigée par Michèle Ramond

La nouvelle collection accueille des essais valeureux sur ce « féminin » que les créations des femmes comme celles des hommes construisent dans le secret de leur fabrique imaginaire, au-delà des stéréotypes et des assignations liées au sexe. Nous ne nous limitons pas, même si en principe nous les favorisons, aux écrivains et aux créateurs « femmes », et nous sommes attentifs, dans tous les domaines de la création, à l’émergence d’une pensée du féminin libérée des impositions culturelles, comme des autres contraintes et tabous.
Penser le féminin, le supposer productif et actif, le repérer, l’imaginer, le théoriser est une entreprise sans doute risquée ; nous savons bien cependant que l’universel est une catégorie trompeuse et partiale (et partielle) et qu’il nous faut constamment exorciser la peur, le mépris ou l’indifférence qu’inspire la notion de féminin, même lorsqu’elle concerne l’art et les créations. Malgré les déformations simplistes ou les préjugés qui le minent, le féminin insiste comme notion philosophique dont on peut difficilement se passer. Cette collection a pour but d’en offrir les lectures les plus variées, imprévues ou même polémiques ; elle prévoit aussi des livres d’artistes (photographes, plasticiens…) qui montreront des expériences artistiques personnelles, susceptibles de faire bouger les cadres et les canons, et qui paraîtront sous forme de e-books.


Dernières parutions


Christiane CHAULET ACHOUR, Écritures algériennes. La règle du genre, 2012.
Catherine PÉLAGE, Diamela Eltit. Les déplacements du féminin ou la poétique en mouvement au Chili , 2011.
Michèle RAMOND, Quant au féminin. Le féminin comme machine à penser , 2011.
Séverine HETTINGER, Mémoires d’une poupée allemande. Pièce philosophique en deux Actes et dix Tableaux , 2011.
Jeanne HYVRARD, Essai sur la négation de la mère , 2011.
Michèle RAMOND, Masculinféminin ou le rêve littéraire de Garcia Lorca , 2010.
Nadia Mékouar-Hertzberg


Une autre écriture de l’intimité

Les Jardíns et les labyrinthes
de Clara Janés
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96654-3
EAN : 9782296966543

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
PRÉAMBULE Le féminin en littérature
Suffit-il qu’un texte soit « de femme », soit écrit par une femme pour que la création soit « au féminin » ? Et, si oui, cela constituerait-il une avancée déterminante pour la reconnaissance des créations des femmes ? Ces créations de femmes tendent, de nos jours, à bénéficier de la même estime que les créations masculines. Plus encore, elles sont auréolées d’une aura particulière, d’un a priori d’autant plus positif qu’il est « politiquement correct », actuellement, de constater et d’accepter le rattachement des femmes au territoire, jusqu’alors si exclusivement masculin, de la Littérature.
Pour autant, cela ne signifie pas que ces textes, enfin reconnus, édités, primés, en somme pleinement insérés dans le marché de la Littérature, soient véritablement identifiés comme productions de femmes avec tout ce que cela peut impliquer de déterminations culturelles, sociales, historiques et psychanalytiques. Pour autant, ils ne sont pas perçus comme pouvant – et non pas devant – être lus dans leur différence, que cette différence soit conçue comme fabriquée, comme un effet de « genre », ou comme une donnée « essentielle » {1} Il n’est pas impossible que dans l’esprit des éditeurs, libraires, critiques, universitaires, etc. qui promeuvent les textes de femmes, la démarche corresponde à une mesure compensatoire dans le meilleur des cas (car il faut bien compenser « les silences de l’Histoire » {2} , y compris ceux de l’histoire littéraire), ou à « un effet de mode » opportuniste dans le pire. Loin d’impliquer la reconnaissance de créations « au féminin », l’appellation « textes de femmes » constitue alors une nouvelle façon de « catégoriser » (d’ostraciser ?) les femmes créatrices, dérangeantes à double titre parce que créatrices et parce que femmes, parce que « naissant », se construisant femmes dans l’acte même de leur création, et s’y construisant différemment des schémas normatifs dominants.
Car ces créations qui prétendent engager une reconnaissance des femmes en tant que créatrices ou plutôt une reconnaissance des femmes comme créatrices de féminin, du féminin dans les textes, supposent une véritable révolution de la sphère Littérature. Dépourvue de sa rutilante et confortable neutralité, privée d’une universalité longtemps artificielle, car unilatéralement masculine (mais pouvait-il en être autrement au cœur de sociétés principalement patriarcales ?), la sphère Littérature n’est plus aussi lisse et parfaite ; elle se révèle traversée de différences, d’oppositions et de rencontres, rapatriée dans le « monde » et dans des sociétés marquées par la prépondérance du masculin sur le féminin : une sphère « genrée » si l’on veut, « différentiée » si l’on préfère, en tout état de cause, une sphère burinée par la dualité masculin/féminin, même si c’est parfois pour mieux la travestir et la contester, une sphère traversée de frontières et de limites, d’affects psychiques et de manifestations corporelles qui sont autant de manifestations de cette dualité masculin/féminin si constitutive de nos sociétés.

Proposons « textes de femmes », donc, à la condition que cette désignation ne renvoie pas seulement à une instance de création sexuée mais qu’elle implique aussi la reconnaissance de cette écriture comme jouant de la différence et de la hiérarchie, comme les détruisant, les rejouant et les reformulant. Tous les textes écrits par les femmes ne disent/fabriquent/défont pas le féminin (et, partant le masculin) mais certains d’entre eux se placent dans cette dynamique stimulante. J’ai choisi de me concentrer sur ceux que l’on qualifie d’intimes et que l’on a pu considérer, souvent avec une pointe de condescendance, comme appartenant à une littérature « typiquement » féminine. Parmi ces textes, il en est que je qualifierais de « familiaux » : des textes intimes souvent autobiographiques mais qui, pourtant, ne font pas du moi un absolu impérieux et hégémonique à explorer. Ce moi s’y révèle plutôt comme instance moirée, indécidable au sein d’une architecture familiale fondatrice mais elle-même dispersée, éclatée et difficilement assignable. Ces textes de femmes qui s’emploient à explorer l’arborescence familiale pour y disséminer un moi en constante perdition semblent finalement bien plus nombreux qu’il n’y paraît dans le large éventail des productions féminines hispaniques : des productions largement « familiales » dans le sens où elles paraissant peu tournées vers les grands espaces et les univers inconnus. Quand bien même le sont-elles, elles restent investies par des architectures familiales {3} qui s’avèrent décisives dans l’économie narrative et qui, bien souvent, fondent le passage à l’écriture de la protagoniste.
Jardín y laberinto ( Jardin et labyrinthe ) {4} de Clara Janés est l’un de ces textes familiaux permettant d’approcher les écritures des femmes dans leur ébranlement initial, comme un creuset en lequel se configurent avec clarté des enjeux d’écriture premiers, primordiaux. Pourtant, c’est une œuvre atypique, détonante dans l’univers de la créatrice. Auteure de nombreux recueils de poèmes souvent primés ( Creciente fértil, Los números oscuros, Río hacia la nada, Poesía erótica y amorosa, etc.), de textes de prose poétique ( Espejos de agua, espacios translúcidos , etc.), de romans étranges et inclassables ( Los caballos del sueño, El hombre de Adén ), d’essais fascinés et fascinants sur les ressorts les plus secrets de la création ( La palabra y el secreto ), de r

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